Cahiers de recherche sociologique
Numéro 66-67, hiver–automne 2019 Le travail qui rend pauvre au Nord et au Sud Sous la direction de Yanick Noiseux et Sid Ahmed Soussi
Sommaire (12 articles)
Première partie. La part de l’action publique dans le travail qui rend pauvre
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Des travailleurs et des travailleuses pauvres à « mettre en mouvement » : l’activation et la notion d’aptitude au travail au sein des services publics d’emploi
Catherine Charron
p. 25–42
RésuméFR :
Cet article s’intéresse aux rapports sociaux tels qu’ils se construisent sur le terrain de l’administration publique, dans la prestation de services publics d’emploi destinés aux personnes assistées sociales. À partir d’un certain nombre de pratiques visant l’intégration en emploi et qui composent leur intervention auprès des prestataires jugés « aptes au travail », nous dégagerons la façon dont les « street-level bureaucrats » perçoivent et catégorisent les prestataires, définissent leur propre rôle et celui de l’État. Ce faisant, nous mettrons en relief la manière dont se conjuguent les éthos du travail social, du service public et de l’activation chez les intervenantes et intervenants qui travaillent quotidiennement auprès de cette population sans emploi dite « apte au travail ». Les résultats exposés dans cet article sont issus d’une enquête qualitative menée auprès agent.e.s d’aide du ministère, dans le contexte de l’implantation d’un programme obligatoire d’insertion au Québec en 2018 (Objectif emploi).
EN :
This article looks at social relationships as they are constructed in the field of public administration, in the provision of public employment services for people on social assistance. Based on a number of practices aimed at employment integration that make up their intervention with people deemed «fit for work», we will identify the way «street-level bureaucrats» perceive and categorize welfare recipients, define their own role and that of the State. In doing so, we will highlight the way in which the ethos of social work, public service and activation is combined amongst those who work daily with the so-called «fit for work» jobless population. The results presented in this article stem from qualitative research conducted with public employment service agents, in the context of Quebec’s implementation of a compulsory integration program in 2018 (Objectif emploi).
ES :
Este artículo trata sobre las relaciones sociales que se construyen en el terreno de la Administración Pública, dentro de la prestación de servicios públicos de empleo, destinados a las personas que perciben servicios sociales. A partir de un cierto número de prácticas orientadas a la integración en el trabajo y que dirigen su intervención a aquellos prestatarios juzgados como «aptos para el trabajo», analizaremos la manera como los «street-level bureaucrats» (Lipsky, 1980) perciben y categorizan a los beneficiarios, definiendo a su manera sus roles y el del Estado. De esta forma, pondremos en relieve la manera como se conjuga el ethos del trabajo social, del servicio público y la actividad desplegada por las trabajadoras y trabajadores que actúan cotidianamente con este tipo de población sin empleo, considerada «apta para el trabajo”. Los resultados expuestos en este artículo provienen de una encuesta cualitativa realizada entre los agentes que colaboran con el Ministerio, en el contexto de implantación de un programa obligatorio de inserción en la Provincia de Quebec en 2018 (Objectif emploi).
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Le travail de soutien à domicile en zone grise : étude de cas du système d’allocation directe Chèque Emploi-Service
Laurence Hamel-Roy
p. 43–72
RésuméFR :
Le système Chèque emploi-service (CES) est un mode de prestation de services de soutien à domicile de type « allocation directe » mis en place au Québec en 1996 afin de répondre aux revendications des personnes en situation de handicap et dont l’usage a depuis été largement étendu, principalement auprès des personnes âgées. Inspiré des différents modèles de type « cash-for-care », le CES permet un plus grand contrôle aux usager.ère.s et une personnalisation de leurs services, mais aussi d’importantes économies à l’État québécois. Notre étude de cas révèle que ces économies reposent entre autres sur le travail gratuit des personnes qui sont embauchées. Trois dynamiques concourent à ce phénomène : 1) la déqualification du secteur des services de soutien à domicile, 2) la dérégulation de la relation d’emploi induite par l’allocation directe, et 3) la succession de compressions budgétaires et de réduction de services. Cet article démontre que la confluence de ces trois dynamiques a pour effet de faire apparaître une « zone grise de l’emploi », c’est-à-dire un espace d’incertitude et d’arbitraire à l’intérieur duquel sont renégociées les conditions de travail et de rémunération. Le travail effectué gratuitement par les travailleuses apparaît alors tributaire des rapports de pouvoir et de dépendance qui se nouent entre elles et les usager.ère.s qui les emploient.
EN :
The Chèque emploi-service (CES) is a direct funding home care support service program implemented in Quebec in 1996 in response to the demands of people living with disabilities. The use of the CES has since been widely extended, mainly among the elderly. Inspired by various «cash-for-care» models, the CES allows for greater control and personalization of service provision, but also for significant budget savings. Our case study exposes how unpaid labour contributes to the cost-effectiveness of the program. Three dynamics underlie this phenomenon: 1) the deskilling of the home care services sector, 2) the deregulation of the employment relationship induced by direct funding, and 3) successive budget cuts and service reductions. We show that the confluence of these three dynamics results in the emergence of a «grey zone», i.e. a space of uncertainty and arbitrariness within which the working and remuneration conditions are subject to renegotiation. Unpaid labour is then tied to the power and dependence balance between users and workers.
