Enfances, Familles, Générations
Numéro 34, 2019 Nouvelles frontières de l'intimité conjugale et familiale Sous la direction de Chiara Piazzesi, Martin Blais et Hélène Belleau
Sommaire (13 articles)
Nouvelles frontières de l'intimité conjugale et familiale
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Frontières de l’intimité conjugale et familiale : de la théorie aux approches empiriques
Chiara Piazzesi, Martin Blais et Hélène Belleau
RésuméFR :
Cadre de la recherche: Cet article traite des frontières symboliques, discursives et pratiques des relations intimes. Notre approche est inspirée par la théorie des systèmes de Niklas Luhmann. La « frontière » est conçue comme une opération de la relation par rapport à elle-même : la relation se définit elle-même par ses opérations communicatives et elle définit ainsi les attentes légitimes de ses membres. La relation existe alors en tant que frontière par ses opérations de communication, qui statuent directement ou indirectement sur ce qu’elle est et sur ce qu’elle n’est pas. Les symboles, les règles de sens et les références sémantiques sont des outils mobilisés dans le travail de frontière. Cependant, ces symboles ne définissent pas les façons de les utiliser dans ce travail.
Objectifs: L’article vise deux objectifs principaux. Premièrement, en mobilisant en en définissant les concepts de « frontières » et de « travail de frontière », l’article offre des outils théoriques novateurs pour les recherches sur l’intimité. Deuxième, il montre l’utilité empirique de ce concept par la discussion d’exemples de son application à l’étude des formes et des processus de l’intimité en sciences sociales.
Méthodologie: Ayant surtout une visée théorique, l’article procède par clarification conceptuelle et définition des notions de « frontières » et de « travail de frontière » en sciences sociales, pour ensuite discuter des applications de ce concept aux relations intimes, conjugales et familiales.
Résultats: Les frontières des relations émergent de l’opérationnalisation de symboles, références sémantiques ou règles de sens dans la communication entre partenaires ou membres des relations. Les symboles mobilisés ne déterminent pas les modalités de leur opérationnalisation, ce qui impose d’observer directement les opérations du travail de frontière afin de les décrire et de les comprendre.
Conclusions : Avoir exploré les fondements théoriques et empiriques du concept de frontières dans la sociologie des relations intimes, cet article documente la place centrale de la sémantique et du discours dans le travail de frontières qui définit les relations intimes. Il montre également comment le concept permet de saisir les opérations d’autodéfinition dont les relations mêmes ont besoin pour continuer à exister.
Contribution : Cet article offre une synthèse des connaissances sur le concept de frontières et en montre le potentiel heuristique pour aborder les relations intimes, conjugales ou familiales. Les articles rassemblés dans ce numéro y contribuent également en montrant sa pertinence pour analyser une diversité de relations intimes, peu importe leur composition, leur durée ou leurs degrés de stabilité ou d’institutionnalisation.
EN :
Research Framework : This article discusses the symbolic, discursive and practical boundaries of intimate relationships. Our approach is inspired by Niklas Luhmann's systems theory. The "boundary" is conceived as an operation of a relationship in relation to itself: the relationship defines itself through its communicative operations and thus defines the legitimate expectations of its members. The relation thus exists as a boundary through its communicative operations, which directly or indirectly determine what it is and what it is not. Symbols, rules of meaning and semantic references are tools used in boundary work. However, the symbols do not define the ways in which these tools may be employed in this work.
Objectives : The article has two main objectives. First, by utilizing and defining the concepts of "boundaries" and "boundary work," the paper offers innovative theoretical tools for intimacy research. Second, it demonstrates the empirical utility of these concepts by discussing examples of their application to the study of forms and processes of intimacy in the social sciences.
Methodology : Primarily theoretical in focus, the paper begins by conceptually clarifying and defining the concepts of "boundaries" and "boundary work" in the social sciences, and then discusses their applications to intimate, marital and family relationships.
Results : The boundaries of relationships emerge from the operationalization of symbols, semantic references or rules of meaning in communication between partners or members of relationships. The symbols used do not determine the methods of their operationalization, which makes it necessary to observe the operations of the boundary work directly in order to describe and understand them.
Conclusions : Having explored the theoretical and empirical foundations of the concept of boundaries in the sociology of intimate relations, this paper documents the centrality of semantics and discourse in the boundary work that defines intimate relations. It also shows how the concept captures the operations of self-definition that the relationships themselves need in order to continue to exist.
Contribution: This article summarizes what is known about the concept of boundaries and shows its heuristic potential for addressing intimate, marital or family relationships. The articles collected in this issue also contribute by demonstrating its relevance in analyzing a diversity of intimate relationships, regardless of their composition, duration, or degrees of stability or institutionalization.
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Boundaries of Marital and Family Intimacy: From Theory to Empirical Approaches
Chiara Piazzesi, Martin Blais et Hélène Belleau
RésuméEN :
Research Framework : This article discusses the symbolic, discursive and practical boundaries of intimate relationships. Our approach is inspired by Niklas Luhmann's systems theory. The "boundary" is conceived as an operation of a relationship in relation to itself: the relationship defines itself through its communicative operations and thus defines the legitimate expectations of its members. The relation thus exists as a boundary through its communicative operations, which directly or indirectly determine what it is and what it is not. Symbols, rules of meaning and semantic references are tools used in boundary work. However, the symbols do not define the ways in which these tools may be employed in this work.
Objectives : The article has two main objectives. First, by utilizing and defining the concepts of "boundaries" and "boundary work," the paper offers innovative theoretical tools for intimacy research. Second, it demonstrates the empirical utility of these concepts by discussing examples of their application to the study of forms and processes of intimacy in the social sciences.
Methodology : Primarily theoretical in focus, the paper begins by conceptually clarifying and defining the concepts of "boundaries" and "boundary work" in the social sciences, and then discusses their applications to intimate, marital and family relationships.
Results : The boundaries of relationships emerge from the operationalization of symbols, semantic references or rules of meaning in communication between partners or members of relationships. The symbols used do not determine the methods of their operationalization, which makes it necessary to observe the operations of the boundary work directly in order to describe and understand them.
