Résumés
Résumé
L’expérience des enfants à l’école de langue française en Ontario permet de mieux comprendre la question du lien social dans un contexte de diversification de la clientèle scolaire. Il s’agit, plus particulièrement, de voir comment une telle école, conçue dans le contexte de l’État-Nation moderne afin de sauvegarder la langue et la culture d’une communauté, se redéfinit et compose, à travers les contributions des enfants, avec la diversité, que celle-ci concerne les appartenances ethnoraciales, le genre, la classe sociale ou le handicap, dans le contexte de la modernité tardive. Le présent article, qui s’appuie sur des données issues d’une étude menée entre 2003 et 2006, vise à apporter un éclairage sur la question. Les illustrations présentées montrent comment les élèves construisent leurs expériences au quotidien au regard d’une telle diversité, participent à l’organisation de leur cité politique et négocient un ordre social à travers la prise de distance critique dont ils sont capables face aux normes établies. La construction du lien social par les enfants s’établit davantage grâce à des stratégies d’action en classe, des amitiés et des présentations de soi contextualisées, plutôt qu’à partir de vecteurs identitaires fixes qui renvoient à une origine, une religion ou une langue, éléments ou attributs constitutifs des grands récits aujourd’hui mis à mal dans le contexte de la modernité tardive.
Abstract
The experience of children in Ontario’s minority French-language schools helps us better understand the question of social bonds in a context of diversified school clientele. The article looks specifically at how Ontario’s French-language schools, developed in the modern nation-state context to protect a community’s language and culture, are, through the students’ contributions, redefining themselves and managing to handle the late modernity context with its diversity of ethno-racial groups, sex, social class or handicaps. The discussion begins with a theory on the link between the social bond and the sociology of childhood. The social bond defined as sociability allows the authors to take a deeper look at how students weave the social fabric. Methodological precisions are then presented, and three illustrations from contrasting contexts are discussed, using data from a research project conducted between 2003 and 2006 on multi-level classrooms and being a student in Ontario’s French-language schools. The analysis of the three illustrations shows how the students construct their daily experiences in relation to diversity, participating in the organization of their own environment and negotiating a social order, by taking the critical distance that children are capable of when faced with established standards. The cases examined in this article show that children build social bonds through action strategies in the classroom, friendships and presentations of a contextualized self, which from fixed identifying vectors, go back to an origin, a language or a condition.
Resumen
La experiencia de los niños en una escuela minoritaria de lengua francesa en Ontario permite comprender más cabalmente la cuestión del vínculo social en un contexto de diversificación de la clientela escolar. Se trata, particularmente, de ver cómo la escuela de lengua francesa en Ontario, concebida en el contexto del Estado-nación moderno con el fin de salvaguardar la lengua y la cultura de una comunidad se redefine y transige, a través de las contribuciones de los niños, con la diversidad de las membresías étnico-raciales, el género, la clase social o la minusvalía, en el contexto de la modernidad tardía. La argumentación se inicia con el enfoque teórico del vínculo social y de la sociología de la infancia. La noción de vínculo social definida en tanto que sociabilidad permite renovar el cuestionamiento y comprender más adecuadamente cómo los actores fabrican lo social. Ulteriormente, se aportan algunas precisiones metodológicas y se discuten tres ejemplos arraigados en contextos contrastados a partir de datos provenientes de un proyecto de investigación realizado entre 2003 y 2006 sobre las clases multigrados y el ejercicio del oficio de alumno en la escuela de lengua francesa en Ontario. El análisis de dichos ejemplos muestra cómo los niños construyen su experiencia cotidiana de la diversidad, participan en la organización de su espacio político y negocian un orden social a través del distanciamiento crítico del que son capaces los niños ante las normas establecidas. Los casos examinados muestran que la construcción del vínculo social por los niños se realiza sobre todo gracias a sus estrategias de acción en clase, sus amistades y la presentación contextualizada de sí mismos, más que a través de vectores identitarios fijos que remiten a un origen, a una lengua o a una condición.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Références bibliographiques
- ANDERSON-LEVITT, K. M. (2005). The schoolyard gate : schooling and childhood in global perspective. Journal of social history. Summer, p. 987-1006.
- BALL, S. et VAN ZANTEN, A. (1998). Logiques de marché et éthiques contextualisées dans les systèmes scolaires français et britannique, Éducation et sociétés, nº 1, p.47-71.
- BÉLANGER, N. et FARMER, D. (soumis). Expérience scolaire et appropriation de l’école de langue française en Ontario par les enfants, dans Produire et reproduire la francophonie en la nommant, sous la direction de Nathalie Bélanger, Phyllis Dalley, Nicolas Garant et Tina Desabrais. Sudbury : Éditions Prise de parole, 32 p.
