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La diffusion en libre accès au Canada : un portrait quantitatif

*Cet article est une adaptation en langue française de l’article Measuring the prevalence of open access in Canada : A national comparison paru dans The Canadian Journal of Information and Library Science (Paquet, Van Bellen, & Larivière, 2022).

Introduction

L’importance de la publication en libre accès fait consensus dans le milieu scientifique (Albert, 2006 ; Tennant et al., 2016), bien que la diffusion en libre accès des travaux de recherche soit encore limitée (Larivière & Sugimoto, 2018). La pandémie de COVID-19 a montré que les scientifiques peuvent rendre leurs travaux disponibles rapidement, à condition d’être motivés pour le faire, ce qui a conduit les observateurs à suggérer que la pandémie pourrait être le début d’une transformation radicale – et longtemps attendue – de la communication savante (Callaway, 2020).

Au Canada, les articles issus de recherche financée par les principaux organismes subventionnaires sont déjà censés être rendus disponibles en libre accès depuis le 1er mai 2015, date d’entrée en vigueur de la Politique des trois organismes sur le libre accès aux publications (P3OLAP) (Gouvernement du Canada, 2016) . La P3OLAP exige que les bénéficiaires de subventions veillent à ce que les résultats découlant de travaux financés par ceux-ci soient librement accessibles en ligne dans les 12 mois suivant la publication. Une étude a examiné la conformité générale aux mandats de libre accès et s’est intéressée au cas du Canada, montrant que les politiques canadiennes avaient peu d’effet par rapport à celles des agences américaines ou britanniques (Larivière & Sugimoto, 2018). De plus, les données disponibles dans la section Trends for open access to publication de la Commission européenne (Direction générale de la recherche et de l’innovation, 2021), qui analyse les données concernant les 28 États membres de la Commission européenne et tous les pays du G8, classe le Canada au 32e rang sur 36 pays pour le pourcentage global de publications en libre accès pour la période de référence 2009-2018, en retard sur la majorité de ses pairs.

Cet article mesure la proportion de diffusion en libre accès au Canada. Nous présentons pour la période 2015-2019 la proportion d’articles publiés en libre accès par les chercheurs des institutions canadiennes, en fonction de la langue de publication (anglais ou français) et nous mesurons la proportion d’articles financés par les principaux organismes subventionnaires canadiens disponibles en libre accès. Nous tentons de déterminer si les pratiques de publication en libre accès au Canada sont liées à la province ou au territoire, à l’institution, au bailleur de fonds, à la langue ou à une combinaison de ces variables. Nous examinons de plus près la situation au Québec, où des particularités liées à la langue de publication en sciences sociales et humaines ont été observées par le passé (Larivière & Macaluso, 2011).

Revue de littérature et questions de recherche

Typologie du libre accès

Il existe différentes voies pour la publication en libre accès. Nous adoptons ici la classification utilisée dans The State of OA (Piwowar et al. 2018, Table 1).

Tableau 1

Types de libre accès, adapté de Piwowar et al., 2018

Types de libre accès, adapté de Piwowar et al., 2018

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Parmi les quatre voies vers le libre accès, seule la voie dorée bénéficie d’un soutien quasi universel (des questionnements subsistent concernant les mégajournaux et les éditeurs prédateurs ; discutés ci-dessous), alors que des problématiques sont soulevés en regard des trois autres voies (Piwowar et al., 2018). La voie hybride, un modèle de financement fréquemment adopté par les éditeurs commerciaux, est désapprouvée pour son coût excessif, puisque tant les auteurs, par le biais des frais de traitement des articles (Articles Processing Charges, ou APC), que les lecteurs sont facturés. La question de savoir si la voie bronze peut être considérée comme un véritable accès ouvert est sujette à débat : l’absence de licence rend les revues adoptant la voie bronze incompatibles avec les critères d’admissibilité des principales bases de données répertoriant les revues en libre accès, comme le Directory of Open Access Journals (DOAJ). Contrairement aux voies dorée, hybride et verte, la voie bronze ne reflète pas nécessairement l’intention de l’auteur de rendre sa publication disponible en libre accès. Au contraire, les articles peuvent devenir en libre accès via la voie bronze rétroactivement, sur décision de l’éditeur, parfois plusieurs années après la publication initiale. De même, les éditeurs peuvent décider de renvoyer les articles derrière un mur payant à tout moment. La voie bronze vers le libre accès semble pourtant être choisie en majorité, ce qui est surprenant car elle est encore peu discutée dans la littérature (Piwowar et al., 2018). De plus, même si la publication en libre accès via la voie bronze permet de lire gratuitement, elle ne permet pas la réutilisation du contenu, ce qui est critique, car le droit de réutilisation, par exemple à des fins de moissonnage pour l’indexation, était l’un des principaux aspects de du Budapest Open Access Initiative, qui a pavé la voie à la publication en libre accès au début des années 2000. Enfin, comme c’est le cas avec le libre accès via la voie bronze, le droit de réutilisation n’est pas garanti avec la publication via la voie verte.

