Résumés
Résumé
Depuis sa sortie en 1974, Vase de Noces de Thierry Zéno a été au centre de différentes polémiques qui en révèlent le caractère marginal. Dépassant de loin la simple histoire d’amour zoophile surréaliste à laquelle il a parfois été réduit, le film s’attelle, plus fondamentalement, à mettre à mal une série de partages (haut/bas, pur/impur, humanité/animalité, p. ex.), à requalifier les frontières et à se jouer des catégories. Après avoir introduit Vase de Noces comme film de l’indétermination, cet article abordera ce long-métrage à partir du détail en formulant d’abord quelques propositions relatives au motif de la nausée, qui remet lui-même en jeu une série d’oppositions structurantes et fait émerger un principe exorbitant d’oscillation. Cette étape liminaire rend possible un déplacement conceptuel et analytique en ouvrant la réflexion à Long Live the New Flesh (Nicolas Provost, 2009), où la question de l’abject se joue sur un autre plan. En faisant du point aveugle de l’analyse un point de continuité entre ces deux films belges absolument différents, l’article envisage la complémentarité de ces deux objets pour penser une indétermination fondamentale propre à l’abjection, telle qu’elle a été approchée par Julia Kristeva dans Pouvoirs de l’horreur. Essai sur l’abjection (1980).
Abstract
Since its release in 1974, Thierry Zéno’s Vase de Noces has been at the center of many controversies that reveal its marginal character. Although it has sometimes been reduced to a simple surrealist zoophilic love story, this film goes much deeper by undermining a series of paired concepts (e.g., high/low, pure/impure, humanity/animality), requalifying borders and boundaries and disregarding categories. After introducing Vase de Noces as a film of indeterminacy, this article will approach it in a more detailed way by first of all formulating some propositions related to the motif of nausea, which itself brings into play a series of structuring oppositions and brings out an exorbitant principle of oscillation. This introductory step makes possible a conceptual and analytical shift by leading its subject to Long Live the New Flesh (Nicolas Provost, 2009), where the question of the abject is played out on another level. By using the blind perspective of analysis to draw a continuity between these two Belgian films in spite of their absolute difference, the article considers the complementarity of these two objects to elaborate a thought of the fundamental indeterminacy proper to abjection, as it was approached by Julia Kristeva in Pouvoirs de l'horreur. Essai sur l'abjection (1980).