ES :
Inspirado en los diferentes modelos del tipo «cash-for-care» implantado a partir de los años 1980 en la mayoría de los países del OCDE, el funcionamiento del Cheque empleo-servicio (CES) rompe con el modelo tradicional del trabajo: la responsabilidad y el poder de contratación, de formación y de despido son transferidos a los usuarios del servicio. Los servicios son personalizados y notamos una importante reducción de costos gracias a la disminución de la masa salarial. Este artículo trata sobre los mecanismos institucionales subyacentes, analizando tres dinámicas observadas: 1) la precarización del sector de los servicios a domicilio, operados por la introducción y el subsidio directo, 2) la desregulación inducida por la complejidad de la relación de trabajo, y 3) las reducciones presupuestarias que se traducen en un informe sobre PSD en cuanto a la responsabilidad en torno a los cuidados y servicios. Concretamente, demostraremos que la confluencia entre estas dinámicas tiene como efecto el surgimiento de una «zona gris», que consiste en un espacio de incertidumbre y de arbitrariedad, en un ámbito donde son renegociadas las condiciones de trabajo y la remuneración de PSD. El CES aparece entonces como un catalizador de una reconfiguración de relaciones de poder y de dependencia que se establecen entre los usuarios y las trabajadoras, a través de las cuales se determinan las condiciones de trabajo. Además, nuestra encuesta–trabajo de campo, revela que la remuneración percibida por las trabajadoras, no refleja totalmente las horas realmente trabajadas, sugiriendo que la reducción de costos se sostiene en el trabajo gratuito de las personas contratadas.
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Comment s’arriment le travail précaire d’infirmières auxiliaires et la mobilisation politique pour la survie de l’action publique en santé mentale au Brésil ?
Isabelle Ruelland
p. 73–95
RésuméFR :
Au Brésil, plusieurs municipalités se tournent vers la sous-traitance afin de combler leurs besoins en termes de personnels en santé mentale. Le cas des infirmières auxiliaires du réseau de la ville de Campinas permet de saisir les impacts de ces transformations sur les travailleurs précaires. L’activité de travail et de mobilisation de 16 infirmières auxiliaires est décrite à partir d’une ethnographie d’un an. Comment concilier la précarité, les soins infirmiers et la mobilisation pour la survie de l’action publique en santé mentale ? Cette question est éclairée en traçant les contours d’une « grammaire militante » qui se déploie dans les espaces de prises de parole de ce réseau. Cette analyse ouvre la voie à une compréhension plus fine des rapports sociaux de pouvoir dans les réseaux de santé mentale. L’article conclut sur l’importance de la prise en compte du point de vue des infirmières auxiliaires quant à la nature politique de leur activité de travail pour la réforme psychiatrique.
EN :
In Brazil, several municipalities are subcontracting to meet their needs for mental health staff. The case of auxiliary nurses in the network of the city of Campinas makes it possible to understand the impact of these transformations on precarious workers. The work and mobilization activity of 16 nursing assistants are described from a one-year ethnography. How to reconcile precariousness, the nursing relationship and the mobilization for the survival of public action in mental health? This question is enlightened by tracing the outlines of a «militant grammar» that emerge in the collective spaces of this network. This analysis paves the way for a deeper understanding of the social relationships of power in mental health network. The article concludes the importance of the perspective of nursing assistants in the political nature of their work for psychiatric reform.
ES :
En Brasil, varias municipalidades optan por la sub-contratación con el fin de cubrir sus necesidades en términos de personal especializado en salud mental. El caso de las enfermeras auxiliares de la red de la Villa de Campiñas permite captar los impactos de estas transformaciones que afectan a los trabajadores precarios. La actividad de trabajo y movilización de dieciséis enfermeras auxiliares esta descripta a partir de un trabajo etnográfico realizado durante un año. ¿Cómo conciliar la precariedad, el trabajo de enfermería y la movilización por la sobrevivencia de la acción pública en materia de salud mental? Esta pregunta es respondida trazando los rasgos de una «gramática militante» que se despliega en los espacios de conversación que tienen lugar en esta red. Este análisis abre una vía de comprensión más refinada sobre las relaciones sociales de poder en las redes de salud mental. El artículo concluye tratando la importancia de la toma en consideración del punto de vista de las enfermeras auxiliares en relación con la naturaleza política de la gestión por la reforma psiquiátrica.