Mégajournaux et éditeurs prédateurs

Outre la nécessité de bien comprendre les différences entre les voies possibles pour publier en libre accès, des enjeux comme la multiplication des mégajournaux (Siler, Larivière, & Sugimoto, 2019) et l’édition prédatrice (Siler, 2020) compliquent d’autant plus la situation des chercheuses et chercheurs qui souhaitent publier en libre accès.

Un mégajournal est généralement défini par trois caractéristiques principales : 1) il a une large couverture de différents sujets, 2) il accepte les articles en se basant principalement sur la rigueur scientifique, par opposition à la nouveauté ou à l’originalité et 3) il offre un accès libre complet via des APC (Björk & Catani, 2016 ; Domnina, 2016 ; Siler et al., 2019). PLOS One et Scientific Reports sont souvent cités en exemple lorsqu’on discute de mégajournaux. Les mégajournaux proposent généralement un accès libre complet (voie dorée), financé par des APC (Siler et al., 2019). Bien qu’innovante et légitime, cette façon de publier peut renforcer la prévalence des éditeurs prédateurs et pourrait conduire les chercheurs à payer des frais de publication élevés pour publier en accès libre, sans remettre en question la légitimité de la revue ou son processus de sélection.

Les éditeurs prédateurs se caractérisent généralement par le fait qu’ils facturent des APC élevés sans fournir de services éditoriaux robustes en contrepartie (Clark & Smith, 2015 ; Siler, 2020) et exploitent généralement le modèle de publication en libre accès pour leur propre profit (Beall dans Elliott, 2012). Selon un rapport sur la communication savante soumis au Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) en 2020, les pratiques prédatrices des revues et des éditeurs sont en hausse dans le monde entier, et « la croissance relative des éditeurs prédateurs est encore plus importante au niveau canadien » (Larivière & Sugimoto, 2020, p. 39, notre traduction). Les données de ce rapport montrent que 9 des 14 organisations canadiennes qui ont créé quatre revues ou plus au cours de la période 2006-2015 figurent sur la liste Beall des éditeurs prédateurs. Dans l’ensemble, la présence de mégajournaux et d’éditeurs prédateurs gonfle artificiellement les données sur la publication en libre accès et complique la situation des chercheuses et chercheurs qui souhaitent et doivent publier en libre accès.

Avantages de la publication en libre accès

Il est démontré que la publication en libre accès présente de nombreux avantages qui profitent à l’ensemble de la communauté scientifique. Le libre accès est bénéfique pour le grand public, qui peut accéder librement aux connaissances scientifiques les plus récentes, ainsi que pour l’équité des connaissances entre les chercheurs du monde entier (Evans & Reimer, 2009). Les pays disposant de moins de ressources sont souvent enfermés derrière des murs payants, ce qui les empêche d’accéder à de nombreux articles scientifiques importants pour leur domaine. Le manque de ressources les empêche également de diffuser leurs propres recherches dans des revues plus prestigieuses et plus coûteuses. Le libre accès offre ainsi une voie intéressante et économique pour partager leurs travaux (Iyandemye & Thomas, 2019). Il est également largement accepté que des contributions plus diversifiées produisent de la science de meilleure qualité (Gibbs, 2014 ; « Science benefits from diversity », 2018 ; W. Philipps, 2014).

La publication en libre accès offre aussi des avantages aux autrices et auteurs à un niveau individuel, car la publication en libre accès est susceptible de contribuer au facteur d’impact. Selon une revue de la littérature

quelle que soit la cause de l’avantage en termes de citations des articles en libre accès, la plupart des études suggèrent que la disponibilité en libre accès peut contribuer à une plus grande visibilité et à un plus grand nombre de lectures

Zhu, 2017, p. 599, notre traduction

Une discussion persiste sur l’importance relative de l’avantage en termes de citations, les pourcentages variant de 8 % à 40 % selon les sources (Piwowar et al., 2018), mais les chercheurs s’accordent à dire qu’il existe, y compris au Canada (Archambault et al., 2014 ; McCabe & Snyder, 2014 ; Ottaviani, 2016). Le système universitaire canadien étant de plus en plus axé sur la performance (Peters, 2021 ; Spooner, 2021), le fait d’avoir un avantage en termes de citations constitue un atout important pour les chercheuses et chercheurs, car il est associé à un capital symbolique plus élevé et peut éventuellement augmenter les chances d’obtenir du financement, et à terme offrir un meilleur accès aux ressources.

