Volume 56, numéro 2, automne 2023 Géographies carcérales Sous la direction de Anaïs Tschanz et Sandra Lehalle
Sommaire (13 articles)
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Introduction : les géographies carcérales : quand la criminologie rencontre la géographie
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« Vous étiez soulagé, mais en même temps terrifié » : explorer les géographies émotionnelles des admissions et des libérations dans les prisons fédérales canadiennes
Sophie Lachapelle et Jennifer M. Kilty
p. 15–41
RésuméFR :
Pour la plupart des personnes détenues sous responsabilité fédérale, la zone d’admission et libération (AL) est la première étape lors de l’arrivée dans un pénitencier au Canada. De nombreuses personnes entrent dans l’aire d’admission et de libération avec des sentiments partagés de peur, d’anxiété et d’anticipation, et se traduisant par de puissants souvenirs émotionnels de cet environnement. À travers des données qualitatives recueillies lors de 57 entretiens semi-structurés auprès de personnes ayant purgé une peine de ressort fédéral, nous explorons les géographies émotionnelles de l’AL telles qu’elles sont vécues par les participants. Notre analyse se focalise sur les expériences des participants dans les aires AL des établissements Millhaven à Bath et Grand Valley à Kitchener – deux pénitenciers en Ontario à sécurité maximale, pour hommes (Millhaven) et pour femmes (Grand Valley). Nous mettons en lumière comment les espaces AL façonnent les premières expériences d’incarcération des individus, pour le meilleur ou pour le pire. Plus précisément, nous soutenons que les espaces AL, et notamment les procédures d’admission ayant lieu dans ces espaces, correspondent à une « cérémonie de dégradation du statut » selon l’appellation de Garfinkel (1956), dont le but n’est pas seulement d’humilier la personne criminalisée, mais aussi de reconstituer son identité en tant qu’être inférieur. En effet, alors que le processus d’admission reproduit activement une cérémonie de dégradation du statut, transformant le citoyen libre en un sujet criminalisé, nous soutenons que le processus de libération ne rétablit pas entièrement son identité ou son statut, et que la stigmatisation persiste tel un fardeau émotionnel.
EN :
For most federally incarcerated individuals in Canada, Admissions and Discharge (A&D) represents their first stop upon arriving at a penitentiary. Many people step into A&D experiencing feelings of fear, anxiety and anticipation, which result in powerful emotional memories of the space. Using qualitative data gleaned from 57 semi-structured interviews conducted with formerly federally incarcerated individuals, we explore the emotional geographies of A&D. To concentrate our discussion, we focus our analytic attention on participants’ experiences of A&D spaces at Millhaven Institution and Grand Valley Institution–maximum security penitentiaries for men and women, respectively. We contend that A&D spaces, as well as the intake processes they facilitate, fulfil the conditions of what Garfinkel (1956) refers to as a status degradation ceremony, the purpose of which is not only to shame a criminalized person, but also to reconstitute their identity as a lesser being. Additionally, while the admissions process actively reproduces a status degradation ceremony that transforms the free citizen into a criminalized subject, we argue that the discharge process does not wholly reinstate one’s identity or status upon release, at which time stigmatization lingers as an emotional burden.
ES :
Para la mayoría de los presos federales canadienses, la primera parada al llegar a un centro penitenciario es Admisiones y Altas. Muchas personas entran en Admisiones y Altas -o AA- con sentimientos de miedo, ansiedad y expectación, lo que da lugar a fuertes recuerdos emocionales de este espacio. A partir de los datos cualitativos recogidos en 57 entrevistas semiestructuradas con antiguos presos federales, exploramos las geografías emocionales de AA. Para acotar nuestro debate, centramos nuestra atención analítica en las experiencias de los participantes de los espacios de AA en Millhaven Institution y Grand Valley Institution, centros penitenciarios de máxima seguridad para hombres y mujeres respectivamente. Sostenemos que los espacios AA, y los procesos de admisión que estos espacios facilitan, cumplen las condiciones de lo que Garfinkel (1956) denomina una ceremonia de degradación del estatus, cuyo propósito no es sólo avergonzar a una persona criminalizada, sino también reconstituir su identidad como un ser inferior. De hecho, aunque el proceso de admisión reproduce activamente una ceremonia de degradación del estatus que transforma al ciudadano libre en un sujeto criminalizado, sostenemos que el proceso de excarcelación no restablece totalmente la identidad o el estatus de la persona tras su puesta en libertad, donde la estigmatización persiste como una carga emocional.
