Volume 12, numéro 2, décembre 2013 Jeu, enjeux et société (1) Sous la direction de Sylvia Kairouz, Jocelyn Gadbois, Magali Dufour et Francine Ferland
Sommaire (8 articles)
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Mot de présentation : jeu, enjeux et société (1)
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Jeu problématique en France : une première enquête nationale
Jean-Michel Costes, Sylvia Kairouz et Maud Pousset
p. 1–19
RésuméFR :
Avant l’enquête nationale sur les jeux de hasard et d’argent (JHA) de 2010, la France ne disposait pas de mesure de la prévalence du jeu et du jeu problématique dans la population. Objectif : Cette étude présente un premier portrait des JHA en France, décrivant le profil sociodémographique des joueurs courants, les pratiques de jeu des joueurs dits assidus, c’est-à-dire de joueurs qui jouent fréquemment et qui dépensent beaucoup, ainsi que les associations entre les problèmes de jeu et l’usage de substances psychoactives. Méthodologie : Un module sur les pratiques de JHA fut introduit dans l’enquête nationale Baromètre santé. Lors d’une entrevue téléphonique, les participants répondaient à des questions au sujet de la fréquence à laquelle ils jouent et au sujet de la quantité d’argent qu’ils dépensent au jeu. On a mesuré la gravité des problèmes de jeu en utilisant l’indice canadien de jeu excessif (ICJE) et des mesures sur la consommation de substances psychoactives. Participants : L’enquête générale a été menée en 2010 auprès d’un échantillon représentatif de 25 034 répondants âgés de 18 à 75 ans. Résultats : Les résultats révèlent que près de 12 % de la population générale est constituée de joueurs assidus qui ont joué 52 fois ou plus ou qui ont misé 500 euros ou plus au cours des 12 derniers mois. La proportion de joueurs excessifs parmi les joueurs assidus est estimée à 3,7 % et celle des joueurs à risque modéré à 7,1 %. Ces joueurs problématiques sont plus souvent des hommes issus de milieux socioéconomiques modestes. L’enquête met en évidence une relation significative entre les pratiques de jeu les plus à risque et la consommation problématique d’alcool, de tabac ou de cannabis. Conclusion : L’inclusion d’un ensemble élargi de conduites de jeux de hasard et d’argent à d’autres pratiques de santé assurera une meilleure compréhension des facteurs de risques et de vulnérabilité au jeu problématique.
EN :
Before the 2010 national survey on gambling, France had not taken on the task of quantifying the prevalence of gambling and problem gambling in the general population. Objective: This study presents, by way of analysis of the 2010 Baromètre-Santé survey dataset, a description of gambling habits and patterns in France. It examines the demographic profile of current players, the gambling practices of involved gamblers, that is, players who show a high engagement in gambling either in terms of frequency of participation in gambling activities or in the amounts of spending, as well as the associations between problem gambling and substance use. Methods: Participants reported on the frequency of participation to various gambling activities and spending, the assessment problem gambling severity (CPGI), and measures of consumption of psychoactive substances. Participants: The general survey was conducted in May 2010 using a representative sample of 25,034 individuals aged between 15 and 75 years. Results: The results show that nearly 12% of the general population were considered as involved gamblers, who have gambled 52 times or more or have spent 500 euros or more during the last 12 months. The proportion of involved gamblers was higher among men, individuals between 35 and 44 years of age and those who are active on the labor market. The proportion of problem gamblers among involved gamblers is estimated at 3.7% and moderate-risk gamblers at 7.1%. Problem gamblers are more often men from low socioeconomic backgrounds. The survey also found a significant relationship between the most risky gambling practices and problematic consumption of alcohol, tobacco and cannabis. Conclusion: The inclusion of a greater set of questions on gambling and other health practices will better our understanding of risk factors and vulnerabilities to problem gambling.