Le libre accès au Canada

L’objectif la P3OLAP est

d’accroître l’accès aux résultats des travaux de recherche financés par les organismes, ainsi que la diffusion et l’échange de ces résultats. Tous les chercheurs, quelle que soit la source de leur financement, sont invités à se conformer à la présente politique

Gouvernement du Canada, 2016

Cette politique s’applique à tous les travaux financés par l’un des trois organismes subventionnaires fédéraux : les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Une politique similaire existait déjà depuis 2008 pour les IRSC, qui a été modifiée, harmonisée et adoptée conjointement en 2015 pour inclure la recherche financée par le CRSNG et le CRSH. Cette politique exige maintenant que les bénéficiaires de subventions veillent à ce que toute publication dans une revue évaluée par les pairs découlant de travaux financés par l’un des trois organismes soit librement accessible dans les 12 mois suivant la publication initiale. En ce qui concerne la conformité, la politique stipule que « les titulaires d’une subvention doivent se rappeler qu’en acceptant des fonds de l’un des organismes, ils acceptent les modalités correspondantes, qui sont décrites dans les politiques et les lignes directrices des organismes » (Gouvernement du Canada, 2016) et que les organismes peuvent prendre les mesures prévues pour régler cette situation, en cas de violation de la politique. Néanmoins, les conséquences du non-respect de la politique restent vagues. Nous avons effectué un balayage manuel sur les sites web des principaux bailleurs de fonds privés de la recherche canadienne pour voir s’ils mentionnaient le libre accès et si oui, pour vérifier la nature de leur politique. Sans nécessairement avoir de forts incitatifs à la publication en libre accès, la plupart ont au moins une déclaration qui encourage leurs bénéficiaires de subventions à rendre leurs publications accessibles. Cela signifierait donc théoriquement que la grande majorité des travaux de recherche en financés par des organismes canadiens devraient normalement rendre ou avoir rendue leurs publications disponibles en libre accès.

Au Québec, en plus organismes subventionnaires fédéraux, le Fonds de recherche du Québec (FRQ) est le principal bailleur de fonds provincial. La Politique de diffusion en libre accès des Fonds de recherche du Québec a été adoptée le 15 avril 2019 (en vigueur depuis le 1er avril) et exige que tous les bénéficiaires de financement du FRQ fournissent rendent leurs publications disponibles en libre accès au plus tard 12 mois après la publication initiale. Le respect de la politique est considéré comme une condition inhérente au financement du FRQ et les institutions reconnues pour gérer le financement sont censées aider le personnel de recherche et le personnel étudiant à se conformer aux exigences de la politique (Fonds de recherche du Québec, 2019). Avant l’adoption de cette politique, il n’existait pas de politique harmonisée pour les trois composantes du FRQ, et seul le FRQ - Santé (FRQ-S) était soumis à la Politique de libre accès aux résultats de recherche publiés (Fonds de recherche du Québec - Santé, 2012). Cette politique stipulait que les boursiers du FRQ-S devaient « faire tous les efforts possibles pour que leurs publications évaluées par les pairs soient affichées sur des sites Web en libre accès le plus tôt possible, idéalement, au plus tard six mois après la publication ou la présentation »(Fonds de recherche du Québec - Santé, 2012). Bien que plus sévère en apparence, cette politique ne précisait pas qui devait assurer sa mise en oeuvre, comme c’est le cas de la politique récemment adoptée en 2019. En mai 2021, le FRQ a annoncé son adhésion au Plan S en rejoignant la cOAlition S, exigeant ainsi que les publications issues des recherches financées soient immédiatement disponibles en libre accès, à partir de 2023[1].

Enfin, le développement de la plateforme à but non lucratif Érudit a contribué à la prévalence de la publication en libre accès au Québec, principalement dans le domaine des sciences sociales et humaines. Initialement lancée comme un projet pilote d’édition numérique des Presses de l’Université de Montréal (Beaudry, Boucher, Niemann, & Boismenu, 2009), Érudit joue désormais un rôle important dans la valorisation des revues nationales, notamment celles publiant en français, et sa mission mentionne explicitement le soutien au libre accès (Cameron-Pesant, 2018) ; l’inclusion de ses données apparaît donc cruciale pour dresser un portrait complet de la publication en libre accès au Canada.

Conformité aux politiques de libre accès

En 2018, la première analyse à grande échelle du respect des mandats de libre accès a révélé que les taux d’adoption du libre accès variaient fortement selon les bailleurs de fonds et le pays de provenance (Larivière & Sugimoto, 2018) . Sur plus de 1,3 million d’articles analysés, environ les deux tiers étaient disponibles en libre accès. Les auteurs notent également que « les bailleurs de fonds qui permettent aux auteurs de déposer leurs articles en libre accès après la publication voient des taux de conformité plus faibles, probablement parce que les auteurs perdent la trace de cette obligation » (Larivière & Sugimoto, 2018, en ligne, notre traduction). Au Canada, cela s’applique aux IRSC, qui ont relâché leur exigence de libre accès immédiat à un délai de 12 mois en 2015. Pendant ce temps, la conformité au libre accès atteignait environ 60 % en 2014, mais a chutée à environ 40 % en 2017 ; cette baisse est probablement liée au changement de politique (Larivière & Sugimoto, 2018). Même si des données concernant la conformité à cette politique sont disponibles, aucune recherche approfondie n’a été effectuée pour la comparer à d’autres facteurs tels que l’affiliation de l’auteur, le domaine de recherche ou la langue de publication. De plus, l’article de Larivière et Sugimoto vise à tracer un portrait général de la publication en libre accès dans le monde, mais il ne cherche pas à tracer un portrait détaillé du libre accès au Canada.

