Comptes rendus : Développement et coopération internationale

The Other War. Global Poverty and the Millennium Challenge Account.Brainard, Lael, Carol Graham, Nigel Purvis, Steven Radelet et Gayle E. Smith. Washington, dc, Brookings Institution Press, 2003, 267 p.[Notice]

  • Richard Garon

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  • Richard Garon
    Institut québécois des hautes études internationales
    Université Laval, Québec

Le sous-développement a été étudié par presque toutes les approches en Relations internationales. L’une des premières définitions nous provient de l’analyse marxiste. Les chercheurs de cette tradition définissent généralement le sous-développement comme le résultat de l’exploitation par le Nord des ressources du Sud. Depuis les années 1960, les critères économiques du développement sont presque les seules dimensions étudiées. Entre autres, au cours de la décolonisation, le développement se traduit par l’octroi d’aide technique et financière aux États nouvellement indépendants afin de les assister dans la modernisation de leurs économies. Des années 1960 aux années 1990, les modèles théoriques se sont succédé, soit la théorie de la dépendance, soit celle du système-monde et de l’économie politique internationale, pour ne nommer que celles-là. Les nouvelles approches de la dernière moitié des années 1990 proposent une vision plus globale du développement. Ainsi, selon Leys, malgré cinquante ans d’aide internationale au développement, le constat d’échec est doublé par une crise de la théorie du développement. La nouvelle vision du développement est principalement inspirée par l’onu qui s’est efforcée depuis les années 1960 d’intégrer les facteurs sociaux et politiques. C’est dans ce contexte que Brainard, Graham, Purvis, Radelet et Smith se donnent pour objectif d’analyser les programmes d’aide au développement américain et principalement le Millennium Challenge Account. Ce fonds a pour but d’augmenter l’aide américaine au développement de cinq milliards de dollars sur une période de trois ans. Ce programme est lancé par le président Bush en mars 2002, mais semble faire fi des autres agences de développement et des leçons qu’elles ont tirées dans le domaine. À ce moment, au lieu d’augmenter les budgets des agences de développement américaines ou même d’utiliser les canaux normaux de distribution d’aide au développement par des accords bilatéraux ou par l’intermédiaire de usaid, l’Administration américaine annonce la création du Millennium Challenge Account (mca). Ces argents doivent ainsi être distribués par un nouvel organisme indépendant, le Millennium Challenge Corporatio et de nouvelles normes pour la distribution sont mises en place. The Other War. Global Poverty and The Millennium Challenge Account répond violemment à cette initiative. L’ouvrage comprend une introduction et neuf chapitres, ainsi que deux annexes. Dans l’introduction, les auteurs tentent de démontrer qu’il existe une « tension » ou plutôt une discordance entre les objectifs de la politique étrangère américaine et ceux de développement. Les auteurs identifient cette « tension » par la dissonance entre l’intention initiale du mca qui « devrait » être la distribution d’aide au pays les plus pauvres et sa mise en application. Selon eux, les résultats escomptés correspondent en fait à aider financièrement des pays qui sont relativement riches, comme si la création de ce fonds cachait la distribution d’argent à des États amis du tiers-monde. Afin d’éviter cette interprétation négative des intentions américaines, ces chercheurs encouragent l’administration américaine à améliorer l’image de sa politique étrangère ainsi que la qualité de son aide financière au développement. Les auteurs se proposent donc de souligner les différentes lacunes du mca et du mcc, ainsi que de soumettre des recommandations à l’administration et au Congrès américain. Quatre-vingts pour cent de l’ouvrage est donc consacré à la critique du mcc et mca créés par l’annonce du président Bush. Le premier chapitre sert à démystifier ce que le mca « est » et ce qu’il « devrait être ». Les auteurs se basent sur l’intention initiale du président Bush qui semble être d’offrir des opportunités de prospérité économique aux pays sous-développés comme étant un moyen de combattre le terrorisme. Pour Brainard, Graham, Purvis, Radelet et Smith, le meilleur moyen d’y parvenir n’est …