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Radicalité de l’enfermement carcéral : études des possibilités de territorialisation en quartier ultrasécurisé
Jérôme Englebert et David Scheer
p. 43–65
RésuméFR :
Par le biais de deux récits de détenus et de leurs allures au sein d’unités pénitentiaires d’évaluation de la radicalisation en France, cette contribution étudie les effets de la détention et de l’hypersécurisation, en prenant comme point de focalisation l’expérience corporelle des détenus et leurs possibilités de s’approprier l’espace. Nos constats oscillent entre l’observation de la puissance uniformatrice de l’institution et l’hypothèse de fragments résiduels de résistances individuelles.
EN :
Through a pair of narratives focused on detainees and their appearances in prison radicalization assessment units in France, this study investigates the effects of detention and hyper-securization, by focusing on the inmates’ bodily experience, as well as their capacity to appropriate space for themselves. Our findings oscillate between an observation of the institution’s standardizing power and the hypothesis of residual fragments of individual resistance.
ES :
A través de los relatos de dos detenidos y de sus andares en el seno de las unidades penitenciarias de evaluación de la radicalización en Francia, este artículo estudia los efectos de la detención y la hipersecurización, centrándose en la experiencia corporal de los presos y sus posibilidades de apropiación del espacio. Nuestras conclusiones oscilan entre la constatación del poder de uniformización de la institución y la hipótesis de fragmentos residuales de resistencia individual.
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Mettre en lumière la lumière : l’éclairage carcéral, le travail correctionnel et le bien-être
James Gacek, Jennifer Turner, Bastien Quirion et Rosemary Ricciardelli
p. 67–92
RésuméFR :
Dans cet article, nous analysons l’expérience et les préoccupations des agents correctionnels (AC) canadiens fédéraux concernant leur environnement de travail. En nous appuyant sur la géographie carcérale, et en reconnaissant l’importance des liens entre l’architecture, les aménagements physiques et l’expérience vécue de l’espace, nous avons étudié l’effet de la lumière (ou de son absence) sur l’environnement de travail et le bien-être des AC. Les participants dont les propos sont rapportés dans cet article (n = 60) ont été recrutés dans le cadre d’une vaste étude longitudinale (Ricciardelli et al., 2021). Après avoir constaté que l’accès limité à la lumière naturelle est souvent justifié par des considérations liées à la sécurité, nous avons dans un premier temps analysé l’incidence de cette absence de lumière naturelle sur l’expérience de travail et sur la santé et le bien-être des AC. Nous avons ensuite examiné les mesures alternatives permettant de répondre aux enjeux de sécurité en ayant recours à des sources excessives de lumière. Ces deux aspects nous permettent de reconnaître l’existence d’un problème de lumière propre au milieu carcéral. Bien que l’accès à la lumière naturelle soit strictement contrôlé, on constate néanmoins que la lumière constitue, par nature, un aspect particulièrement difficile à réguler en milieu carcéral. Les résultats de cette étude permettent de mettre en évidence les problèmes liés à la diffusion de la lumière dans l’espace carcéral et de souligner les effets pervers de l’environnement carcéral sur les conditions de soins. Nous concluons cet article en énonçant des recommandations concernant les aménagements de la lumière et l’amélioration des conditions dans lesquelles se retrouvent les AC et les prisonniers.
