Résumés
Résumé
Cadre de la recherche : Au moment de la première vague de COVID-19, les pratiques dans les maternités françaises sont hétérogènes et les restrictions concernent essentiellement la présence des accompagnants et l’imposition du port du masque.
Objectifs : Nous avons analysé les effets de la pandémie sur l’organisation des soins dans la Maison de naissance de l’ouest (MaNaO) à la Réunion, ainsi que les vécus des sages-femmes, des femmes et de leur famille ayant accouché.
Méthodologie : En 2021 et 2022, dans le cadre de la recherche MaterCovid-19 (ANR), nous avons réalisé une monographie avec des observations participantes et des entretiens semi-directifs (n=34) auprès de sages-femmes et de femmes, dans la maison de naissance MaNaO, sur l’île de la Réunion.
Résultats : Nos résultats montrent que si la crise sanitaire a renforcé la médicalisation des espaces dans la maison de naissance, MaNaO a été présentée par les femmes et les sages-femmes comme un lieu préservé de la pandémie, ou une « bulle sans COVID ». Grâce au caractère humain et intime du suivi global, à la philosophie et à l’accès indépendant de la structure permettant de garantir à chaque femme d’être accompagnée lors de ses examens et le jour de son accouchement, ainsi qu’au retour précoce à domicile, caractéristique de cette structure, la maison de naissance a réussi à protéger les femmes et les familles du choc psychologique et parfois déshumanisant de la crise sanitaire.
Conclusion : Cette recherche souligne que les revendications actuelles des femmes et des familles ne concernent pas uniquement une demande de dé-médicalisation, mais aussi la préservation du caractère familial de l’accouchement. Elle met également de l’avant la nécessité absolue de renforcer la sécurité émotionnelle des femmes.
Contribution : Alors que les maisons de naissances sont en cours d’expérimentation en France, les résultats de cette recherche pourront contribuer au débat sociétal et politique.
Mots-clés :
- accouchement,
- maternité,
- sage-femmes,
- COVID-19,
- santé
Abstract
Research Framework : During the first wave of COVID-19, practices in French maternity hospitals were heterogeneous, and restrictions mainly concerned the presence of accompanying persons and the requirement to wear a mask.
Objectives : We analyzed the impacts of the pandemic on the organization of care in the MaNaO birthing center on the island of Reunion, as well as the experiences of midwives, women who gave birth and their families.
Methodology : In 2021 and 2022, as part of the MaterCovid-19 research project (ANR), we carried out a study involving participatory observation and semi-structured interviews (n=34) with midwives and women at the birthing center, called MaNaO, on the island of Reunion.
Results : Our results show that while the health crisis has reinforced the medicalization of birth center spaces, MaNaO has been described by women and midwives as a pandemic-proof place, or a “COVID-free bubble”. Thanks to the human and intimate nature of all the care provided, the philosophy and independent access to the facility, which guarantees that every woman is supported during her examinations and on the day of delivery, as well as the early return home that is characteristic of this facility, the birth center has succeeded in protecting women and their families from the psychological and sometimes dehumanizing shock of the health crisis.
Conclusions : This research highlights the fact that the current demands from women and their families are not just about de-medicalization, but also about preserving the family nature of childbirth. It also points to the absolute necessity of reinforcing women’s emotional security.
Contributions : At a time when birthing centers are being tested in France, the results of this research could contribute to the social and political debate.
Keywords:
- childbirth,
- maternity,
- midwives,
- COVID-19,
- health
Resumen
Marco de la investigación : En la primera fase de Covid-19, las prácticas en las maternidades francesas eran heterogéneas, y las restricciones se referían principalmente a la presencia de acompañantes y al uso de mascarillas.
Objetivo: Analizamos los efectos de la pandemia en la organización de los cuidados en el centro de maternidad MaNaO, en la isla de la Reunión, así como las experiencias de las parteras, las mujeres que dieron a luz y sus familias.
Metodología: En 2021 y 2022, en el marco del proyecto de investigación Mater-Covid (ANR), realizamos un estudioa partir de una observación participante y de entrevistas semiestructuradas (n=34) con parteras y mujeres del centro de maternidad MaNaO, en la isla de la Reunión.
Resultados: Nuestros resultados muestran que, si bien la crisis sanitaria ha reforzado la medicalización de los espacios de los centros de maternidad, MaNaO ha sido presentado por las mujeres y las parteras como un lugar protegido de la pandemia, o una “burbuja libre de Covid”. Gracias al carácter humano e íntimo de la atención global, a la filosofía y al acceso independiente a la estrcutura del centro, que garantiza que cada mujer esté acompañada durante sus exámenes y el día del parto, así como al regreso temprano a casa, característico de este tipo de centro, MaNaO ha conseguido proteger a las mujeres y a las familias del choque psicológico y a veces deshumanizador de la crisis sanitaria.
Conclusiones: Esta investigación pone de relieve que las demandas actuales de las mujeres y las familias no sólo se refieren a la desmedicalización, sino también a la preservación del carácter familiar del parto. También se destaca la absoluta necesidad de reforzar la seguridad emocional de las mujeres.
Contribución: En un momento de experimentación de los centros de maternidad en Francia, los resultados de esta investigación podrían contribuir al debate social y político.
Palabras clave:
- parto,
- maternidad,
- parteras,
- COVID-19,
- salud
Corps de l’article
Introduction
Vers une diversification des lieux d’accouchement en France : les maisons de naissances
Alors que plusieurs pays européens comptent de nombreuses maisons de naissances (Hernandez et Alexander, 2017 ; Midwifery Unit Network, 2018), l’État français et de nombreux professionnels de santé ont longtemps été hostiles à leur mise en œuvre. Accompagné d’un lobbying important d’associations réclamant une diversification des lieux de naissance (Charrier et Clavandier, 2013 ; Charrier, 2015) et une réappropriation des conditions de la naissance (Thomas, 2017), le gouvernement français autorise l’expérimentation de neuf maisons de naissances par une loi adoptée en novembre 2013. Huit maisons de naissances ouvrent en 2016 (six en Métropole et deux dans les territoires d’Outre-mer) pour une expérimentation de cinq ans. Ces maisons de naissances garantissent la sécurité des femmes à bas risque obstétrical et de leurs enfants, avec un taux d’intervention très faible (Chantry et al., 2019). La loi sur l’expérimentation des maisons de naissances est reconduite par décret en octobre 2020, mais aucune des 12 autres maisons de naissances promises n’a encore vu le jour à la fin 2022 (Le Monde, 2023). De plus, l’accouchement à domicile n’est pas encadré en France, cette pratique reste très marginale (Sestito, 2017 ; Pruvost, 2016 ; Charrier 2015) ; elle est souvent considérée comme « déviante » (Cardi et al., 2016) et a quasiment disparu depuis les années 1960 (Morel, 2018). En France, l’accouchement est organisé autour du paradigme du « risque obstétrical » (Carricaburu, 2005 ; 2007), et s’inscrit dans une « techno-bio-médicalisation » (Clarke et al., 2000 ; Topçu et Brown, 2019). Les femmes n’ont majoritairement d’autre choix que celui d’accoucher à l’hôpital et de recourir à certaines pratiques, telles que l’analgésie péridurale (Quagliariello et Topçu, 2021). Ainsi, le paysage de la naissance en France est caractérisé par une homogénéisation de l’offre de soins et une concentration des naissances dans les hôpitaux.