ES :
Antes de que se realizara la encuesta nacional sobre los juegos de azar y de dinero en 2010, Francia no disponía de una unidad de medida de la prevalencia del juego y del juego problemático en la población. Objetivo: Este estudio presenta un primer retrato de los juegos de azar y de dinero en Francia, describiendo el perfil sociodemográfico de los jugadores corrientes, las prácticas de juego de los jugadores llamados asiduos, es decir, los que juegan frecuentemente y gastan mucho, así como las asociaciones entre los problemas de juego y el uso de sustancias psicoactivas. Metodología: en la encuesta nacional Baromètre santé se introdujo un módulo sobre las prácticas de juegos de azar y de dinero. Durante una entrevista telefónica, los participantes respondían a preguntas referidas a la frecuencia con la que jugaban y a la cantidad de dinero que gastaban en el juego. Se midió la gravedad de los problemas de juego utilizando el índice canadiense de juego excesivo (ICJE) y medidas sobre el consumo de sustancias psicoactivas. Participantes: la encuesta general se llevó a cabo en 2010 en una muestra representativa de 25.034 encuestados de 18 a 75 años. Resultados: los resultados revelan que alrededor del 12% de la población general son jugadores asiduos que jugaron 52 veces o más y que apostaron 500 euros o más durante los últimos 12 meses. La proporción de jugadores excesivos entre los jugadores asiduos se estima en 3,7% y la de los jugadores a riesgo moderado en 7,1%. Estos jugadores problemáticos son a menudo hombres de medios socioeconómicos modestos. La encuesta pone en evidencia una relación significativa entre las prácticas de juego más riesgosas y el consumo problemático de alcohol, tabaco o cannabis. Conclusión: la inclusión de un conjunto amplio de conductas de juegos de azar y de dinero en otras prácticas de salud garantizará una mejor comprensión de los factores de riesgo y de vulnerabilidad al juego problemático.
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Chevauchement entre les trajectoires de jeu et les trajectoires de consommation de psychotropes au début de l’adolescence : une étude longitudinale génétiquement informative
Frédéric Dussault, Frank Vitaro, Mara Brendgen, Michel Boivin, Jean R. Séguin et Ginette Dionne
p. 20–46
RésuméFR :
L’objectif de cette étude est triple : 1- déterminer le nombre, la forme et le degré de chevauchement des trajectoires types de participation à des jeux de hasard et d’argent (JHA) et de consommation de substances psychotropes (SUP) chez un échantillon de jumeaux au début de l’adolescence ; 2- vérifier les ressemblances et les différences au niveau de l’architecture génétique et environnementale des trajectoires de JHA et de SUP ; 3- déterminer la présence de facteurs de risque associés de manière prédictive aux trajectoires simples ou mixtes de JHA et de SUP. L’échantillon final est composé de 213 (122 paires monozygotes et 91 paires dizygotes de même sexe) paires de jumeaux élevés au sein de la même famille. Les données relatives aux JHA et aux SUP ont été recueillies à 13, 14 et 15 ans à l’aide d’instruments de mesure autoadministrés. Les données relatives aux facteurs de risque touchent un facteur d’ordre personnel (c.-à-d., impulsivité) et des facteurs d’ordre familial mesurés à la préadolescence. Des analyses de trajectoires ont permis de dégager deux trajectoires de participation aux JHA et deux trajectoires de consommation de SUP. Des analyses génétiquement informatives ont permis, par ailleurs, de montrer que les trajectoires de participation à des JHA et de consommation de SUP sont majoritairement sous contrôle génétique. Finalement, des analyses de régression ont révélé des différences au plan des variables associées de façon prédictive aux trajectoires simples ou mixtes de JHA et de SUP. Ces résultats sont abordés à la lumière des changements dans le DSM-V qui établissent un rapprochement entre les problèmes de JHA et les problèmes de SUP.
