Résumés
Résumé
Dans le cadre du redéploiement du régime d’État-providence amorcé depuis plusieurs années en France, des activités tendent à se professionnaliser, générant ainsi des emplois et de la protection sociale. La situation des assistances maternelles semble à ce titre symptomatique. En effet, les assistantes maternelles symbolisent la reconnaissance en compétences professionnelles d’activités longtemps associées aux tâches domestiques et familiales réalisées au sein de la sphère familiale. L’actuel projet de loi concerne près de 300 000 personnes qui pourraient ainsi prétendre à un véritable statut professionnel d’emploi. Cet emploi est au coeur de l’articulation entre vie professionnelle et familiale. Véritables « agents de conciliation » pour de nombreuses mères actives, les assistantes maternelles sont souvent elles-mêmes mères et actives, leur relation d’emploi étant au centre de l’articulation. Ce sont les parents, articulant par leur intermédiaire leur vie familiale et professionnelle, qui emploient et gèrent la relation d’emploi de ces assistantes maternelles, et constituent à ce titre une catégorie spécifique d’employeurs, les « parents-employeurs ». Sont analysées ici les caractéristiques spécifiques de cette relation d’emploi, ainsi que les conditions de la professionnalisation. Mais au-delà de la volonté institutionnelle, des ambiguïtés demeurent, notamment autour de la reconnaissance des compétences. La difficulté à créer un réel consensus social tenant sans doute à la nature particulière de l’emploi mais aussi aux intérêts des parties en présence : les assistantes, les parents-employeurs et l’Etat. Et au-delà de l’instauration d’un statut d’emploi semble se jouer un réel enjeu social, à travers l’articulation des politiques d’emploi et des politiques familiales, et la poursuite d’objectifs multiples. En particulier, le projet de loi peut être vu comme la participation de l’Etat à la « gestion de la parentalité », dans le cadre de l’institutionnalisation de procédures visant à une meilleure conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale des travailleurs.
Abstract
Within the redeployment of Welfare state regime started in France for several years, some activities have tended to professionalize, thus generating employment and social protection. The situation of the maternal assistants seems symptomatic of this phenomenon. Indeed, the maternal assistants symbolize the recognition in professional skills of activities associated a long time with the domestic and family tasks carried out within the family sphere. The current bill concerns nearly 300 000 people who could thus claim with a true professional status of employment. This job is central in the articulation between working and family life. True «agents of conciliation» for many active mothers, the maternal assistants are often themselves mothers and active, their relation of employment being in the core of the articulation. The parents articulate by their intermediary their family and professional life, employ and manage the employment relation with these maternal assistants, and constitute a specific of employers, the “parent-employers". The specific characteristics of this relation of employment are analyzed here, as well as the conditions of the professionalizing process. But beyond the institutional will, some ambiguities remain, in particular about the recognition of competences. The difficulty of creating a real social consensus undoubtedly holding with the particular nature of employment but also with the interests of the involved parts: assistants, parent-employers and the State. And beyond the introduction of an employment status, a real social stake seems to be played through the articulation of the employment policies and the family policies, and the continuation of multiple goals. In particular, the bill can be seen like the participation of the State in the «management of the parenthood ", within the institutionalization of procedures aiming at a better conciliation between the professional life and the family life of the workers.
Parties annexes
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