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Co-construire l’autodétermination au quotidien. Vers un partenariat entre professionnel-le-s et personnes avec une déficience intellectuelle. Annick Cudré-Mauroux, Geneviève Pérart et Carla Vaucher. Editions IES, 2020, 176 pages[Notice]

  • Martin Caouette

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  • Martin Caouette, Ph.D.
    Professeur, Université du Québec à Trois-Rivières
    Titulaire de la Chaire Autodétermination et Handicap

L’ouvrage nous plonge au coeur d’une recherche participative menée par les auteures portant sur la relation sociopédagogique dans l’accompagnement à l’autodétermination des personnes ayant une déficience intellectuelle (DI). D’entrée de jeu, l’introduction de l’ouvrage pose une question fondamentale quant à la vision de l’être humain que suppose l’accent mis sur le développement de son autodétermination. Les auteures suggèrent notamment que le paradigme dominant qui sous-tend la conceptualisation et les études menées sur l’autodétermination et la DI mettent de l’avant certaines valeurs qui font écho au modèle néolibéral actuel. Dès lors, le développement de l’autodétermination des personnes ayant une DI comme stratégie visant son émancipation peut rapidement devenir un argument justifiant le désengagement de l’état et la réduction des coûts liés à l’accompagnement. Autrement dit, le développement de l’autodétermination ne serait-il pas qu’une stratégie visant à accroître l’indépendance et la performance de la personne ayant une DI, afin de réduire la dépendance de cette dernière à quelque forme de soutien et la rendre ainsi plus performante? Pour éviter de nourrir cette vision, les auteures privilégient plutôt l’adoption d’un paradigme interactionniste qui leur permet, tout au long de l’ouvrage, d’explorer la relation sociopédagogique et ses multiples ajustements qui interviennent entre les professionnels de l’accompagnement et les personnes accompagnées, dans un contexte institutionnel. Cette relation est l’objet investigué pour comprendre comment elle transforme la personne accompagnée, l’accompagnateur et l’environnement dans lequel ils évoluent. Le premier chapitre de l’ouvrage présente la construction de la méthodologie employée aux fins de l’étude. Cette méthodologie est qualifiée de participative et inductive étant donné l’enracinement fort des auteures de l’étude dans leur terrain de recherche et la place importante qu’elles ont laissée aux participants. De la sollicitation des participants jusqu’à la mise en place du dispositif de recherche, les auteures présentent de façon très détaillée les différents défis qu’elles ont eu à relever, autant éthiques que techniques. Ainsi, dix dyades ont été formées composées d’une personne avec une DI et d’un professionnel qui l’accompagne au quotidien dans un contexte institutionnel. Ces dyades se rencontraient sur une base hebdomadaire autour de la thématique de l’autodétermination, pendant une période de 10 mois. Parallèlement, des focus groups, ou groupes de discussion, ont été menés avec les participants afin d’aborder notamment les représentations des différents participants de l’autodétermination, des situations quotidiennes représentant un enjeu sur le plan de l’autodétermination et les stratégies d’accompagnement favorisant l’autodétermination. Différentes stratégies ont facilité l’expression des participants, notamment le photolangage. Cette approche utilise différentes photographies comme moyen intermédiaire entre les auteures et les participants, soutenant ces derniers dans l’expression, la discussion et l’échange de leurs idées et vécus. La stratégie de recueil des données et d’analyse du matériel complète ce chapitre. Le deuxième chapitre présente les résultats de l’étude, soit les conceptions et les mises en oeuvre de l’autodétermination dans la relation sociopédagogique. Ce chapitre est d’un grand intérêt, car il décrit avec de nombreux verbatim à l’appui, comment les représentations de l’autodétermination ont évolué tout au cours de l’étude. Il illustre également comment la vie quotidienne facilite ou entrave l’expression de l’autodétermination. Pour y parvenir, les auteures nous plongent dans des scènes de la vie quotidienne, qui feront certainement écho pour plusieurs lecteurs. L’autodétermination y est abordée par le prisme de la relation sociopédagogique, ce qui permet de comprendre les différentes dynamiques relationnelles et leur évolution. D’ailleurs, la description des différentes postures adoptées par les personnes ayant une DI, de même que des réponses apportées par les professionnels à celles-ci, constitue certainement l’élément qui suscitera le plus d’intérêt pour les praticiens qui auront l’occasion de lire cet ouvrage. Le troisième chapitre est une discussion de …