La pandémie de COVID-19 : quels impacts sur ces structures en expérimentation ?
D’autres pays d’Europe, comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, sont réputés pour offrir un véritable choix aux femmes concernant le lieu où elles souhaitent accoucher. En 2020, la crise sanitaire due au COVID-19 a entrainé partout dans le monde et en Europe, une réorganisation dans la hâte des hôpitaux et des maternités. Rapidement, il a été montré que la réorganisation des soins a été accompagnée de peurs, angoisses, dépressions et sentiment d’isolement chez les femmes enceintes et accouchées (Sanders et Blaylock, 2021 ; Stampini et al., 2021 ; Kotlar et al., 2021 ; Zanardo et al., 2020).
En Angleterre, les accouchements à domicile ont été réduits faute de sages-femmes disponibles, et certaines maisons de naissances ont été réaffectées en centres de triage pour les femmes enceintes présentant des symptômes de COVID-19. En réaction à cela, le National Health Service (NHS) a publié, dès avril 2020 (Coxon et al., 2020), des orientations en faveur du maintien du choix du lieu d’accouchement et a expliqué que l’accouchement à domicile avec une sage-femme était le plus sûr pour les femmes à bas risque obstétrical, notant que de plus en plus de femmes demandaient un accouchement à domicile comme alternative à l’admission à l’hôpital. De la même façon et dans le même temps, l’association néerlandaise des sages-femmes (KNOV) s’est mobilisée pour réaffirmer que l’accouchement à domicile était sûr et que l’accouchement en dehors de l’hôpital devrait être possible, afin de réduire le risque d’infection et le nombre de soignants en contact avec les femmes et les bébés. Dans certains pays d’Europe, il a même été envisagé de permettre à des femmes d’accoucher dans des hôtels accompagnés de sages-femmes pour diminuer les contacts et donc les risques infectieux (Coxon et al., 2020).
La pandémie de COVID-19 s’est traduite en France par quatre vagues épidémiques : au printemps et à l’automne 2020, au début 2021, et pendant l’été 2021 (Insee, 2021). Trois confinements nationaux ont été décrétés : du 17 mars au 11 mai 2020, du 30 octobre au 28 novembre 2020, puis du 3 avril au 3 mai 2021. Le 27 décembre 2020, la première campagne de vaccination contre le COVID-19 démarre en France ; la passe sanitaire est imposée le 9 août 2021. Au moment de la première vague de la pandémie, les pratiques dans les maternités sont hétérogènes et les restrictions concernent essentiellement la présence des accompagnants et l’imposition du port du masque aux femmes et à leur entourage. Ces mesures ont varié d’une structure à une autre (Rousseau et al., 2023) contribuant à augmenter les incertitudes autour de cette crise. Il a fallu attendre les propositions du Collège national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF) du 30 septembre 2020 et le communiqué de presse du ministère de la Santé du 9 novembre 2020 pour que des préconisations concernant les conditions d’accouchement en période de COVID-19 soient officiellement évoquées (possibilité d’être accompagnée, non-obligation formelle du port du masque). Dans l’urgence, les préconisations émises se sont principalement basées sur le « bon sens » et la double exigence d’assurer le bien-être et la sécurité des femmes tout en protégeant les soignants. Il ne s’agissait pas pour autant de recommandations à proprement parler étant donné qu’on ne disposait pas d’études avec un niveau de preuve suffisant (Dubel-Jam, 2022). Dans l’année qui a suivi, la majorité des maternités en France métropolitaine a harmonisé ses protocoles et les sages-femmes libérales ont été nombreuses à adapter leurs pratiques, notamment par la mise en place de téléconsultations afin d’assurer une continuité des soins (Rousseau et al., 2022). Ce climat anxiogène, accompagné d’une réorganisation des soins dans les hôpitaux, a constitué un facteur de risque pour la santé mentale des soignants en France (El-Hage et al., 2020), et en particulier pour les sages-femmes.
Malgré ces efforts, la prise en charge de ces femmes au cours de leur accouchement a surtout été pensée, pendant la pandémie en France, à travers le prisme de la biomédicalisation et au sein des hôpitaux, ce qui n’a pas été le cas dans d’autres pays européens, comme évoqué plus haut. À l’ère d’une certaine remise en cause de la biomédicalisation de l’accouchement et d’une dénonciation des violences gynécologiques et obstétricales en France (Rozée et Schantz, 2022), la recherche MaterCovid-19 a eu pour but de documenter les vécus et expériences de femmes ayant accouché au cours de la pandémie, ainsi que ceux de soignants qui les ont accompagnées. Afin de décrire les effets de la crise sanitaire dans des structures de niveau différent en France, cette recherche s’est déroulée en région parisienne dans deux maternités hospitalières, et sur l’île de la Réunion dans une maternité hospitalière et une maison de naissance, soit la Maison de naissance de l’ouest (MaNaO), où nous avions des partenariats déjà établis. Nous avons également élargi la recherche à une autre maison de naissance (Le Temps de naitre en Guadeloupe), mais de façon plus marginale. Dans cet article, et au travers des vécus des sages-femmes, des femmes et de leur famille, nous analyserons les effets de la pandémie sur l’organisation de MaNaO et examinerons les éventuelles résistances ou affaiblissements de la structure face à cette crise sanitaire.
L’île de La Réunion est un département français situé dans l’océan Indien. En tant qu’ancienne colonie française, la population est composée de personnes dont les ascendants sont arrivés sur l’île à l’époque coloniale et d’origine africaine, indienne ou française, et de personnes venues plus récemment et d’origine européenne (principalement française) ou d’autres îles de l’océan indien (principalement Mayotte, un autre département français d’Outre-mer, Madagascar, les Comores et, plus rarement, l’île Maurice). Si La Réunion est l’un des départements français les plus pauvres, la côte ouest de l’île, où est située la maison de naissance MaNaO, sur la commune de Saint-Paul, regroupe les populations les plus favorisées (Grangé, 2021). Sept maternités accueillent des femmes à la Réunion : un centre hospitalo-universitaire comprenant deux maternités (une à Saint-Denis au Nord et une à Saint-Pierre au Sud) ; une maternité publique à l’Ouest (à Saint-Paul) et une maternité publique à l’Est (à Saint-Benoît), ainsi que trois maternités privées. MaNaO se trouve à l’ouest de l’île ; elle est adossée à la maternité publique de Saint-Paul (le CHOR). Dans ces maternités, les taux d’épisiotomie et de césarienne sont moins élevés que la moyenne nationale française ; les accouchements seraient moins médicalisés à la Réunion qu’en métropole et les hôpitaux moins bien dotés concernant la capacité d’accueil et les activités hospitalières (DREES, 2020 ; Tiet, 2021).
Méthodologie
Afin de décrire le plus finement possible la façon dont MaNaO s’est organisée dans ce contexte de crise sanitaire, et avec l’objectif de saisir les vécus des sages-femmes qui y travaillent et des femmes et des familles qui y ont accouché, nous avons choisi de réaliser une monographie avec des observations participantes et des entretiens semi-directifs, entre février 2021 et avril 2022.