EN :
In this article, we investigate Canadian federal correctional officers’ (CO) experiences and concerns with their prison workspaces. By drawing upon carceral geography, and recognizing the existing relationship shared between architecture, design and the lived experience of space, we consider how prison light(ing), or lack thereof, impacts the workspaces and well-being of COs. This article draws upon data generated from interviews conducted with Canadian federal COs (n=60), derived from a larger longitudinal study (Ricciardelli et al., 2021). We first illustrate how (limited) access to natural light is often the consequence of safety and security concerns, before examining the impact of this access on the work experience, as well as the health and well-being of the CO. We then turn our attention to the provision of alternative or security-minded light(ing), which often renders prison spaces over-illuminated. Taken together, the article’s focus reveals an inherent lighting problem. While natural light(ing) is in particular purportedly stringently managed in the prison setting, the very nature of light renders it highly uncontrollable. Such findings illuminate the problems associated with the prison lighting that circulates within spaces of incarceration, as well as the (un)intentional and latent consequences of prison conditions for care. We close with recommendations for improving CO and prisoner well-being in relation to lighting in prison spaces.
ES :
En este artículo analizamos la experiencia y las preocupaciones de los funcionarios de prisiones federales canadienses en relación con su entorno de trabajo. Basándonos en la geografía penitenciaria y reconociendo la importancia de los vínculos entre la arquitectura, la disposición física y la experiencia vivida del espacio, investigamos el impacto de la luz (o la falta de ella) en el entorno de trabajo y el bienestar de los funcionarios de prisiones. Los participantes cuyas declaraciones recoge este artículo (n= 60) fueron reclutados como parte de un amplio estudio longitudinal (Ricciardelli et al., 2021). Tras señalar que el acceso limitado a la luz natural suele justificarse por consideraciones de seguridad, analizamos en primer lugar el impacto de esta ausencia de luz natural en la experiencia laboral y en la salud y el bienestar de los funcionarios. A continuación, estudiamos las medidas alternativas que intentan resolver los problemas de seguridad mediante el uso de fuentes de luz excesivas. Estos dos aspectos nos permiten reconocer la existencia de un problema de iluminación específico del entorno penitenciario. Aunque el acceso a la luz natural está estrictamente controlado, la luz es, por su propia naturaleza, un aspecto particularmente difícil de regular en el entorno penitenciario. Los resultados de este estudio ponen de manifiesto los problemas asociados a la difusión de la luz en el entorno penitenciario y subrayan los efectos perversos de dicho entorno sobre las condiciones de tratamiento. El artículo concluye con recomendaciones sobre cómo mejorar la iluminación y las condiciones en las que trabajan los funcionarios y los reclusos.
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De l’usage de Google Earth pour une contre-cartographie critique de l’extension carcérale
Julie de Dardel et Jean-Sébastien Blanc
p. 93–120
RésuméFR :
Cet article explore les liens entre cartographie, systèmes d’information géographique (SIG) et espaces d’enfermement. Dans une perspective de réappropriation critique des SIG, il postule que des logiciels grand public tels que Google Earth peuvent contribuer à une contre-cartographie de l’extension carcérale à l’ère contemporaine. Appliquée à la prison de Champ-Dollon (Genève, Suisse), cette approche se montre pertinente pour déconstruire et contester le mythe des petites prisons suisses à vocation « humaine ».
Les apports de la démarche contre-cartographique sont mis en évidence à plusieurs niveaux. D’un point de vue méthodologique, l’étude de cas illustre la manière dont les fonctionnalités d’exploration spatio-temporelle de Google Earth peuvent être exploitées ; en cela, l’article propose une méthode permettant d’appréhender les « circuits » carcéraux, réplicable à d’autres contextes. D’un point de vue épistémologique, elle révèle une dimension encore peu explorée du tournant punitif : celle de son encastrement dans le territoire et de sa matérialisation paysagère et architecturale. Enfin, d’un point de vue politique et transformatif, dans le sillage de Gill et al. (2018), l’article signale les potentialités des SIG comme outils de résistance à la prolifération actuelle des espaces d’enfermement.
EN :
This article explores the links between cartography, Geographic Information Systems (GIS) and spaces of confinement. From the perspective of a critical reappropriation of GIS, it shows that mainstream software programs such as Google Earth can contribute to a ‘counter-mapping’ of prison expansion in the contemporary era. Applied to Champ-Dollon prison (Geneva, Switzerland), this approach proves to be relevant in deconstructing and challenging the myth of Switzerland’s small, ‘humane’ prisons.
