Le 11 septembre a démontré aux États-Unis leur vulnerabilité sur le plan international et la nécessité d’appuyer la coopération internationale comme instrument pour affronter les dangers extérieurs. À partir d’ici, le livre aborde les causes et les conséquences de l’ambivalence des États-Unis vis-à-vis du multilatéralisme, dont la relation avec la politique extérieure est définie comme « un compromis ambivalent ». Les éditeurs, Patrick – qui a rédigé l’introduction – et Forman – qui présente les conclusions – réunissent un groupe d’auteurs qui, en dix-sept chapitres divisés en quatre parties, analysent la problématique à partir de perspectives et d’agendas distincts. Partant de ces différentes perspectives, internes et externes, le livre centre son attention interprétative sur les facteurs domestiques qui ont exercé leur influence sur l’ambivalence mentionnée. Dans le premier chapitre, qui constitue à lui seul la première partie, Patrick situe le cadre analytique en évaluant les causes et les conséquences de cette ambivalence. La question centrale est de savoir comment résoudre la question du leadership, par une approche multilatéraliste ou unilatéraliste. Il signale que le message central du livre est que l’agenda de la politique extérieure des États-Unis est en train de subir des transformations du fait des changements globaux et transnationaux. Face à cette nouvelle situation internationale surgit une conception différente et plus vaste de ce qui constitue l’intérêt national, qui implique de comprendre que peu de problèmes actuels peuvent être affrontés avec succès de manière unilatérale, ainsi que le rôle que joue le multilatéralisme en faveur de la légitimation du pouvoir nord-américain. L’après-guerre froide a signifié que la démocratie et le libre marché ont gagné de nouveaux espaces, mais l’augmentation de l’interdépendance globale a créé des problèmes nouveaux et divers que les pays – même les plus puissants – ne peuvent plus résoudre seuls. Selon Patrick, avec les progrès des principes libéraux et l’apparition du nouvel agenda global, il paraissait logique que le multilatéralisme offre le meilleur chemin pour avancer dans la poursuite des intérêts nationaux américains, sous couvert d’objectifs communs et sous leur leadership. Cependant, les États-Unis ont été ambivalents dans leur engagement en faveur du multilatéralisme. Pire encore, en n’acceptant pas d’honorer des engagements qu’ils ont parrainés eux-mêmes à l’origine, à travers les négociations et accords internationaux, en refusant de payer leur part du financement d’institutions multilatérales et en appliquant des sanctions extraterritoriales ou en ne ratifiant pas des conventions internationales, ils ont remis en question l’appui que, depuis 1945, les États-Unis ont donné à la constitution d’un monde plus multilatéral. Il est vrai que la source principale de cette ambivalence se trouve dans l’opposition du Congrès au multilatéralisme, une attitude que la société nord-américaine ne partage en général pas tout à fait, mais la perception extérieure qui prévaut est que les États-Unis agissent seuls et de façon unilatérale, attitude qui s’est renforcée depuis 2001. Le danger que cela comporte pour le pays est que cette attitude produise des résistances et qu’elle soit imitée par d’autres États, ce qui finirait par faire perdre aux États-Unis la légitimité de leur leadership. Le multilatéralisme est cependant beaucoup plus utile pour les États-Unis que les bénéfices probables de cette attitude unilatérale, tant pour atteindre leurs objectifs d’« intérêt national » que pour maintenir leur leadership. L’engagement multilatéral constructif requerra donc quelques ajustements dans les attitudes et expectatives américaines. Sous la direction de Patrick et Forman, le Center on International Cooperation de la New York University a invité un groupe d’auteurs à évaluer dix points de l’agenda multilatéral actuel. Les chapitres 2 à 6, qui constituent la deuxième partie du livre, analysent les origines et les conséquences de l’ambivalence nord-américaine vis-à-vis …
Analyse de politique étrangère : Multilateralism and us Foreign Policy. Ambivalent Engagement.Patrick, Stewart et Shepard Forman (dir.). Boulder, Lynne Rienner Publishers, 2002, 509 p.[Notice]
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Raúl Bernal-Meza
cerial, Mendoza, Argentine