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Dirigé par le professeur Buffotot – qui est également responsable de l’Observatoire européen de sécurité –, cet ouvrage collectif réunit les contributions de 24 chercheurs, la plupart politistes, originaires des différents pays de l’Union européenne. Éditée depuis 1988, cette dernière livraison couvre la période qui court du Traité d’Amsterdam (1997) au sommet de Nice (2001). La première originalité de l’ouvrage tient à la synthèse qui est présentée des politiques de défense et de sécurité des dix-huit pays de l’Europe occidentale. Elle confirme les principales tendances relevées dans l’édition 2000, à savoir l’affirmation d’une Identité européenne de sécurité et de défense (iesd) qui s’est traduite par l’absorption de l’ueo par l’Union européenne, ainsi que par de profondes réformes destinées à adapter l’outil militaire aux nouvelles réalités géopolitiques du continent. Dans la plupart des pays, les réformes ont porté sur la réduction du format des armées, leur professionnalisation, la modernisation des moyens logistiques et des systèmes d’armement, la restructuration des chaînes de commandement et l’ajustement des doctrines de défense. L’autre originalité de ce travail consiste à dresser le bilan des inflexions majeures qui sont venues modifier le rôle et l’influence des organisations internationales en charge de la sécurité en Europe. Ainsi, pendant que l’Alliance atlantique confortait son leadership à l’occasion du conflit au Kosovo et par son élargissement à l’Est, l’Union européenne mesurait le chemin qui lui reste à parcourir pour intervenir de manière crédible et autonome dans la gestion des crises, et le rôle de l’osce reste cantonné aux aspects préventifs des conflits.
L’ouvrage est découpé en quatre parties de longueur inégale. La plus volumineuse (179 p.) traite, selon un ordre alphabétique, des politiques de défense et de sécurité de chacun des Quinze membres de l’Union européenne. La plupart d’entre eux – y compris les pays neutres (Irlande, Suède, Finlande et Autriche) – ont suspendu (Italie) ou supprimé le modèle de conscription, modernisé leurs matériels, réduit leurs effectifs et diminué leurs dépenses de défense. Seule l’Allemagne n’a pas franchi le pas même si un large débat a été engagé à propos de la participation au conflit du Kosovo et de la mutation de la Bundeswehr. Au Danemark, un large consensus politique a permis l’accord de 1999 sur la réduction des dépenses et des effectifs militaires, ainsi qu’une contribution accrue aux missions de l’otan, au moment où l’exemption d’Edimbourg (1992) continue de limiter sa participation à la pesd. La plupart des pays ont d’ailleurs manifesté leur double attachement à l’otan et à la pesd. L’Espagne, par exemple, a adhéré en 1999 à la structure militaire intégrée de l’otan. La France s’est, à la fois, activement engagée en faveur de la pesd (sommet de Saint-Malo) et rapprochée de l’otan. Même si depuis la guerre au Kosovo et le sommet de Saint-Malo, les Britanniques sont conscients qu’une certaine intégration européenne est nécessaire, leur fidélité atlantique reste intacte. Malgré sa politique de neutralisme, l’Irlande a adhéré au Partenariat pour la paix (PfP) de l’otan et s’est engagée à participer à la future force européenne de déploiement rapide dès lors que ses opérations militaires sont soumises à l’autorisation préalable de l’onu. La Finlande, traditionnellement non alignée, a soutenu l’inclusion des missions Petersberg dans le Traité d’Amsterdam, tout en étant hostile à la création d’une armée européenne.
La deuxième partie est consacrée aux trois pays de l’Europe occidentale qui ne sont pas membres de l’Union (Islande, Norvège et Suisse), ainsi qu’à un panorama succinct de l’adhésion (Hongrie, Pologne et République tchèque) et du rapprochement des pays d’Europe centrale et sud-orientale à l’otan. La troisième partie de l’ouvrage dresse un bilan des relations qu’entretiennent l’Union européenne, l’ueo et l’osce avec l’otan, ainsi que des réformes de l’Alliance atlantique (structure intégrée, nouveau concept stratégique, groupes de forces interarmées multinationales, initiative sur les capacités de défense, élargissement) et de son intervention au Kosovo. Ce conflit est analysé dans la dernière partie. Un premier article souligne les hésitations de la stratégie militaire opérationnelle des Alliés et la nécessité de concilier les sensibilités de chaque État membre. Un autre article montre qu’en dépit du consensus international sur l’objectif de mettre un terme au conflit, les contradictions entre les projets politiques se sont clairement manifestées et traduites par un brouillage institutionnel qui a affaibli les organisations internationales au profit du Groupe de contact.
L’ouvrage se veut accessible à un large public. On soulignera, ainsi, la présence bienvenue d’un glossaire en début d’ouvrage et d’éléments chronologiques en fin d’ouvrage. Dans la même veine, il convient de saluer les annexes placées à la fin de chaque chapitre qui rappellent les noms des principaux membres de l’exécutif, des responsables des questions de défense au sein des commissions parlementaires et des principales formations politiques. Ces « fiches techniques » sont complétées par un récapitulatif des principales données chiffrées sur la défense (effectifs relevant du ministère de la défense, budget de la défense et principaux matériels). Certains pourraient toutefois regretter l’absence d’index analytique et le caractère parfois trop descriptif de quelques contributions.