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Cet ouvrage en quatre volumes reproduit soixante-cinq articles sur le commerce international publiés dans des revues scientifiques ou des ouvrages collectifs depuis plus de trente ans. La grande majorité des articles proviennent des sciences économiques et leur sélection s’est faite sur la base d’un sondage d’une centaine d’économistes sur les articles clés de ce champ d’études.
Plusieurs articles dans le premier volume examinent plus de 150 ans d’histoire de la diplomatie commerciale des pays industrialisés, se concentrant sur l’époque pré-gatt. Ce volume examine aussi les principes économiques sur lesquels est fondé le régime de commerce international sous le gatt. Le principe de réciprocité reçoit une attention particulière puisque les théories purement économiques ne peuvent expliquer la nécessité d’échanges mutuels de concessions dans les négociations commerciales. Selon cette logique, la diminution du protectionnisme et la libéralisation unilatérale mènent à de tels gains en termes d’efficience économique, qu’ils suffiraient à justifier à eux seuls l’adoption de mesures unilatérales. Une perspective d’économique politique est nécessaire pour comprendre la nécessité du principe de réciprocité. Les coûts liés à l’élimination des protections à l’importation se concentrent habituellement dans certaines industries qui sauront se mobiliser contre les réformes alors que les bénéfices de la libéralisation sont plus diffus. Donc, la diminution des tarifs, à elle seule, ne trouve pas de défendeurs et d’acteurs politiques organisés qui soutiennent cette option. Par contre, la dynamique politique sera très différente si les secteurs d’exportations sont impliqués dans le débat sur les réformes, étant donné l’amélioration de l’accès aux marchés étrangers inhérente au processus de négociations de donnant, donnant. Certains chapitres du second volume soulignent aussi les bienfaits du principe de réciprocité et l’importance d’inclure un grand nombre de secteurs et d’enjeux dans les négociations multilatérales afin de faciliter le processus d’échanges de concessions.
Le second volume étudie les règles et les procédures régissant le commerce international. Plusieurs chapitres se penchent sur les problèmes liés à la clause de la nation la plus favorisée, en particulier le problème du resquillage (free riding). La nature non discriminatoire de cette clause est appréciée afin de diminuer les conflits entre partenaires commerciaux, mais à elle seule, la clause de la nation la plus favorisée ne mène pas à la diminution des barrières commerciales. Ceci nous ramène au principe de réciprocité et aux procédu-res de négociations qui permettent plus facilement de libéraliser le commerce, i.e. des procédures qui offrent moins de possibilités d’exclure des échanges de concessions les secteurs considérés « controversés, les plus protégés ». D’autres chapitres de ce volume, adoptant une perspective légale, discutent des mécanismes de règlement des différends et de surveillance des politiques commerciales.
Les articles inclus dans le troisième volume se concentrent sur les secteurs qui ont été longtemps exclus des négociations commerciales, tels que les secteurs des services, ou des secteurs où les règles de non-discrimination et les objectifs de libéralisation étaient ignorés. Les secteurs agricoles et de manufacture de vêtements et textiles sont les cas les plus flagrants. Ce volume explore aussi le traitement particulier qu’ont reçu les pays en développement et leur faible participation dans les activités du gatt jusqu’aux négociations du cycle de l’Uruguay, remettant en cause le bien-fondé d’exclure les pays en développement de l’application du principe de réciprocité comme il a été fait jusqu’à récemment.
Le quatrième volume se penche sur les nouveaux enjeux qui sont maintenant à l’ordre du jour des négo-ciations commerciales multilatérales. Est-ce que la nouvellement créée Organisation mondiale du commerce (omc) est le bon forum pour discuter d’investissement étranger, de politique de concurrence, de droits de propriété intellectuelle et de normes du travail ? Plusieurs des auteurs sélectionnés sont sceptiques à cet égard, considérant que ces nouvelles questions détourneront l’omc de son rôle premier de libéraliser le commerce international. Par exemple, le bien-fondé d’avoir inclus la protection des brevets dans les accords de l’omc est remis en question sur des bases économiques. La protection des brevets à l’échelle globale mène à un transfert de ressources des pays en développement vers les pays industrialisés qui sont les grands détenteurs de droits de propriété intellectuelle. Les véritables bénéfices globaux de ces protections en termes d’investissement en recherche et développement restent à évaluer, vis-à-vis des coûts qu’ils entraînent pour ce qui est de l’accès aux technologies et aux médicaments.
La plupart des articles de ce recueil sont d’ordre théorique, étant donné un choix explicite des directeurs de l’ouvrage d’exclure les travaux empiriques. De plus, le manque de perspective multidisciplinaire fait défaut. Par exemple, on remarque la quasi-absence de documents examinant les dynamiques politiques des négociations commerciales (au niveau national et international) ; la contribution du champ des relations internationales est pratiquement ignorée. Néanmoins, pour les spécialistes de questions commerciales, il s’agit d’un ouvrage de référence utile, qui facilite l’accès à un grand nombre de documents plus ou moins faciles à trouver.