L’otan a occupé pendant 50 ans une place centrale dans les relations transatlantiques. La guerre en Irak pose plus que jamais la question de son avenir. Créée du temps de la guerre froide pour faire face à la menace soviétique, cette alliance de défense a vu une première fois son avenir remis en cause au moment de la chute du mur de Berlin puisque la disparition de la menace soviétique faisait disparaître sa fonction première. Puis l’adoption d’un nouveau concept stratégique pour l’otan à l’occasion du 50e anniversaire de la signature du Traité de Washington en 1999 paraissait consolider les évolutions intervenues au cours de la décennie 90 qui avaient renforcé son rôle politique dans le cadre du partenariat pour la Paix avec la Russie et en élargissant ses fonctions d’alliance de défense à celles d’alliance de sécurité. Son rôle d’organisation régionale de sécurité et de défense était conforme à la conception de l’ordre international selon lequel seul le Conseil de sécurité peut légitimer l’usage de la force armée. Puis l’intervention de l’otan au Kosovo en 1999, sans mandat du Conseil de sécurité, a soulevé une grave question. Accident de parcours ou tendance lourde d’évolution du système international en quête de repères ? Les attentats du 11 septembre 2001 puis la guerre en Irak ont précipité les bouleversements sans que l’on puisse aujourd’hui en apprécier toutes les conséquences. En privilégiant les coalitions ad hoc et l’unilatéralisme, les États-Unis eux-mêmes ont contribué à fragiliser l’otan qui occupait jusque-là une place centrale dans la communauté euro-atlantique de sécurité. L’ouvrage qui nous est proposé traite de l’avenir de l’otan après l’intervention au Kosovo mais avant les attentats du 11 septembre. Il n’en perd pas pour autant sa pertinence en raison de la qualité des analyses qui nous sont proposées et qui nous donnent de précieux éclairages pour comprendre les défis actuels de la sécurité euro-atlantique et au-delà de la sécurité mondiale. Deux séries de questions sont traitées dans cet ouvrage. Une première partie composée de quatre chapitres est consacrée à l’analyse du statut et du rôle de l’otan dans l’architecture de sécurité euro-atlantique. Stephen M. Walt analyse sur le plan théorique l’avenir possible de l’otan et les différents paramètres qui peuvent peser sur lui. S. Neil MacFarlane nous livre une réflexion sur l’évolution du concept de sécurité, sur ses nouveaux enjeux, sur les notions de défi et de menace. Il suffit de reprendre les sous-titres de l’ouvrage d’Alan K. Henrikson pour comprendre l’intérêt de ses analyses : nato as an « alternative » to the United Nations, The United Nations’ « Collec-tive Legitimization » Function, The veto question, The « Legitimacy » Debate over Kosovo. Anne Deighton traite dans le chapitre quatre des rapports Europe/États-Unis dans le domaine de la sécurité à l’intérieur de l’otan mais aussi par rapport à la pesd. La deuxième partie composée des chapitres 5 à 12 est consacrée à l’analyse des positions nationales par rapport à l’opération « Allied Force » mais aussi de façon plus générale par rapport à l’otan. Tous ces chapitres analysent les positions gouvernementales, mais traitent aussi du problème très important pour les chercheurs en relations internationales de l’influence des facteurs internes dans la politique étrangère. Les États-Unis (Charles A. Kupchan), le jeu entre alliés (David G. Haglund), la France (Alex MacLeod), l’Allemagne (Peter Rudolf), la Grande-Bretagne (Louise Richardson), l’Italie (Maurizio Cremasco), le Canada (Kim Richard Nossal et Stéphane Roussel), les nouveaux alliés (Milada Anna Vachudova) sont traités dans les différents chapitres. Cet ouvrage qui pourrait paraître daté par la problématique …
Martin, Pierre et Mark R. Brawley (dir.), Alliance Politics, Kosovo, and Nato’s War. Allied Force or Forces Allies ?, New York, Palgrave, 2001, 246 p.[Notice]
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Bernard Labatut
Centre Morris Janowitz,
iep Toulouse, France