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Les jeunes Algériens face à une politique d’emploi démesurée : les programmes d’insertion professionnelle et sociale soutiennent la précarité
Zahir Ahouari
p. 97–118
RésuméFR :
À partir d’une enquête qualitative auprès d’un panel de jeunes bénéficiaires de l’un des dispositifs de lutte contre le chômage, mis en place par l’État algérien depuis les années 1990, cette contribution tente de comprendre pourquoi les mesures de création de microentreprises et les programmes d’insertion des diplômés perpétuent la précarité chez les jeunes les plus vulnérables et quelles sont les formes de résistance adoptées par ces derniers pour y faire face. L’étude a démontré qu’en dépit de l’opportunité d’accès au monde du travail offerte aux jeunes primodemandeurs d’emploi, les dispositifs d’insertion des diplômés ne permettent pas une stabilité de l’emploi, notamment chez les femmes qui se trouvent dans une situation sociale ambiguë, où elles doivent doubler les efforts fournis et mener un double combat. Cependant, la famille joue un rôle primordial dans la réussite ou l’échec des jeunes dans la réalisation de leurs projets engagés dans le cadre de dispositif de création de microentreprises. Mais l’omniprésence de la mentalité rentière dans la pensée sociale a un effet négatif sur l’état d’esprit des jeunes créateurs d’entreprises. Enfin, nous estimons que les programmes d’insertion des diplômés et les dispositifs de création de microentreprises ne sont pas économiques, mais plutôt politiques et le gouvernement ne fait qu’acheter la paix sociale en redistribuant une partie de la rente.
EN :
Based on a qualitative investigation of a panel of young beneficiaries of one of the anti-unemployment schemes set up by the Algerian State since the 1990s, this contribution attempts to understand why the creation measures of micro-enterprises and the programmes for the integration of graduates perpetuate precariousness among the most vulnerable young people and what forms of resistance they have adopted to deal with them? The study showed that despite the access opportunity to the world of work offered to young first-time job-seekers, the integration schemes for graduates do not allow job stability mainly among women, who find themselves in an ambiguous social situation, where they must double the efforts and lead a double battle. However, the family plays a key role in the success or failure of young people in carrying out their projects as part of the micro-enterprise creation scheme. But, the omnipresence of the rentier mentality in social thought has a negative effect on the mind-set of young entrepreneurs. In the end, we believe that the integration programmes of the graduates and the creation of micro-enterprises devices are not economic, but rather political and the government does nothing but buy social peace by redistributing part of the rent.
ES :
A partir de una encuesta cualitativa efectuada entre un panel de jóvenes que se han beneficiado de uno de los dispositivos de lucha contra el desempleo puesta en práctica por el Estado algeriano desde los años 90’, esta contribución intenta comprender porque las medidas de creación de microempresas y los programas de inserción de diplomados perpetúan la precariedad entre los jóvenes más vulnerables y cuáles son las formas de resistencia adoptadas por estos últimos para hacerles frente. El estudio demuestra que en detrimento de la oportunidad de acceso al mundo de trabajo ofrecida a los jóvenes que ingresan al mercado de empleo, los dispositivos de inserción de diplomados no permiten la obtención de un empleo estable, particularmente entre las mujeres que se encuentran en una situación social ambigua, en donde deben multiplicar sus esfuerzos realizados y ofrecer un combate doble. A pesar de ello, la familia juega un rol fundamental en cuanto al triunfo o el fracaso de los jóvenes en la realización de los proyectos, que se encuadran dentro del dispositivo de creación de microempresas. A pesar de ello, la omnipresencia de una mentalidad rentista en el pensamiento social, tiene un efecto negativo sobre la mentalidad de los jóvenes creadores de empresas. Finalmente, estimamos que los programas de inserción de los diplomados y los dispositivos de creación de microempresas, no tienen una connotación económica, sino política y que el gobierno no hace más que comprar la paz social distribuyendo una parte de la renta.
Deuxième partie. Résistances au Nord et au Sud face au travail qui rend pauvre
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Centres de travailleurs et syndicats. Le rôle de l’éducation populaire dans l’organisation des travailleurs immigrants d’agence de placement
Manuel Salamanca Cardona
p. 121–148
RésuméFR :
L’éducation populaire et la recherche engagée en tant que mécanismes de production de connaissances ne sont pas de nouvelles stratégies des mouvements sociaux et ouvriers. Leur importance est souvent oubliée et sous-évaluée en sociologie, et dans les théories politiques des mouvements sociaux. L’articlesouligne l’importance d’aborder l’éducation populaire et la production de connaissances comme éléments fondamentaux de la mobilisation et de la construction des mouvements des travailleurs pauvres et précaires et comme point de départ d’une analyse critique de la position défensive des syndicats et de leurs structures d’organisation, l’intérêt étant de démontrer que l’éducation populaire et la production de connaissances font partie de l’action sociale des travailleurs précaires et, par conséquent, du champ d’analyse de l’économie politique du travail. Pour mener cette démonstration, on aborde l’expérience d’organisation de l’Association des travailleurs et travailleuses d’agence de placement (ATTAP) de Montréal au sein du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) et de sa collaboration avec la CSN (Confédération des syndicats nationaux) de 2013 à 2017.