Conclusions : Having explored the theoretical and empirical foundations of the concept of boundaries in the sociology of intimate relations, this paper documents the centrality of semantics and discourse in the boundary work that defines intimate relations. It also shows how the concept captures the operations of self-definition that the relationships themselves need in order to continue to exist.
Contribution: This article summarizes what is known about the concept of boundaries and shows its heuristic potential for addressing intimate, marital or family relationships. The articles collected in this issue also contribute by demonstrating its relevance in analyzing a diversity of intimate relationships, regardless of their composition, duration, or degrees of stability or institutionalization.
FR :
Cadre de la recherche: Cet article traite des frontières symboliques, discursives et pratiques des relations intimes. Notre approche est inspirée par la théorie des systèmes de Niklas Luhmann. La « frontière » est conçue comme une opération de la relation par rapport à elle-même : la relation se définit elle-même par ses opérations communicatives et elle définit ainsi les attentes légitimes de ses membres. La relation existe alors en tant que frontière par ses opérations de communication, qui statuent directement ou indirectement sur ce qu’elle est et sur ce qu’elle n’est pas. Les symboles, les règles de sens et les références sémantiques sont des outils mobilisés dans le travail de frontière. Cependant, ces symboles ne définissent pas les façons de les utiliser dans ce travail.
Objectifs: L’article vise deux objectifs principaux. Premièrement, en mobilisant en en définissant les concepts de « frontières » et de « travail de frontière », l’article offre des outils théoriques novateurs pour les recherches sur l’intimité. Deuxième, il montre l’utilité empirique de ce concept par la discussion d’exemples de son application à l’étude des formes et des processus de l’intimité en sciences sociales.
Méthodologie: Ayant surtout une visée théorique, l’article procède par clarification conceptuelle et définition des notions de « frontières » et de « travail de frontière » en sciences sociales, pour ensuite discuter des applications de ce concept aux relations intimes, conjugales et familiales.
Résultats: Les frontières des relations émergent de l’opérationnalisation de symboles, références sémantiques ou règles de sens dans la communication entre partenaires ou membres des relations. Les symboles mobilisés ne déterminent pas les modalités de leur opérationnalisation, ce qui impose d’observer directement les opérations du travail de frontière afin de les décrire et de les comprendre.
Conclusions : Avoir exploré les fondements théoriques et empiriques du concept de frontières dans la sociologie des relations intimes, cet article documente la place centrale de la sémantique et du discours dans le travail de frontières qui définit les relations intimes. Il montre également comment le concept permet de saisir les opérations d’autodéfinition dont les relations mêmes ont besoin pour continuer à exister.
Contribution : Cet article offre une synthèse des connaissances sur le concept de frontières et en montre le potentiel heuristique pour aborder les relations intimes, conjugales ou familiales. Les articles rassemblés dans ce numéro y contribuent également en montrant sa pertinence pour analyser une diversité de relations intimes, peu importe leur composition, leur durée ou leurs degrés de stabilité ou d’institutionnalisation.
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La construction, la protection et le renforcement des frontières des relations intimes dans la pratique de placement d’enfants en Russie
Ekaterina Pereprosova
RésuméFR :
Cadre de la recherche: L’article interroge la construction, la protection et le renforcement des frontières de l’intimité dans les familles d’accueil en Russie en fonction des modalités de placement et des modes de suppléance familiale.
Objectifs L’objectif est d’analyser ces processus comme résultats de la communication entre trois systèmes fonctionnels au sens de Niklas Luhmann : la famille d’accueil, les acteurs institutionnels et la famille biologique. Au cœur de cette communication est le sens donné à la pratique du placement par les différents acteurs ainsi que par des injonctions récentes au sein des politiques sociales de protection de l’enfance menant à une professionnalisation de cette activité et à une plus grande responsabilisation de la famille biologique.
Méthodologie: Pour ce faire, l’auteure analyse les récits de quatre mères d’accueil récoltés lors du terrain de la première année de sa thèse doctorale. Ces quatre cas sont particulièrement intéressants du point de vue de l’engagement des acteurs dans l’activité des organisations de la société civile ainsi que de l’accueil temporaire et de l’activité de tutorat.
Résultats: L’article explore les tendances à renforcer, protéger et délimiter les frontières de l’intimité qui varient selon les modalités de placement et les types de suppléance. Ces derniers dépendent du lieu de socialisation des candidats au rôle des parents d’accueil, leurs attentes quant à cette activité ainsi que des profils des enfants disponibles/désirés.
Conclusions: Les cas analysés nous permettent d’étudier l’électivité des liens de parenté et nous illustrent le concept de la famille relationnelle, tel que définit par de Singly, en tant que liens librement consentis et non pas (seulement) définis statutairement.
Contribution: Cet article contribue à la sociologie de l’enfance et de la famille.
EN :
Research Framework: The article questions the construction, protection and reinforcement of intimacy frontiers in Russian foster families according to the type of placement.
Objectives: It aims at analysing these processes as resulting from communication between three functional systems: foster family, institutional actors and biological family. In the heart of this communication lies the meaning given to fostering by different actors as well as recent injunctions of the child welfare social policies promoting professionalization of family placement and a bigger responsabilisation of the biological family.
Methodology: The analysis is based on the stories told by four foster mothers which were collected during the fieldwork conducted during the first year of the author’s PhD.
Results: The article demonstrates that the tendencies to protect, reinforce and outline the intimacy frontiers vary in accordance with the type of placement which, in its turn, tend to depend on the foster parents’ socialisation milieu, their expectations about this activity as well as the profiles of available/desirable children.
Conclusions: The studied cases give us an insight into the analysis of electivity of kinship ties and illustrate the concept of the relational family by de Singly as chosen and not statutory defined ties.
Contribution: The article contributes to the childhood and kinship studies.