EN :
This study has a triple objective : 1- To determine the number, form and degree of overlap of typical trajectories of participation in gambling and the consumption of psychotropic substances among a sampling of twins at the beginning of adolescence ; 2- To verify the similarities and differences in regard to the genetic and environmental architecture of the gambling and psychotropic substance consumption trajectories ; 3- To determine the risk factors associated, in a predictive manner, with single or mixed trajectories of gambling and drug consumption. The final sampling was composed of 213 pairs of twins (122 monozygotic pairs and 91 dizigotic pairs of the same sex) raised in the same family. The data concerning gambling and drug consumption was gathered at the ages of 13, 14 and 15 years using self-administered measurement tools. The data concerning risk factors affected personal factors (that is, impulsiveness) and family factors measured at pre-adolescence. Analysis of the trajectories indicated two trajectories concerning participation in gambling and two concerning consumption of psychotropic substances. Genetically informative analyses also demonstrated that the trajectories concerning participation in gambling and consumption of psychotropic substances are mainly controlled by genetics. Lastly, analyses of regression revealed differences in the variables associated in a predictive manner to the single or mixed trajectories of gambling and psychotropic substance consumption. These results are considered in the light of changes in the DSM-V which establish a relation between problems involving gambling and the consumption of psychotropic substances.
ES :
Este estudio tiene un triple objetivo : 1) Determinar la cantidad, la forma y el grado de traslapo de las trayectorias tipo de participación en los juegos de azar y de dinero y el consumo de sustancias psicotrópicas en una muestra de mellizos al comienzo de la adolescencia ; 2) Verificar las semejanzas y las diferencias en el nivel de la arquitectura genética y ambiental de los juegos de azar y de dinero y el consumo de sustancias psicotrópicas ; 3) Determinar la presencia de factores de riesgo relacionados de manera predictiva con las trayectorias simples o mixtas de los juegos de azar y de dinero y el consumo de sustancias psicotrópicas. La muestra final está compuesta por 213 pares de mellizos (122 pares de monocigotas y 91 pares de dicigotas) del mismo sexo criados en el seno de la misma familia. Los datos relativos a los juegos de azar y de dinero y el consumo de sustancias psicotrópicas se obtuvieron a los 13, 14 y 15 años por medio de instrumentos de medición auto administrados. Los datos relativos a los factores de riesgo comprenden un factor de orden personal (es decir, impulsividad) y factores de orden familiar medidos en la preadolescencia. Los análisis de las trayectorias permitieron destacar dos trayectorias de participación en los juegos de azar y de dinero y en el consumo de sustancias psicotrópicas. Análisis genéticamente informativos permitieron, por otra parte, mostrar que las trayectorias de participación en los juegos de azar y de dinero y en el consumo de sustancias psicotrópicas están en su mayoría bajo control genético. Finalmente, los análisis de regresión revelaron diferencias en el plano de las variables relacionadas de manera predictiva con las trayectorias simples o mixtas de los juegos de azar y de dinero y del consumo de sustancias psicotrópicas. Se llega a estos resultados a la luz de los cambios realizados en el manual DSM.5, que establecen un acercamiento entre los problemas de juegos de azar y de dinero y los de consumo de sustancias.
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La prévention des problèmes de jeu de hasard et d’argent chez les jeunes
Francine Ferland, Nadine Blanchette-Martin, Cathy Savard et Andrée-Anne Légaré
p. 47–65
RésuméFR :
La littérature concernant les jeux de hasard et d’argent ainsi que la présence de problèmes de jeu chez les jeunes indique que 80 % des moins de 18 ans ont joué au moins une fois à un jeu de hasard et d’argent au cours de leur vie. Bien que la plupart de ces jeunes joueurs ne développeront pas de problème de jeu au cours de leur adolescence ou de leur vie adulte, certains développeront un tel problème. Il est donc important d’informer les jeunes concernant la pratique des jeux de hasard et d’argent afin de prévenir le développement d’éventuels problèmes et de s’assurer que le jeu demeure un jeu. Les informations transmises peuvent être incluses dans des activités de prévention visant à démystifier les pensées erronées qui pourraient se développer en jouant, à mieux connaître les conséquences liées au jeu excessif de même que ce qu’il convient de faire lors de l’apparition d’une participation plus intense au jeu, les ressources d’aide disponibles, etc. Comme l’ensemble de ces informations de même que plusieurs autres peuvent être incluses dans un programme de prévention s’adressant aux jeunes, il est important que le contenu de l’intervention soit adapté à la clientèle ciblée par celle-ci. Cet article présente trois approches préventives (universelle, sélective, indiquée) et donne aussi des exemples de programmes de prévention du jeu s’étant avérés efficaces auprès des jeunes. L’article souligne, de plus, l’importance d’évaluer l’efficacité de ces mesures préventives pour garantir leur impact positif sur les comportements de jeu des jeunes.
