Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Rai, Shirin M., Gender and The Political Economy of Development. From Nationalism to Globalization, Malden, ma, Blackwell Publishers, 2001, 224 p.[Notice]

  • Raúl Bernal-Meza et
  • Denise Castello

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  • Raúl Bernal-Meza
    Centre d’études internationales cerial
    Mendoza, Argentine

  • Denise Castello
    Centre d’études internationales cerial
    Mendoza, Argentine

Cet ouvrage pourrait être présenté comme « un livre de la modernité » des relations internationales. En premier lieu, parce qu’il analyse celles-ci dans une optique d’« économie politique ». En second lieu, parce qu’il aborde un « des nouveaux thèmes des relations internationales » : les questions de genre. Un texte qui analyse la relation entre le problème du développement et le rôle de la femme, dans l’évolution des sociétés du tiers monde, décolonisées à partir de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à la nouvelle division internationale du travail, sous l’impulsion de la mondialisation et des politiques publiques néo-libérales. En six chapitres et une introduction, l’auteure trace une évolution historique du genre comme une des formes d’inégalité dans le monde contemporain de l’économie politique des relations internationales. Adoptant comme axes d’analyse la sociologie, les études sur le développement et l’économie politique, l’auteure explore les différences qui séparent les femmes des hommes, à partir de la position de celles-là dans les structures sociales, culturelles, géographiques et politiques. Les motivations, fondements et points de départ sont exposés dans l’introduction « Mapping Gender and the Political Economy of Development ». L’auteure développe son exploration sur ce qu’est la nature du genre et sa relation avec l’économie politique du développement, dans laquelle hommes et femmes occupent des positions différentes et subissent distinctement les effets des politiques, du nationalisme aux actuelles politiques d’ajustement structurel. De même, comment les structures du pouvoir économique et politique encadrent les hommes et les femmes et quelles sont les conséquences de la position qu’occupe chaque genre sur ses compromis respectifs comme acteur politique. Sa propre expérience, comme femme née en Inde, est aussi un point de départ important pour l’auteure, dans un moment historique où le développement fut aligné sur le nationalisme. Cela explique que cette relation est le sujet clé de son livre. Dans un monde dominé par la logique du capitalisme mondialisé, les mouvements féministes ont besoin de reconnaître que les différences entre femmes vont en augmentant, tant entre classes qu’à travers la division Nord/Sud. Dans le premier chapitre, « Gender, Nationalism and Nation-Building », l’auteure explique comment dans la construction des États-nations post-coloniaux, dans lesquels le nationalisme eut une importance spéciale comme facteur unificateur des communautés, l’agenda du développement donna la priorité à certains thèmes. Selon l’auteure, le nationalisme permit que les débats sur le développement eurent lieu entre les élites masculines, coloniales et nationalistes les femmes étant exclues de ces discussions. De cette manière, le nationalisme et le développement mobilisèrent et en même temps exclurent les femmes du projet de construction de la nation. Tant pour les colonialistes que pour les nationalistes, la question de la légitimité était liée à celles de civilisation et civilité, lesquelles dépendaient de puissantes constructions sexistes et de relations entre genres. Les hommes des pays colonisés étaient présentés comme brutaux avec leurs femmes, et par conséquent, non civilisés. De cette manière, le projet colonial incluait le rachat des femmes des colonies, des hommes de leurs propres communautés, par l’intermédiaire d’une autorité externe qui avait la force du pouvoir étatique et le pouvoir de légitimation d’un discours moderniste. La construction des nouvelles sociétés constitua un défi conflictuel, entre l’incorporation de la modernité (la connaissance occidentale) et la protection de normes et valeurs traditionnelles comme soutien de la stabilité politique interne. Les femmes passèrent alors pour être les « porteuses de tradition » (centre de la famille), ce qui impliquait un comportement adéquat. La reconnaissance des intérêts des femmes comme quelque chose de différent des intérêts nationalistes à construire n’existait pas. Le nationalisme posa des grands défis aux femmes en tant que genre. …