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Les territoires mouvants de l’intimité : entre inégalités spatiale et temporelle. Le cas des familles solos contemporaines
Alexandra Piesen
RésuméFR :
Cadre de la recherche : Depuis plusieurs années, on assiste à une augmentation des divorces et des séparations en France (Buisson et al., 2015). En Île-de-France, et plus particulièrement à Paris, le nombre de familles monoparentales continue de progresser (Drieux et al., 2016). Ces configurations familiales, plus fréquentes dans les zones urbaines (Ibid., 2016), posent des problématiques spécifiques aux individus concernés, telles que la reformulation du rôle parental (Martial, 2016), la gestion de l’espace et de l’intimité (Martin, 2001).
Objectifs : L’objectif de cet article est de comprendre comment se recomposent les territoires de l’intimité suite à l’entrée en parentalité solo, en étudiant les rapports à l’espace et au temps de ces parents depuis la séparation.
Méthodologie : Pour répondre à ces interrogations, nous nous appuierons sur une enquête qualitative menée en France auprès de 54 « parents solos » (18 pères et 36 mères), qui ont la résidence quotidienne de leur(s) enfant(s) âgé(s) de moins de 18 ans à leur domicile, et habitent sans conjoint(e).
Résultats : Les résultats de cette recherche suggèrent que l’entrée en parentalité solo engendre des changements de perception dans la vie des parents. Ces derniers doivent établir de nouvelles frontières temporelles et spatiales, parfois modulables au cours de la journée afin de conserver les territoires de l’intimité de chacun des membres de la famille. Si les pères et les mères se distinguent quant aux circonstances d’entrée en parentalité solo, ils se différencient moins dans leur gestion de l’intimité et de l’espace. Toutefois, on observe une reconduction de certaines inégalités spatio-temporelles liées aux conditions d’entrée en parentalité solo.
Conclusion : Bien que les parcours ayant mené ces parents à la parentalité solo soient variés, tous témoignent d’une évolution similaire dans leur rapport au temps et à l’espace. Si certaines distinctions de genre peuvent être soulignées, tous s’accordent sur la mise en retrait de leur potentielle intimité conjugale au profit de l’intimité familiale, plus conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant.
Contribution : Peu de travaux portent sur les familles solos contemporaines à partir d’une approche compréhensive et genrée. Par ailleurs, la question des rapports au temps et à l’espace depuis l’entrée en parentalité solo n’a pas encore été abordée pour cette population spécifique. L’enjeu de cette contribution est d’apporter quelques éléments de compréhension relatifs à ces questionnements.
EN :
Research Framework : For quite some years we have witnessed raising number of divorces and separations in France (Buisson et al. , 2015). The " family " became "families" with the emergence of new structures such as solo parenthood, mixed families, same-sex families... Those new familial structures make specific questions emerge on how to be a parent (Martial, 2016), but also how to deal with intimacy and personal spaces (Martin, 2001).
Objectives : The goal of the article is to understand how becoming a solo parent redefines intimacy by studying how solo parents deal with time and space since the separation.
Methodology : To answer these questions, we based our research on a qualitative study's lead in France with 54 solo parents (18 fathers and 36 mothers). Those solo parents have the day-to-day residency of their children under 18 years and live without spouses.
Results : The results of this study show that becoming a solo parent forces them to implement a lot of changes. They must establish new boundaries, temporal as well as spatial, sometimes changing during the day, in order to preserve the intimacy of each member of the family. If fathers and mothers are different regarding how they became solo parents, they are also different regarding how they deal with these new boundaries. As a matter of fact, some inequalities, linked to how you become a solo parent, are found again in how to deal with these boundaries.
Conclusions : Although parents have different lives and strategies regarding maintaining or redefining the boundaries of both familial and conjugal intimacy, they all chose familial boundaries to be more important than their personal needs of conjugal boundaries. They all put the interest of the child above personal considerations.
Contribution : Very few studies are about solo parents taking into account the gendered experiences. The goal of this contribution was to bring some elements of information concerning the day-to-day life of those solo parents.
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Frontière de l’intime chez les femmes artistes en France (2006-2016)
Anaïs Chevillot
RésuméFR :
Cadre de la recherche : Cet article est basé sur notre recherche de doctorat en sociologie menée auprès de femmes artistes françaises contemporaines.
Objectifs : L’objectif est de démontrer combien les frontières de l’intime sont difficiles à tracer pour ces femmes dont la profession réputée très « prenante » entre en contradiction avec certains stéréotypes liés au rôle des femmes dans nos sociétés occidentales contemporaines.
Méthodologie : Nous avons procédé à une analyse qualitative d’entretiens semi-directifs menés auprès de femmes artistes entre 18 et 75 ans, et avons notamment relevé les discours émergeant de ces récits de vie pour en retenir les principaux traits saillants.
Résultats : Nous retiendrons que chez les femmes artistes les frontières de l’intime sont floues pour trois raisons principales. Les temps et les lieux où elles exercent sont en général privés, les questions de maternité et de couple prennent souvent une dimension professionnelle et les carrières semblent intimement liées à leurs trajectoires personnelles.
Conclusions : Nous soulignerons combien, d’une part, la profession d’artiste est encore marquée par une image romantique induisant une consécration totale à l’art et combien, d’autre part, ce cliché est difficilement conciliable avec les stéréotypes qui pèsent encore aujourd’hui sur les femmes et leur rôle domestique et familial.
Contribution : Ce travail pose un regard sociologique sur la situation professionnelle des femmes artistes peu reconnues en France aujourd’hui et ouvre une piste de réflexion sur leur relative absence des instances de légitimation dans les mondes de l’art.
EN :
Research Framework: This article is based on a doctoral research in sociology conducted with contemporary French women artists.
Objectives: The goal is to demonstrate how the boundaries of intimacy are difficult to draw for these women whose profession is considered very "engaging" and that contradicts certain stereotypes related to the role of women in our contemporary western societies.
Methodology: I conducted a qualitative analysis of semi-structured interviews with women artists between the ages of 18 and 75. I noted the discourses emerging from these life stories and identified the main salient features.