- BÉLANGER, N. et FARMER, D. (2004). L’exercice du métier d’élève, processus de socialisation et sociologie de l’enfance. McGill Journal of Education, vol. 39, nº 1, p. 45-67.
- BÉLANGER, N. DALLEY, P. DIONNE, L. et BEAULIEU, G. (soumis). Les partenariats école-communauté et le marché scolaire de langue française en Ontario. Revue des sciences de l’éducation.
- BÉLANGER, N., DALLEY, P., DIONNE, L et BEAULIEU, G. (2007). Caractéristiques, composantes et modalités de mise en oeuvre de projets scolaires-communautaires pour les écoles de langue française. Rapport de recherche remis au ministère de l’Éducation, 174 p.
- BÉLANGER, N., D. FARMER et TALEB, K. (2007). Être élève ou l’apprentissage d’un métier, dans La jeunesse au Canada français. Formation mouvement et identité, sous la direction de Michel Bock. Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa, p. 37-48.
- CHRISTENSON, P. et JAMES, A. (Eds.) (2000). Research with children : perspectives and practices. London : Routledge Falmer
- CORSARO, W.A. (2005). The sociology of childhood. Thousand Oaks : Pine Forges Press.
- CORSARO, W.A. (2003). We’re friends, right? Inside kids’ culture. Washington : Joseph Henry Press.
- CORSARO, W.A. (1992). Interpretive approaches to children’s socialization San Francisco : Jossey-Bass.
- CRENSHAW, R.W. (1994). Mapping the margins : intersectionality, identity politics, and violence against women of color, dans The public nature of private violence, sous la direction de Albertson Fineman, M. et Mykituik, R. New York : Routledge p. 93-118.
- DANIC, I., DELALANDE, J. et RAYOU, P. (2006). Enquêter auprès d’enfants et de jeunes. Objets, méthodes et terrains de recherche en sciences sociales. Rennes : Presses universitaires de Rennes.
- DELALANDE, J. (2001). La cour de récréation. Pour une anthropologie de l’enfance. Rennes : Presses universitaires de Rennes.
- DEROUET, J.L. (2000). L’école dans plusieurs mondes. Paris, Bruxelles : De Boeck Université.
- DUBET, F. et MARTUCCELLI, D. (1996). À l’école. Sociologie de l’expérience scolaire. Paris : Seuil.
- DURU-BELLAT, M. (2006). L’inflation scolaire : les désillusions de la méritocratie. Paris : Seuil.
- FARMER, D. (2008). Ma mère est de Russie, mon père est du Rwanda. Les familles immigrantes dans leurs rapports avec l’école en contexte francophone minoritaire. Thèmes canadiens, Immigration et diversité au sein des communautés francophones en situation minoritaire, nº du printemps, p. 124-127.
- FARMER, D. et BÉLANGER, N. (2007). Le positionnement politique des élèves à l’école, dans La jeunesse au Canada français, sous la direction de Michel Bock. Ottawa : PUO, p. 33-52.
- FARRUGIA, F. (2005). La construction de l’homme social. Paris : Syllepse.
- FRADETTE, A. et D. LATAILLE-DEMORE (2003). Les classes à niveaux multiples : point mort ou tremplin pour l’innovation pédagogique. Revue des sciences de l’éducation, vol. XXIX, nº 3, p. 589-607.
- GALLANT, N. et DENIS, W.B. (2008). Relever le défi de la diversité : une comparaison des idéologies en éducation en contexte minoritaire et majoritaire au Nouveau-Brunswick et en Saskatchewan. Éducation et francophonie, vol 36, nº 1, p. 142-160. [http://www.acelf.ca/c/revue/pdf/XXXVI_1_142.pdf]
- GAUCHET, M. (2004). La redéfinition des âges de la vie. Le débat, novembre-décembre, nº 132, p. 27-44.
- GAYET, D. (1998). École et socialisation. Le profil social des écoliers de 8 à 12 ans. Paris : Éditions l’Harmattan.
- GENESTIER, P. (2006). L’expression « lien social » : un syntagme omniprésent, révélateur d’une évolution paradigmatique. Espaces et sociétés, vol. 126, nº 3, p. 19-34.
- GIDDENS, A. (1998). The Third Way : The Renewal of Social Democracy. London : Polity Press.
- HELLER, M. (2007). « Langue », « communauté » et « identité » : le discours expert et la question du français au Canada. Anthropologie et Sociétés, vol. 31, nº 1, p. 39-54.
- HELLER, M. (1999). Quel(s) français et pour qui? Discours et pratiques identitaires en milieu scolaire franco-ontarien, dans L’enjeu de la langue en Ontario français, sous la direction de Normand Labrie et Gilles Forlot. Sudbury : Prise de Parole, p. 129-166.
