Résumés
Résumé
Le corpus étudié ici, une série d’articles de Télérama publiés en ligne pendant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19 sous le titre Journal de confinement (23 mars–10 avril 2020), nous permet de considérer les formes contemporaines du journal d’écrivain en temps de crise. Nous nous concentrons sur les stratégies d’écriture et les topiques discursives communes à ce genre d’écriture intime : le pathos de la tristesse ; le savoir des auteurs et leur statut d’observateurs ; le contenu discursif reposant sur l’abondance des retours en arrière et le pullulement des références culturelles ; le topos du spectacle du quotidien ; le nouveau rapport ici-ailleurs et surtout le rapport temporalité-spatialité avec, à notre avis, une subordination de la temporalité (qui ne fait que rendre possible l’écriture, puisqu’on a tout le temps pour écrire) à une spatialité qui devient le sujet de l’écriture (c’est sur l’espace intime que se concentrent essentiellement les diaristes). Nous montrons que le journal personnel en temps de crise dépasse la condition initiale de production de l’écriture intime, cette volonté d’isolement des écrivains « rétractiles ». Les diaristes de notre corpus témoignent, tout au contraire, d’une volonté d’expansion de leur perspective et d’une perception aiguë et consciente de l’espace environnant.
Abstract
This article examines a contemporary illustration of the journal d ’écrivain en temps de crise (writers’ diaries in times of crisis) through a series of articles published online in the magazine Télérama at the beginning of the Covid-19 pandemic and entitled: Journal de confinement [Lockdown Diary] (March 23– April 10, 2020). In my analysis, I address writing strategies and topics specific to this particular form of diary: the pathos of sadness; the authors’ status as connaisseurs and observers; writing shaped by a proliferation of flashbacks and cultural references; the topos of a daily life viewed as a spectacle; a new perspective on the time-space relation, one where temporality becomes subservient to spatiality (since the diarists concentrate essentially upon intimate space). Textual analysis of the corpus shows a significant change in what is considered as a primary factor leading to the writing of a journal: the legitimate will for isolation articulated by lonely, “rétractile” writers. As proven by the authors of the Télérama articles, in times of crisis a writer’s diary testifies to the authors’ will to expand their perspectives, and their acute, conscious perceptions of the surrounding space.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger