Canadian Social Work Review
Revue canadienne de service social
Volume 39, numéro 2, 2022
Sommaire (12 articles)
Articles
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PORTRAIT DES ENJEUX ORGANISATIONNELS EN ÉCOLE DE SITE : L’IMPORTANCE DE VALORISER LA SCOLARISATION DES JEUNES PLACÉ.E.S EN CENTRE DE RÉADAPTATION
Melissa Ziani et Martin Goyette
p. 9–27
RésuméFR :
Au Québec, sur le terrain des centres de réadaptation pour jeunes en difficulté d’adaptation, des « écoles de site » sont dédiées à la scolarisation des jeunes qui y sont hébergé.e.s. Ces derniers, placé.e.s sous la Loi de la protection de la jeunesse (LPJ) ou de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA), ont moins tendance à avoir terminé ou d’être en voie de terminer leurs études secondaires avant l’âge de 18 ans. Cet article a pour objectif d’identifier les facteurs organisationnels qui peuvent avoir une incidence sur les parcours scolaires de ces jeunes. Pour ce faire, 25 professionnel.le.s responsables de la scolarisation de ces jeunes ont été interrogé.e.s sur leur expérience de collaboration intersectorielle et les répercussions de celle-ci sur le parcours des jeunes. Les résultats de cette collecte de données qualitatives offrent un nouvel éclairage sur le rôle potentiel des écoles de site dans le processus de réadaptation des jeunes qui fréquentent ces établissements.
EN :
In Quebec, schools called “écoles de site” offer education to at-risk youth placed in readaptation centres. These young people, under the Youth Protection Act or the Youth Criminal Justice Act, are less likely to have obtained or be in the process of obtaining their high school diploma before the age of 18. This article aims to explore the organizational factors that can affect their education trajectory by interviewing 25 professionals in charge of the schooling of youth placed in these readaptation centres. They have shared their experience of intersectoral collaboration and its impact on the trajectory of these young people. The results of this study shed light on the potential role of on-campus schools in the social rehabilitation process of young people who attend these establishments.
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VÉCU DES ÉTUDIANTES ET ÉTUDIANTS EN TRAVAIL SOCIAL DANS UNE UNIVERSITÉ CANADIENNE ET DANS LE CONTEXTE DE LA PANDÉMIE DE COVID-19
Oscar Labra, Augustin Ependa, Carol Castro, Saïd Bergheul et Juan Pablo Bedoya
p. 29–48
RésuméFR :
La pandémie de la COVID-19 a bouleversé les rapports avec autrui dans le milieu universitaire suite à la mise en place des mesures sanitaires. Cette étude a pour but de mieux comprendre la réalité vécue et verbalisée par les étudiant.e.s des 1er et 2e cycles en travail social durant la pandémie de la COVID-19 et en confinement obligatoire. L’étude couvre le volet qualitatif d’un large sondage auprès de 621 participant.e.s et comprend une recherche quantitative auprès de 90 étudiant.e.s en travail social. Les résultats montrent une perception négative des étudiant.e.s en travail social sur le plan émotionnel, en raison des enseignements en mode virtuel et d’une surcharge de travail durant cette pandémie. Les résultats de cette étude suggèrent un besoin de soutien pour les étudiant.e.s pendant les périodes de confinement, une mise en garde à propos des méthodes d’enseignement, ainsi que des préoccupations quant à la façon dont l’enseignement virtuel affecte la qualité de la formation en travail social.
EN :
The COVID-19 pandemic has disrupted relationships between people in academia following the implementation of health measures. This study aims to better understand the reality experienced and expressed by undergraduate and graduate social work students during the COVID-19 pandemic and lockdown. The qualitative research applies to a larger survey of 621 participants and is supplemented by quantitative research involving 90 social work students. The results show a negative emotional perception, caused by virtual teaching and work overload during this pandemic. The results of this study suggest a need for students support during periods of confinement, provide a caution concerning teaching methods, and raise concerns about how virtual learning may affect the quality of social work education.
