Résumés
Résumé
Nos apprentissages sont produits pour une large part en dehors des cadres institués d’apprentissage, de façon « informelle ». Ce sont des apprentissages dits « en contexte » (Schön, 1996), liés à la vie quotidienne et à des formes d’affiliations sociales spécifiques.
Bien qu’ils soient peu visibles, ces apprentissages constituent le principe organisateur du rapport de chacun à « l’apprendre ». Ils sont mobilisés dans les situations de rupture des continuités de la vie, de décrochage social, d’engagement du sujet dans des situations inédites ou d’exception. Leur efficience est très liée aux formes d’affiliation qui les organisent, qui conjuguent relations fondées sur la participation et implication affective. Ces liens complexes entre affiliations et apprentissages qui émergent de la vie quotidienne participent également à l’engagement ou au non-engagement du sujet dans les dispositifs de formation institutionnalisés.
L’article revisite un ensemble de nos recherches documentaires et empiriques et propose une modélisation de cette dynamique qui conjugue apprentissages, vie quotidienne et processus d’affiliation.
Les travaux convoqués portent notamment sur les pratiques autodidactiques et sur l’engagement en formation de personnes en situation de vulnérabilité, de transition, voire de « décrochage social ».
Abstract
Much of our learning occurs informally, outside the framework of learning institutions. This is known as “in context” learning (Schön, 1996), which is linked to daily life and specific forms of social affiliation.
Although not highly visible, this type of learning is the organizing principle of the relationship each person has to learning. It is mobilized when the continuity of life is threatened by a rupture, social disengagement, or the involvement of the subject in unusual or exceptional circumstances. The effectiveness of this type of learning is closely related to the forms of affiliation that organize them, creating relationships based on participation and emotional involvement. These complex links between affiliations and learning in the context of daily life also contribute to the commitment or non-commitment of the subject to the mechanisms of institutionalized training.
The article examines the ensemble of our documentary and empirical research, and suggests modeling this dynamic of combining learning, daily life and the affiliation process. The work is based mainly on autodidactic practices and on the commitment to education of the person in a situation of vulnerability, transition, or “social disengagement”.
Resumen
Lo que aprendemos se realiza de manera informal y proviene en gran medida del exterior de los cuadros de aprendizaje instituidos. Se trata de aprendizajes « contextuales » (Schön, 1996), ligados a la vida cotidiana y a formas específicas de afiliación social. Aunque son poco visibles, esos aprendizajes constituyen el principio organizador de la relación personal con el « aprender ». Movilizados en situaciones de ruptura con las continuidades de la vida, de desconexión social, de compromiso del sujeto con situaciones inéditas o excepcionales, conjugan relaciones basadas en la participación e implicación afectiva. Esos lazos complejos entre afiliaciones y aprendizajes que surgen en la vida cotidiana, participan así mismo en el compromiso o no compromiso del sujeto con los dispositivos de formación institucionalizados. El artículo revisa el conjunto de nuestras investigaciones documentarias y empíricas y propone una modelización de la dinámica que conjuga aprendizajes, vida cotidiana y procesos de afiliación. Los trabajos citados abordan sobre todo las prácticas autodidácticas y el compromiso con la formación de las personas en situación de vulnerabilidad, de transición y de « desconexión social ».
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Parties annexes
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