Au total, 370 heures d’observations participantes ont été effectuées par MT, étudiante en Master de sciences sociales, à MaNaO. Les observations ont eu lieu en consultations prénatales, en séances d’accompagnement à la naissance et à la parentalité, en réunions d’information et ateliers pratiques pour les parents, en réunions d’équipe entre sages-femmes, lors des visites au troisième jour avec le pédiatre, ainsi que pendant des visites à domicile après l’accouchement. Elles avaient pour but de se familiariser avec le contexte de la recherche et n’ont pas fait l’objet d’une analyse détaillée. MT ne dispensait pas de soins médicaux, mais elle était active dans l’accueil et l’aide et l’accompagnement des familles. Par exemple, elle pouvait, au cours d’un accouchement, préparer les huiles essentielles, remplir la baignoire, puis aider au rangement.
Des entretiens semi-directifs enregistrés ont également été faits (n=34), avec 20 femmes ayant mené leur travail d’accouchement et/ou ayant accouché à MaNaO, et 14 sages-femmes exerçant à MaNaO (soit l’ensemble des sages-femmes).
Concernant les 20 entretiens avec les femmes, 14 entretiens ont été menés en présentiel, et les 6 autres en visioconférence : 6 en 2021, 14 en 2022. Les femmes avaient de 27 à 42 ans. Toutes ces femmes étaient cisgenres et en couple hétérosexuel. Huit d’entre elles accouchaient pour la première fois. Elles étaient nombreuses à travailler dans le domaine de la santé et du bien-être (médecin, doula, psychologue, infirmière, éducatrice spécialisée, ostéo, kiné, assistante dentaire, coach en développement personnel, auxiliaire puéricultrice), les autres travaillaient dans le bâtiment et les travaux publics, ou les ressources humaines, une était mère au foyer, une autre documentaliste, et une éducatrice canine. Parmi elles, 10 sont nées en France hexagonale et 10 à la Réunion. Les entretiens ont duré de 22 à 98 minutes (médiane : 56 minutes).
Concernant les 13 entretiens avec les sages-femmes, 11 entretiens ont été menés en présentiel et 2 en visioconférence : 5 ont été réalisés en 2021 et 8 en 2022. Les sages-femmes avaient de 28 à 43 ans. Les entretiens ont duré de 27 à 79 minutes (médiane : 59 minutes).
Deux restitutions des résultats ont eu lieu à la Réunion en mai 2022 : la première au Centre Hospitalier de l’Ouest Réunion (CHOR), maternité partenaire de MaNaO, en présence de 15 sages-femmes et obstétriciennes ; la deuxième à l’Université de Saint-Denis, avec 80 chercheurs, sages-femmes, obstétriciennes, et membres de la société civile. Ces restitutions nous ont permis d’améliorer l’interprétation des données et de valider nos résultats collectivement.
Considérations éthiques
Le projet MaterCovid-19 a reçu un avis favorable du Comité consultatif d’éthique pour la recherche en partenariat (CCERP) le 19 juillet 2021.
MaNaO : une des premières maisons de naissance française
La Maison de naissance de l’ouest (MaNaO) à La Réunion est née du décret du 30 juillet 2015 sur l’expérimentation nationale autour des maisons de naissance en France. Une des sages-femmes raconte comment le projet a abouti :
« Eh bien à la base nous ce que l’on voulait faire, c’était faire déjà un pôle physio pour faire des accouchements physio, donc ça c’est un truc qui avait été mis en place à Gabriel Martin et qui a bien marché pendant un moment. Après on est parties en stage avec [prénom d’une sage-femme] à Pontoise pendant 2 semaines, il y avait une maison de naissance hospitalière à l’époque, pour voir comment les nanas elles bossaient et tout et en fait on s’était rendues compte que ce qu’elles avaient c’était génial parce qu’elles avaient 500 m2 de surface, elles avaient 4 chambres de naissance, elles étaient hyper autonomes, elles faisaient leur vie, tout roulait parce qu’il y avait une vraie politique de l’hôpital de faire ça et en fait c’était hyper bien et en même temps hyper en freelance, sans protocole, sans convention. Leur truc marchait super bien, mais on s’est dit “ah ouais, mais en fait nous ce n’est pas possible” et tout et quand on est revenue de ce stage on s’est dit que ce qu’elles ont c’est génial, mais ce n’est pas reproductible. Ça marche parce que ça marche. Ça marche, mais le jour où ils vont changer, soit de directeur d’hôpital, soit de financier, de truc comme ça, quelqu’un va mettre le nez là-dedans, 500 m2 à Pontoise, région parisienne, ils vont dire “on va faire de la chirurgie ambulatoire ça va rapporter 10 000 fois ça” et voilà. Donc on était hyper déçues de ce stage, de se rendre compte qu’en fait c’était pas possible, donc on avait laissé tomber le projet et quelques semaines après il y a eu le décret d’expérimentation des maisons de naissance, nous on était toujours sur la même idée, de se dire ben maison de naissance hospitalière c’est pas possible ça marchera pas et l’ancien chef de service de la maternité nous a dit : “bon allez on le tente, on monte un dossier, on verra si ça passe, mais il faut qu’on le tente”. Et en fait c’est comme ça qu’on a monté le projet de la maison de naissance, sur un gros week-end, on a bossé comme des tarés sur le week-end » (Salomé, sage-femme à MaNaO).
Le dossier a été accepté et la maison de naissance a ouvert ses portes le 1er avril 2016 et a accueilli sa première naissance le 6 du même mois. Depuis, le nombre d’accouchements à MaNaO ne cesse d’augmenter et 118 femmes ont accouché à MaNaO en 2021 (25 en 2016, 42 en 2017, 46 en 2018, 59 en 2019 et 91 en 2020).
En France, une maison de naissance doit être à proximité immédiate d’un hôpital, cette condition est précisée dans l’article 1 de la loi du 6 décembre 2013 : « La maison de naissance doit être contiguë à une structure autorisée pour l’activité de gynécologie-obstétrique avec laquelle elle passe obligatoirement une convention et avec laquelle un accès direct est aménagé permettant notamment un transfert rapide des parturientes en cas de complication. L’activité de la maison de naissance est comptabilisée avec celle de cette structure ». Cette condition fait débat puisqu’une parfaite indépendance des maisons de naissance n’est pas permise avec ce lien de subordination administratif et professionnel ou de tutelle (Charrier, 2015). La structure hospitalière liée à MaNaO est le CHOR (Centre hospitalier de l’ouest Réunion). La maternité du CHOR dispose du label IHAB (Initiative des hôpitaux amis des bébés) de l’organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF) ; ce label garantissant en principe que la structure place au centre le bien-être et les besoins du nouveau-né et de la famille.