Méthodologie

Nos données sont extraites de la base de données Dimensions, une source qui couvre mieux la production scientifique nationale que les bases de données généralement utilisées en scientométrie (Basson, Simard, Aubierge Ouagré, Sugimoto, & Larivière, 2021), en date de janvier 2021. Dimensions indexe plus de 5 millions d’articles par an et, contrairement au Web of Science de Clarivate Analytics, couvre une partie importante de la littérature publiée dans les revues nationales (Herzog, Hook, & Konkiel, 2020) et a une meilleure couverture de la littérature non anglophone. Il convient de mentionner que les types de documents dans Dimensions sont relativement généraux et n’ont pas le même niveau de détails que ceux du Web of Science. Nous avons considéré le type de document article, qui couvre tout type de document publié par une revue savante. Une requête initiale visant à obtenir tous les articles scientifiques dont le premier auteur est affilié à une institution canadienne semblait omettre 11 220 articles diffusés par Érudit. Pour résoudre cette absence, la requête initiale a été ajustée pour obtenir uniquement les articles non diffusés par Érudit à partir de Dimensions, ce qui a permis de récupérer 1 002 913 articles, et des données internes d’Érudit sur 26 925 articles ont été ajoutées par la suite. Le jeu de données final contenait un total de 1 029 838 articles de chercheurs canadiens publiés entre 1995 et 2019, et nous nous sommes concentrés sur la période 2015-2019, pour laquelle 309 103 articles étaient disponibles. Érudit diffuse moins de 3 % du nombre total d’articles publiés entre 1995 et 2019, mais sa plateforme représente 62 % des articles en français publiés par les institutions canadiennes, et cette proportion passe à 72 % lorsqu’on considère la période 2015-2019.

Dimensions relie les publications et les citations aux subventions et permet un examen plus holistique du paysage de la recherche (Digital Science & Research Solutions Inc., 2020). En outre, nous avons extrait la discipline de chaque article de Dimensions, telle qu’identifiée par le champ Research Categories (discipline de recherche). Les articles ajoutés à partir d’Érudit n’avaient pas tous une discipline associée par Dimensions et nous n’avons donc pas cherché à les analyser en détail.

Nous nous sommes concentrés sur une période de cinq ans de 2015 à 2019 pour éviter d’éventuelles fluctuations inhabituelles d’une année à l’autre. 2019 est la dernière année complète pour laquelle nous avons pu obtenir des données et le fait de revenir cinq ans en arrière nous a permis d’évaluer des chiffres postérieurs à la mise en oeuvre de la P3OLAP, qui a été adoptée en 2015. Dans nos données, le type d’accès ouvert est mutuellement exclusif. Cela signifie qu’un article qui a été identifié comme étant en accès libre via la voie dorée ne sera pas comptabilisé une seconde fois, même s’il est également disponible en libre accès via la voie verte. En outre, le statut d’accès ouvert attribué à un article est le statut identifié au printemps 2021 et ne reflète pas nécessairement le statut d’accès ouvert au moment de la publication de l’article. Cet effet s’applique surtout aux articles publiés en libre accès via la voie verte ou bronze.

Enfin, il se peut que certains des articles de la base de données posent un problème de reconnaissance du financement. Le nombre d’articles qui mentionnent leur source de financement est inférieur au nombre réel d’articles soutenus par un certain type de financement, et nous pouvons supposer que c’est parce que certains chercheurs ne le mentionnent pas dans les remerciements ou qu’ils sont mal indexés par Dimensions ou Érudit.

Résultats

Portrait du libre accès au Canda

Au niveau national, 44 % des articles publiés entre 2015 et 2019 étaient disponibles en libre accès, ce chiffre variant selon la province ou le territoire (voir figure 1). Les chiffres pour les trois territoires sont statistiquement très différents, mais étant donné le faible nombre absolu de publications (moins de 40) pour chacun d’entre eux, il serait risqué d’essayer d’en déduire quoi que ce soit et nous exclurons ces chiffres de nos interprétations. Le type de libre accès dominant varie entre le libre accès via la voie dorée ou la voie bronze, tandis que le libre accès hybride représente la plus faible proportion des articles en libre accès dans chaque province (voir figure 1).

