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Le manuel que nous propose l’auteur est principalement destiné aux étudiants de première année de droit et d’iep, mais c’est également, par les thèmes abordés, un ouvrage utile aux personnes qui préparent l’épreuve de culture générale des concours administratifs ainsi que tous ceux qui cherchent à comprendre l’évolution du monde contemporain. L’ouvrage se présente sous la forme de 17 fiches thématiques permettant d’appréhender rapidement et précisément les enjeux importants des relations internationales. Chaque fiche offre : les repères essentiels (les définitions) ; les explications importantes (sous forme de dissertation structurée) ; un débat (sur un point d’actualité ou une évolution doctrinale) ; et enfin, des références bibliographiques qui permettent d’approfondir une question.
Dans son avant-propos, Philippe Chrestia rappelle les débats doctrinaux qui ont opposé les deux grands paradigmes des relations internationales, le courant idéaliste et le courant réaliste. Dès le départ, il affirme adhérer « en grande partie », selon ses termes, à l’école réaliste mais nuance immédiatement sa pensée en mettant l’accent sur le rôle du droit dans l’approche des relations internationales. De même, qu’il reconnaît que les relations entre les États ne sont pas les seules relations qui comportent aujourd’hui un élément d’extranéité.
L’auteur n’a pas voulu écrire un ouvrage d’histoire des relations internationales, ni un manuel classique de relations internationales comme ceux écrits par les politologues. Il n’a pas voulu davantage écrire un manuel de droit international public. Son objectif – largement atteint à notre avis – est de donner un éclairage juridique aux différents facteurs et enjeux qui agissent sur les relations internationales (économique, politique, social, culturel, religieux, historique, etc.).
À cet effet, son introduction éclaire les rapports entre le droit interne et le droit international, ainsi que l’institutionnalisation des relations internationales (fiche 1). Toujours dans son introduction, sa fiche 2 donne au lecteur un survol rapide des relations internationales depuis 1945.
Cette introduction est suivie de deux grandes parties. La première s’attache à présenter les acteurs des relations internationales : acteurs étatiques et acteurs non étatiques (fiches 3 à 8). Dans ces fiches, l’auteur analyse à la fois les éléments constitutifs de l’État, ses caractéristiques juridiques, et ouvre le débat sur la crise de l’État. De même, il s’étend longuement sur les organisations internationales, leur nature, leurs structures, et évoque les débats en cours au sein de l’Union européenne. Parmi les acteurs non étatiques, l’auteur retient les sociétés transnationales, les organisations non gouvernementales ainsi que les peuples. À chaque fois, il nous donne l’essentiel de ce qu’il faut savoir, que ce soit le domaine d’intervention ou l’action normative lorsqu’elle existe.
La seconde partie de ce manuel est consacrée aux enjeux des relations internationales. Philippe Chrestia distingue la résolution des conflits internationaux (fiches 9 à 11) de l’affrontement des défis globaux (fiches 12 à 17). Dans ces fiches, il aborde à la fois le problème du règlement pacifique des différends, le maintien de la paix et de la sécurité internationales ainsi que les conflits commerciaux, sans omettre d’évoquer les différents débats actuels : celui de la multiplication des juridictions internationales, celui très actuel de la réforme des Nations Unies ainsi que celui lié à la libéralisation des échanges.
En ce qui concerne les défis globaux, l’auteur s’attache à analyser la lutte contre la pauvreté et l’aide au développement, la protection de la personne humaine, la responsabilité pénale internationale des individus, la préservation de l’environnement, la maîtrise des armements mais également les dangers de la prolifération ainsi que le problème du terrorisme. Ici encore, l’auteur évoque avec pertinence les grands débats en cours : les nouveaux visages de la lutte contre la pauvreté, l’influence des droits de l’homme sur l’évolution du droit international, l’évolution de la justice pénale internationale, le problème des gaz à effet de serre, l’ère des incertitudes dans le domaine des armements et enfin les problèmes juridiques posés par l’intervention américaine en Afghanistan et en Irak.
Ce manuel présenté de manière très didactique constitue un instrument utile non seulement pour les étudiants mais également pour un public plus large. Écrit dans une langue claire et accessible, il est d’un usage facile grâce au découpage en fiches. On regrettera cependant le manque de références, à quelques exceptions près, à des ouvrages anglo-saxons et le caractère parfois daté de certaines références francophones. Cela dit, le lecteur sera suffisamment motivé après l’étude de ce manuel pour s’engager dans des lectures plus approfondies. Quant aux enseignants, ce manuel ne pourra que les aider dans la préparation de leurs cours.