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L’EFFICACITÉ DES PROGRAMMES DE PRÉPARATION À LA VIE ADULTE POUR LES JEUNES PLACÉS CONCERNANT LES DIMENSIONS DE L’EMPLOI, DU LOGEMENT ET DU RÉSEAU SOCIAL
Jasna Komljenovic, Tonino Esposito et Martin Goyette
p. 49–74
RésuméFR :
Pour soutenir les jeunes qui réalisent la transition à la vie adulte à partir d’un milieu de vie substitut en protection de la jeunesse, plusieurs pays ont développé des programmes spécifiques. Les revues systématiques et méta-analyses qui se sont intéressées à l’efficacité de ces programmes constatent que l’utilisation de devis non expérimentaux dans la majorité des études évaluatives individuelles empêche de tirer des conclusions sur le sujet. La présente étude est une méta-analyse qui évalue l’efficacité des programmes de préparation à la vie adulte en protection de la jeunesse en sélectionnant uniquement des études qui s’appuient sur un devis expérimental ou quasi expérimental. Un total de k = 9 études (n = 7127) menées aux États-Unis et publiées entre 2010 et 2019, ont été sélectionnées. Les tailles d’effet pondérées pour les dimensions de l’emploi, du logement et du réseau social ont été mesurées. Les résultats indiquent que les programmes ont un très faible effet favorisant le groupe traitement pour les dimensions de l’emploi (k = 5, n = 5778) et du logement (k = 5, n = 2467), un an à quatre ans après le temps zéro. Aucun effet significatif n’a été observé pour la dimension du réseau social (k = 5, n = 1797). Devant la complexité des besoins des jeunes placés, il est recommandé de prolonger les services pour préparer le passage à la vie adulte au-delà de la majorité, de promouvoir une vision interdépendante et multidimensionnelle du passage à la vie adulte et de réaliser des recherches avec des devis solides pour soutenir l’amélioration des services.
EN :
To support young people making the transition to adulthood from a substitute living environment (youth-in-care), several countries have developed specific programs. Systematic reviews and meta-analyses that have examined the effectiveness of these programs find that the use of non-experimental designs in the majority of single evaluation studies prevents conclusions from being drawn on the topic. The present study is a meta-analysis that assesses the effectiveness of child-welfare programs aiming to prepare youth transition to adulthood, selecting only studies that use an experimental or quasi-experimental design. A total of k = 9 studies (n = 7,127) conducted in the United States and published between 2010 and 2019, inclusively, were selected. Weighted effect sizes for the dimensions of employment, housing and social network were measured. The results indicate that the programs have a very small effect favouring the treatment group for the dimensions of employment (k = 5, n = 5,778) and housing (k = 5, n = 2,467), one to four years after time zero. No significant effect was observed for the dimension of social network (k = 5, n = 1,797). Given the complexity of youth-in-care needs, it is recommended that services be extended beyond the age of majority to prepare for the transition to adulthood, that an interdependent and multidimensional view of this transition be promoted, and that research with sound specifications be conducted to support service improvement.
Forum
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INTRODUCTION. CHANGEMENT DE PARADIGME : COMPRENDRE LE MONDE POST-COVID-19
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INTRODUCTION. A CHANGE OF PARADIGM: UNDERSTANDING THE POST-COVID-19 WORLD
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IN THE WAKE OF COVID-19: REFLECTING ON SOCIAL WORK’S CLIMATIC FUTURE
Timothy B. Leduc
p. 83–91
RésuméEN :
We have moved into an era some call the Anthropocene, a time when nothing is untouched by the seeming unending expansion of modern systems (political, economic, cultural, virtual) and their inevitable global impacts. In many ways, COVID-19 intensified our awareness of this global interconnectivity not only through contact-tracing the pandemic, but also through its varied impacts on modern systems that further highlighted our ongoing dance with global and local environmental changes. The interconnected nature of our climate of change is revealing to us the partial, dualistic and ultimately limited modern worldview that continues to constrict the social justice principles our vocation of social work holds as its ideal. Something is out of balance and we need to work upon this imbalance in ways that do not deny the loss, confusion, injustices and power-grabs highlighted in the wake of COVID-19. Through approaching our climate of change in this way, we are given an opportunity to reflect on social distancing in relation to honouring boundaries, the value of slowing down modern ways of living, and the need to look more closely at our modern blocks to a sustainable future on planet Earth; in other words our climatic truth-work. In this article, I reflect on what Canadian society, the social work profession and the international community have learned (or not learned) from the pandemic about the climate of cultural change before us.