Figure 1

Proportion d’articles disponibles en libre accès par province, 2015-2019

Proportion d’articles disponibles en libre accès par province, 2015-2019

Le nombre total d’articles, y compris ceux en accès fermé, est indiqué entre parenthèses pour chaque province et territoire

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En ce qui a trait à l’établissement d’origine, la proportion d’articles disponibles en libre accès varie d’un peu plus de 54 % pour l’UQAM à 27 % pour l’Université Ryerson (voir figure 2). Dans l’ensemble, les universités québécoises ont un pourcentage d’articles disponibles en libre accès supérieur à la moyenne. L’Université de Montréal (n=10 040 ; 53 % en libre accès), l’Université Laval (n=8 634 ; 51 % en libre accès), l’Université de Sherbrooke (n=3 957 ; 50 % en libre accès) et l’Université McGill (n=16 483 ; 47 % en libre accès) se situent respectivement aux 2e, 4e, 5e et 6e rangs pour la disponibilité en libre accès parmi les universités canadiennes qui publient le plus. Ceci est principalement dû à leur pourcentage plus élevé de libre accès disponible via la voie bronze. Les établissements plus actifs dans le domaine des sciences naturelles et du génie, notamment l’Université de Waterloo, l’Université Concordia, Polytechnique Montréal et l’Université Ryerson[2], ont des proportions de disponibilité en libre accès beaucoup plus faibles. Polytechnique Montréal et l’Université de Waterloo ont toutefois des proportions relativement élevées de disponibilité en libre accès via la voie verte. Ces résultats semblent cohérents avec les différences disciplinaires dans l’adoption du libre accès, mais ils suggèrent également une influence supplémentaire reflétée chez les institutions québécoises, qui se classent systématiquement plus haut que les universités du reste du Canada.

Figure 2

Proportion d’articles disponibles en libre accès, 2015-2019, pour les universités ayant signé au moins 2000 articles

Proportion d’articles disponibles en libre accès, 2015-2019, pour les universités ayant signé au moins 2000 articles

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Variations disciplinaires

L’adoption du libre accès varie grandement selon l’organisme subventionnaire (voir figure 3). En comparant les proportions entre les divers paliers de gouvernement, on observe que des variations sont également associées à la discipline, le domaine de la santé étant clairement en tête de la publication en libre accès. Alors que plus de la moitié des articles financés par les organismes subventionnaires de la santé sont disponibles en libre accès (Santé publique Canada, Génome Canada, Michael Smith Foundation, IRSC et FRQ-S), une majorité de ceux des sciences naturelles et génie, et des sciences humaines et sociales sont en accès fermé. Au niveau fédéral, 61 % des articles financés par les IRSC et publiés entre 2015 et 2019 sont disponibles en libre accès, tandis que seulement 39 % des articles financés par le CRSNG et 27 % des articles financés par le CRSH sont disponibles en libre accès. Les organismes subventionnaires québécois présentent une tendance similaire, puisque 55 % des articles financés par le FRQ-S sont disponibles en libre accès, contre 40 % pour les articles associés au financement du FRQ-NT et 31 % pour ceux financés par le FRQ-SC.

Figure 3

Proportion d’articles disponibles en libre accès selon les principaux bailleurs de fonds canadiens, 2015-2019

Proportion d’articles disponibles en libre accès selon les principaux bailleurs de fonds canadiens, 2015-2019

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Le libre accès semble être en hausse dans l’ensemble, avec une augmentation de 43 % en 2005 à 63 % pour les IRSC (2017), de 24 % à 41 % pour le CRSNG (2017) et de 14 % à 30 % pour le CRSH (2016) (voir figure 4). Les tendances temporelles pour les organismes subventionnaires québécois n’ont pas été évaluées, en raison du court laps de temps depuis l’établissement des mandats.

Figure 4

Évolution dans le temps de la proportion d’articles disponibles en libre accès pour les trois organismes subventionnaires fédéraux

Évolution dans le temps de la proportion d’articles disponibles en libre accès pour les trois organismes subventionnaires fédéraux

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En sciences de la santé, la disponibilité en libre accès est plus élevée pour les articles provenant d’un financement fédéral ou provincial (Québec) que pour les autres, ce qui n’est pas surprenant compte tenu des mandats de libre accès qui y sont associés (voir figure 5). Cependant, cet effet n’a pas été constaté pour les sciences naturelles et génie et les sciences humaines et sociales, où les recherches financées par un organisme subventionnaire ont été moins souvent en libre accès que les recherches non financées. Cela suggère un effet très limité des mandats, en particulier ceux du CRSNG, du FRQ-NT et du CRSH. Comme l’indexation des disciplines était incomplète pour les articles d’Érudit, dont la grande majorité est associée aux sciences humaines et sociales, les résultats pour les articles de recherche non financée sur cette plateforme sont présentés dans un graphique distinct (voir figure 5).

