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Cet ouvrage collectif a comme objectif de présenter les points de vue de différents auteurs sur l’avenir du projet de l’intégration nord-américaine, à la suite d’une conférence portant sur ce sujet et tenue en décembre 2001. Il s’agit en fait d’un recueil assez concis sur la position du Canada et du Mexique dans cette entreprise d’intégration régionale. Le thème central de l’ouvrage consiste à savoir si l’alena doit conserver sa vision étroite de l’intégration ou s’il doit étendre sa portée au-delà des simples sujets de commerce et d’investissement. L’ouvrage, composé de trois chapitres, est précédé d’une introduction rédigée par Peter Hakim (président de l’Inter-American Dialogue) et Robert Litan (vice-président et directeur des études économiques de l’Institut Brookings). Dans cette introduction, les deux auteurs expliquent la position des États-Unis, du Canada et du Mexique et examinent l’évolution des relations économiques qu’ils entretiennent entre eux depuis l’entrée en vigueur de l’alena. On y exprime la nécessité pour les partenaires d’atteindre les niveaux d’intégration convenus dans les échéances établies par l’accord, quitte à examiner les voies et moyens pour renforcer cette intégration. Dans cette perspective, les auteurs formulent trois propositions. La première est l’addition d’entente libéralisant davantage le commerce et l’investissement. À long terme, ce développement pourrait évoluer vers une union douanière comportant un tarif extérieur commun. La deuxième option serait d’approfondir l’intégration existante par des accords sur de nouveaux volets qui ont des impacts transfrontaliers incluant l’immigration, l’énergie et la gestion de l’eau, le transport et les politiques extérieures. La troisième option est l’établissement d’une institution supranationale qui aurait autorité sur les accords concernant certains secteurs précis. De plus, avant d’atteindre ce niveau d’intégration supérieur, certains problèmes devront être réglés. Selon les auteurs, la disparité du revenu par habitant entre le Mexique et ses deux partenaires du Nord pourrait être un frein à l’intégration. Des questions de souveraineté nationale et de dépendance institutionnelle sont aussi sujets à freiner l’intégration. Pour l’auteur, l’important est d’instaurer un dialogue entre les gouvernements et les populations dans le but d’établir les objectifs à atteindre pour une plus grande intégration.
Le premier chapitre, centré sur la perspective canadienne, est présenté par Perrin Beatty (président de l’Association canadienne des manufacturiers et exportateurs). L’auteur y décrit la progression des liens économiques du Canada avec les États-Unis et le Mexique. Depuis sa création, le Canada a toujours entretenu des liens étroits avec son puissant voisin du Sud, mais ce n’est que tout récemment que le Mexique s’est joint à la dyade. L’auteur explique comment s’est développé le nationalisme canadien des années 60 et 70. Cette période a été marquée notamment par un protectionnisme économique et une vague de fierté dans la population. Par la suite, il explique comment l’entrée en scène du gouvernement Mulroney a permis d’améliorer les relations économiques bilatérales Canada/États-Unis.
La fraternité entre M. Mulroney et M. Reagan a permis de conclure un accord de libre-échange (ale) entre les deux pays. Cette entente a favorisé l’intégration des économies et les relations des deux pays se sont améliorées à la faveur d’une majorité des populations respectives. Par la suite, l’auteur aborde la relation du Canada avec le Mexique et met en lumière les distances géographiques et culturelles existant entre les deux pays. D’autre part, il admet que ces distances ont tendance à se réduire depuis la ratification de l’alena. Se pose alors la question de savoir si le Canada est prêt à une plus grande intégration ? Selon l’analyse de l’auteur, les habitants de l’Amérique du Nord ont une attitude amicale envers leurs voisins, mais restent tout de même très loyaux envers leur pays. Malgré qu’il y ait eu progression vers une libéralisation des échanges, les autorités des trois pays ne sentent pas nécessairement le besoin d’étendre celle-ci à d’autres sphères de la société. L’auteur prétend tout de même que le Canada peut et doit jouer un rôle important dans la promotion d’une plus grande intégration. Selon lui, elle doit être de nature commerciale, mais doit aussi porter sur divers autres sujets comme l’environnement, les politiques publiques et la coopération intergouvernementale. L’auteur conclut que le gouvernement canadien ne peut se permettre d’être un partenaire hésitant et doit adopter un comportement confiant dans son rôle en Amérique du Nord.
