Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Health Policy in a Globalising World.Lee, Kelley, Kent Buse et Suzanne Fustikian (dir.). Cambridge, Cambridge University Press, 2002, 325 p.[Notice]

  • Alina Gildiner

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  • Alina Gildiner
    Department of Political Science, and Health Studies Programme
    McMaster University, Ontario, Canada

La littérature des sciences sociales touchant la question de la mondialisation et de la santé comprend environ 200 articles, une poignée de chapitres et quelques ouvrages, tous datant de la fin des années 1990 – et la grande majorité de l’an 2000 uniquement. Cependant, dans cette littérature en pleine effervescence, la question de l’interaction dynamique entre la mondialisation, d’un point de vue théorique ou empirique, et l’élaboration des politiques en santé est à peine abordée. En fait, rare est la littérature sur la mondialisation ou la santé qui traite substantiellement de politiques, et encore moins de leur dynamique. L’importance de cet enjeu fait donc de ce livre une collection d’essai qui est la bienvenue, en rassemblant par ailleurs plusieurs des quelques auteurs importants sur le sujet. De plus, pour rendre la chose encore meilleure, son contenu est clair et élaboré avec rigueur (pas un seul des auteurs ne tombe dans le jargon ou la rhétorique), et ses directeurs ont bien organisé les chapitres afin de construire un ouvrage cohérent et intelligent, fermant la boucle par une conclusion approfondie écrite en collaboration avec Nick Drager. L’objectif avoué du livre est de combler le fossé qui existe dans la littérature entre les prétentions liées à la mondialisation et l’analyse empirique des dernières. Dans le chapitre d’introduction, on y définit la mondialisation comme étant des événements ou des idées qui bouleversent les éléments spatiaux/territoriaux, temporels et cognitifs qui déterminent nos expériences et nos réactions face au monde d’un point de vue de politiques (dans ces cas-ci, les questions touchant la santé). La structure dominante des réactions politiques et des compréhensions qui y sont rattachées a longtemps été représentée par l’organisation interne des États-nations (leurs institutions et réseaux politiques, comment ceux-ci influencent la circulation des idées et des intérêts, comment ils structurent les relations État-société et le processus décisionnel), ainsi que par l’organisation des relations internationales entre États-nations. Toutefois, comme le soulignent les directeurs du livre recensé, « la santé internationale devient la santé mondiale lorsque les causes ou les conséquences d’une question sanitaire contournent, minent ou ignorent les limites territoriales des États, dépassant ainsi la capacité des États d’intervenir de façon efficace uniquement par l’intermédiaire de ses institutions » (p.5). Les thèmes abordés dans les trois parties de l’ouvrage sont : la structure conceptuelle des frontières, leur expression par les institutions, la façon par laquelle elles orientent les intérêts et les idées, et comment les relations État-société sont réorganisées dans le cadre du processus décisionnel. La première partie, qui est également la plus longue et qui se rapproche le plus du but énoncé du projet, présente de façon claire les nouvelles règles du jeu grâce à une étude empirique bien définie. L’un des premiers chapitres du livre, écrit par Ranson et al., explique comment les principaux accords et institutions commerciaux internationaux ont influencé les réponses politiques des États par rapport à des enjeux spécifiques touchant la santé (loi sur les brevets pharmaceutiques, politiques importantes sur le tabagisme, politique commerciale sur l’amiante). Les différents auteurs du livre ne remettent pas du tout en question la pertinence des États-nations et font preuve de prudence à cet égard. Dans un chapitre consacré aux partenariats internationaux entre les secteurs public et privé mis sur pied par les Nations Unies, aux nouvelles formes de partenariats entre les entreprises transnationales et aux organisations non gouvernementales, Buse et Walt expliquent pourquoi la participation dominante du secteur privé, dans la mesure où elle modifie les réseaux politiques et leur rôle dans le processus décisionnel, devrait être incluse dans notre définition de la mondialisation, au lieu d’être considérée uniquement comme un …