EN :
The research literature concerning gambling and pathological/problem gambling among youths clearly states that 80 % of youths have gambled at least once in their live. It is also well known that not all young gamblers will develop a gambling problem during their teens or their adulthood. Most of them will stay recreational gamblers and never suffer any negative consequences from their gambling participation. However, in order to ascertain that, it is important that youths receive information about the erroneous beliefs they could develop while gambling, the consequences of excessive gambling, what to do if they develop a gambling problem, what are the resources available to help them and so on. Like all those information and many more could be included in preventive intervention targeting youths, it is important to select the type of intervention that will better fit the population targeted. This paper presents three preventive approaches (universal, selective and indicated) and gives examples of efficient gambling preventive interventions used with youths. It also emphasizes the importance to evaluate the effectiveness of preventive interventions in order to make sure that they will have positive effects on youths’ gambling behaviors.
ES :
La bibliografía concerniente a los juegos de azar y de dinero, así como la presencia de problemas de juego en los jóvenes, indica que el 80 % de los menores de 18 años han jugado por lo menos una vez a un juego de azar y de dinero en el curso de su vida. Si bien la mayor parte de estos jóvenes jugadores no desarrollarán problemas de juego durante su adolescencia y su vida adulta, algunos sin embargo manifestarán dichos problemas. Es por lo tanto importante informar a los jóvenes sobre la práctica de juegos de azar y de dinero a fin de prevenir el desarrollo de problemas eventuales y asegurarse que el juego siga siendo un juego. Las informaciones transmitidas pueden incluirse en las actividades de prevención destinadas a desmitificar las ideas erróneas que podrían desarrollarse jugando, a conocer mejor las consecuencias del juego excesivo y lo que conviene hacer cuando se produce una participación más intensa en el juego, los recursos y ayudas disponibles, etc. Como el conjunto de estas informaciones, así como muchas otras, pueden incluirse en un programa de prevención dirigido a los jóvenes, es importante que el contenido de la intervención se adapte a la clientela a la que está destinada. Este artículo presenta tres enfoques preventivos (universal, selectivo e indicado) y brinda también ejemplos de programas de prevención del juego que se revelaron eficaces entre los jóvenes. El artículo subraya, además, la importancia de evaluar la eficacia de estas medidas preventivas para garantizar su impacto positivo sobre los comportamientos de juego de los jóvenes.
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Réduction des risques et jeux d’argent. Questions ouvertes par la révision du dispositif suisse
Olivier Simon, Jérémie Blaser, Stéphanie Müller et Maude Waelchli
p. 66–89
RésuméFR :
Initialement associé à l’approche de santé publique des drogues illégales, le concept de réduction des risques et dommages (RDR) a été défini par des programmes et des pratiques visant à réduire les conséquences négatives des conduites addictives sur les plans sanitaire, social et économique, et ce, sur la base d’indicateurs scientifiquement pertinents. En matière de jeu excessif, l’approche de santé publique demeure le parent pauvre et le concept de RDR n’a été implanté que de manière marginale, subordonnée à des politiques soucieuses de maximiser les recettes de l’État. En Suisse, la révision de la législation sur les jeux d’argent réactualise la question de la RDR appliquée au jeu excessif. En érigeant la protection des joueurs au rang d’objectif premier du dispositif projeté, le gouvernement suisse a contraint ses réseaux de prévention à revenir sur les fondements de la RDR, à considérer l’efficience des différentes mesures de prévention du jeu excessif et à faire un bilan critique du dispositif de régulation préexistant. Si l’addiction aux jeux d’argent est aujourd’hui reconnue comme une maladie, il y a lieu d’interroger la responsabilité de l’État sous l’angle du droit à la santé. Cependant, il existe un conflit structurel entre la perception de la santé publique et la perception des opérateurs de jeu, qui ont des impératifs économiques de rentabilité. Pour la santé publique, la liberté économique des opérateurs est, par définition, restreinte par l’intervention de l’État, car les opérateurs remplissent la fonction d’auxiliaires chargés d’offrir un jeu à moindre risque par des monopoles d’État ou des régimes d’octroi de licences. Pour les opérateurs, il s’agit d’abord de préserver la liberté économique. Un débat sur les nouveaux cadres de régulation et une redéfinition des objectifs des politiques publiques concernant les jeux d’argent apparaissent inévitables.