EN :
Popular education and “engaged research” as mechanisms of knowledge production are not new strategies for social and labour movements. Their importance is often overlooked and undervalued in sociology, and in the political theories of social movements. In this paper, I emphasize the importance of addressing popular education and knowledge production as fundamental to the mobilization and construction of working-poors movements and as a starting point for a critical analysis of the defensive position of trade unions and their organizational structures. The article aims to demonstrate that popular education and knowledge production are part of the social action of precarious workers and thus part of the field of analysis of the political economy of labour. To do this, I use the organizing experience of the Association des travailleurs et travailleuses d’agence de placement (ATTAP) de Montréal within the Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) and its collaboration with the CSN (Confédération des syndicats nationaux) from 2013 to 2017.
ES :
La educación popular y la investigación comprometida, como mecanismos de producción de conocimiento, no son nuevas estrategias desplegadas por los movimientos sociales y obreros. Su importancia es frecuentemente olvidada y minimizada por la Sociología y las teorías políticas de los movimientos sociales. En este artículo, señalo la importancia de abordar la educación popular y la producción de conocimientos como elementos fundamentales de la movilización y construcción de los movimientos de trabajadores pobres y precarios y como punto de partida de un análisis crítico de la posición defensiva de los sindicatos y de sus estructuras de organización. El interés está puesto en demostrar que la educación popular y la producción de conocimientos hacen parte de la acción social de los trabajadores precarios y – en consecuencia- del campo de análisis de la Economía Política del trabajo. Para demostrar el fenómeno mencionado, utilizo la experiencia de organización de la Asociación de Trabajadores y Trabajadoras de Agencias de Empleo (ATTAP) de Montreal, en el seno del Centro de Trabajadores y Trabajadoras Inmigrantes (CTI) y su colaboración con la Confederación de Sindicatos Nacionales (CSN) entre los años 2013 a 2017.
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Organiser dans la marge : stratégies du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) et du Workers Action Centre (WAC)
Cheolki Yoon
p. 149–173
RésuméFR :
Face à la précarisation du travail et à l’affaiblissement des socles de l’action collective, de nouvelles stratégies sont développées par des organisations variées, et l’expansion des centres des travailleurs (worker centres) s’inscrit dans ces innovations des mouvements des travailleurs. Dans ce contexte, la présente recherche se propose d’analyser les principaux axes stratégiques mis en place par deux centres canadiens, le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants et le Workers Action Centre. Plus concrètement, la recherche vise à identifier les axes stratégiques déployés suivant quatre dimensions : 1) les dynamiques intraorganisationnelles et celles touchant les populations cibles ; 2) les dynamiques interorganisationnelles et relatives aux réseaux ; 3) les dynamiques se rapportant aux employeurs et entreprises ; et 4) les dynamiques se rapportant aux instances gouvernementales et au grand public. Selon les résultats de recherche, les stratégies des deux centres canadiens présentent des similarités prédominantes, et les stratégies s’inscrivant dans la première dimension priment sur les autres. Comparativement aux worker centres étatsuniens, leurs stratégies apparaissent globalement conformes au modèle décrit dans la littérature, mais celles de la troisième dimension prennent une place plus restreinte dans les pratiques des centres canadiens.
EN :
Faced with the precarization of work and the weakening of the grounds for collective action, new strategies have been developed by various organizations, and the expansion of worker centres is part of these innovations of labour movements. In this context, this research proposes to analyze the main strategic axes put in place by two centres in Canada, the Immigrant Workers Centre and the Workers Action Centre. More specifically, the research aims to identify the strategic axes deployed along four dimensions: 1) intra-organizational and targeted population related dynamics; 2) inter-organizational and network related dynamics; 3) employers and business related dynamics; and 4) government and public related dynamics. According to the research findings, the strategies implemented by the two centres in Canada are predominantly similar, and the strategies in the first dimension are more important than the others. Compared to the U.S. worker centres, their strategies appear to be generally consistent with the model described in the literature, but those in the third dimension have a more limited place in the practices of the Canadian centres.
ES :
Frente a la precarización del trabajo y el debilitamiento de los fundamentos de la acción colectiva, se desarrollan nuevas estrategias llevadas a cabo por distintas organizaciones y la expansión de centros de trabajadores (worker centres) se inscriben en las innovaciones de los movimientos de los trabajadores. En este contexto, la presente investigación tiene como propósito analizar los principales ejes estratégicos puestos en práctica por dos centros canadienses: el Centro de Trabajadores y Trabajadoras Inmigrantes y el Workers Action Centre. Concretamente, la investigación se orienta a identificar los ejes estratégicos desplegados, siguiendo cuatro dimensiones: 1) Las dinámicas intra-organizacionales y aquellas que conciernen a las poblaciones en estudio; 2) Las dinámicas inter – organizacionales y las relativas a las redes; 3) Las dinámicas que relacionan a los empleados con las empresas; 4) Las dinámicas que relacionan las instancias gubernamentales y el gran público. Según los resultados de la investigación, las estrategias de los dos centros canadienses presentas similitudes predominantes, destacándose en la primera dimensión, predominando sobre las demás. Realizando una comparación con los worker centres estadounidenses, sus estrategias aparecen globalmente más adecuadas al modelo descripto en la literatura. Sin embargo, en relación con la tercera dimensión, los centros canadienses desarrollan practicas muchos más limitadas.
