Comptes rendus

Mondialisation et transnationalisme : The New Development Politics. The Age of Empire Building and New Social Movements.Petras, James. Hampshire, Ashgate Publishing, 2003, 200 p.[Notice]

  • Gabrielle Lachance

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  • Gabrielle Lachance
    Sociologie, option développement
    Anjou, Québec

Le thème de la mondialisation est de plus en plus présent dans la littérature scientifique et les analyses proposées ne manquent pas de diversité. Le présent volume nous livre une autre vision des choses. Il remet en question les thèses présentées dans Empire (Michael Hart et Antonio Negri, Empire, Cambridge, ma, Harvard University Press, 2000), un ouvrage dans lequel les auteurs affirment que le capitalisme mondial fonctionne maintenant comme un « empire » autonome gouverné uniquement par le marché et la firme multinationale, indépendamment de tout intérêt national spécifique. Il n’y a plus d’État mais un gouvernement mondial composé des dirigeants des ifi, de l’omc et des firmes multinationales (fmn). De telles déclarations sont vigoureusement dénoncées par Petras pour qui la configuration actuelle du pouvoir dans l’économie mondiale n’est pas basée sur des entreprises sans « État » ou « mondiales », mais sur des entreprises multinationales qui travaillent en étroite synergie avec leurs États « impériaux » qui sont : les États-Unis – où se trouvent 50 % des sièges sociaux des plus grandes firmes multinationales –, l’Union européenne et le Japon. Petras, d’obédience marxiste, déplore le fait que les théoriciens de la mondialisation s’en tiennent le plus souvent à l’épiphénomène, soit l’expansion outre frontière des entreprises nationales. Pour lui, le concept-clé n’est pas la mondialisation mais l’impérialisme; le néolibéralisme est un mythe car les États impériaux n’ont jamais complètement ouvert leurs marchés, éliminé les subventions ou manqué d’intervenir pour protéger leurs secteurs économiques stratégiques. Il lui paraît donc important de tenir compte des liens que ces firmes entretiennent avec des entreprises mondiales dont les décisions stratégiques sont contrôlées depuis les sièges sociaux de l’État impérial. Cet ouvrage comporte onze chapitres dont le premier présente une synthèse de la pensée de l’auteur. Les chapitres 2, 3, 4, 5 et 6 concernent divers aspects de la problématique dont la place et le rôle des États-Unis dans l’évolution de l’économie mondiale, le rôle de l’État contemporain et l’illusoire révolution informatique. Devant un certain déclin des relations commerciales avec l’Union européenne et le Japon, les États-Unis ont utilisé diverses approches – politique, militaire ou diplomatique – pour assurer leur domination économique en Amérique latine, seule région où ils maintenaient une balance des paiements positive (chap. 2). Par ailleurs, pour contrer un déclin relatif de leur influence dans le monde, ils ont développé deux stratégies complémentaires : le Plan Colombie/Initiative andine et la zléa. Il faut dire que cette dernière ressemble davantage à un système mercantiliste destiné à recoloniser l’Amérique latine qu’à un accord de libre-échange (chap. 6). Enfin, pour combler leur insoutenable déficit commercial, les États-Unis – loin d’être à l’avant-garde de la lutte contre le narcotrafic, le blanchiment d’argent et la corruption politique – profitent abondamment de ces transactions douteuses très lucratives (chap. 3). Dans la conjoncture actuelle, le rôle de l’État devient de toute évidence indispensable à l’expansion des firmes multinationales puisque les accords commerciaux sont tous négociés, mis en application et modifiés par lui (chap. 4). C’est donc une expansion politique, économique et militaire qui a créé le nouvel ordre impérial mondial dominé par les États-Unis et, à un moindre niveau, l’Union européenne. Pour l’auteur, il apparaît clairement que la troisième révolution scientifique et technologique n’a engendré ni la mondialisation ni la « nouvelle économie » bâtie en grande partie sur une activité spéculative sans fondements solides, la bulle informatique qui s’est effondrée depuis (chap. 5). Les chapitres 7, 8 et 9 présentent trois études de cas dont deux réalisées avec la collaboration de Henry Veltmeyer. La première étude …