Results: We will retain as a result that three main reasons explain why the boundaries of the intimate are unclear for women artists. The times and places where they work are often private, maternity and couple issues often take a professional dimension and careers seem closely linked to their personal trajectories.
Conclusions: In conclusion we will highlight how, on the one hand, the profession of an artist is still marked by a romantic image inducing a total consecration to art and, on the other hand, how much this cliche is difficult to reconcile with the stereotypes that still weigh today on women and their domestic and family role.
Contribution: This work brings a sociological perspective on the professional situation of women artists, not very well-known in France today, and a reflection on their relative absence of instances of recognition in the worlds of art.
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Sexting à l’adolescence : des frontières de l’intimité du couple à l’extimité à risque.
Fabienne Glowacz et Margot Goblet
RésuméFR :
Cadre de la recherche : À l’adolescence, les relations amoureuses jouent un rôle significatif et offrent un espace où les adolescents approfondissent le développement de leurs compétences émotionnelles, sociales et cognitives, qu’ils avaient déjà élaborées dans la sphère familiale et avec leurs amis. À l’ère du numérique, l’intimité dans les relations amoureuses des adolescents se teste et se construit dans un espace social s’inscrivant à la fois dans le monde réel et dans l’espace virtuel. Le sexting, nouvelle modalité de régulation de l’intimité envisagée sous le prisme de l’extimité dans un environnement dominé par les technologies numériques, soulève des questions quant aux risques réels et perçus par les jeunes et aux frontières de l’intime.
Objectifs : Nos études visent à mieux définir les contextes et motivations aux pratiques de sexting, les usages abusifs et les liens avec les cyberviolences, les représentations et risques perçus par les adolescents, ainsi que les perspectives et les besoins de prévention tels que les jeunes les envisagent.
Méthodologie : Deux études ont été menées en Belgique auprès d’adolescents (étude 1 : N= 1321 - 45 % garçons - âge moyen : 15,1 ans [ÉT =2,1] et étude 2 : N= 340 - 65 % garçons - âge moyen : 15,6 ans [ÉT =1,7]). Un questionnaire a été proposé aux participants rencontrés au sein des établissements scolaires dans le cadre de passations collectives.
Résultats : Au sein de l’étude 1, 18,7 % des participants et 26 % dans l’étude 2 déclarent avoir déjà envoyé ou posté des messages, photos ou vidéos sexy d’eux-mêmes. Les garçons sont plus susceptibles que les filles d’avoir pratiqué le sexting au moins une fois et plus spécifiquement d’avoir posté ce type de contenus en ligne. Plus de 60 % des adolescents garçons et filles destinaient ces contenus à un partenaire amoureux. Quant aux prévalences de victimisation, 17,1 % des participants rapportent avoir déjà été victimes d’au moins une forme de cyberviolences sexuelles et/ou sexistes, soit la diffusion non consentie de messages ou images à caractère sexuel, ou menaces d’agir de la sorte, et la réception de messages insultants ou rumeurs à caractère sexuel.
Conclusions : Inscrite dans une exploration de la sexualité adolescente, la pratique du sexting est mise au service de l’extimité dans une poursuite des tâches développementales. Pourtant elle est susceptible de donner lieu à d’importantes dérives et de permettre la reproduction virtuelle de violences et d’attitudes sexistes et déshumanisantes. Les besoins de prévention suggérés tant par les filles que par les garçons traduisent entre autres le besoin d’un cadre contenant pour réguler ces pratiques.
Contribution : La prévention dans le domaine de la vie sexuelle et affective, incluant le sexting, reste la voie pour éduquer et sécuriser les adolescents aux saines pratiques en la matière, et ce, dès l’enfance dans le cadre scolaire.
EN :
Research Framework : In adolescence, romantic relationships play a significant role and provide a space where adolescents deepen the development of their emotional, social and cognitive skills, which they had already developed with their family and their friends. In the digital age, intimacy in teenagers’ relationships is tested, built and questioned in a social space that is part of both the real world and the virtual space. Sexting, a new modality for regulating intimacy under the prism of “extimity” in an environment dominated by digital technologies, raises questions about the real and perceived risks faced by young people and about the boundaries of intimacy.
Objectives: Our studies aim to better define the contexts and motivations for sexting practices, abusive uses related to cyber violence as well as the representations and risks perceived by adolescents and the prospects and needs for prevention according to young people.
Methodology: Two studies were conducted in Belgium among adolescents (study 1: N= 1321 - 45% male—middle age: 15.1 years [SD =2.1] and study 2: N= 340 - 65% male—middle age: 15.6 years [SD =1.7]). Questionnaires were collectively administered to participants met within schools.
Results: 18.7% in study 1 and 26% in study 2 report that they have already sent or posted sexy messages, photos or videos of themselves. Boys are more likely than girls to have practised sexting at least once and more specifically to have posted this type of content online. More than 60% of adolescent boys and girls intended this content for a love partner. 17.1% of participants reported that they had already been victims of at least one form of sexual and/or sexist cyber violence, namely the unwanted dissemination of sexual messages or images or threats to do so and insulting messages or rumours of a sexual nature.
Conclusions: As part of an exploration of adolescent sexuality, sexting serves “extimity” in the pursuit of developmental tasks. However, it is likely to give rise to major abuses and allow the virtual reproduction of sexist and dehumanizing attitudes and violence. The prevention needs suggested by both girls and boys reflect, among other things, the need for a framework containing these practices.
Contribution: Prevention in the field of sexual and emotional life, including sexting, remains the way to educate and secure adolescents in healthy sexual and emotional life practises from childhood onwards in school settings.
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Les ambiguïtés de la sexualité dans les relations naissantes. Le cas des jeunes étudiantes en France
Christophe Giraud
RésuméFR :
Cadre de la recherche : La sexualité, centrale dans les relations conjugales, exprime l’attrait et les sentiments des partenaires l’un pour l’autre. Dans les sociétés contemporaines, elle est aussi au cœur des rencontres où deux adultes veulent partager un bon moment ensemble sans perspective conjugale : elle relève alors d’un attrait pour une personne qu’on ne connaît pas et qu’on ne revoit pas. La sexualité est devenue ambiguë.