Dans le deuxième chapitre, le même point de vue est repris par Andres Rozental (président du Conseil mexicain des Affaires internationales) pour ce qui est de la perspective mexicaine dans l’intégration nord-américaine.
L’auteur relate l’attitude proactive dans la promotion de l’intégration du président Fox depuis son arrivée au pouvoir en 2000. Le Mexique s’est toujours montré favorable à une intégration de son économie avec celle du Canada, mais surtout avec celle États-Unis et son immense potentiel de consommation. Il confirme les effets bénéfiques de l’intégration économique, mais précise que l’objectif prioritaire pour le Mexique n’a pas encore été atteint, à savoir une réduction significative des disparités économiques entre les régions. Il est toutefois conscient que l’atteinte de cet objectif demandait des efforts des trois partenaires pour permettre au Mexique d’harmoniser son économie et sa société avec celles de ses deux partenaires. Devant la complexité de la tâche, il prend en exemple le projet d’intégration européen qui a débuté il y a plus de 50 ans et qui aujourd’hui réunit des pays aux différentes phases économiques. Selon lui, les trois pays sont en position favorable pour procéder à l’établissement d’une communauté des Amériques. Pour arriver à cette intégration, l’auteur explique qu’il faut développer des structures de communication supranationale, dans le but d’établir des mécanismes de coordination qui tiennent compte des réalités des trois pays et non d’une réalité bilatérale Canada/États-Unis. Ces institutions permettront de s’attaquer de façon globale à certains domaines qui causent des problèmes comme l’immigration, la sécurité, l’énergie et la main-d’oeuvre. Pour le Mexique, la clef du succès réside dans son attitude à promouvoir le dialogue et à forcer ses partenaires à se consacrer à une vision intégrative de l’Amérique du Nord.
Le troisième chapitre se veut une analyse globale de l’alena et est rédigé par Robert A. Pastor (vice-président des Affaires internationales et directeur du Centre des études nord-américaines). L’auteur explique que pour ce qui est du but de l’accord de libéraliser le commerce et l’investissement, l’alena a tenu ses promesses. Par le même fait, la réussite de cette intégration économique a permis aux pays d’atteindre un niveau d’interdépendance élevé. Il ne manque alors que trois éléments pour renforcer cette intégration : une nouvelle vision d’une communauté des Amériques, des chefs politiques qui peuvent articuler et promouvoir cette vision et des institutions qui peuvent concrétiser cette vision en des actions créatives et concises. L’auteur fait un survol des différentes idées proposées par les représentants de chaque pays en s’attardant à celle du président Fox : établir un marché commun. Et en se basant sur l’exemple de l’Union européenne, l’auteur termine en se prononçant sur la faisabilité d’une Communauté des Amériques. Il prétend que malgré les réticences des autorités gouvernementales, les sondages démontrent que les populations des trois pays sont ouvertes à l’idée d’une intégration plus poussée. Il demande donc aux gouvernements de mettre l’accent sur les discussions pour établir un plan d’intégration et des institutions qui faciliteront cette intégration nécessaire pour tous ses membres.
Cet ouvrage, relativement court, permet d’informer les gens qui voudraient avoir une vision globale de l’alena et de son avenir. Par contre, les auteurs ne développent pas les pistes de solution qu’ils apportent. Il demeure toutefois un bon outil pour comprendre les enjeux et le rôle que doit jouer chaque pays dans l’évolution de l’intégration des Amériques.