FR :
Nous sommes entrés dans une ère que certains appellent l’Anthropocène, une époque où rien n’est épargné par l’expansion apparemment sans fin des systèmes modernes (politiques, économiques, culturels, virtuels) et de leurs inévitables impacts mondiaux. À bien des égards, la pandémie de COVID-19 a intensifié notre prise de conscience de cette interconnexion mondiale, non seulement par le retraçage des contacts durant la pandémie, mais aussi par les impacts variés de celle-ci sur les systèmes modernes, qui ont mis en évidence nos ajustements continus face aux changements environnementaux, aux plans mondial et local. La nature interconnectée de notre climat de changement nous révèle la vision partielle, dualiste et finalement limitée du monde moderne qui continue à restreindre les principes de justice sociale que notre vocation, le travail social, considère son idéal. Nous faisons face à un déséquilibre et nous devons travailler sur celui-ci sans nier les pertes, la confusion, les injustices et les luttes de pouvoir mises en évidence dans le sillage de la COVID-19. En abordant notre climat de changement de cette manière, nous avons l’occasion de réfléchir à la distanciation sociale dans le sens du respect de nos propres limites, à la valeur du ralentissement des modes de vie modernes et à la nécessité d’examiner de plus près les obstacles modernes à un avenir durable sur la planète Terre; en d’autres termes, un travail de vérité climatique. Dans cet article, je réfléchis à ce que la société canadienne, la profession du travail social et la communauté internationale ont appris (ou pas) de la pandémie sur le climat de changement culturel qui nous attend.
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HOW LOCAL SOCIAL SERVICE DELIVERY PANDEMIC LESSONS MIGHT SHAPE POST-COVID REALITIES
Jeanette Schmid et Holly Bradley
p. 93–100
RésuméEN :
This contribution considers the ways in which COVID-19 impacted social service delivery in the central Vancouver Island region over 18 months after the declaration of the pandemic. Significant shifts in the external and internal environment were made to accommodate requirements of public health orders, ensure safety in service, and respond to the heightened needs of certain sectors of the population. The impact had a different character for each of six-month tranches studied. Lessons for a post – COVID-19 future include: make micro- to macro-level shifts that allow room for rapid adaptation; facilitate inclusion, especially of those most marginalized; and ensure ongoing reflection. This involves keeping in mind the needs of service users, service providers, and the community.
FR :
Cet article examine les impacts de la COVID-19 sur la prestation des services sociaux dans la région centrale de l’île de Vancouver, sur une période de 18 mois à partir du moment où la pandémie a été déclarée. Des changements externes et internes ont été apportés pour répondre aux exigences des ordonnances de la santé publique, assurer la sécurité des services et répondre aux besoins accrus de certains secteurs de la population. Des impacts différents sont observés pour chaque tranche de six mois étudiée. Les leçons à tirer au-delà de la COVID-19 sont les suivantes : favoriser le passage d’une priorisation du micro-système vers le macro-système, permettant une adaptation rapide; faciliter l’inclusion, notamment des personnes les plus marginalisées; et assurer une réflexion constante et continue. Cela implique de garder à l’esprit les besoins des utilisateurs-rices de services, des prestataires de services sociaux et de la communauté.
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HEALTH DISPARITIES, SOCIAL DETERMINANTS OF HEALTH, AND SYSTEMIC ANTI-BLACK RACISM DURING COVID-19: A CALL TO ACTION FOR SOCIAL WORK
Notisha Massaquoi, Rachelle Ashcroft et Keith Adamson
p. 101–110
RésuméEN :
Systemic anti-Black racism is deeply rooted in the social, political, economic, ontological, and epistemological foundations of Canadian society. Driven by our code of ethics and the most recent call to reckon with anti-Black racism in society, the social work profession’s advocacy agenda requires reconceptualization to eradicate anti-Black racism and the creation of equitable environments within which Black communities can thrive. This article examines the anti-Black racism exhibited during the COVID-19 pandemic through the lens of health equity and health disparity. The interplay between health disparities, social determinants of health, and systemic anti-Black racism is highlighted and the urgency for social workers to respond to the causes of poor Black health outcomes is emphasized. Social workers are called upon to engage in a more intentional framework of Black health equity, which includes a practice that ensures the well-being and survival of Black people and their communities. The authors conclude that for the social work profession to reach its full potential, it must recognize and use its distinctive qualities to eradicate anti-Black racism.