Objectifs : L’objectif de cet article est de comprendre les usages de la sexualité en début d’histoire intime, à un moment où il est parfois difficile de « définir la situation ». Aujourd’hui, une nouvelle façon d’entrer en relation semble se dessiner en France comme ailleurs en Occident : plus progressive, plus incertaine, une relation sexualisée mais pas uniquement sexuelle, une relation « sérieuse » mais pas immédiatement conjugale. Dans ces commencements fragiles et incertains, quelle place et quelle forme prend la sexualité ?
Méthodologie : Notre travail s’appuie sur une enquête par entretiens menée auprès d’étudiantes de la région parisienne de 2005 à 2013. Vingt-six jeunes femmes en début d’histoire intime – depuis un à trois mois – ont été interrogées à divers moments de leur relation.
Résultats : Dans ces relations naissantes, il apparaît central pour la femme de pouvoir s’orienter par rapport aux scénarios culturels actuels, car ses sentiments pour le partenaire mettront plus de temps à se fixer qu’ils ne l’auraient fait chez une personne d’une autre génération. Nous essaierons de montrer ici combien la sexualité occupe une place indispensable pour exprimer l’attrait pour le partenaire, et combien elle doit à la fois être euphémisée et prendre des formes spécifiques pour ne pas orienter l’histoire vers le modèle de la relation éphémère.
Conclusions : Par des formes et un contenu singulier, la sexualité doit aujourd’hui contribuer à ce qui est au cœur des relations naissantes : la connaissance mutuelle de deux individus singuliers.
Contribution : Cet article propose une réflexion sur le sens et la place des pratiques sexuelles dans les relations naissantes des jeunes femmes. Il insiste sur la dimension « expressive » de la sexualité dans un contexte où il est devenu difficile de s’orienter lors des rencontres intimes et où les relations stables s’établissent de façon plus progressive. Il apporte un contrepoint à des interprétations sociologiques qui réduisent les relations intimes des jeunes à une consommation sexuelle orientée par l’intérêt personnel.
EN :
Research Framework: In conjugal relationships, sexuality expresses the partners’ attraction and feelings for each other. In modern societies, it is also at the heart of encounters where two adults want to share a good time together without a marital perspective. Sexuality has become ambiguous.
Objectives: The objective of this article is to understand the uses of sexuality at the beginning of intimate history, at a time when it is sometimes difficult to “define the situation”. Today, a new way of getting in touch seems to be taking shape in France as elsewhere in the western world: more progressive, more uncertain, a sexualized but not only sexualized relationship, a “serious” but not immediately conjugal relationship. In these fragile and uncertain beginnings, what place and form does sexuality take?
Methodology: Our work is based on interviews with female students in the Paris region from 2005 to 2013. Twenty-six young women at the beginning of an intimate history - from one to three months ago - were interviewed at various points in their relationship.
Results: In these nascent relationships, it seems central for a woman to be able to orient herself with current cultural scenarios, as her feelings for the partner will take longer to settle down than they would have in a person of another generation. Here we will try to show how sexuality occupies an indispensable place in expressing attractiveness to the partner, and how it must both be euphemized and take specific forms so as not to steer the story towards the model of the ephemeral relationship.
Conclusions: Through its singular forms and content, sexuality today must contribute to what is at the heart of nascent relationships: the mutual knowledge of two singular individuals.
Contribution: This article offers a reflection on the meaning and place of sexual practices in young women’s nascent relationships. We insist on the “expressive” dimension of sexuality in a context where it has become difficult to orient oneself during intimate encounters and where stable relationships are being established more gradually. It provides a counterpoint to sociological interpretations that reduce young people’s intimate relationships to sexual consumption driven by self-interest.
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Récits de ruptures conjugales : « créer du sens » en négociant les frontières du réseau
Gaëlle Aeby
RésuméFR :
Cadre de la recherche : Dans un contexte caractérisé à la fois par une augmentation du nombre de séparations et par la pérennité d’un idéal conjugal, une rupture conjugale est un événement qui est vécu comme une épreuve personnelle et douloureuse par les individus concernés, notamment parce qu’elle signifie non seulement la fin d’un couple, mais va aussi de pair avec une transformation du réseau personnel.
Objectifs : Nous étudierons ici comment les individus reforment les frontières de leur réseau personnel autour des personnes qui leur ont apporté du soutien et de la reconnaissance au cours du processus de rupture conjugale, et examinerons les négociations visant un juste partage, entre les ex-conjoints, de ces relations auparavant communes, ainsi que les sentiments – notamment, d’injustice – engendrés par ce partage.
Méthodologie : Cet article se fonde sur une analyse fine d’entretiens qualitatifs réalisés en Suisse et en Angleterre auprès de jeunes adultes qui se sont séparés d’un(e) conjoint(e) avec qui ils(elles) habitaient et avaient formé un projet de vie commune.
Résultats : Nous montrerons qu’il y a à la fois des gains et des pertes à l’issue de ce processus, et distinguerons cinq types de reconfiguration du réseau personnel : expansion amicale, recul amical, en négociation, refuge parental et nouvelle union. Nous verrons que cette reconfiguration s’accompagne également d’un récit qui est centré sur un concept de justice se déclinant en trois principes : la propriété, le partage à parts égales et le degré de culpabilité.
Conclusions : Nous mettrons en lumière en quoi ce travail sur les frontières est à la fois concret (perte et ajout de relations ainsi que réévaluation du degré d’investissement) et sémantique (par le récit élaboré). Nous y constaterons à la fois un processus de fermeture des frontières autour des personnes qui ont su être soutenantes et un processus d’ouverture pour aller au-delà de la relation conjugale.
Contribution : Cet article invite à une réflexion sur la reconfiguration des frontières de l’intimité et sur un nouveau rapport à la conjugalité ; en effet, une rupture conjugale entre jeunes adultes s’accompagne souvent d’espoirs pour la formation d’un nouveau couple.
