Résumés
Résumé
Parmi les minorités religieuses et nationales avec lesquelles le catholicisme canadien de langue française est entré en contact au tournant du XXe siècle, peu ont soulevé autant de débats et de réticences que les adeptes du judaïsme. Cela tenait à que les Juifs comptaient parmi les rares populations immigrantes non-chrétiennes au pays, et à ce que la théologie catholique maintenait des réserves très sérieuses quant à l’opportunité d’entretenir des relations suivies avec le fils et les filles d’Israël. Malgré les jugements négatifs émis par les élites cléricales de langue française, les Canadiens français d’origine modeste ont eu souvent l’occasion de rencontrer des Juifs dans différents contextes sociaux, particulièrement dans le commerce de détail et dans l’industrie du vêtement. L’article retrace dans ses grandes lignes l’histoire de l’immigration juive est-européenne au Canada francophone et décrit la place que les marchands et les entrepreneurs de cette origine ont occupé, autant à la campagne qu’à la ville. L’auteur distingue aussi entre l’évolution de cette question au Québec à proprement parler et au sein des minorités de langue française ailleurs au pays, puis montre que le principal obstacle à des échanges plus suivis entre les deux groupes tenait plus à des questions confessionnelles que linguistiques.
Abstract
Among French speaking Catholics, few religious or national minorities have raised as complex a question at the turn of the twentieth century as the Jews. Debates and discussions on this issue were many in French Canadian circles, often phrased in a negative way. This had to do with the fact that Jews were not Christians and that Catholic theology harbored serious reservations with regards to maintaining close relations with the sons and daughters of Israel. Despite these deprecating judgements offered by French language clerical elites, French Canadian workers had ample occasions to meet Jews in different social contexts, especially in commerce and in the clothing industry. The article presents an overview of the history of Eastern European Jewish immigration to Francophone Canada and describes the place taken by merchants and entrepreneurs of this origin, either in the country side or in large cities. The author explains as well how this question evolved somewhat differently in Québec and among Francophone minorities elsewhere in Canada. Ultimately, as this article maintains, for French Canadians, religious obstacles proved more difficult to surmount than problem having to do with language acquisition and use.