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Un salaire minimum à 15 $ au Québec ? Impacts socio-économiques et obstacles à l’action collective
Sid Ahmed Soussi et Maxime Thibault-Leblanc
p. 175–198
RésuméFR :
Qu’en est-il du salaire minimum aujourd’hui et de la revendication d’une hausse à 15 $? Où en sont les campagnes menées au Québec par les organisations syndicales, les groupes d’action communautaire et les autres regroupements engagés sur ces enjeux ? Ce seuil de 15 $, devenu symbolique en Amérique du Nord, suscite des clivages et plusieurs constats montrent que ces campagnes se heurtent non seulement à des résistances de la part des organisations patronales – leurs « adversaires naturels » – et du gouvernement, mais aussi, paradoxalement, à des réticences au sein même des organisations syndicales et des groupes d’action communautaire ainsi que dans des milieux du travail à bas salaires et non syndiqués. Cet article dresse un bilan et une mise en contexte critique des « campagnes pour le 15 $ » au Québec au regard de celles menées aux États-Unis et dans le reste du Canada. Il s’appuie également sur les résultats d’une enquête visant deux objectifs. Premièrement, étudier les impacts qualitatifs d’une telle hausse sur les travailleurs dont la rémunération est comprise entre 15 $ et 19 $/h, une catégorie où se manifeste justement une partie des réticences observées (travailleurs syndiqués, indépendants, en PME, immigrants, etc.). Deuxièmement, analyser les interactions entre les organisations syndicales et non syndicales (groupes communautaires et autres) sur ces enjeux dans le contexte des différentes campagnes. Ces campagnes paraissent fragilisées par deux types d’obstacles. Le premier renvoie aux interactions intrasyndicales parfois tendues, d’une part, et d’autre part aux relations entre des groupes communautaires représentant une très large diversité d’intérêts (professionnels, communautaires, travailleur.se.s non-syndiqué.e.s, femmes, immigrants, etc.) qui affecte parfois leur cohésion. Le deuxième type d’obstacles concerne leurs relations externes : d’abord, « l’alliance naturelle » censée renforcer la collaboration entre les organisations syndicales et les groupes communautaires qui se heurte à certaines dissensions, ensuite les relations extérieures problématiques entretenues par cette coalition avec les autres acteurs de la société civile : les organisations patronales, les médias et, surtout… avec l’État.
EN :
What about the minimum wage today and the $15? What about the campaigns carried out in Quebec by labor organizations, community action groups and other groups committed to these issues? The $15 threshold has become symbolic in North America. It arouses divisions and several observations show that these campaigns come up against resistance from employers’ organizations – their “natural adversaries”– and from the government, but also, paradoxically, resistance even within trade unions and groups. community action, as well as in low-wage, non-unionized workplaces. This article provides a critical assessment of the “campaigns for the $15” in Quebec by comparing them to those carried out in the United States and in the rest of Canada. It is also based on the results of an investigation aimed at two objectives. The first one studies the qualitative impacts of raising the minimum wage to $15 on workers earning between $15 and $19. It is this category that manifests some of the reluctance observed (unionized workers, freelancers, SMEs, immigrants, etc.). The second objective analyzes the interactions between union and non-union organizations (community groups and others) on these issues in the context of the various campaigns. These campaigns seem weakened by two types of obstacles. The first refers to the tense interactions between unions on the one hand, and on the other hand to the relations between community groups representing a very wide diversity of interests (professionals, community, non-unionized workers, women, immigrants, etc.) which sometimes affects their cohesion. The second type of obstacle concerns their external relations. First, the “natural alliance” which should strengthen collaboration between trade unions and community groups is encountering some dissension. then the problematic external relations maintained by this coalition with the other actors of civil society: employers’ organizations, the media and, above all ... with the State.