EN :
Research framework: In a context characterized both by an increase in the number of separations and by the persistence of the model of coupledom, an intimate relationship breakdown is an event that is experienced as a personal and painful ordeal by the individuals concerned. It is particularly the case since it does not only mean the end of a relationship, but also goes hand in hand with a transformation of their personal network.
Objectives: We study how individuals reform the boundaries of their personal network around the people who have provided them with support and recognition. We also look at the negotiations aiming toward a fair distribution – among ex-partners – of these formerly common relationships and at the feelings, notably of injustice, generated by this sharing process.
Methodology: This article is based on a detailed analysis of qualitative interviews conducted with young adults in Switzerland and England who separated from a partner with whom they used to live and had formed a common life project.
Results: We show that there are both gains and losses and that five types of network can be distinguished: friendly expansion, friendly retreat, in negotiation, parental refuge and new union. This reconfiguration is also accompanied by a narrative that is centred on a concept of justice based on three principles: ownership, equal sharing and degree of guilt.
Conclusions: We reveal that this work on boundaries is both concrete (loss and addition of relationships and reassessment of the degree of investment) and semantic (through the narrative developed). There is both a process of closing boundaries around people who have been supportive and a process of opening up to go beyond the couple relationship.
Contribution: This article is an invitation to reflect on the reconfiguration of the boundaries of intimacy and a new understanding of conjugality, since an intimate relationship breakdown for young adults is often accompanied by hopes for the formation of a new couple.
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Les implications du dispositif d’immigration : pratiques de définitions et de redéfinitions publiques et privées des intimités binationales en France et en Belgique
Laura Odasso
RésuméFR :
Cadre de la recherche : En France et en Belgique, depuis 2000, des dispositions législatives ont renforcé les conditions pour conclure les unions entre un national et un ressortissant non européen et pour permettre à ce dernier d’accéder au séjour. Le dispositif d’immigration — délimitant un accès sélectif à la nation par la construction des formes acceptables de « faire famille » — travaille les intimités des couples.
Objectif : Cet article interroge les changements de l’intimité des couples binationaux à l’aune des rencontres avec le dispositif d’immigration.
Méthodologie : Le matériau empirique est issu d’une enquête multisituée conduite par collecte des récits de vie des conjoints d’une centaine des couples, analysés avec la « méthode d’évaluation biographique des politiques », et par observations participantes au sein des structures associatives dans des villes françaises et belges.
Résultats : Au fil des formalités administratives, l’intimité se fait publique pour ces partenaires obligés à performer les « amoureux » comme le dispositif d’immigration le souhaite. Cela implique un travail sur les frontières de leur intimité conjugale qui varie selon la perméabilité des individus à l’ingérence étatique. Diverses modalités de transformation de l’intimé, en adhésion ou en contraste avec la logique étatique, se profilent : « à deux vitesses », « résilientes », « en échange » et « en éclats ».
Conclusion : Ces intimités identifiées résultent des « pactes » à la source de l’union et du travail que les partenaires ont pu effectuer aux frontières des rencontres avec l’État. Dans une optique de « citoyenneté intime », ce travail articule des décisions privées et des pratiques publiques, ainsi que des dilemmes moraux.
Contribution : L’article interroge l’imbrication des frontières institutionnelles, travaillées par les politiques publiques, et conjugales, travaillées par les émotions, les attentes et les échanges, par une sociologie des pratiques performatives et intimes.
EN :
Research Framework: In France and Belgium, since mid-1990, legislative provisions have tightened the conditions for concluding unions between a citizen and a non-European national and permitting the latter of stay. The suspicion of the immigration system, delineating a selective access to the nation by the construction of eminently normative forms of “making family”, impact couples’ intimacy.
Objectives: This article examines the changes in binational couples’ intimacy in the light of their encounters with the immigration system.
Methodology: The empirical material comes from a multi-site ethnography conducted by collecting the life histories of the partners (foreign and national) of about one hundred couples—analyzed with the method of “biographical policies’ evaluation”—and by participant observations within associative structures in French and Belgian cities.
Results: Over the course of administrative formalities, the couples’ privacy becomes “public” as they are invited to perform the “lovers” as the immigration system wishes. The resulting effect on the boundaries of their intimacy differs according to the permeability of the relationship to state interference. Different types of intimacy in adherence or in contrast with the state logic stands out, they are defined as “two-speed”, “resilient”, “in exchange” and “in splinters”.
Conclusions: The intimacies identified are the results of a “pact” between partners and the work that they have performed at the borders of the state encounters. In the wake of “intimate citizenship”, such work articulates private decisions and public practices, and moral dilemma relating to “family life”.
Contributions: The article shows the interweaving of institutional boundaries, worked by public policies, and conjugal, worked by emotions, expectations and exchanges, thanks to the sociology of preformative and intimate practices.
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Famille transnationale, coprésence virtuelle et re-construction du sentiment familial
Monica Schlobach
RésuméFR :
Cadre de la recherche : Plusieurs affirment que le développement de nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) aurait donné lieu à une nouvelle manière de conserver le lien affectif chez les familles transnationales. Il y aurait ainsi abolition de la distance grâce à la coprésence virtuelle.
Objectifs : L’objectif est de comprendre, par l’étude de l’usage des TIC, comment la famille transnationale réussit à garder vivant le sentiment familial. On vise également à discuter les limites de ces pratiques sur la capacité à continuer à faire famille transnationale.
Méthodologie : L’analyse prend appui sur les données recueillies par entrevues approfondies auprès de migrants habitant à Montréal et de membres de leurs familles restés au Brésil.
Résultats : Les TIC sont devenues, dans les échanges des familles transnationales, un outil familier et familial. Elles permettent d’accéder au temps ordinaire et aux moments forts de la vie familiale. Elles donnent lieu à l’invention de nouvelles pratiques d’interactions familiales. Elles apportent aussi certaines contraintes dans les échanges, car elles apparaissent comme une solution insatisfaisante pour résoudre le problème de la distance physique et de la séparation.
