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Jusqu’à très récemment, il existait très peu de manuels et d’ouvrages francophones traitant des Relations internationales. La présentation de plusieurs ouvrages par Dario Battistella (2003), Jean-Marc Lavieille (2003), Philippe Braillard (6e éd., 2002), Jean-Jaques Roche (1999) et Bahgat Korany (1987) semble répondre à ce vide académique. Ces publications offrent généralement une synthèse rapide des différentes théories des relations internationales. Elles tentent d’expliquer la conduite des relations entre les nations et comment fonctionnent les relations internationales entre les différents acteurs ou l’histoire du champ d’étude. L’ouvrage de Diane Éthier et de Marie-Joëlle Zahar qui ne collabore qu’au dernier chapitre, s’inscrit dans la volonté d’offrir un manuel de relations internationales. Introduction aux relations internationales est donc destiné aux étudiants de première année du baccalauréat en science politique. La collection Paramètres offre des synthèses sur différents thèmes, mais ne se spécialise pas en science politique. Les ouvrages de cette collection s’adressent aux étudiants et à ceux et celles qui souhaitent avoir une vue d’ensemble sur un thème précis.
Introduction aux relations internationales se divise en cinq chapitres : l’analyse des relations internationales (chap. 1), les acteurs majeurs des relations internationales (chap. 2), la politique étrangère des États (chap. 3), les relations économiques internationales (chap. 4) et les « nouvelles » relations internationales (chap. 5). La présentation du contenu des chapitres au début de chacun d’eux est très utile et démontre une bonne approche pédagogique. L’utilisation de tableaux rend également certaines parties plus compréhensibles, mais un plus grand nombre de schémas aurait été encore plus bénéfique. Par exemple, un tableau explicatif des grands débats inter-paradigmatiques ou un schéma comparatif des différentes typologies (positivistes, modernisme, réflexivisme, etc.) permettraient une meilleure compréhension aux étudiants.
La liste des sigles comprend la majorité des abréviations les plus utilisées dans le domaine d’étude. Cette liste est facile d’utilisation, bilingue, ce qui augmente sa valeur pédagogique, et elle a été judicieusement placée au début de l’ouvrage. La section des sources et références que l’on retrouve à la fin du livre, est divisée par thèmes et offre plusieurs sites internet utiles. Il s’agit donc d’une bonne référence de base pour un étudiant désirant effectuer des recherches plus approfondies. L’index est aussi très utile et complet.
L’introduction est concise mais exhaustive. Les relations internationales et la mondialisation y sont définies, alors que les objectifs de l’ouvrage y sont clairement spécifiés. Par contre, les liens entre les relations internationales et la science politique sont énoncés de façon nébuleuse. En effet, par moments le lecteur peut croire que les relations internationales sont considérées comme une discipline autonome, alors que finalement, les auteurs évitent de parler de ce débat et considèrent simplement les relations internationales comme un sujet d’étude de la science politique.
Le chapitre sur l’analyse des relations internationales débute sur une prise de position épistémologique et adopte la définition, ainsi que la classification des théories de relations internationales proposées par Philippe Braillard (1977). Diane Éthier propose trois types de théories : essentialistes ou normatives, explicatives ou empiriques et holistes ou dialectico-historiques. Certains auteurs, comme Dario Battistella ne proposent que deux types cependant ce choix typologique n’est pas expliqué très clairement et ce qui différencie chaque type n’est pas toujours évident. Le reste du chapitre aborde d’une façon très concise les théories générales classiques (le réalisme, le libéralisme et le marxisme) et les théories générales néoclassiques (néoréalisme, néolibéralisme, débat néo-néo et le néo-marxisme). Finalement les auteurs décrivent les théories « critiques ». Bien qu’Introduction aux relations internationales mentionne les principaux concepts de certaines de ces approches, la dimension méthodologique qui les distingue des théories générales classiques/néoclassiques n’est pas suffisamment développée. Le postmodernisme, le constructivisme et la perspective communautarienne sont abordées de façon claire, mais en laissant de côté plusieurs aspects et approches, tels que le féminisme, la sociologie historique et la théorie critique elle-même. Il faut aussi noter un élément pouvant induire en erreur certains étudiants soit la note 27 à la page 67 traitant des accords salti et ii. La description de saltii est complète, alors que les détails de salti sont réduits à sa deuxième dimension (le nombre de missiles anti-balistiques), ce qui pourrait permettre de confondre salti et le Traité abm.
La section sur les acteurs majeurs en relations internationales, offre un tour d’horizon assez large. La place de l’État y est déterminée par rapport aux autres acteurs que constituent maintenant les organisations internationales, les Organisations régionales et les ong, bien que l’importance du transnationalisme et des multinationales ne soit abordée que plus tard dans l’ouvrage. La partie sur l’onu est particulièrement bien structurée et facile à comprendre pour un néophyte. Toutefois, une définition des Opérations de maintien de la paix de première génération semble avoir été oubliée, tandis que les opm de deuxième et de troisième générations sont clairement précisées.
Le chapitre trois porte sur la politique étrangère des États. Cette dimension est abordée de façon efficace. Les acteurs et les facteurs qui déterminent la politique étrangère y sont présentés de façon globale. La plupart des auteurs majeurs dans le domaine sont aussi mentionnés, ce qui permet au lecteur voulant approfondir un sujet, de retourner aux sources. L’application de la politique étrangère est divisée par l’auteur en deux aspects : la diplomatie et la stratégie. Dans ce chapitre, les questions de sécurité, de contrôle des armements, de la dissuasion, des alliances et de complexe de sécurité sont au mieux mentionnées, mais pour la plupart, escamotées. L’absence de ces éléments est notable, bien que la sécurité soit traitée dans le dernier chapitre.
Les relations économiques internationales sont la force de Diane Éthier. Les théories de l’économie internationale, les échanges commerciaux internationaux et l’évolution du système économique international y sont présentés clairement et de façon relativement complètes. L’évolution du système économique international y est bien traitée, de l’implantation du système de Bretton Woods jusqu’à son remplacement par le néolibéralisme. Les conséquences de différents événements tels que les crises monétaire et financière y sont aussi soulignées en détail.
La section sur les « nouvelles » relations internationales rédigée par Marie-Joëlle Zahar termine l’ouvrage en abordant les questions du contexte international, des défis de la mondialisation, des nouveaux acteurs, l’évolution du domaine de la sécurité et l’ouverture sur l’avenir des théories en relations internationales. Les sujets de ce chapitre sont présentés toujours de façon abrégée, mais adéquate pour un lecteur qui s’initie à de nouveaux concepts. Le contexte international est ici défini dans le cadre de l’après-guerre froide et de la troisième vague de démocratisation. Les problématiques internationales sont définies par l’auteur selon deux axes, le premier étant l’identité et la violence et le second, la sécurité et le développement. Les questions d’ordre/désordre international et des « contraintes » du système international (énergie, eau, dette, réfugiés, etc.) auraient pu être développées de façon plus approfondie, mais ce chapitre offre une bonne image des « nouvelles » relations internationales.
Ce manuel offre donc une idée globale des relations internationales. Ses forces principales sont sa conception qui en rend l’utilisation facile, et sa vision relativement large de ce champ d’étude. Les quelques omissions soulignées semblent être ses seuls points faibles. Ce manuel convient donc à des étudiants voulant s’initier aux relations internationales.