Figure 5

Proportion d’articles disponibles en libre accès, par disciplines, selon le financement par les organismes subventionnaires ou sans lien avec un financement*

Proportion d’articles disponibles en libre accès, par disciplines, selon le financement par les organismes subventionnaires ou sans lien avec un financement*

* Les disciplines ont été obtenues à partir de Dimensions. Les sciences de la santé comprennent les articles indexés en tant que sciences médicales et de la santé ; les sciences naturelles et génie comprennent les articles indexés en tant que sciences biologiques, sciences chimiques, sciences de la terre, génie, sciences environnementales, sciences mathématiques, sciences physiques et technologie ; les sciences humaines et sociales comprennent les articles indexés en tant qu’environnement bâti et design, commerce, gestion, tourisme et services, économie, éducation, histoire et archéologie, sciences de l’information et informatique, langue, communication et culture, droit et études juridiques, psychologie et sciences cognitives, études en arts créatifs et écriture et études en société humaine. Les disciplines sont incomplètes pour les articles d’Érudit, présentés séparément. Seul un nombre marginal d’articles d’Érudit était associé à un financement.

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L’adoption des différentes voies vers le libre accès varie selon la discipline et le financement (voir figure 5). Indépendamment des disciplines, le libre accès via la voie verte est plus fréquent pour les articles financés que pour les articles sans soutien financier, ce qui suggère que cette voie est souvent choisie même lorsque des fonds sont disponibles pour couvrir les frais d’APC pour le libre accès or ou hybride. Néanmoins, il existe une grande variation dans la répartition du libre accès vert, et nous pouvons observer que c’est généralement un choix plus populaire dans les domaines qui publient moins fréquemment en accès ouvert, que la recherche soit financée ou non, comme les sciences humaines et sociales. Relier le financement et l’utilisation d’un type d’accès ou un autre peut être compliqué par le fait que les bailleurs de fonds n’autorisent pas tous l’utilisation de fonds de recherche pour couvrir les APC pour le libre accès or ou hybride ; dans d’autres cas, le montant du financement s’avère simplement insuffisant pour couvrir les APC.

Enfin, les variations disciplinaires se reflètent également dans les proportions de libre accès des universités québécoises. Par exemple, parmi les dix universités qui publient le plus d’articles associés à un financement, les quatre universités dotées d’une faculté de médecine, soit l’Université McGill, l’Université Laval, l’Université de Montréal et l’Université de Sherbrooke, affichent une adoption beaucoup plus élevée du libre accès que les universités caractérisées par les sciences humaines et sociales (Université Concordia et UQAM) ou le génie (Polytechnique Montréal et ÉTS) (voir figure 6).

Figure 6

Proportion d’articles financés disponibles en libre accès pour toutes les universités québécoises, 2015-2019

Proportion d’articles financés disponibles en libre accès pour toutes les universités québécoises, 2015-2019

Le nombre total d’articles financés, y compris ceux en accès fermés, est indiqué entre parenthèses pour chaque université.

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Langue et variations culturelles

Sur l’ensemble de la période 1995-2019, les articles en français sont plus fréquemment en libre accès que ceux en anglais (voir figure 7). De même, le type de libre accès diffère selon la langue : la quasi-totalité des articles en français disponibles en libre accès sont de type bronze, alors que ceux publiés en anglais prennent plusieurs formes – par ordre d’importance bronze, doré, vert et hybride. Cette diversité reflète également le fait que les articles en anglais couvrent un spectre disciplinaire plus large, alors que ceux publiés en français relèvent principalement des sciences humaines et sociales.

Figure 7

Proportion d’articles disponibles en libre accès par des chercheurs canadiens entre 1995 et 2019, par langue

Proportion d’articles disponibles en libre accès par des chercheurs canadiens entre 1995 et 2019, par langue

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Le rôle d’Érudit dans la publication en libre accès

La bonne posture générale du Québec est associée à la forte proportion d’articles qui sont publiés sur la plateforme Érudit, où presque tous les articles sont disponibles en libre accès. Érudit diffuse près de 9 % des articles québécois, alors que seulement un peu plus de 1 % des articles signés par des Canadiens hors Québec sont diffusés par Érudit. Il n’y a pas de preuve évidente d’une influence géographique ou culturelle, puisque lorsqu’on exclut les articles diffusés par Érudit, les auteurs québécois ne publient pas en libre accès plus souvent que leurs collègues du reste du Canada (voir figure 8). De même, si l’on exclut les articles diffusés par Érudit, les articles en anglais sont plus fréquemment disponibles en libre accès que ceux en français, ce qui suggère qu’à l’échelle du pays, la langue française n’est pas synonyme de publication en libre accès.