Conclusions : L’usage des TIC est devenu une habitude incorporée dans la vie familiale transnationale, par son pouvoir informatif sur la vie quotidienne des membres de la famille transnationale. La coprésence virtuelle contient cependant des limites dans l’expression des émotions et des sentiments familiaux qui permettent de garder vivante la solidarité familiale.
Contribution : La présentation des données issues de cette recherche a permis de cerner les apports, les ambivalences et les limites de l’utilisation des TIC pour faire famille transnationale, tout en révélant l’existence de la formation de micro-rituels familiaux qui agissent comme mécanisme de régulation et d’expression du sentiment familial.
EN :
Research Framework: Many argue that the development of new information and communication technologies (ICT) would have given rise to a new way of retaining the emotional bond among transnational families. It would thus abolish the distance by establishing a virtual co-presence.
Objectives: The objective is to understand, through the study of the use of ICT, how transnational families manage to keep strong their familyhood. It also intends to discuss the limits of these practices on their ability to continue to "make family transnationally."
Methodology: The analysis is based on data collected through in-depth interviews with Montreal-based migrants and their family members in Brazil.
Results: ICT has become a familiar tool in transnational family exchanges. They provide access both to ordinary and to special moments of family life. They give rise to new practices of family interactions. Nevertheless, they also imply constraints in the exchanges, as they appear to be an unsatisfactory solution to solve the problem of physical distance and separation.
Conclusions: The use of ICT has become an incorporated habit in transnational family life, for its informative power on the daily life of members of the transnational family. Virtual co-presence, however, is limited as far as the expression of emotions and family solidarity are concerned.
Contribution: The results presented allowed to identify the contributions, the ambivalences and the limits of the use of ICT to make family transnationally. They also revealed the formation of family micro-rituals, which act as mechanisms of regulation and expression of familyhood.
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Étendre ses espaces d’agir dans la sphère conjugale : la migration comme ressource
Nadia Mounchit
RésuméFR :
Cadre de la recherche : S’inscrivant dans une recherche interrogeant les effets de l’expérience migratoire sur les parcours conjugaux, cet article s’intéresse aux modalités des réagencements observés. Si la lecture des travaux existants amène au constat des répercussions inégales du départ sur les rapports de genre (entre contraintes et espaces d’autonomie, notamment pour les femmes), la question du « comment » des transformations à l’œuvre reste encore à explorer (Catarino et Morokvasic, 2005).
Objectifs : En abordant l’espace conjugal comme un lieu traversé par des rapports de pouvoir, il s’agit de voir comment la situation migratoire intervient dans la formulation des règles de la vie conjugale et de quelles manières elle forme une ressource à disposition des individus dans le cadre des rapports de force conjugaux.
Méthodologie : Ce travail s’appuie sur les résultats d’une recherche doctorale principalement basée sur la conduite de quarante entretiens biographiques menés auprès de femmes émigrées d’Afrique de l’Ouest et centrale résidant en France.
Résultats : Trois modes de mobilisation de la situation migratoire, par les migrantes elles-mêmes ou par leur conjoint, ont été mis au jour : la migration comme lieu d’un cadre normatif pourvoyeur d’autres « règles du jeu » à faire valoir dans le couple et ses pratiques ; comme lieu d’une dette administrative imposée à un(e) conjoint(e) rejoignant(e) ; ou comme projet alternatif à une situation conjugale insatisfaisante. Ces usages de la migration se cristallisent autour d’enjeux d’autonomie.
Conclusions : La ressource migratoire se voit sollicitée comme levier d’action pour modifier, concrètement, les formes de la vie conjugale.
Contribution : Il est ici question de mettre en relief les résonances de l’expérience migratoire dans l’espace conjugal, invitant à la compter parmi les ressources mobilisables par les individus.
EN :
Research framework: As part of a survey investigating the effects of the migratory experience on marital courses, this article discusses the modalities of rearrangements observed. An examination of the existing literature led us to notice the unequal consequences of migration on gender relations (between constraints and spaces of autonomy, especially for women), and yet the question of “how” such shifts are taking place remains to be explored (Catarino and Morokvasic, 2005).
Objectives: By considering the marital sphere as a locus crossed by power relations, what is at stake is to understand how the migratory situation affects the definition of the rules of marital life and in which ways it constitutes a resource available to individuals within the marital balance of powers.
Methodology: This work is based on the results from forty biographical interviews carried out during a doctoral research project with women who have emigrated from western and central Africa and settled in France.
Results: Three types of mobilization of the migratory situation, adopted by the migrant women themselves or by their partners, have been highlighted: migration as a locus of a normative framework providing new “rules” within the couple and its practices; as a locus of an administrative debt enforced on a joining partner; or as an alternative project to an unsatisfying marital situation. These uses of migration are crystallized in autonomy issues.
Conclusions: The migratory resource is used as leverage to concretely alter the forms of marital life.
Contribution: Herein, this article spotlights the effects of the migratory experience on the marital sphere, leading us to count it among the resources available to individuals.
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Acquérir un statut de patient : une redéfinition nécessaire des frontières de l’intime au cours des parcours d’assistance médicale à la procréation (AMP) en Italie (Lombardie).
Léa Linconstant
RésuméFR :
Cadre de la recherche : La loi italienne définit l’assistance médicale à la procréation (AMP) comme « un traitement thérapeutique permettant de soigner une maladie, l’infertilité ». Les parcours d’AMP donnent à voir une forme d’association particulière entre un environnement médical et la constitution de familles alors même que la grossesse n’est pas encore survenue.
Objectifs : Cet article souhaite interroger la façon dont les relations nouées au long des procédures produisent de nouvelles frontières de l’intimité conjugale et parentale, l’intimité étant comprise ici comme la relation exclusive nouée entre les deux membres d’un couple.
Méthodologie : Notre analyse s’appuie sur une ethnographie menée auprès d’un centre public italien d’assistance médicale à la procréation, dans le cadre de laquelle nous avons observé les pratiques de professionnels (gynécologues, biologistes, infirmières). Un corpus d’entretiens, dont une cinquantaine avec des professionnels de l’AMP et une trentaine avec des couples ou des femmes infertiles ayant déjà effectué au moins un parcours de fécondation in vitro, complète les observations.