La triade mère-coparent-enfant au cœur des attentions
L’activité de MaNaO, comme dans toutes les maisons de naissance, est réduite comparativement à celle d’une maternité hospitalière. Les sages-femmes expliquent que la philosophie de la maison de naissance est de construire un projet d’accouchement avec le couple. Pour l’entreprendre, il est nécessaire de prendre le temps de suivre chaque couple, d’écouter leurs demandes et de surmonter leurs potentiels peurs ou a priori. Cette démarche marque une différence avec certaines maternités : les sages-femmes ne prennent pas en charge une « patiente » qui serait la femme enceinte, mais elles accompagnent toute une famille : la femme, son ou sa partenaire, l’enfant à naître et les frères et sœurs éventuels. Cet accompagnement constitue une motivation forte pour certaines femmes rencontrées comme l’explique Elsa, 35 ans : « le projet de MaNaO c’était un projet où je pouvais être en fusion avec mon mari parce c’était un projet de couple en fait ».
Un suivi global
Concernant le suivi de la grossesse et la naissance, il est primordial d’instaurer un climat de confiance entre les couples et les sages-femmes. Cet ensemble ne peut aboutir qu’avec un suivi personnalisé pour chaque couple. Ainsi les rendez-vous de consultations médicales durent une heure, et les séances de préparation à la naissance et à la parentalité une heure et demie à deux heures ; elles sont toutes individuelles. Le suivi, conformément au cahier des charges est un suivi global, c’est-à-dire que le même binôme de sages-femmes s’occupe du couple tout au long de la grossesse. Ce modèle de suivi global est nommé « une femme = une sage-femme ». L’une d’entre elles sera présente le jour de l’accouchement. Ce suivi débute par un entretien prénatal au cours duquel la sage-femme et le couple apprennent à se connaitre, le « détricotage » (Adèle, sage-femme, 29 ans) s’ensuit : la sage-femme situe la place du bébé à naître dans la famille, et la sage-femme et le couple commencent à poser les bases du projet de naissance qu’ils vont construire ensemble. Ce suivi global va permettre à la femme de déployer toute son autonomie, de se sentir en confiance pour se réaliser. Il va aussi renforcer son pouvoir d’agir (empowerment), comme nous le verrons plus loin. Les sages-femmes exerçant à MaNaO expliquent qu’il faut du temps pour réussir à cerner les peurs et les envies réelles du couple ; cela se fera graduellement au cours de chaque rendez-vous, et ce, jusqu’au jour de la naissance afin que le couple et la sage-femme soient parfaitement en phase l’un avec l’autre. Dans les entretiens, les femmes expriment une grande confiance envers les sages-femmes ; leur relation est parfois fusionnelle et même charnelle : « Le jour où on est venus pour accoucher, elle nous attendait, elle a toujours touché mon ventre et le jour où je suis arrivée à MaNaO je me souviens avoir dit “J’ai envie d’aller dans tes bras, j’ai envie de te prendre dans mes bras” » (Marie, 29 ans).
Cet accompagnement global proposé par la maison de naissance est un élément central dans le choix d’accoucher dans cette structure. Avoir un visage connu et familier, connaitre la sage-femme est un argument déterminant :
« Je n’aime pas trop déjà le milieu hospitalier et en fait ce qui me dérangeait le plus ce n’est même pas le côté médical ou hospitalier, c’est ne pas être accouchée par la personne qui m’a suivie en fait. Être accouchée avec une personne complètement inconnue et qui ne sache pas en fait me guider psychologiquement dans ce qu’il fallait faire, moi c’était plus ça en fait. Donc hormis le côté médical ou ce genre de chose, c’était vraiment le côté émotionnel on va dire » (Gash, 33 ans).
Pour permettre l’aboutissement de ce type de suivi, les sages-femmes sont d’astreintes, c’est-à-dire qu’elles doivent être disponibles continuellement le mois où la femme est susceptible d’accoucher.
Le retour précoce à domicile
Une autre caractéristique importante des maisons de naissances en général, et de MaNaO en particulier, est le retour précoce à domicile, soit 3 heures après l’accouchement. Quand tout va bien, la femme et son enfant ne sont pas hospitalisés : la famille rentre chez elle en compagnie du coparent ou de tout autre accompagnant choisi par la femme. Océane, médecin, explique que cela a largement guidé son choix :
« Je n’aime pas particulièrement rester à l’hôpital, rester allongée, je me repose mieux chez moi… ça me crispe l’hôpital. Pourtant j’y travaille. Mais y rester en tant que patiente ça me crispe alors là c’était angoissant d’y rester quoi […] ça me plait pas du tout le cadre hospitalier pour l’accouchement. Je ne sais pas, je n’arrive pas trop à définir pourquoi, mais ça ne me plait pas ce côté médicalisé. J’aime être cocoonnée, j’aime être à la maison. Si je veux prendre ma douche, j’ai ma serviette, j’ai tout ce qu’il me faut à portée de main. Je ne suis pas là à appuyer sur la sonnette pour… souvent je trouve qu’en plus… bon voilà c’est les… maternités, ils sont débordés, on a toujours l’impression de déranger tout le temps. Et ouais non… j’avais envie de… j’aime bien décider de quand je vais donner un bain à ma fille, je n’aime pas qu’on l’embête. Faut la déshabiller alors qu’elle dort, faut aller la peser, ça me gave et puis je trouve que ce n’est pas forcément toujours utile » (Océane, 34 ans).
La pandémie de COVID-19 : une crise amenant à réaménager la structure
La crise sanitaire a entrainé une modification de la structure avec une réorganisation des pratiques des sages-femmes et un aménagement de l’espace.
Adaptation des pratiques et surcharge de travail pour les sages-femmes
La maison de naissance s’est très vite adaptée à des modifications d’ordre organisationnel. Les ateliers (concernant le portage ou l’utilisation de couches lavables par exemple) ont été suspendus pendant le confinement ; par la suite ils ont été limités à 5 personnes (contre 10 hors pandémie). Les réunions d’information qui réunissaient 10 couples se sont faites désormais individuellement, en présentiel ou en visioconférence. Les sages-femmes ont également dû modifier leurs emplois du temps pour qu’une seule sage-femme soit présente par jour dans la maison de naissance, impactant leur « vivre ensemble », comme beaucoup d’autres personnes pendant cette pandémie. Une sage-femme explique que :
« Ce qui nous nous a manqué parce que, vu que nous, on aime bien bosser ensemble, et avoir chacune aussi nos moments un peu seules à la maison de naissance, là on avait échelonné chacune un jour de consult et vu qu’il n’y avait pas d’atelier on était vraiment toutes seules et ça, c’était un peu particulier après voilà, ça a pas duré. On faisait en sorte que les gens ne se croisent pas » (Lisa, 43 ans).
Les sages-femmes racontent que leur charge de travail a considérablement augmenté. Dans les entretiens, elles sont nombreuses à mentionner une intensification de la demande d’inscription pour accoucher à MaNaO du fait de la pandémie et de la peur de certaines femmes ou certains couples de se voir imposer certaines restrictions dans les maternités hospitalières, notamment la peur d’être séparés ou de devoir porter un masque. Afin d’éviter le brassage, les sages-femmes se rendaient plus souvent au domicile des couples et passaient beaucoup de temps sur la route. Elles ont été très sollicitées au début de la pandémie par des femmes et des familles inquiètes par rapport au virus, puis au vaccin.
