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On doit ce guide à deux chercheurs en sciences politiques à un moment où, comme ils le rappellent eux-mêmes dans l’introduction de leur ouvrage, le maintien de la paix fait l’objet de nombreuses évolutions. Le guide est divisé en deux grandes parties, l’une analytique et l’autre documentaire. Dans la partie analytique, les auteurs retracent tout d’abord l’historique des opérations de maintien de la paix et essayent d’en dresser l’avenir tout en rappelant qu’il est difficile de dire à quoi ces opérations ressembleront demain. Puis, une analyse est plus particulièrement consacrée au Canada, « vieux routier du maintien de la paix » (p. 9) où ses succès, couronnés par l’obtention du prix Nobel de la paix en 1957, ne sont pas occultés par les désillusions nées notamment de l’opération désastreuse en Somalie. Enfin, les auteurs ont choisi de faire une étude de cas à partir du succès indéniable qu’a constitué la décolonisation du Timor oriental, à propos duquel le rôle de l’onu est présenté sous ses multiples facettes. La partie documentaire quant à elle comporte tout d’abord un certain nombre de statistiques récentes et utiles telles que la liste des pays contributeurs de personnels, des données comparatives par catégorie (policiers civils, observateurs, soldats) que fournissent les États ou la liste des pertes par type d’opération, d’incidents ou par pays. Puis cette partie est complétée par une liste de sites Internet regroupés en plusieurs entrées : la liste des sites officiels, la liste des sites par pays, les sites d’actualité, les bibliothèques, les sites dédiés aux Casques bleus ainsi que les adresses des principaux centres de recherche qui se consacrent au maintien de la paix. Notons que cette rubrique est particulièrement intéressante puisqu’elle comporte non seulement les adresses, mais aussi les liens hypertextes qui permettent une navigation rapide et aisée. Enfin l’ouvrage comporte une bibliographie sommaire ainsi qu’un index très utile.
Depuis une dizaine d’années, le maintien de la paix est l’objet d’études très prisées par les chercheurs et la notion elle- même comporte de multiples acceptions. On parle des opérations de la première et de la seconde génération ; on oppose le modèle « pearsonien » au modèle « musclé » ; le maintien de la paix s’est régionalisé ; enfin, il n’est plus seulement question de « maintenir » la paix, mais aussi de l’« imposer » et de la « consolider ». En outre, on ne peut parler de ce concept sans évoquer des notions ou des questions voisines comme l’ingérence, la privatisation de la sécurité ou encore la coopération civilo-militaire. C’est dire, et les auteurs le soulignent avec raison, que l’on est avec ce thème dans le domaine de l’« amphibologie » (p. 10) la plus complète. Le maintien de la paix s’est complexifié et comporte plusieurs dimensions : une dimension juridique et militaire bien sûr, mais on ne peut aujourd’hui comprendre cette question en ignorant sa dimension politique, économique et humaine. C’est à tous ces aspects que ce guide s’attache permettant au lecteur de découvrir le maintien de la paix et de mieux en saisir les nouveaux défis. Il s’adresse à un public très varié qui peut aller du simple « curieux », qui souhaite avoir des informations sur un thème ou une situation précise, au chercheur, qui verra une partie de ses recherches déjà «décantée » grâce à cet ouvrage. La recherche sur Internet s’est largement généralisée, mais la navigation sur le Web se fait souvent sur une mer agitée. Cet ouvrage permet d’aborder la question du maintien de la paix en évitant la consultation des moteurs de recherche, qui n’est pas toujours d’un précieux secours. Les sites y sont répertoriés, analysés, mais les auteurs laissent au lecteur la liberté de se positionner dans le débat. C’est là encore un mérite de cet ouvrage.