EN :
The concept of Harm Reduction (HR) was initially associated with the public health approach towards illegal drugs. This concept has been defined as programmes and practices to reduce the negative consequences of addictive drives upon health, social and economic functioning. Such reductions are based upon observations of scientifically relevant indicators. Regarding excessive gambling, the public health approach remains largely overlooked. The concept of RR has only been implemented in a marginal way, subordinate to policies concerned with maximizing the State’s income. In Switzerland, the revision of gambling legislation once again raises the question of applying HR to excessive gambling. By placing the protection of players as a projected primary objective, the Swiss government forces its prevention networks to return to HR foundation, to draw attention on the effectiveness of different prevention measures for excessive gambling, and to make a critical evaluation of pre-existing regulation practices. Today gambling addiction is recognized as an illness, and in doing so, an obligation for the State as a right to health issue. However, there is an existing structural conflict between the public health perspective and that of gambling operators, whose economic aim is to make profit. For public health, the economic freedom of operators is, by definition, restricted by the intervention of the State. The operators fulfill the role of auxiliaries, charged with the responsibility of providing a game with less risk, by State monopolies or grant licensing regimes. For the operators, such a vision hinders their hopes of economic freedom. A debate on the new regulating framework and a redefinition of the objectives of public policies towards gambling appears inevitable.
ES :
Relacionado en un principio con el enfoque de salud pública sobre drogas ilegales, el concepto de reducción de riesgos y daños (RDR) fue definido por programas y prácticas destinados a reducir las consecuencias negativas de los comportamientos adictivos en los planos sanitario, social y económico, sobre la base de indicadores específicamente pertinentes. En materia de juego excesivo, el enfoque de salud pública continúa siendo el pariente pobre y el concepto de RDR fue implantado solamente de manera marginal, subordinado a políticas preocupadas por maximizar los ingresos del Estado. En Suiza, la revisión de la legislación sobre los juegos por dinero reactualiza la cuestión de la RDR aplicada al juego excesivo. Colocando la protección de los jugadores en el rango de primer objetivo del dispositivo proyectado, el Gobierno suizo ha obligado a sus redes de prevención a volver a considerar los fundamentos de la RDR y la eficacia de las diferentes medidas de prevención del juego excesivo y a hacer un balance crítico del dispositivo de reglamentación preexistente. Si se reconoce en la actualidad que la adicción a los juegos por dinero es una enfermedad, este hecho permite interrogar la responsabilidad del Estado desde el punto de vista del derecho a la salud. Sin embargo, existe un conflicto estructural entre la percepción de la salud pública y la percepción de los operadores de juego, que tienen imperativos económicos de rentabilidad. Para la salud pública, la libertad económica de estos operadores está, por definición, limitada por la intervención del Estado, puesto que los mismos cumplen la función de auxiliares, encargados de ofrecer un juego con menos riesgos para los monopolios del Estado o los regímenes de otorgamiento de licencias. Para los operadores, se trata en primer lugar de preservar la libertad económica. Parece inevitable en este contexto la necesidad de mantener un debate sobre los nuevos marcos regulatorios y la redefinición de los objetivos de las políticas públicas en lo que respecta a los juegos por dinero.