Intensification de la peur des femmes d’être transférées dans la maternité partenaire
Accoucher en maison de naissance en France nécessite que la femme enceinte soit à bas risque obstétrical, comme le définit la haute autorité de santé (HAS, 2016 ; Evrard, 2016). À tout moment, la femme peut basculer d’une catégorie à une autre et certains éléments justifient ce transfert dans la maternité hospitalière partenaire, tel que le dépassement de terme. La peur du dépassement de terme était très présente dans les entretiens et les femmes étaient nombreuses à avoir pratiqué de l’acupuncture en fin de grossesse pour provoquer l’accouchement :
« Moi j’ai failli être déclenchée à un jour près. J’ai accouché à 41+3, donc en fait j’ai fait de l’acupuncture et j’ai vraiment boosté l’acupuncteur pour qu’il me déclenche. Après il me disait “oui, j’ai mis des petites aiguilles pour ramollir le col tatati, tatata”, moi j’ai fait “non, mais dans 3 jours je suis déclenchée donc il va falloir y aller” et du coup il m’a sorti une énorme aiguille qu’il m’a mis dans le sacrum et à partir de ça j’ai commencé à avoir des contractions, pendant deux jours […] c’est grâce à ça que j’ai pu accoucher à MaNaO, donc sur le coup… Mais bon je me dis qu’en fait cette période si, il y a quand même pas mal de femmes qui ont été déclenchées, je pense, parce que c’était trop une source de stress en fait d’aller accoucher quoi, à cause de ce COVID » (Justine, 29 ans, premier accouchement).
Le COVID-19 étant une pathologie, son absence s’est ajoutée aux critères de définition de l’accouchement « normal » de la HAS ; une parturiente positive au COVID le jour de la naissance était ainsi transférée en maternité. Les entretiens avec les femmes soulignent que la pandémie a renforcé leur peur d’être transférées dans la maternité partenaire entre autres pour cette raison. Pour elles, accoucher dans la maternité hospitalière signifiait l’échec de leur projet, mais aussi la peur d’être éventuellement séparées de leur conjoint, et celle de devoir rester hospitalisée quelques jours.
Certaines femmes expliquent que la peur d’être transférées à la maternité hospitalière les avait aidées « à tenir » pendant le travail d’accouchement face à leur douleur, et à ne pas demander d’analgésie péridurale. Dans les discours des femmes, la conception dichotomique maison de naissance versus maternité hospitalière s’est trouvée renforcée au cours de la crise.
« J’avais peur d’être transférée surtout que quand je suis arrivée et que j’ai commencé à ressentir les douleurs des contractions et tout ça machin, à un moment donné je me suis dit “OK, je comprends celles qui demandent la péridurale”, parce qu’effectivement c’est très douloureux, il faut dire ce qui est, mais je me suis dit “si tu la demandes, tu es transférée” et ce n’était pas mon projet donc je me suis dit “non, tu supportes, c’est ce que tu veux, c’est ce que t’as voulu, donc tu le fais jusqu’au bout” et je suis allée au bout de ce que je voulais parce que c’était vraiment ça. Et du coup j’ai tenu, fin voilà, j’ai tenu parce que je voulais vraiment accoucher là quoi » (Arzhan, 34 ans).
La pandémie a également fait émerger de nouvelles peurs chez les couples, crispées autour de la peur d’être transférés en lien avec le dépassement de terme et le respect du deuil de l’accouchement idéalisé. Ils avaient de nombreuses questions, sur la présence du partenaire pendant la naissance parce que les couples avaient tous entendu chez des amis ou sur les réseaux sociaux des récits d’accouchement compliqués, où les femmes devaient accoucher avec un masque, sans leur partenaire. Les couples avaient des questions relatives à la pandémie, au vaccin, etc. Ainsi, les sages-femmes étaient fréquemment sollicitées, et cela a sensiblement augmenté leur charge mentale comme le relate Iris :
« Au tout début de la pandémie, ça a été du stress pour tout le monde, des questionnements autour de la réorganisation où on a été beaucoup, beaucoup sollicitées […]. Enfin on sentait le stress des gens et ils nous sollicitaient et on leur disait que nous on s’adaptait comme on pouvait aussi avec les nouvelles restrictions qui évoluaient tout le temps et qu’il fallait laisser un peu de tolérance et notamment du temps… […] nous si on était en naissance, les gens appelaient des fois trois fois parce que tu répondais pas tout de suite, parce qu’ils avaient une question par rapport au COVID » (Iris, sage-femme, 35 ans).
Un renforcement de la médicalisation de l’espace
MaNaO dispose de deux chambres qui ne ressemblent pas aux salles de naissances que nous pouvons voir dans une maternité hospitalière (photo 1). On trouve dans chacune de ces chambres une baignoire, une écharpe de suspension, un tatami, un diffuseur d’huiles essentielles, un ballon, une rosace qui aide à la sophrologie. La pièce est tamisée, la pénombre permettant à la mère de se sentir plus détendue et en confiance. Les sages-femmes expliquent que l’environnement est primordial pour que l’accouchement physiologique puisse aboutir dans de bonnes conditions :
« Tu ne sais pas comment tu vas être prise en charge [à la maternité], on te pose des questions directement alors que t’es en travail, que t’as débranché ton néocortex, quand t’accouches il faut vraiment redevenir un mammifère quoi, les mammifères quand ils accouchent… Ils cherchent des endroits où ils se sentent en sécurité donc dans un petit coin, où il y a de la pénombre, où il n’y a pas de prédateur, où il n’y a pas d’observateurs et du coup, c’est sûr t’arrives à la maternité, à l’hôpital et puis on te regarde, on t’examine, tu sais pas ce qu’on va te faire. C’est super stressant » (Adèle, sage-femme, 29 ans).
Les sens occupent une place importance dans les narrations des femmes. Elles évoquent en détail la lumière tamisée, les odeurs, le calme, les visages connus, le toucher, la sensation corporelle provoquée par l’eau du bain à MaNaO. Plusieurs femmes expliquent avoir fermé les yeux plusieurs heures en se concentrant sur elles-mêmes, leurs ressentis, leurs émotions :
« Enfin, à partir du moment où je suis rentrée dans le bain, j’ai fermé les yeux jusqu’à la fin. Concentrée, sur les cours, sur la visualisation… [Une sage-femme] nous avait donnés des images du bébé, la tête en bas, dans l’utérus et qui descend. Et donc je visualisais ça, je visualisais le cercle… être dans mon truc… Et ouais j’étais à fond dans ma tête, je n’ai pas ouvert les yeux jusqu’à l’accouchement » (Isis, 29 ans).
Le moment de leur arrivée à MaNaO est très souvent décrit en détail :
« Je savais que quand j’allais arriver là-bas il y avait la sage-femme qui était présente, elle allait me prendre en charge, elle allait me rassurer, me mettre dans une ambiance où vraiment j’allais être à l’aise, être en confiance et ça c’est… Franchement c’est top pour un premier bébé en tout cas c’est magnifique. C’est de se sentir bien en tout cas et ne pas se retrouver dans un univers complètement médicalisé avec 10 personnes qu’on ne connaît pas, à essayer de vous regarder, de vous toucher » (Gash, 33 ans).