ES :
¿Qué ocurre hoy en día con el salario mínimo y en qué consiste la reivindicación de un aumento de 15$? ¿Dónde están las campañas llevadas a cabo en Quebec por las organizaciones sindicales, los grupos de acción comunitaria y otros agrupamientos comprometidos con estos desafíos? Esta limitación , transformada en simbólica en América del Norte, que provoca divisiones y -según demuestran numerosas evidencias-, se trata de campañas que enfrentan no solamente la oposición de los organismos patronales – ‘sus adversarios naturales’ – y del gobierno, sino también, paradójicamente, a los oponentes ubicados en el seno mismo de las organizaciones sindicales y de los grupos de acción comunitaria, como así también en el medio de trabajo de los trabajadores que perciben bajos salarios y que no están sindicados. Este artículo presenta un resumen y una puesta en contexto crítica de las ‘campañas por el 15$ en Quebec, respecto a las que se llevan a cabo en los Estado Unidos y el resto de Canadá. Se basa en los resultados de una encuesta que persigue dos objetivos. En primer lugar, estudiar los impactos cualitativos de este tipo de aumento sobre los trabajadores cuya remuneración esta comprendida entre los 15$ y 19$, una categoría donde precisamente se manifiestan los opositores mencionados (trabajadores sindicados, independientes, integrantes de Pequeñas y Medianas Empresas, inmigrantes, etc.). En segundo lugar, analizar la interacción entre los organismos sindicales y no sindicales (grupos comunitarios y otros) en relación con estos desafíos, dentro del contexto de diferentes campañas. Estas campañas parecen ser debilitadas por dos tipos de obstáculos. El primero de ellos se refiere, por un lado, a las interacciones intra-sindicales, a veces en-tensión, y por otro, a las relaciones entre grupos comunitarios que representan una extensa diversidad de intereses (profesionales, comunitarios, trabajadoras-es no sindicalizadas-os, mujeres, inmigrantes, etc.), que a veces ven afectada su asociación. El segundo tipo de obstáculos se refiere a las relaciones externas: en un principio, ‘La alianza natural’ supuestamente creada para reforzar la colaboración entre las organizaciones sindicales y los grupos comunitarios, padece ciertos desacuerdos, seguido de relaciones externas problemáticas, establecidas por esta coalición respecto a otros actores de la sociedad civil: las organizaciones patronales, los medias y, sobre todo, el Estado.
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Des associations de travailleuses aux stratégies de résistance : le point de vue des travailleuses domestiques rémunérées à Lima
Mylène Fauvel
p. 199–225
RésuméFR :
Le travail domestique rémunéré ne peut être pensé sans aborder la division sexuelle, raciale et internationale du travail tout comme les dynamiques de pouvoir qui s’y matérialisent. En ce sens, cet article s’intéresse, d’un point de vue microsociologique, aux communications entre les travailleuses domestiques et leur(s) employeur.e.s et cherche à comprendre comment les travailleuses domestiques peuvent résister aux rapports de domination et d’exploitation qui s’inscrivent dans la relation de travail. On y démontre, en explorant les résultats d’une enquête au sein d’une association de travailleuses domestiques au Pérou, que les travailleuses domestiques mettent en place des stratégies de résistance qui, d’une part, leur permettent de se dégager une marge de manoeuvre pour réduire les effets des rapports de pouvoir et de domination et rendre leur travail plus tenable ; et, d’autre part, maintiennent les apparences de soumission, ce qui leur permet d’éviter les sanctions et de préserver leur relation d’emploi. Dans un deuxième temps, l’article réfléchit au rôle des associations de travailleuses domestiques dans la mise en place de ces stratégies et invite à penser le continuum existant entre des stratégies de résistance individuelle et collective.
EN :
Paid domestic work cannot be thought of without addressing the sexual, racial and international division of labour as well as the power dynamics that materialize in it. Accordingly, and from a microsociological point of view, the aim of this paper is to explore the communication dynamics between domestic workers and their employer and understand how domestic workers can resist the domination and exploitation in their employment relationship. It shows, through the results of an investigation within an association of domestic workers in Peru, that domestic workers use resistance strategies to, on the one hand, reduce the effects of power and domination and make their work more bearable; and, on the other hand, maintain the appearance of submission, which allows them to avoid sanctions and maintain their employment relationship. It also discusses the role of associations of domestic workers in the implementation of these strategies and offers a reflection on the opportunity to rethink the continuum between individual and collective resistance.
ES :
El trabajo doméstico remunerado no puede ser pensado sin abordar la división sexual, racial e internacional del trabajo, como así también las dinámicas de poder que a partir de allí se materializan. En este sentido, este artículo se interesa, desde el punto de vista de la micro sociología, en la comunicación entre las trabajadoras domésticas y sus empleadores y empleadoras, y busca comprender como las trabajadoras domésticas pueden resistir las relaciones de dominación y de explotación que se inscriben en la relación de trabajo. Aquí demostramos, explorando los resultados de una encuesta realizada en el seno de una asociación de trabajadoras domésticas en el Perú, que las trabajadoras domésticas ponen en funcionamiento una serie de estrategias de resistencia que, por un lado, les permiten desplegar un margen de maniobra para liberar los efectos de las relaciones de dominación y hacer que su trabajo sea más soportable; por otro lado, mantener las apariencias de sumisión, lo que les permite evitar sanciones y preservar la relación de trabajo. En una segunda etapa, el artículo reflexiona sobre el rol de las asociaciones de trabajadoras domésticas y la puesta en práctica de las mencionadas estrategias, e invita a pensar la relación que existe entre las estrategias de resistencia individual y colectiva.
Troisième partie. Un rapport au travail en transition ?