Figure 8

Proportion d’articles disponibles en libre accès, 2015-2019, selon l’éditeur, la langue et la provenance géographique

Proportion d’articles disponibles en libre accès, 2015-2019, selon l’éditeur, la langue et la provenance géographique

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Discussion

Disponibilité en libre accès et politiques de financement au Canada

Le portrait du libre accès au Canada est associé à une multitude de variables. Nous observons que généralement, pour chaque province, 40 à 50 % des articles publiés sont disponibles en libre accès, avec une moyenne de 44 % au niveau national. Nous constatons également que le Québec est dans une position avantageuse, ayant les proportions les plus élevées de toutes les provinces. Il faut toutefois noter qu’il s’agit d’une position avantageuse au sein de résultats médiocres, avec une proportion relativement modeste de 47 % d’articles publiés entre 2015 et 2019 disponibles en libre accès. Si l’on s’intéresse aux articles financés par des fonds de recherche, les pourcentages canadiens sont très maigres, considérant que toutes les politiques des principaux organismes subventionnaires publics, et même privés, encouragent la diffusion des articles en libre accès. Nos résultats sont très similaires à ceux déjà observés par Larivière et Sugimoto en 2018, même avec des données plus complètes de Dimensions et d’Érudit, et confirment que sans réelle conséquence sur leur financement, les chercheuses et chercheurs perdent de vue leur obligation de se conformer aux politiques sur la diffusion en libre accès (Larivière & Sugimoto, 2018).

Influence du financement et des disciplines

Le respect des mandats de libre accès des bailleurs de fonds varie selon les disciplines. En excluant les revues diffusées par Érudit, on observe que le domaine de la santé est celui qui a adopté le plus fortement le libre accès. Ce résultat corrobore les conclusions de Larivière et Sugimoto dans leur analyse à grande échelle de 2018 sur le respect des mandats de libre accès :

Bien que les chercheurs citent les normes et les besoins de leur discipline comme raison de ne pas se conformer aux mandats de libre accès, nous pensons que l’agence de financement [et ses politiques] est un incitatif plus fort à publier en libre accès que la culture particulière à une discipline.

Larivière & Sugimoto, 2018, en ligne, notre traduction

Si ce constat est particulièrement véridique pour les États-Unis – où le mandat des NIH amène de fortes conséquences négatives pour les chercheurs qui ne s’y conforment pas –, il ne résonne pas autant au Canada, où le non-respect des mandats de libre accès a peu de conséquences. Néanmoins, nos résultats montrent que les articles du domaine de la santé sont généralement plus fréquemment disponibles en libre accès. Toutefois, l’influence du bailleur de fonds ou de la culture disciplinaire - ainsi que les effets de la collaboration internationale avec les États-Unis - restent difficiles à démêler, puisque les IRSC et le FRQ-S ont eu des politiques de publication en libre accès plus agressives et plus précoces que leurs homologues fédéraux et provinciaux dans les domaines des sciences naturelles et génie et des sciences humaines et sociales. L’influence de la culture de terrain sur l’adoption de pratiques de publication en libre accès a été abordée dans des études antérieures, principalement par des enquêtes sur les perceptions des chercheurs en matière de publication en libre accès. Cependant, ces études ont généralement été réalisées dans le cadre d’une discipline, d’une communauté ou d’une période spécifique, ce qui complique les comparaisons plus larges. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que les chercheuses et chercheurs du domaine de la santé semblent relativement conscients de l’importance d’une diffusion rapide des résultats de recherche, ce qui a particulièrement été démontré dans le contexte de la pandémie de COVID-19 (Callaway, 2020).

Nos résultats concernant les publications associées aux sciences naturelles et génie, ainsi qu’aux sciences humaines et sociales, où, étonnamment, les recherches financées sont moins fréquemment disponibles en libre accès que les recherches non financées, peuvent s’expliquer par un biais de financement. Il est possible que dans ces disciplines, le financement soit plus fréquemment obtenu par des chercheurs ayant des collaborations internationales ou un certain prestige, et une forte préférence pour la publication dans des revues à fort impact et à accès fermé, et que la présence d’un financement ne les incite pas nécessairement à publier dans des revues en libre accès. Néanmoins, nos résultats suggèrent un effet très limité des mandats du CRSNG, du FRQ-NT et du CRSH sur la disponibilité en libre accès.

Une grande partie de la littérature des sciences humaines et sociales n’est pas associée à un financement. Compte tenu de la culture de terrain de ces disciplines, généralement faiblement enclines à publier en libre accès (Larivière & Sugimoto, 2018), la contribution d’Érudit pour rendre les publications de ces disciplines largement disponibles en libre accès n’est pas à sous-estimer. Ces résultats réaffirment l’importance de la plateforme Érudit pour l’édition en libre accès au Canada.