Aucun matériel médical n’est généralement visible dans les chambres de MaNaO. Il est bien présent, mais dissimulé. Le matériel disponible ne permet pas de prendre en charge les accouchements pathologiques, mais permet de préparer un potentiel transfert ou de prendre en charge les maux qui restent dans les compétences des sages-femmes. Les sages-femmes expliquent que la non-visibilité de l’équipement médical est intentionnelle, pour ne pas briser l’atmosphère du lieu. À MaNaO, les sages-femmes s’attachent à ce qu’il y ait le moins d’éléments qui rappellent la médicalisation dans la maison de naissance. Par exemple, les chambres sont très coconnage (cocooning) pour reproduire un environnement familier, les gants sont mis dans de petits paniers en osier et les lits sont couverts avec des plaids. Cependant, au cours de la pandémie, les sages-femmes ont dû adapter les locaux de la maison de naissance, et ont dû supprimer certaines choses pour raison d’hygiène affectant certaines femmes. Zoé, 34 ans, raconte :
« Pendant que moi j’étais suivie là-bas, oui, il y avait des trucs tout bateau hein, mais typiquement il y avait des plaids, des choses comme ça dans les salles d’accouchement, des couvertures, des trucs un peu plus cocooning, du coup ils avaient tout retiré et ils avaient laissé que des draps hospitaliers […] c’est vrai qu’elles s’en étaient excusées parce que ça rendait les choses moins cocooning ».
Plusieurs femmes ont été déçues par ces changements, comme l’explique Violette, 42 ans :
« Oui, par l’absence de certaines choses qui n’étaient plus dans la chambre. Notamment la corde qui fait du bien, quand vous avez une contraction vous pouvez vous accrocher à la corde. […] En fait, ce n’était pas les sages-femmes qui me l’ont fait sentir [la pandémie], pas du tout. C’est plus l’environnement. L’environnement matériel qui faisait qu’on voyait que le COVID était là quoi, qu’il y avait des choses qui avaient été supprimées à cause du COVID, le fait de ne pas pouvoir aller partout dans l’hôpital pour marcher, voilà ».
Un accès indépendant à la maison de naissance
Les sages-femmes de MaNaO ont toujours souhaité avoir une entrée indépendante pour leur structure, mais cet accès ne leur avait jamais été accordé. Avant la crise sanitaire, MaNaO n’avait pas d’entrée indépendante et les usagers devaient passer par la maternité hospitalière partenaire pour accéder à la maison de naissance. Dans le but de limiter les allées et venues dans la maternité pendant la pandémie, l’hôpital a accepté l’ouverture d’un nouvel accès, permettant aux couples de ne plus passer par l’hôpital pour se rendre à MaNaO. Cette entrée existait déjà, puisqu’il s’agit de l’escalier de secours, situé à l’extérieur de l’hôpital (photo 2). Cette entrée par l’escalier de secours n’est pas ergonomique et nécessite de monter trois étages à pied sur des escaliers en acier. Si l’ouverture de cette voie indépendante est un point très positif pour les sages-femmes, elle a engendré des difficultés pour certaines femmes :
« Et puis on est arrivés à MaNaO, déjà il ne fallait plus rentrer par l’entrée de l’hôpital, il fallait rentrer par un escalier, je ne sais pas si vous êtes déjà allé à MaNaO. Quand vous êtes en pleine contraction, monter cet escalier métallique, c’est un grand moment de solitude [rires], parce que déjà faire des pas avec des contractions c’est pas facile. Monter un escalier avec des contractions, je pense que j’ai dû mettre facilement plus de 10 min à monter cet escalier [rires]. Donc voilà, ce n’est pas une arrivée très, très facile » (Violette, 42 ans).
L’officialisation de cette entrée indépendante pour MaNaO, maintenue et perpétuée après la crise, a eu deux effets positifs majeurs pour la maison de naissance : un gain d’autonomie pour les sages-femmes, et la possibilité de ne pas exiger la passe sanitaire aux couples parce que la structure reçoit moins de 50 personnes par jour (imposé alors en France dans tous les lieux publics). Toutes les maisons de naissance n’ont pas eu cette chance. Par exemple, la maison de naissance Le Temps de naître, en Guadeloupe, est intrahospitalière et ne possède pas sa propre entrée ; les sages-femmes ont été dans l’obligation de demander un passe sanitaire aux patientes et à leurs accompagnants. Cette nécessité a entrainé un arrêt total du suivi pour certains couples qui ne voulaient pas se plier à cette règle.
MaNaO : une « bulle sans COVID » ?
Si la crise sanitaire a renforcé la médicalisation des espaces dans la maison de naissance, MaNaO a été présentée par les femmes et les sages-femmes comme un lieu préservé de la pandémie, ou une « bulle sans COVID » pour reprendre un terme fréquent dans les entretiens.
Plusieurs phénomènes l’expliquent : les maisons de naissances constituent un lieu « à côté » de l’hôpital, et malgré le fait qu’elles soient accolées aux maternités partenaires, elles ne sont pas soumises aux mêmes règles. Ainsi, une des sages-femmes relate qu’à part la mise en place des gestes barrières et le transfert des femmes positives au COVID le jour de la naissance, il n’y a pas eu de protocole spécifique et donc pas de changement trop impactant. Trois arguments clés ont été avancés par les femmes et les sages-femmes afin de qualifier MaNaO de « bulle sans COVID » : la présence du conjoint ou de la conjointe, le suivi global et le retour précoce à domicile.
La présence du conjoint
Avec la pandémie, les gestes barrières et le port du masque ont été rendus obligatoires dans la maison de naissance et lors des différents rendez-vous de suivi, même si la réalité est plus contrastée. Cependant, le partenaire n’a jamais été exclu des consultations ou de la naissance, peu importe le moment de la pandémie, et cette question n’a jamais été évoquée. Les frères et sœurs aînés n’ont plus été admis, sauf à quelques exceptions ; par exemple, lorsque les parents ont vraiment comme projet de faire de la naissance un événement familial essentiel ou quand ils n’ont personne pour les garder. À MaNaO, l’accouchement n’a jamais été pensé comme un acte relevant uniquement de la femme, mais toujours en tant qu’expérience familiale et commune : « Et là son père me dit “on a réussi, on a réussi” ! » (Azharn, 34 ans).
Le suivi global
Le suivi global des femmes et de leur famille représente à la fois une pratique et une philosophie centrale dans les maisons de naissances. L’accompagnement global a été défini et revendiqué par l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL) à sa création en 1983 ; « il constitue le suivi le plus complet qu’une sage-femme, de par sa formation, puisse proposer à ses patientes et consiste au suivi pré, per et post-partum (avant, pendant et après l’accouchement), par le ou la même praticien.ne » (Thomas, 2017 : 2). Cette prise en charge personnalisée et continue est caractérisée par le respect de la physiologie de la grossesse et de l’accouchement ; elle répond actuellement à une demande grandissante des femmes. Au cours des entretiens avec les femmes et les sages-femmes, il est ressorti que le suivi global et le fait de connaître sa sage-femme atténueraient certains effets collatéraux déshumanisants de la pandémie. Justine, ayant accouché à MaNaO en avril 2020, explique : « Je pense que cette histoire de distanciation sociale ça peut être senti par la maman comme une violence. Moi je ne l’ai pas ressenti en tout cas parce que je connaissais ma sage-femme, ben elle avait son masque, c’est clair que j’aurais préféré qu’elle ne l’ait pas et qu’elle me fasse de bisous [rires], c’est clair ».
