Résumés
Résumé
Cet article vise à soulever la question de ce qu’est devenu l’enseignement de la littérature (avec la psychanalyse) dans un monde dominé par la toute-puissance narcissique allant jusqu’au déni du réel (sexué). Cet « empire des signes » — comme le nomme Jean-Pierre Winter — qui tend à s’imposer aujourd’hui, et dans lequel les êtres parlants s’identifient à leur parole plutôt que de reconnaître qu’ils sont l’effet d’une parole dont ils ne sont pas les maîtres, constitue une régression qui se remarque par une réfutation du symbolique et une relation duelle, sans Autre. L’identité est en effet devenue aujourd’hui une affaire de signes. C’est dans ce contexte, dont je propose de décrire brièvement les enjeux psychiques « nouveaux » où se loge, selon Jean-Pierre Lebrun, un individu (légitimé par le droit) qui se prétend d’emblée autonome et libre de récuser les lois fondamentales de la condition humaine ; c’est aussi dans ce climat social que l’enseignement universitaire se poursuit et que nous devons continuer de transmettre les grands textes de la littérature qui ont charrié, depuis l’avènement de la modernité jusqu’à l’ère dite postmoderne, un sujet en acte. Ce sujet, non pas repérable par son identité et sa consistance imaginaire, mais disséminé dans le matériau littéral qui en dispose, je propose de montrer comment il se révèle par le jeu des signifiants, dans le petit livre de J. M. G. Le Clézio, L’Africain. L’analyse conduit à éclairer la notion de dette symbolique.
Abstract
This article aims to raise the question of what has become of the teaching of literature (in conjunction with psychoanalysis) in a world dominated by narcissistic omnipotence, extending to the denial of reality (including its sexual dimension). This “empire of signs” - as named by Jean-Pierre Winter - which tends to prevail today, wherein speaking beings identify with their speech rather than recognizing themselves as the product of a discourse they do not master, constitutes a regression evident in the repudiation of the symbolic and a dual relationship without the Other. Identity has indeed become today a matter of signs. It is within this context, wherein Jean-Pierre Lebrun identifies new psychological stakes, characterized by individuals (legitimized by law) who claim immediate autonomy and freedom to reject the fundamental laws of the human condition, that university education continues. Here, we must persist in transmitting the great literary texts that have carried an active subject since the advent of modernity through the so-called postmodern era. This subject, not identifiable by its identity and imaginary consistency but dispersed within the literary material at hand, is proposed to be demonstrated through the play of signifiers, as exemplified in J. M. G. Le Clézio’s “L’Africain”. The analysis serves to elucidate the notion of symbolic debt.
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