Résultats : Les parcours d’AMP ne peuvent être compris comme des processus uniformes au cours desquels les relations et les statuts n’évolueraient pas et au sein desquels deux individus pourraient être considérés en tant que soignant et patient dès le départ. Au contraire, ils relèvent d’un processus au cours duquel chaque place ou statut attribué se modifie et évolue par un travail sur les corps et les relations de l’ensemble des protagonistes. La question de la temporalité est donc essentielle afin de rendre compte de l’épaisseur des parcours et de la diversité des intentions et des relations qui les jalonnent.
Conclusion : Le parcours d’infertilité et les techniques d’AMP revêtent un caractère particulier : la définition thérapeutique de ces dernières ainsi que l’utilisation du terme « patient » pour qualifier les personnes y ayant recours n’a rien d’évident. L’acquisition du statut de patient se fait de façon processuelle à travers notamment une désingularisation progressive du couple et de son histoire.
Contribution : Cet article contribue à la réflexion sur la place du tiers au sein des techniques de reproduction assistée. Ainsi, si notre ethnographie ne fait état d’aucun recours à un tiersdonneur – les couples bénéficiaient d’une AMP strictement intraconjugale –, le processus de procréation s’inscrit néanmoins dans une « action collective à plusieurs partenaires » (Théry, 2010) au sein de laquelle s’insère un tiers, entendu comme un élément extérieur au couple : le corps médical. L’intrusion de ce dernier participe à redessiner les frontières de l’intimité familiale et conjugale.
EN :
Research Framework : Italian laws define assisted reproductive technology (ART) as a treatment to cure a peculiar disease: infertility. The courses of ART are drawing a specific form of connection between a medical context and the constitution of families since the pregnancy haven’t even occurred yet.
Objectives: The purpose of this article is to question the way relationships, which are tied along the procedures, produce new boundaries in conjugal and parental intimacy. Intimacy is define in this article as the exclusive connection between the members of a couple.
Methodology : The analysis is based on an ethnographic study of a public unit of ART in Italy where I was allowed to observe professionals practician (gynecologists, clinical biologists, nurses). A corpus of interviews, fifty of them made with ART professionals, more than thirty with couples or infertile women who had, at least, one experience with in-vitro fertilization, is complementing the observations.
Results : The ART’s courses can’t be taken as standard processes where the relations and status would not be submitted to evolutions. On the contrary, every position and status (patient or practician) are being modified and evolves within the operations on the body and relationships between the all protagonists. The temporality, thus, is an essential parameter that helps to realize what’s at stake during these courses and the diversity in intentions and relations that goes along with it.
Conclusion : Infertility and ART’s treatments have a particular status: the elusive therapeutic definition we can give of them as well as the questionable utilization of the term “patient” to qualify those who start one of these processes is not a simple case. The acquirement of patient status is something that is evolving step by step through a “progressive desingularization” of the couple and its story.
Contribution : This article is a contribution to the reflection on third party’s position in the process of ART. Though, whether in my ethnography there is no recourse to a donor – we’re strictly speaking about intra-conjugal ART – the course of procreation is a collective action where a third party is involved, a necessary character that does not belong to the couple: the medical corps.
Hors-thème
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Contacts parent-enfant en contexte de placement : liens entre la sensibilité du parent d’accueil et les réactions des enfants à la suite des contacts
Lisa Auger, Karine Poitras et George M. Tarabulsy
RésuméFR :
Cadre de la recherche : Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse encourage le maintien des contacts entre les enfants placés en famille d’accueil et leurs parents biologiques. Or, il n’existe pas de consensus empirique quant aux conséquences de ces contacts sur les enfants placés.
Objectifs : Notre étude vise à examiner les liens entre la sensibilité du parent d’accueil et les réactions des enfants à la suite de ces contacts, en considérant trois facteurs potentiellement confondants soit la sécurité d’attachement, l’âge au moment du premier placement et la fréquence des contacts.
Méthodologie : Il s’agit d’une étude quantitative réalisée auprès de 51 enfants placés âgés de 12 à 45 mois. Une entrevue individuelle auprès du parent biologique nous permet de documenter la fréquence des contacts réalisés auprès de l’enfant. Les réactions de l’enfant, à la suite des contacts, sont rapportées par le parent d’accueil. La sensibilité parentale et la sécurité d’attachement sont observées lors d’une visite au domicile du parent d’accueil.
Résultats : La plupart des enfants affichent au moins une réaction négative à la suite des contacts. Les réactions négatives rapportées sont associées significativement à l’insensibilité du parent d’accueil.
Conclusions : Notre étude suggère que la sensibilité du parent d’accueil peut être un facteur favorable à de meilleures transitions à la suite des contacts.
Contribution : Cet article contribue à la réflexion sur la tenue des contacts suivant une mesure de placement et sur les réactions manifestées par les enfants à la suite de ces contacts.
EN :
Research Framework: In Quebec, the Youth Protection Act encourages contact between children and their biological parents following placement in foster care. However, there is no empirical consensus about the impact of these contacts on foster children.
Objectives: Our study aims to examine the association between the foster parent’s sensitivity and the children’s reactions to contact considering three potentially confounding variables: security of attachment, age at first placement, and frequency of contact.
Methodology: With a quantitative approach, our sample includes 51 foster children aged between 12 and 45 months. Individual interview with the biological parent informed about contact arrangements. Children’s reactions following contact was reported by foster parents. Parental sensitivity and security of attachment were observed through a home visit with the foster parents.
Results: Most children have at least one negative reaction as a result of contact. These reactions are significantly associated to foster parent’s sensitivity.
Conclusions: Our study suggests the foster parent’s sensitivity parent as a key factor in facilitating better transitions as a result of contacts.
Contribution: This study contributes to the reflection on parent-child contacts and their impacts on foster children.