Comptes rendus : Droit international

Aginam, Obijiofor, Global Health Governance. International Law and Public Health in a Divided World, Toronto, University of Toronto Press, 2005, 202 p.[Notice]

  • Yves Beigbeder

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  • Yves Beigbeder
    Ancien administrateur de l’oms (retraité)
    Thonon-les-Bains, France

Ce livre fait partie de la vaste littérature, surtout en anglais, qui étudie les problèmes de santé publique face à la division entre les mondes industrialisés et en développement, tout en examinant particulièrement l’utilité du droit international dans ce domaine. Estimant que la distinction entre santé nationale et internationale est devenue obsolète avec la mondialisation, l’auteur considère que leur vulnérabilité mutuelle exige une approche multilatérale face à l’internationalisation des maladies. Il prône une collaboration plus active entre juristes internationaux, épidémiologistes, et spécialistes d’autres disciplines concernées par la santé publique. Le premier chapitre établit la structure conceptuelle et la méthodologie de l’auteur : il se réfère au « village, ou voisinage global », à la «mutualité de la vulnérabilité » et à la « vulnérabilité du multilatéralisme ». Il examine certains problèmes de la politique Sud-Nord (expression qu’il préfère à celle, plus usuelle, de « Nord-Sud ») dans les débats de l’Organisation mondiale de la santé (oms). Il fait ensuite une critique de l’initiative de l’oms « Faire reculer le paludisme » (Roll Back Malaria). De nombreuses références sont faites aux ouvrages d’histoire, de relations internationales, du développement, d’épidémiologie et de droit. L’étude est fondée sur le droit international ainsi que sur les sciences sociales et les relations internationales. Au chapitre 2, l’auteur expose les limites du droit à la santé inclus dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, dans la Convention des droits de l’enfant et dans la Constitution de l’oms, dont la réalisation dépend de l’importance des ressources financières et techniques disponibles. Il examine également l’impact sur la santé des programmes d’ajustement structurel des institutions financières, basés sur l’idéologie de la supériorité du marché par rapport à la planification économique. Il affirme que, dans de nombreuses régions du monde en développement, les réformes de la Banque Mondiale ont précipité la réapparition de maladies contagieuses, dont la tuberculose, le paludisme et le choléra. Au chapitre 3, l’auteur examine le potentiel de l’« auto-intérêt », (self-interest) des pays pour promouvoir le multilatéralisme humain de santé publique. Il rappelle l’historique de la santé publique internationale, les conférences et les conventions sanitaires internationales, la création des organisations de santé publique. Il décrit la réapparition de la menace de la tuberculose en Europe et en Amérique du Nord et l’importation du paludisme dans les pays du Nord. D’où l’intérêt bien compris, par exemple, des États-Unis à promouvoir la santé mondiale. Le chapitre 4 reprend l’historique de la diplomatie des maladies infectieuses du 19e siècle, les origines coloniales et postcoloniales du multilatéralisme de la santé publique, les questions politiques Sud-Nord à l’Assemblée mondiale de la santé : la demande d’admission de la Palestine et de Taïwan comme membres de l’oms, la requête d’une Opinion consultative à la Cour internationale de justice sur la licéité de l’utilisation d’armes nucléaires compte tenu de leurs effets sur la santé et l’environnement. L’auteur constate la présente timidité de l’oms, en contraste avec d’autres agences des Nations Unies, à utiliser des mécanismes juridiques internationaux (conventions) pour mettre en oeuvre son mandat de santé mondiale, qu’il attribue, pour une part importante, à la culture interne de l’organisation dominée par une communauté médicale conservatrice. Il rappelle la capacité de l’oms à adopter des conventions, règlements ou recommandations (art. 19-23 de sa Constitution), l’adoption des règlements sanitaires internationaux et de la Convention Cadre pour la Lutte Antitabac de l’oms. Le chapitre 5 est une étude de cas sur l’Initiative Roll Back Malaria de l’oms, le partenariat qui allie l’industrie pharmaceutique et …