Résumés
Résumé
Cet article mobilise la théorie des rapports d’appropriation de Guillaumin pour analyser l’entretien mutuel et les transformations des rapports sociaux de race et de sexe à l’Île Maurice dans la deuxième moitié du XXe et au début du XXIe siècle. Il prend pour objet l’évolution de l’exploitation spécifique des femmes noires depuis le système des plantations, à partir de l’interprétation de la façon dont des femmes mauriciennes employées des services domestiques définissent leur exploitation. L’article montre que l’exploitation du travail domestique de subsistance constitue le point nodal de l’articulation des formes de l’appropriation des femmes noires, de l’extension de leur appropriation dans le contexte actuel de crise de la production et de la création d’un sujet social qui cherche la réappropriation de son individualité en « travaillant pour soi-même ».
Mots-clés :
- Rapports de classe,
- femmes noires,
- féminisme matérialiste,
- plantation,
- Île Maurice
Abstract
This article uses Guillaumin’s theory on the relationships of appropriation in order to study the articulation and transformation of race and sex relationships in Mauritius during the second half of XXth and early XXIth century. I study the evolution of the specific exploitation of black women since the plantation system, by interpretating the way by which some Mauritian women employed in domestic work define their own exploitation. I demonstrate that the exploitation of subsistence domestic work is central to the combination of various forms of black women’s appropriation, to the extension of their appropriation in the current context of production crisis, and to the creation of a social subject who looks after the re-appropriation of its individuality by “working for oneself”.
Keywords:
- Class relations,
- Black women,
- Materialist feminism,
- Plantation,
- Mauritius
Resumen
Este artículo rescata la teoría de las relaciones de apropiación de Guillaumin analizando el diálogo mutuo y las transformaciones de las relaciones sociales de raza y sexo en la Isla Mauricio durante la segunda mitad del siglo XX hasta el principio del siglo XXI. Toma como objeto la evolución de la explotación específica de las mujeres negras dentro del sistema de las plantaciones, partiendo de la interpretación sobre la forma como las mujeres de Mauricio empleadas en el servicio doméstico definen su explotación. El artículo muestra que la explotación del trabajo doméstico de subsistencia constituye el nudo de la vinculación entre las formas de apropiación de las mujeres negras, de la extensión de su apropiación dentro del contexto actual de crisis de la producción y de la creación de un sujeto social que busca la reapropiación de su individualidad « trabajando para uno mismo ».
Palabras clave:
- relaciones de clase,
- mujeres negras,
- feminismo materialista,
- plantación,
- Isla Mauricio
Parties annexes
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