- HUTMACHER, W. (2005). L’école est-elle juste aux yeux des citoyens? Coordination Enseignement – Qu’est-ce qu’une école juste? Genève.
- JAMES, Allison et JAMES, Adrian (2004). Constructing childhood : Theory, policy and social practice. London : Palgrave
- JAMES, A. et PROUT, A. (Eds.) (1990). Constructing and reconstructing childhood. London: Falmer press.
- LABRIE, N. (2007). La recherche sur l’éducation de langue française en milieu minoritaire : pourquoi? dans Recherche en éducation en milieu minoritaire francophone, sous la direction de Yves Herry et Catherine Mougeot. Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa, p. 1-14.
- LATAILLE-DÉMORÉE, D. (2000). Projet provincial sur les classes à niveaux multiples. Volet 1 : Revue de la littérature. École des sciences de l’éducation, Université Laurentienne, Sudbury. Rapport soumis par le Conseil scolaire de district des écoles catholiques du Sud-Ouest au ministère de l’Éducation de l’Ontario.
- LEVINE, R.A. (2007). Ethnographic studies of childhood : a historical overview. American Anthropologist, vol. 109, nº 2, p. 247-260.
- MANNHEIM, K. (1928/1990). Le problème des générations. Paris : Nathan.
- MARTUCCELLI, D. (2005). La consistance du social. Une sociologie pour la modernité. Rennes : Presses universitaires de Rennes.
- MAUSS, M. (1985/1950). Sociologie et anthropologie. Paris : Quadrige.
- MAYALL, B. (2008). Sociologies de l’enfance, dans Repenser l’éducation du jeune enfant, sous la direction de Gilles Brougères et Vandenbroeck. Bruxelles : PIE. Peter Lang, p. 77-102.
- MAYALL, B. (2002). Towards a sociology for childhood. Buckingham : Open University Press.
- MINISTERE DE L’EDUCATION DE L’ONTARIO (2004). Politique d’aménagement linguistique. Toronto : Imprimeur de la reine pour l’Ontario.
- MILES, M.B. et HUBERMAN, A.M. (2003). Analyse des données qualitatives. Bruxelles : Éditions de Boeck.
- MONTANDON, C. (1997). L’éducation du point de vue des enfants. Paris : L’Harmattan.
- MONTANDON, C. (1998). La sociologie de l’enfance : l’essor des travaux de langue anglaise. Éducation et sociétés, nº 2, p. 91-118.
- MONTANDON, C., DOMINICE, L. et BOTTINGER, A.M. (2000). L’expérience du lien social du point de vue des enfants : la place des conduites discutables. Apprentissage et socialisation, vol. 20, nº 2, p. 143-160.
- PARSONS, T. (1973). Le système des sociétés modernes. Paris : Dunod.
- PERRENOUD P. (1995). Métier d’élève et sens du travail scolaire. Paris : ESF, 2e édition.
- PUTNAM, R. D. (1995). Bowling alone : America’s declining social capital. Journal of Democracy, vol. 6, nº 1, p. 65-78.
- QUENTEL, J.C. (2004). Penser la différence de l’enfant. Le débat, novembre- décembre, nº 132, p. 5-26.
- RAYOU, P. (1999). La grande école. Approche sociologique des compétences enfantines. Paris : PUF.
- SIMMEL, G. (1999). Sociologie : étude sur les formes de la socialisation. Paris : Presses universitaires de France.
- SIROTA, R. (2006). Éléments pour une sociologie de l’enfance. Rennes : Presses universitaires de Rennes.
- SIROTA, R. (1998a). L’émergence d’une sociologie de l’enfance : évolution de l’objet, évolution du regard, sociologie de l’enfance. Éducation et sociétés, nº 2, p. 9-34.
- SIROTA, R. (1998b). Les copains d’abord. Les anniversaires de l’enfance, donner et recevoir. Ethnologie française, vol. XXVIII, nº 4, p. 457-471.
- SIROTA, R (1993). Le métier d’élève. Revue française de pédagogie, nº104, p. 85-108.
- SIROTA, R. (1988). L’école primaire au quotidien. Paris : Presses universitaires de France.
- TOURAINE, A. (2005). Un nouveau paradigme : pour comprendre le monde aujourd’hui. Paris : Fayard
- VAN ZANTEN, A. (2001). L’école de la périphérie. Scolarité et ségrégation en banlieue. Paris : Presses universitaires de France.
- VASQUEZ-BRONFMAN, A. et MARTINEZ, I. (1996). La socialisation à l’école. Paris : Presses universitaires de France.
- WOODHEAD, M. (2008). Le développement du jeune enfant. Une affaire de droits, dans Repenser l’éducation du jeune enfant, sous la direction de Gilles Brougères et Vandenbroeck. Bruxelles : PIE. Peter Lang, p. 139-161.