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« J’ai travaillé pendant 17 ans pour fuck all » : rapport au travail et barrières à l’emploi des personnes assistées sociales
Marie-Pierre Boucher, Anthony Desbiens, Marie-Josée Dupuis, Diane Gagné et Yanick Noiseux
p. 229–254
RésuméFR :
Tiré de huit entretiens de groupe réalisés en 2018 au Québec, auprès de 44 personnes assistées sociales, cet article présente les raisons données par les participant.e.s pour expliquer leurs difficultés d’accès au marché du travail. Deux angles d’analyse ont été adoptés. Le premier est celui du rapport au travail. Combiné à la perspective des parcours de vie, le concept de rapport au travail a été mobilisé afin de saisir, de façon dynamique, ce que pensent les individus du travail et de mieux comprendre les valeurs qu’ils y rattachent, tout en tenant compte de leurs expériences du travail et de celles vécues hors du monde du travail. Le second angle d’analyse mobilisé permet de revenir sur les parcours de vie, d’emploi et d’assistance en termes d’épreuves vécues et de barrières à l’emploi. Les résultats de recherche mettent en lumière l’ambivalence des personnes assistées sociales interrogées devant les mesures d’activation leur étant proposées, et ce, malgré une volonté de retourner sur le marché du travail : les participant.e.s s’en méfient notamment parce qu’elles les cantonnent dans des emplois précaires et des parcours circulaires, limitant leur capacité à s’engager dans une trajectoire ascendante. L’enquête montre également que les pratiques discriminantes des employeurs, tout comme le système d’aide sociale, notamment parce qu’il les maintient dans la grande pauvreté, constituent d’importantes barrières à l’emploi limitant leur accès au marché du travail.
EN :
Based on eight focus-group interviews conducted in the province of Quebec in 2018 amongst 44 persons receiving welfare benefits, this article presents the reasons given by participants to explain why they struggle to join and stay in the labour market. Two angles of analysis have been adopted. The first is about their perception of work. The concept of «rapport au travail/relationship towards work” allowed us to grasp dynamically what people think of work (their representations and aspirations) and the values they attach to it. It takes into account their working histories and their lived experiences in workplaces as well as outside the “labour world” (worlds of family, education, health, etc.). The second angle of analysis highlights their life courses, employment and assistance paths in terms of hardships and barriers to employment. The research shows that despite a largely positive relationship towards work and willingness to return to the labour market, the people we interviewed are ambivalent about the proposed workfare-inspired “activation policies”, especially because they are confining them in precarious jobs limiting their ability to engage in an upward trajectory. The survey also shows that discriminatory practices of employers, as well as the welfare system in itself (notably by keeping welfare recipients in extreme poverty), constitute important barriers that limit their access to the labor market.
ES :
Resultado de ocho entrevistas en grupo realizadas en 2018 en Quebec, entre cuarenta y cuatro personas que reciben la asistencia social, este artículo presenta las razones expuestas por los participantes, que explican sus dificultades en materia de acceso al mercado de trabajo. Dos ángulos de análisis se han adoptado. El primero, es aquel ligado al trabajo. Combinando la perspectiva de la historia de vida, el concepto de relación con el trabajo fue desarrollado con el fin de entender, de manera dinámica, lo que piensan los individuos del trabajo y comprender los valores con los que se identifican, tomando en cuenta sus experiencias dentro y fuera del mundo de trabajo. El segundo ángulo de análisis permite regresar sobre las trayectorias de vida, de trabajo y de asistencia en términos de desafíos vividos y de barreras impuestas al empleo. Los resultados de la investigación sacan a luz la ambivalencia de las personas que reciben asistencia social, que son interpeladas en función de las propuestas de retorno al mercado laboral, a pesar de tener voluntad de regresar al mismo: los participantes desconfían abiertamente de las mismas porque los empleos ofrecidos están restringidos a la precariedad y a trayectorias circulares, limitando sus capacidades de comprometerse a una trayectoria ascendente. La investigación muestra que las prácticas discriminatorias de los empleadores, como así también del sistema de ayuda social, perpetúan la condiciones de gran – pobreza, levantando importantes barreras que limitan el acceso al mercado de trabajo.
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« Ici, on fait tout, on touche à tout » : le « réel du travail » des préposées aux bénéficiaires dans les ressources intermédiaires au Québec
Corynne Laurence-Ruel
p. 255–281
RésuméFR :
Cet article, basé sur un terrain de recherche mené en 2018, s’intéresse à l’activité de travail des préposées aux bénéficiaires dans deux ressources intermédiaires à Montréal. Il s’intéresse plus précisément aux liens entre l’activité de travail de soin salarié, les difficultés vécues dans le « réel du travail » et les modalités de la division sexuelle du travail. Il vise à documenter les expériences des préposées et à rendre compte de certaines caractéristiques à partir d’une perspective féministe matérialiste du travail et de ses divisions. L’article est divisé en quatre parties. La première partie dresse d’abord un portrait des transformations sociohistoriques qui affectent ce secteur de soins, suivi d’une brève revue de la littérature. La troisième partie expose ensuite les principaux résultats de la recherche et, finalement, la dernière partie discute de ces résultats à la lumière d’une perspective féministe sur la transversalité des divisions sociales du travail. L’objectif consiste à éclairer certaines dynamiques qui participent de la précarisation des conditions de travail des préposées en tant que travailleuses.