FR :
Le racisme systémique contre les personnes noires est profondément enraciné dans les fondations sociales, politiques, économiques, ontologiques et épistémologiques de la société canadienne. À partir de notre code d’éthique et des appels les plus récents nous encourageant à reconnaître le racisme contre les personnes noires, le travail social doit reconceptualiser ses objectifs de défense des droits pour viser à éradiquer le racisme contre les personnes noires et créer des environnements de travail au sein desquels les communautés noires peuvent s’épanouir. Cet article examine le racisme contre les personnes noires durant la pandémie de COVID-19 sous l’angle des iniquités de santé. Il met en évidence les interactions entre les iniquités en santé, les déterminants sociaux de la santé et le racisme systémique contre les personnes noires, et insiste sur l’importance pour les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux d’attaquer les causes des mauvais résultats en matière de santé pour les personnes noires. Les travailleuses sociales et les travailleurs sociaux sont interpellé.e.s afin de s’engager de manière plus intentionnelle en ce qui a trait à l’équité en matière de santé pour ces personnes, y compris en pratiquant leur profession d’une manière permettant d’assurer le bien-être et la survie des personnes noires et de leurs communautés. Les auteur.e.s concluent que, pour atteindre son plein potentiel en tant que profession, le travail social doit reconnaître et utiliser ses caractéristiques distinctives pour éradiquer le racisme contre les personnes noires.
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COVID-19 AS A SPRINGBOARD TO A JUST AND GREEN FUTURE? THE ROLE OF SOCIAL WORK
James P. Mulvale
p. 111–120
RésuméEN :
The devastation of the COVID-19 pandemic taught us vital public policy lessons in Canada about the necessity of public healthcare, the feasibility of universal and unconditional income support, and the urgency of moving towards a new post-growth economy that is in harmony with the environment and allows people to control their time and life choices. Social work has a key role to play in helping us to navigate our way past the pandemic emergency and towards such a radical new vision of an economically just and ecologically sustainable Canadian society.
FR :
Les ravages de la pandémie de COVID-19 nous ont appris des leçons importantes en matière de politique publique au Canada, entre autres concernant la nécessité du système de santé publique, la faisabilité d’un revenu minimum universel garanti et l’urgence de passer à un nouveau modèle économique qui s’harmonise avec l’environnement et permet aux individus de contrôler leur temps et leurs choix de vie. Le travail social a un rôle clé à jouer pour nous aider à naviguer au-delà de l’urgence pandémique, vers une nouvelle vision radicale d’une société canadienne économiquement juste et écologiquement durable.
Student Competition / Concours étudiant
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COMPRENDRE L’EXPÉRIENCE DE LA PARENTALITÉ EN CONTEXTE DU PLACEMENT PERMANENT DE SON ENFANT AUPRÈS D’UN MEMBRE DE LA FAMILLE ÉLARGIE : APERÇU TEMPOREL
Amilie Dorval
p. 121–138
RésuméFR :
Les parents d’enfants placés sont des acteurs peu entendus, autant dans le système de protection de la jeunesse que dans la littérature scientifique les concernant. Ainsi, on en connaît très peu sur leur expérience de parentalité, et ce, malgré le contexte assez particulier dans lequel celle-ci s’opère, c’est-à-dire en l’absence de l’enfant au quotidien dans le foyer familial. L’objectif de cet article est de présenter une proposition de compréhension de l’expérience de la parentalité qui tient compte de la temporalité. Les résultats présentés sont issus d’une thèse de doctorat en travail social réalisée à l’Université de Montréal et dont la collecte de données a été effectuée auprès de neuf parents d’enfants placés de façon permanente auprès d’un membre de la famille élargie (Dorval, 2022). L’ancrage théorique repose sur le modèle théorique de la parentalité proposé par Houzel (1999) et la posture méthodologique préconisée est celle du récit de vie (Bertaux, 2014). Il ressort des analyses des récits que les événements biographiques de l’histoire du parent et la notion de trajectoire sont essentiels à intégrer pour une meilleure compréhension du vécu des parents. Ces deux aspects renvoient à la notion de temporalité, un aspect incontournable de la parentalité, notamment dans le contexte du placement permanent d’un enfant.
EN :
Rarely do we hear about the experience of the parents of children in care, both in the child welfare system and in the scientific literature. Thus, very little is known about their experience of parenthood, despite the rather particular context in which it takes place, whereas they do not take care of their child on a daily basis. The aim of this article is to present an experience of parenthood that takes into account the aspect of temporality. The results presented are from a social work doctoral thesis at the Université de Montréal, where data was collected from nine parents of children permanently placed with an extended family member (Dorval, 2022). The theoretical basis is the theoretical model of parenthood proposed by Houzel (1999) and the methodological approach used is that of the life story (Bertaux, 2014). The narrative analyses show that the biographical events experienced by the parents and the notion of trajectory are essential to a better understanding of the parents’ experiences. These two aspects refer to the notion of temporality, an inescapable aspect of parenthood, particularly in the context of the permanent placement of one’s child.