Il semble que la relation entre les femmes, les familles et les sages-femmes ait même parfois été fortifiée au cours de la pandémie par un sentiment d’intimité accrue avec les couples dans cette période si singulière, comme le souligne une sage-femme :
« Oui, peut-être qu’il y a eu un peu plus de confiance et d’intimité avec les couples en se disant qu’on était vraiment privilégié par rapport à une maternité plus générale d’être suivie dans ce petit cocon alors qu’on était dans une période un peu compliquée, peut-être que ça a fait un peu plus de bien. Mais moi j’ai pas l’impression que ça ait beaucoup changé notre manière de travailler ou notre manière d’aborder les choses ici globalement » (Iris, sage-femme, 35 ans).
Par ailleurs, cette femme médecin explique l’humanité présente durant tout son suivi de grossesse en maison de naissance grâce à une dimension humaine maintenue malgré le contexte de la crise sanitaire :
« Donc voilà, du coup suivi super grâce à des gens super. Grâce à des gens qui prennent en compte le côté psychologique. Le COVID, oui c’est une maladie terrible, oui j’ai vu des gens partir à cause du COVID, mais des mesures à outrance et manquer d’humanité… Pour moi c’est oublier l’humain. Et en fait si on ne fait pas ça pour les humains, on fait ça pour qui ? On est pas des robots. Si la base de la base n’est pas respectée, ça sert à rien de vouloir sauver le monde entier, ça ne marche pas comme ça. Donc du coup, voilà, respectueusement de chaque côté, on fait attention à l’autre, on fait attention aux médecins, on fait attention aux sages-femmes, on fait attention à soi et les uns les autres on s’entraide pour justement, traverser cette pandémie qui déjà est compliquée […]… C’est déjà assez compliqué comme ça, donc si en plus on nous dit “non, pas le droit à ceci, non, pas le droit à cela”, fin quelque chose de strict comme ça, je trouve que c’est vraiment très choquant. On perd de l’humanité et la médecine de nos jours, enfin à l’hôpital en tout cas, moi j’ai fait mes études à l’hôpital à Paris et on est pas humain, on est maltraitants » (Océane, 34 ans).
Un retour précoce à domicile
Le retour précoce à domicile a permis de maintenir ces expériences de la naissance dans une intimité familiale et a joué un rôle protecteur sur les couples et les familles. En parcours classique en maternité, les femmes restent hospitalisées plusieurs jours, contrairement à celles qui accouchent à MaNaO et qui rentrent avec leurs proches. Plusieurs couples étaient rassurés à l’idée de rentrer rapidement à la maison, de ne pas avoir cette coupure imposée avec leurs éventuels autres enfants et de ne pas être hospitalisée sans leur partenaire, comme l’explique Iris :
« La période COVID, c’est un truc qui a joué en notre faveur pour les rassurer pour le retour à la maison et qui a fait qu’ils avaient envie de ça parce qu’ils n’avaient pas envie de se retrouver hospitalisés sans possibilité de visite et sans la possibilité que les aînés viennent aussi. Ça, c’est dur hein ».
Zoé affirme que cet élément lui a permis d’être préservée du stress de la pandémie :
« Et en plus à ce moment-là j’ai trouvé que c’était vraiment une chance de fou de tout de suite rentrer chez soi, d’être dans notre cocon à tous les 3, être hyper préservés du monde extérieur aussi. Parce que du coup il n’y a jamais eu de séparation entre [mon partenaire] et [mon aîné], ils ont pu être ensemble tout du long et puis moi j’ai pu avoir le soutien de [mon partenaire] de A à Z quoi et ouais, voilà pour le côté résumé » (Zoé, 34 ans).
Une expérience décrite comme renforçant leur pouvoir d’agir
Dans les mises en récit des femmes, leur pouvoir d’agir est renforcé (empowerment) (Le Bossé, 2003) par leur expérience à MaNaO. L’accouchement apparait comme une rupture biographique, qui marque un « avant » et un « après » (Sarradon, 2009). Justine explique que « quand on a vraiment accouché dans sa pleine puissance, ben le reste paraît trop simple en fait » (Justine, 29 ans). Dans les récits, il y a souvent quelque chose autour de la réalisation de soi, de l’identité qui se joue. Il s’agit parfois de quelque chose de relatif à l’identité de genre (« se sentir femme », accéder à l’identité genrée féminine), mais cette rupture peut également concerner plus largement la capacité d’être. Dans ces récits, l’accouchement a ainsi un rôle performatif très fort. Par exemple, Gash nous a confié à la fin de l’entretien (hors enregistrement) avoir grandi dans un milieu où les femmes étaient souvent mises en retrait, dans sa famille et dans son travail très masculin (le BTP – Bâtiment travaux publics), elle a eu du mal à trouver sa place en tant que femme. Le premier moment de sa vie où elle s’est sentie forte et que son identité de femme s’est révélé a été pendant son accouchement à MaNaO. Elle nous a expliqué qu’elle se sentait envahie d’une puissance nouvelle et qu’elle se sentait, pour la première fois, capable et présente en tant que femme. Selon elle, cet aboutissement a été rendu possible grâce à la sage-femme de MaNaO qui a su la mettre en confiance et que cette expérience l’avait transformée. On assiste alors à un glissement essentialiste avec un enjeu important en termes de rapports de genre, que l’on retrouve plus largement dans les débats autour de la médicalisation/démédicalisation de l’accouchement, et des revendications autour de la notion de « physiologie de l’accouchement » et d’« accouchement naturel » (Arnal, 2018 ; Quagliariello, 2017).
La maison de naissance : une forte capacité à encaisser le choc de la crise sanitaire et à constituer un espace de protection pour les femmes et les familles
Cette recherche menée à MaNaO montre que les sages-femmes se sont vite adaptées à la crise sanitaire, avec une réorganisation de leur temps de travail et de leurs modes d’exercice (avec plus de téléconsultations, plus de visites à domicile). Si cela a entrainé une surcharge de travail pour ces sages-femmes, cela a aussi préservé les femmes et leurs familles. Grâce au caractère humain et intime du suivi global, à la philosophie et à l’accès indépendant de la structure permettant de garantir à chaque femme d’être accompagnée lors de ses examens et le jour de son accouchement, ainsi qu’au retour précoce à domicile, caractéristique de cette structure, la maison de naissance a réussi à protéger les femmes et les familles du choc psychologique et souvent déshumanisant de la crise sanitaire.