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Le volontariat des joueurs rime-t-il avec problème ?
Maxime Chrétien, Daniel Fortin-Guichard, Christian Jacques, Cathy Savard, Annie Goulet et Isabelle Giroux
p. 90–101
RésuméFR :
Dans les études sur les jeux de hasard et d’argent dont le recrutement de participants s’effectue à l’aide de publicités, les proportions de joueurs ayant des problèmes de jeu se révèlent supérieures à celles estimées dans la population. Ces proportions élevées indiquent-elles un plus grand intérêt des joueurs problématiques envers ce type d’étude ? L’objectif de cette recherche consiste à vérifier, comparativement aux joueurs sans problème, le degré d’intérêt des joueurs problématiques à être joints lorsque volontaires à participer à des études sur les jeux de hasard et d’argent. Le degré d’intérêt se mesure à partir du nombre de coordonnées fournies pour être joint. Une banque de 297 joueurs (187 femmes et 110 hommes) âgés de 55 à 88 ans et ayant consenti à ce que leur nom et leurs coordonnées soient conservés pour participer à des études ultérieures a été analysée. Comparativement aux joueurs sans problème (n = 214), les joueurs problématiques (n = 83) fournissent un nombre statistiquement plus élevé de coordonnées, et ce, même en tenant compte de l’âge, du sexe et du statut occupationnel. Ce degré d’intérêt plus grand des joueurs problématiques envers les projets de recherche pourrait s’expliquer par l’espoir d’obtenir de l’aide ou par l’attrait d’une compensation financière. Ces hypothèses et les considérations éthiques qu’elles soulèvent en lien avec le dédommagement des joueurs qui participent aux études sur les jeux de hasard et d’argent sont discutées.
EN :
In gambling studies that use advertisements as a recruitment method, the proportions of problem gamblers in the study samples are larger than those estimated in the general population. Is this finding indicative of a greater interest from problem gamblers to participate in this type of study? This study aims to compare the interest of problem gamblers and non-problem gamblers to participate in gambling studies, indirectly measured by the number of contact information given by participants. A database containing contact informations of 297 gamblers (187 women and 110 men) aged from 55 to 88 years who consented for future gambling studies was analyzed. The results show that problem gamblers give a statistically higher number of contact information than non-problem gamblers when controlling for age, sex and occupation. Problem gamblers’ interest toward research could be explained by hopes of obtaining help or financial compensation. These hypotheses and the ethical considerations related to the financial compensation of gamblers in studies are discussed.
ES :
En los estudios sobre los juegos de azar y de dinero, donde el reclutamiento de los participantes se lleva a cabo por medio de publicidades, las proporciones de jugadores que presentan problemas de juego son superiores a las estimadas en la población. ¿Indican estas proporciones elevadas un interés más grande por parte de los jugadores problemáticos por este tipo de estudio? El objetivo de esta investigación consiste en verificar el grado de interés que tienen los jugadores problemáticos en ser reclutados como voluntarios para los estudios sobre los juegos de azar y de dinero. El grado de interés se mide a partir de la cantidad de datos proporcionados para que se los llame a participar en los estudios. Se analizó un banco de 297 jugadores (187 mujeres y 110 hombres) de 55 a 88 años de edad, que han aceptado que su nombre y sus datos se conserven para poder participar en estudios posteriores. En comparación con los jugadores sin problemas (n = 214), los jugadores problemáticos (n = 83) brindan una cantidad estadísticamente más elevada de datos, teniendo en cuenta incluso la edad, el sexo y la situación laboral. Este grado de interés más elevado de los jugadores problemáticos hacia los proyectos de investigación podría explicarse por la esperanza de obtener ayuda o por la atracción de una compensación monetaria. En este trabajo se analizan estas hipótesis y las consideraciones éticas que surgen de ellas con respecto al pago a los jugadores que participan en los estudios sobre los juegos de azar y de dinero.