Développer la publication en libre accès par la bonne voie

Nos résultats soulèvent la question de savoir comment les politiques pourraient être adaptées pour encourager les chercheurs à publier leurs résultats en libre accès. Les organismes de financement devraient-ils réduire le temps de mise en conformité ? Pourraient-ils considérer la publication en libre accès comme une condition essentielle lors d’une demande de financement ? Les bailleurs de fonds devraient-ils se concentrer davantage sur le soutien des revues et des plateformes nationales sans but lucratif, de façon à favoriser la conformité à leurs politiques ? Ou encore, les universités canadiennes devraient-elles créer ou améliorer les mesures incitatives pour déposer en libre accès vert, en favorisant l’utilisation des dépôts institutionnels ? Le FRQ semble avoir choisi de se concentrer sur la participation des universités lorsqu’il a remanié et harmonisé sa politique en 2015 : il a confié la responsabilité de la surveillance aux administrations des universités, qui agissent en tant que gestionnaires des fonds de recherche. Parallèlement, le FRQ a récemment adhéré à la cOAlition S, qui implique que toutes les recherches financées soient immédiatement publiées en accès libre à partir de 2023, conformément à la politique du Plan S. L’effet de la réforme de 2019 de leur politique initiale ne peut pas encore être observé dans nos données, mais il sera intéressant de voir dans les années à venir si les nouvelles politiques continueront à creuser l’écart entre le Québec et le reste du Canada[3].

Comme nous l’avons mentionné précédemment, tous les types de libre accès ne sont pas équivalents, et des différences dans les types de libres accès sont présentes en fonction de la langue et du bailleur de fonds, et sont probablement attribuables à des différences dans la culture du domaine. Au niveau national, les types de libre accès doré et bronze sont les plus courants et le libre accès hybride représente la plus petite partie des articles en libre accès. Le libre accès via la voie dorée est relativement courant pour les articles financés dans le domaine des sciences de la santé. Le bronze était une catégorie émergente de libre accès en 2018 (Piwowar et al., 2018) et nos données suggèrent que les publications en provenance du Canada sont disponibles en libre accès bronze plus fréquemment, toutefois les proportions de libre accès bronze « rétroactives » ou « originales » ne peuvent être quantifiées à partir de nos données. Le libre accès vert est plus présent en sciences humaines et sociales et, dans une moindre mesure, en sciences naturelles et génie.

Bien que le libre accès bronze représente une proportion relativement élevée des articles en libre accès au Canada, il n’est pas conforme aux mandats récents des organismes de financement et surtout pas au Plan S, plus exigeant. Cette non-conformité est principalement associée à l’absence de licence et à l’interdiction de réutilisation au-delà de la lecture. Afin d’assurer la viabilité du paysage éditorial canadien, les bailleurs de fonds devront peut-être sensibiliser davantage les revues nationales à la compatibilité avec les mandats, en général, et à l’utilisation de licences d’édition appropriées, plus particulièrement. Les études sur l’évolution des différents types de libre accès au Canada devraient donc se concentrer sur la quantité et la qualité du libre accès.

Conclusion

Les articles associés aux travaux de recherche canadiens parus entre 2015 et 2019 restent majoritairement inaccessibles, avec 44 % des articles disponibles en libre accès. Les pratiques sont hétérogènes et la présence de différentes disciplines, des bailleurs de fonds et le rôle d’Érudit ont contribué au paysage canadien du libre accès plutôt complexe qui existe aujourd’hui. La disponibilité du libre accès est généralement élevée au sein des sciences de la santé, où la recherche est plus fréquemment financée, fortement internationalisée et où les mandats de libre accès sont établis depuis plus longtemps. Dans les sciences naturelles et génie et les sciences humaines et sociales, les proportions de libre accès sont plus faibles, les mandats étant apparus plus tard et n’ayant pas montré d’effet significatif, ou du moins pas encore.

Les données fournies par Dimensions, qui prétend avoir une lecture assez complète de la recherche nationale par langue, combinées aux données internes d’Érudit, nous ont permis de souligner le rôle potentiel des plateformes d’édition dans la publication en libre accès, même au niveau national. En effet, Érudit semble jouer un rôle important, puisque la grande majorité des articles sur cette plateforme sont en libre accès, quelle que soit la langue. Érudit a permis au Québec de se positionner légèrement en avance sur les autres provinces canadiennes pour toutes les catégories de publications en libre accès et plusieurs de ses institutions académiques sont placées en avance sur leurs pairs canadiens.

Comme les mandats harmonisés des organismes subventionnaires fédéraux et provinciaux sont très récents, il est à espérer que leurs effets tardent simplement à se manifester. Cependant, si l’on considère que les IRSC et le FRQ-S ont tous deux des mandats de libre accès depuis plus d’une décennie, il semble que des mandats plus stricts et éventuellement des répercussions en cas de non-conformité soient nécessaires pour s’assurer que les chercheuses et chercheurs se conforment aux politiques. En bref, les faibles taux de conformité aux mandats montrent le long chemin à parcourir pour que la publication en libre accès soit considérée comme une pratique courante de diffusion des connaissances.