Le Guide du maintien de la paix est une initiative heureuse. Il présente d’abord des textes faisant l’objet de débats, puis des documents et des statistiques relatifs aux questions du maintien de la paix. Enfin, il publie quelques sites internet intéressants. Pascal Teixeira s’interroge d’abord sur le rôle du Conseil de sécurité dans la gestion des opérations de paix. Celui-ci est aujourd’hui un instrument de confrontation d’intérêts divergents, malgré le poids de la puissance américaine. Or, « le monde ressemble à une peau de léopard où sont juxtaposées les zones dans lesquelles le Conseil de sécurité (cs) est très présent et actif et d’autres où il est en retrait » (p. 16). Les conflits classiques sont encore à l’ordre du jour, mais il s’agit de conflits anciens (Cachemire), de belligérance prolongée (Israël/Liban), d’annexions (Israël/Palestine) ou de sécession (Chypre) de territoires. Il a cherché à maintenir le statu quo, ses propositions de règlement restant souvent sans effet. Les nouveaux conflits trouvent leur origine dans les guerres civiles, comme l’éclatement d’États (ex. Yougoslavie) ou l’effondrement des régimes politiques. Aujourd’hui il est difficile de circonscrire l’espace de crise, d’identifier tous les acteurs du conflit ou de distinguer le militaire du civil (principale victime de cette opposition armée). Les activités criminelles sont souvent liées à ces conflits, dont les solutions s’avèrent d’une complexité considérable, compte tenu des intérêts des groupes et de leurs dirigeants. Or, le maintien de la paix est un concept élastique, qui conduit à une pratique différenciée. Lorsque le conflit affecte un membre permanent, les opérations de maintien de la paix (omp) du Conseil de sécurité ne s’appliquent pas. Parfois, des organisations régionales assument ce rôle, en gestion exclusive ou partagée. Aujourd’hui, le cs souhaite favoriser l’instrument difficile de la prévention et celui, traditionnel, de l’action diplomatique. Cependant, il se propose surtout de rendre les sanctions plus efficaces, par une volonté politique plus affirmée, de meilleurs moyens d’investigation et une meilleure préparation des omp, par la recherche d’une adaptation optimale entre les moyens et l’importance du mandat. L’administration transitoire des territoires implique souvent l’utilisation de la force, mais pour quelle fin ? Il s’agit alors de définir une « stratégie de sortie ». Aujourd’hui, le cs dispose d’une certaine expérience en matière d’omp pour la protection des droits de l’Homme, la protection des civils et l’essor de la démocratie. Trois tendances sont mises en évidence. D’abord, les pays du Nord réservent leurs troupes aux zones considérées d’importance stratégique et ils laissent aux pays du Sud les autres opérations plus incertaines. Ensuite, un mouvement de régionalisation de l’omp pose le problème de l’inégalité des ressources. Enfin, la diversification des omp implique l’utilisation de ressources rares en hommes. Jocelyn Coulon (Le Canada s’engage en Afghanistan) met en évidence le rôle militaire du Canada dans cette opération, en négligeant volontairement les activités destinées à réhabiliter l’Afghanistan. Il considère que, compte tenu de l’insécurité du pays, « le Canada pourrait bien être en Afghanistan pour quelques années » (p. 88). David Morin se demande si la politique européenne de sécurité et de défense (pesd) et l’opération Concordia en Macédoine ne se présente pas comme un nouvel outil du maintien de la paix. Les opérations militaires de l’otan ont servi le maintien de la paix par la dissuasion. Le partenariat stratégique de l’otan et de l’Union européenne (ue) a abouti aux arrangements de « Berlin Plus » qui garantit l’accès de l’ue aux capacités de planification opérationnelle de l’otan. Dans ce contexte, l’ue peut assumer la direction politique et …
Guide du maintien de la paix 2004.Coulon, Jocelyn (dir.). Athéna éditions/cepes, Outremont, Québec, 2003, 310 p.[Notice]
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Jacques Fontanel
Université Pierre Mendès France
Grenoble, France