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JEu me questionne : un programme désiré par les CSSS du Québec ?
Robert Ladouceur, Patricia-Maude Fournier, Sophie Lafond, Annie Goulet, Hélène Simoneau, Serge Sévigny et Isabelle Giroux
p. 102–119
RésuméFR :
JEu me questionne est le premier programme québécois d’intervention semi-autonome conçu pour venir en aide aux joueurs désirant exercer un meilleur contrôle sur leurs habitudes de jeu. Ce programme pourrait être offert dans les centres de santé et de services sociaux (CSSS), l’une des portes d’entrée pour les demandes de services en jeu problématique. Plusieurs CSSS du Québec qui offrent des services de première ligne à une clientèle variée intègrent déjà à leur offre de service un programme d’autotraitement pour les problèmes de consommation d’alcool. Un programme tel JEu me questionne correspond-il à un besoin et à un intérêt pour les CSSS ? L’étude vise à documenter la situation actuelle des services offerts en CSSS en matière de jeu et à vérifier la perception des administrateurs et des intervenants des CSSS à l’égard d’une éventuelle offre de ce programme dans leur milieu. Quatre-vingt-deux intervenants et seize administrateurs recrutés dans neuf CSSS du Québec ont rempli un questionnaire élaboré pour les besoins de l’étude. Les résultats montrent que près de 70 % des CSSS n’offrent pas de services d’intervention précoce pour les problèmes de jeu, redirigeant plutôt les demandeurs vers des ressources spécialisées. La majorité des répondants (65 %) affiche un intérêt pour offrir ce programme dans leur établissement et perçoit qu’il répondrait à un besoin des usagers. Pour réaliser cette offre, les répondants soulèvent l’importance d’une formation adéquate, la présence de ressources en quantité suffisante, la concertation des milieux cliniques et la promotion du service. Le manque de temps et de ressources humaines et financières représente le principal obstacle. Des solutions à ces contraintes sont discutées, dont la gestion centralisée de ce programme pour un meilleur accès aux joueurs.
EN :
JEu me questionne is the first semiautonomous intervention program in Quebec designed to help gamblers that wish to exercise greater control over their gambling habits. This program might be offered in the Centres de santé et de services sociaux (CSSS), one of the front door resources for service demands concerning pathological gambling. Many CSSS in Quebec that offer frontline services to a diverse clientele incorporate a self-care program for alcohol consumption problem to their services. Does a program such as JEu me questionne is perceived as need and interest for CSSS? This study aims to document the services currently offered in CSSS, to verify the needs of CSSS for an eventual offer of the program and to identify facilitating factors and obstacles to this service. Eighty-two stakeholders and 16 administrators recruited in 9 CSSS in Quebec completed a questionnaire developed for the purpose of this study. Results show that nearly 70 % of CSSS do not offer early intervention services for problem gambling, rather referring applicants to specialized resources. The majority of respondents (65 %) shows an interest in providing this program and perceives that it may meet users’ requirements. This new service would require the importance of adequate training, a sufficient quantity of resources, consultation with clinical environments and promotion of the service. Lack in time and in human and financial resources represents the main obstacles. Solutions to these constraints are discussed, including the centralized management of the program. This could foster a better access to gamblers before the occurrence of more serious gambling-related problems.