Les enjeux de réorganisation de l’espace de la maison de naissance
Notre travail montre une forte capacité de la maison de naissance MaNaO à s’adapter à la crise sanitaire de COVID-19, en réorganisant l’espace de soin et son accès. Comme d’autres études l’ont analysé à l’occasion de la pandémie, l’espace de soin, de naissance ou de prise en charge (Pourette et al., 2023) est loin d’être un espace anodin, pour les patients, les parturientes ou les professionnels. L’espace de soin est un lieu où circulent les émotions, la confiance, la confidentialité ; lors de la pandémie, il a été ébranlé en raison des restrictions des mobilités, des possibilités d’accéder et de se déplacer. À MaNaO, à travers le travail de care, activité où le souci des autres est explicitement au centre (Molinier, 2010), la réorganisation des espaces s’est faite dans la perspective de préserver cet aspect essentiel de la prise en charge des femmes et des familles. Alors que les maisons de naissances sont toujours en cours d’expérimentation en France, leur pérennisation repose en partie sur la résolution du problème de la non-rémunération d’actes non techniques, tels que la présence bienveillante, l’encouragement, le regard, pourtant si essentiels dans cette forme d’accompagnement.
La dimension familiale
Pendant la pandémie, les restrictions de visite en suites de couches dans les maternités hospitalières ont été importantes en France et source de souffrances chez de nombreuses femmes (Rousseau et al., 2023 ; Rozée et Schantz, 2023). Ces restrictions ont contribué à une essentialisation de la maternité tout en renforçant les injonctions maternelles faites aux femmes (Schantz et Rozée, 2023). Cette crise sanitaire est arrivée dans un contexte sociétal français de dénonciation d’une (trop grande) biomédicalisation de l’accouchement, d’un non-choix autour de cet événement pour les femmes et de violences obstétricales. Notre recherche vient confirmer les propos de Philippe Charrier pour qui « derrière le débat sur la médicalisation de la naissance, qui est plus celui de l’usage des techniques médicales (suivi, accouchement et post-partum) se cache la question plus fondamentale de la dimension familiale de la naissance. L’accueil du nouveau-né est devenu une préoccupation centrale des couples, car c’est désormais par l’enfant que la famille se crée » (Charrier, 2015 : 77). Les entretiens menés avec les femmes soulignent que la lutte actuelle des femmes et des familles ne concerne pas (ou pas seulement pour certaines) un retour au « naturel » (Quagliariello, 2017), ni uniquement une demande de dé- ou moindre médicalisation. Les femmes et les familles demandent aussi que la dimension familiale de l’accouchement puisse être respectée.
Renforcer la sécurité émotionnelle et physique des femmes
En France, la sixième Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ECNMM) met en lumière le besoin criant de prendre en considération la santé mentale des femmes. En effet, le suicide est la première cause de mortalité maternelle en France (13,4 %), avec les maladies cardiovasculaires (13,7 %), devançant l’hémorragie du post-partum immédiat (HPPI) jusqu’alors majoritaire (Inserm et Santé Publique France, 2021). La crise sanitaire ayant renforcé les dépressions et le sentiment d’isolement chez les femmes enceintes et accouchées (Sanders et Blaylock, 2021 ; Stampini et al., 2021 ; Kotlar et al., 2021 ; Zanardo et al., 2020), il est à craindre que les suicides soient toujours très présents.
Par ailleurs, si les maisons de naissances en France ont prouvé leur sécurité pour les femmes et les enfants (Chantry et al., 2019), la satisfaction des femmes n’était pas prise en compte dans ce rapport. « Les critères de jugement demeurent avant tout ceux de l’efficacité et de la sécurité médicale : mortalité maternelle, mortalité périnatale, morbidité périnatale, taux de césariennes, taux d’extractions instrumentales et taux de transfert ante et per-partum » (Charrier, 2015 : 79). Notre recherche menée en pleine crise confirme le caractère protecteur et bénéfique d’une prise en charge globale des femmes et de leurs familles, alors qu’on savait déjà que cette forme d’accompagnement, alliée aux compétences de la sage-femme qui les accompagne, participe à une réduction des incertitudes et des peurs liées à la naissance et a fortiori au renforcement de la sécurité affective et physique des femmes (Thomas, 2017).
Conclusion
Si le pouvoir médical et la représentation sociale de l’accouchement perçu comme un événement à risque ont été renforcés pendant la crise sanitaire (Rozée et Schantz, 2023), MaNaO semble avoir gagné pourtant en autonomie. Face à l’émergence de contraintes sanitaires, organisationnelles et sociétales majeures, les caractéristiques propres à MaNaO ont conduit à une adaptation efficace de son fonctionnement qui a protégé les femmes et leur famille. La possibilité d’obtenir enfin un accès distinct de l’hôpital a permis le maintien de tous les suivis de grossesse, malgré le passe sanitaire refusé par une partie des couples suivis par MaNaO. Le respect des consignes sanitaires a pu être assuré sans pour autant renoncer à une certaine souplesse adaptative, afin de répondre aux besoins spécifiques des parents concernés.
La situation inédite liée à la pandémie de COVID a provoqué des stress bien identifiés chez les couples suivis à MaNaO, dont la crainte d’être transférée pour l’accouchement à la maternité de l’hôpital, du fait des contraintes possibles pour l’accouchement et de la séparation d’avec le conjoint et les aînés. Si les sages-femmes ont eu à assumer une complexification de leurs conditions de travail, elles ont veillé à maintenir la sécurité globale des femmes et des couples qu’elles ont accompagnés pendant cette période. Cette sécurité globale, qui englobe la sécurité médicale, affective, émotionnelle et familiale, est une autre façon de penser la sécurité de la grossesse et de l’accouchement, au-delà des seules normes techniques et médicales. L’attention qui y a été portée aboutit à un haut niveau de satisfaction des femmes, des couples et a atténué l’impact angoissant de la pandémie.
À travers l’étude de la réorganisation d’une maison de naissance qui constitue aujourd’hui un modèle disruptif par rapport à la naissance en France, la pandémie a permis de révéler que ces structures sont solides et ont une capacité à encaisser les chocs et à apporter une sécurité physique et émotionnelle aux familles. Alors que les maisons de naissances sont toujours en cours d’expérimentation en France, ces données pourraient être saisies pour appuyer les associations de femmes et de professionnelles de santé qui luttent pour leur généralisation et leur déploiement plus large en France. Nous espérons que ces modèles pourront se développer afin de répondre aux besoins de futurs parents et aux volontés de sages-femmes souhaitant exercer leur art autrement.
Forces et limites
Il existe encore peu d’études sur les maisons de naissances en France. Il s’agit ainsi de l’une des premières études fournissant des données approfondies et riches sur les maisons de naissances en France, leur fonctionnement, les attentes des femmes et des couples, les relations entre les sages-femmes et les familles.
Photo 1
Salle de naissance à MaNaO
Photo 2
Escalier menant à MaNaO
Parties annexes
Remerciements
Ce projet a été financé par l’Agence nationale de la recherche, dans le cadre de son appel ANR Flash COVID 2021 (ANR-21-COVR-0014-01). Nous remercions toutes les femmes et sages-femmes qui ont partagé avec nous l’expérience de l’accouchement en temps de COVID. Nous remercions la maison de naissance MaNaO et la maternité partenaire le CHOR, qui nous ont accueillies dans leurs structures, ainsi que Noémie Turpault qui a mené sa recherche de Master au sein de ce projet et qui a participé à la collecte de ces données. Merci à Anne Chantry, Annabel Desgrées du Loû et Priscille Sauvegrain pour leurs conseils sur cette recherche.
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Liste des figures
Photo 1
Salle de naissance à MaNaO
Photo 2
Escalier menant à MaNaO