EN :
This article, based on research conducted in 2018, looks at the care work of healthcare attendants in two intermediate resources in Montreal. It is particularly interested in the links between the paid care work activity, the difficulties experienced in the work and the modalities of the sexual division of labor. It aims to document the attendants’ experiences and identify certain characteristic from a feminist perspective of work and its divisions. The article is divided into four parts. It first provides a portrait of the sociohistoric transformations that affect this healthcare sector, followed by a brief review of the literature. The third part presents the main results of the research, and finally, the last part discusses these results in the light of a feminist perspective on the transversality of social divisions of labor. The purpose of the article is to shed light on certain dynamics that contribute to the precariousness of the working conditions of attendants as women workers.
ES :
Este artículo, realizado sobre la base de un estudio de campo efectuado en 2018, trata sobre la actividad de las auxiliares de atención a los beneficiarios dentro de dos centros de recursos intermedios en la Ciudad de Montreal. Concretamente, se analizan las relaciones entre el trabajo del asalariado de la salud, las dificultades vividas dentro de «la realidad del trabajo» y las modalidades de la división sexual del trabajo. La nota se orienta a documentar las experiencias de las auxiliares de atención a los beneficiarios y dar cuenta de ciertas particularidades a partir de una perspectiva feminista-materialista del trabajo y sus divisiones. El artículo está dividido en cuatro partes. La primera es un retrato de las transformaciones socio - históricas que afectan al sector de la salud, seguido de una breve revisión de la literatura. La tercera expone los principales resultados de investigación y finalmente, la última discute sobre los mismos a la luz de una perspectiva feminista sobre la transversalidad de las divisiones sociales del trabajo. El objetivo consiste en aclarar ciertas dinámicas existentes en la precarización de las condiciones de trabajo de las auxiliares en su carácter de trabajadoras.
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Expressivité, inconstance et usure du travail d’artiste-interprète en danse à Montréal
Philippe Barré
p. 283–301
RésuméFR :
Les revenus et les conditions de travail des artistes professionnels de la danse sont particulièrement précaires, y compris pour les interprètes les plus renommés ainsi que pour la plupart des chorégraphes. Pourtant, cette profession constitue une figure typique du travail expressif basé sur un haut niveau de réalisation et d’accomplissement de soi. Ce paradoxe du travail artistique, qui associe l’expressivité aux conditions de travail les plus précaires et à la pauvreté, ne peut pas être interprété à partir d’une conception essentialiste de la vocation artistique qui réduirait le travail des artistes soit à du non-travail soit à un travail tellement incertain que la vulnérabilité qu’il génère en serait naturelle. Nous examinons ici comment l’activité des danseuses et des danseurs professionnels de la danse à Montréal s’articule avec différents espaces de socialisation, d’engagement dans le travail et de construction identitaire qui associent paradoxalement réalisation de soi et précarité. Les politiques publiques qui confèrent aux artistes des arts de la scène du Québec un statut légal, mais les placent aux marges du droit du travail, échouent à inverser la précarisation de leurs conditions de travail.
EN :
The income and working conditions of professional artists in dance are particularly precarious, including those of the most renowned dancers and of most choreographers. Yet dance, as a profession, constitutes a typical example of expressive work based on a high level of self-fulfillment and accomplishment. This paradox—artistic expressivity going hand in hand with poverty and extremely precarious working conditions—cannot be explained through an essentialist conception of the artistic vocation, which would diminish the work of artists to non-work or to work so insecure that it naturally generates vulnerability. This article examines how the activity of professional artists in dance in Montréal is related to different socialization spaces, commitment to the work, and identity construction, which paradoxically link self-actualization and precariousness. Public policies that give performing artists in Québec legal status but include them only marginally in labour law, fail to reverse the precariousness of their working conditions.
ES :
Los ingresos y las condiciones de trabajo de los artistas profesionales de la danza son particularmente precarios, tanto para los intérpretes más reconocidos como para la gran mayoría de los coreógrafos. A pesar de ello, esta profesión constituye una figura típica del trabajo expresivo sostenido sobre un alto nivel de realización y autorrealización. Esta paradoja del trabajo artístico, que asocia la expresividad a las condiciones de trabajo más precarias y a la pobreza, no puede ser interpretada a partir de una concepción esencialista de la vocación artística, que reduce el trabajo de los artistas a un nivel de no-trabajo como así también considerar como algo natural la vulnerabilidad, resultado de la incertidumbre a la que están expuestos quienes desarrollan este tipo de profesión. Examinamos en este artículo como la actividad de las bailarinas y bailarines profesionales de la danza en Montreal, se articula con los diferentes espacios de socialización, compromiso con el trabajo y construcción identitaria que se asocia paradójicamente a la autorrealización y a la precariedad. Las políticas públicas confieren un status legal a los artistas del arte de la escena en Quebec, pero las sitúan en los márgenes del derecho del trabajo, fracasando en cuanto a revertir la precariedad de las condiciones de trabajo.