Résumés
Résumé
Représentants par excellence d’une culture religieuse fondée sur le livre sacré de la Bible, immergés dans des sociétés où la tradition orale régnait en maîtresse incontestée, comment les missionnaires québécois ont-ils pu traduire « le Verbe fait chair »? Nous appuyant principalement sur les travaux de Vansina (1985) et de Furniss (2004), cet article propose d’explorer la manière dont les Missionnaires de l’Immaculée-Conception (MIC) et les Pères des Missions Étrangères (PMÉ) ont utilisé l’oralité comme véhicule de communication dans leurs revues respectives. Dans le contexte préconciliaire où les figures du païen et du Christ rédempteur occupaient une place centrale dans les périodiques missionnaires québécois, nous soutenons que l’intégration de l’oralité a servi une fonction à la fois prosélytique et pédagogique.
Abstract
How were Quebec missionaries, faced with the daily use of orality in their missions, capable of translating ‘the sacred Word’ into something that made sense to both the people met ad extra as well as to their French Canadian counterparts? Drawing on theoretical as well as empirical evidence found in the works by Vansina (1985), and Furniss (2004), this article addresses the ways in which the Missionnaires de l’Immaculée-Conception (MIC) and the Société des Missions Étrangères du Québec (SMÉ) have used orality as a communication tool in their respective magazines. More precisely, through a comparative analysis of the magazines published between 1945 and 1962, we will defend the following thesis: the incorporation of orality in these magazines served both a proselyte and a pedagogical function.
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Parties annexes
Note biographique
Doctorante à l’Université Concordia, Catherine Foisy s’intéresse à la sociologie de la religion ainsi qu’à la sociologie politique. Ses travaux portent sur les rapports de forces dans un contexte d’altérité au sein de l’Église catholique ainsi que sur les rapports interculturels et la reconfiguration du politique dans les sociétés avancées. Par le biais de l’histoire orale, sa thèse de doctorat porte sur la manière dont les missionnaires québécois ont favorisé, à partir de 1945, l’émergence d’un questionnement global au sein de l’Église catholique québécoise trouvant un écho déterminant dans le Concile Vatican II.
Notes
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[1]
Je remercie les membres du comité de rédaction ainsi que Steven High et Jean-Philippe Warren pour leurs précieux commentaires.
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[2]
Doctorante à l’Université Concordia, Catherine Foisy s’intéresse à la sociologie de la religion ainsi qu’à la sociologie politique. Ses travaux portent sur les rapports de forces dans un contexte d’altérité au sein de l’Église catholique ainsi que sur les rapports interculturels et la reconfiguration du politique dans les sociétés avancées. Par le biais de l’histoire orale, sa thèse de doctorat porte sur la manière dont les missionnaires québécois ont favorisé, à partir de 1945, l’émergence d’un questionnement global au sein de l’Église catholique québécoise trouvant un écho déterminant dans le Concile Vatican II.
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[3]
Ce proverbe est cité dans le livre de Jan VANSINA, Oral Tradition as History, p. xi.
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[4]
Lucia FERRETTI, Brève histoire de l’Église catholique au Québec, Montréal, Boréal, 1999.
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[5]
En effet, les fondatrices des Soeurs Missionnaires Notre-Dame des Anges et des Soeurs Missionnaires du Christ-Roi furent d’abord des Soeurs MIC. Par respect pour les charismes particuliers qu’elles ont reconnus en elles, chacune a choisi de quitter l’Institut MIC pour fonder ces deux communautés missionnaires. La Société des Missions Étrangères du Québec, quant à elle, est le fruit de la persévérance de la fondatrice des MIC, Délia Tétreault, dans ses représentations auprès de l’épiscopat québécois de l’époque.
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[6]
La dernière étude de calibre universitaire portant sur les missionnaires québécois remonte à 1962 avec l’oeuvre du chanoine Lionel Groulx intitulée Le Canada français missionnaire : une autre grande aventure. On n’a, depuis cette époque, réalisé aucune étude d’envergure sur les missionnaires québécois. Le patrimoine légué par les hommes et les femmes partis en mission au cours de la deuxième moitié du XXe siècle demeure donc peu connu à ce jour.
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[7]
Notre analyse portera sur les numéros publiés entre 1945 et 1962, année d’ouverture du Concile Vatican II.
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[8]
Selon les auteurs, cette collectivité peut renvoyer autant à la constitution d’une société ou au groupe constitué par le biais d’une institution particulière (en l’occurrence, dans notre étude, l’Église catholique ou une congrégation religieuse).
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[9]
Alors que Furniss adopte une approche résolument multidisciplinaire et qu’il est principalement préoccupé par le caractère immédiat de l’oralité et de la prestation orale, Vansina privilégie une conception de l’oralité comme tradition, puisant largement ses exemples dans des études anthropologiques et historiques.
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[10]
Traduction libre de cet extrait du livre de Jan VANSINA, Oral Tradition as History: ‘‘All messages have some intent which has to do with the present, otherwise they would not be told in the present and the tradition would die out’’ , p. 92
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[11]
Née en 1865 à Sainte-Marie-de-Monnoir, en Montérégie, Délia Tétreault fait ses études chez les Soeurs de la Présentation de Marie et opte, dès l’âge de 18 ans, pour la vie religieuse. De santé fragile, sa demande d’entrée au Carmel est refusée et ses séjours successifs aux postulats respectifs des Soeurs de la Charité de Saint-Hyacinthe et des Soeurs grises de Montréal ne la mènent pas à la vie religieuse consacrée. De 1891 à 1900, elle sera engagée dans un projet de vie religieuse et apostolique (nommé Béthanie), principalement auprès des immigrants italiens de Montréal. Au début de juin 1902, elle ouvre la première école apostolique dans Outremont. Ce sera le berceau de la fondation de l’Institut des Soeurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception.
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[12]
Ces thèmes ont été dégagés à partir d’une étude exhaustive des thèmes présents dans les périodiques missionnaires québécois publiés entre 1945 et 1980, étude ayant mené à la rédaction de notre proposition de recherche doctorale.
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[13]
Conrad CHAUMONT, «Éloge funèbre», Missions Étrangères, mars-avril 1953, vol. 5, no. 2, p. 90-93.
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[14]
Ce poème est tiré du Précurseur, novembre-décembre 1945.
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[15]
Anonyme, «Le lundi soir… Au Cercle», Missions Étrangères, janvier-février 1947, p. 8.
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[16]
Anonyme, «Pieds liés», Le Précurseur, mai-juin 1950, p. 458-460.
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[17]
Une soeur MIC anonyme, «La sainte Vierge, par un miracle étonnant, brise les chaînes d’une malheureuse païenne», Le Précurseur, mars-avril 1945, p. 98-102.
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[18]
Éloi MONTEMBAULT, «On vole deux sacrements», Missions Étrangères, septembre-octobre 1949, p. 76-77.
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[19]
Florent VINCENT, «Matsugaoka», Missions Étrangères, janvier 1961, p. 38-41.
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[20]
Anonyme, «Tch’oei Ti T’ong», Le Précurseur, janvier-février et mars-avril 1951.
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[21]
Anonyme, «Le serpent au sentier», Le Précurseur, mars-avril 1954, p.87-88.
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[22]
Anonyme, «Un Noël chez les diables noirs», Le Précurseur, janvier-février 1950, p. 342-345.
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[23]
Jean LANGLOIS, «Interview», Missions Étrangères, novembre-décembre 1949, p. 422.