ES :
JEu me questionne es el primer programa quebequense de intervención semi autónoma para ayudar a los jugadores que desean ejercer un mejor control sobre sus hábitos de juego. Este programa podría ofrecerse en los centros de salud y de servicios sociales (CSSS), una de las puertas de entrada para los servicios de juego problemático. Muchos CSSS de Quebec que brindan servicios de primera línea a una clientela variada integran ya en su oferta de prestaciones un programa de auto tratamiento para los problemas de consumo de alcohol. ¿Corresponde un programa como JEu me questione a una necesidad y a un interés de los CSSS? El estudio apunta a documentar la situación actual de los servicios ofrecidos por los CSSS en materia de juego y a verificar la percepción de los administradores y de los agentes de los CSSS con respecto a una eventual oferta de este programa en su medio. Ochenta y dos agentes y dieciséis administradores reclutados en nueve CSSS de Quebec completaron un cuestionario elaborado según las necesidades del estudio. Los resultados indican que alrededor del 70% de los CSSS no ofrecen servicios de intervención precoz para problemas de juego y redirigen en cambio a los demandantes hacia recursos especializados. La mayoría de los encuestados (65%) muestra interés en ofrecer este programa en su establecimiento y considera que respondería a una necesidad de los usuarios. Para poder concretar esta oferta, los encuestados destacan la importancia de una formación adecuada, de la presencia de recursos en cantidad suficiente, de la concertación de los medios clínicos y de la promoción del servicio. La falta de tiempo y de recursos humanos y financieros constituye el principal obstáculo para instaurar el programa. Se analizan soluciones a estas dificultades, entre ellas la gestión centralizada del programa para lograr un mejor acceso a los jugadores.
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Pourquoi le poker est-il si attirant? Étude qualitative des motivations auprès des joueurs en salle et sur Internet
Magali Dufour, Sévrine Petit et Natacha Brunelle
p. 120–135
RésuméFR :
Le poker est le jeu de hasard et d’argent ayant connu la plus grande progression dans les dernières années. Certains joueurs de poker québécois investissent beaucoup de temps et d’argent dans cette activité. Or, les motivations sont étroitement liées aux habitudes de jeu et même à la sévérité des conséquences qui y sont associées. Des entrevues semi-structurées ont été effectuées auprès de vingt joueurs de poker afin d’explorer les motivations amenant les joueurs de poker à pratiquer cette activité. Les résultats montrent que les joueurs distinguent le poker des autres jeux de hasard et d’argent en mettant l’accent sur les habiletés et la stratégie présentes au poker. Ils jouent au poker pour avoir du plaisir, pour l’aspect social, la stimulation intellectuelle, la compétition, l’adrénaline et l’appât du gain, pour passer le temps et, certains, pour en faire une éventuelle carrière. Les entretiens ont également permis de mettre en lumière de nombreuses fluctuations dans les motivations. Les motivations sont dynamiques en fonction de la modalité de pratique du poker et du moment dans la trajectoire de jeu du participant.
EN :
Poker is the game that increased the most in recent years. Some Quebec poker players invest a lot of time and money in this activity. However, the motivations are closely related to gambling and the severity of the problems. Semi-structured interviews were conducted with 20 poker players to better understand what motivates them to engage and maintain their participation in poker. Participants were recruited from a pool of 200 players who took part in a larger quantitative study. Results show that players engage in poker for many different reasons: enjoyment; social interactions; intellectual stimulation; competition and adrenaline rush; lure of winning money; pass time ; and, for some, make a living out of it. The interviews also highlighted the dynamic nature of the motivations a function of the medium in which poker is played and the stage at which players are in their gambling pattern.
ES :
El póker es el juego de azar y de dinero que ha conocido el mayor progreso en los últimos años. Algunos jugadores de póker quebequenses invierten mucho tiempo y dinero en esta actividad. Sin embargo, las motivaciones están estrechamente ligadas a los hábitos de juego e incluso a la severidad de las consecuencias que se vinculan con ellos. Se llevaron a cabo entrevistas semi-estructuradas con alrededor de veinte jugadores de póker para explorar las motivaciones que los llevan a practicar esta actividad. Los resultados indican que los jugadores distinguen el póker de los demás juegos de azar y de dinero poniendo el acento en las habilidades y la estrategia que el juego requiere. Juegan al póker para tener placer, por el aspecto social, por la estimulación intelectual, la competencia, el afán de ganar dinero, para pasar el tiempo y, en algunos casos, para transformarlo en una posible carrera. Las entrevistas permitieron además poner de relieve numerosas fluctuaciones en las motivaciones. Estas últimas son dinámicas en función de la modalidad de práctica del póker y del momento en la trayectoria de juego del participante.