The contributions of the counter-cartographic approach are highlighted at several levels. From a methodological perspective, the case study illustrates how Google Earth’s functions of spatio-temporal exploration can be used ; in this way, the article proposes a method for apprehending carceral ‘circuits’ that can be replicated in other contexts. From an epistemological perspective, it reveals an under-researched dimension of the punitive turn, namely its embeddedness in the territory and its materialisation in landscape and architecture. Finally, from a political and transformative perspective, in line with Gill et al. (2018), the article points out the potentials of GIS as tools of resistance to the ongoing proliferation of confinement spaces.
ES :
Este artículo analiza los vínculos entre la cartografía, los Sistemas de Información Geográfica (SIG) y los espacios de encarcelamiento. Desde la perspectiva de una reapropiación crítica de los SIG, plantea que los softwares de uso común, como Google Earth, pueden contribuir a una contra-cartografía de la expansión carcelaria en la era contemporánea. Aplicado a la prisión de Champ-Dollon (Ginebra, Suiza), este enfoque resulta relevante para deconstruir y refutar el mito de las pequeñas prisiones “humanas” de Suiza.
Las contribuciones del enfoque contra-cartográfico se destacan a varios niveles. Desde una perspectiva metodológica, el estudio de caso ilustra cómo pueden utilizarse las funciones de exploración espaciotemporal de Google Earth ; de este modo, el artículo propone un método para comprender los “circuitos” carcelarios – método que se puede replicar en otros contextos. Desde una perspectiva epistemológica, revela una dimensión del giro punitivo que aún no se ha investigado a fondo : su arraigo en el territorio y su materialización en el paisaje y la arquitectura. Por último, desde una perspectiva política y transformadora, en consonancia con Gill et al. (2018), el artículo señala los potenciales de los SIG como medios de resistencia a la actual proliferación de espacios de encierro.
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Enfermées à l’air libre. Approche géographique de l’expérience des personnes placées sous surveillance électronique
Franck Ollivon
p. 121–142
RésuméFR :
Le présent article a pour objet de contribuer aux réflexions qui animent la géographie carcérale concernant la diffusion du carcéral hors des institutions d’enfermement proprement dites. Les géographes appréhendent généralement cette diffusion sous l’angle de l’homologie entre la prison et des espaces qui, comme elle, se caractérisent par l’existence d’une clôture matérielle. Nous montrons ici que cette diffusion doit aussi être pensée sous l’angle de la circulation de discours et de représentations propres à l’institution carcérale. Ainsi, en reprenant le matériau empirique issu d’une recherche menée en France sur une alternative à l’incarcération, le placement sous surveillance électronique (PSE), nous montrons que l’expérience des personnes placées reste profondément marquée par le référent carcéral, alors même que le cadre spatial dans lequel elles exécutent leur mesure est très différent de celui de la prison. Les entretiens que nous avons réalisés avec ces personnes placées nous amènent à conclure que la dimension carcérale de l’expérience du PSE tient tout particulièrement aux discours qui sont adressés aux personnes placées et aux actes procéduraux qu’elles doivent accomplir tout au long de la mesure.
EN :
The purpose of this article is to contribute to reflections on carceral geography focused on the diffusion of the carceral beyond institutions of confinement. Geographers generally understand this diffusion in terms of the homology between carceral institutions and various other kinds of spaces similarly characterized by the existence of a physical enclosure. We show that this diffusion also needs to be considered from the perspective of the circulation of carceral discourses and representations. We draw upon empirical material from research conducted in France about being sentenced to electronic monitoring (EM), as an alternative to incarceration, to illustrate how the experiences of individuals serving EM sentences strongly echo those of inmates, in spite of the spatial setting where they carry out their sentences differing greatly from that of prison. The interviews we conducted with electronically monitored convicts lead us to conclude that the carcerality of their EM experiences is particularly related to both the discourses that are addressed to them, as well as the procedural acts they are made to perform throughout the duration of their sentence.
ES :
El propósito de este artículo es contribuir a las reflexiones que animan la geografía carcelaria sobre la difusión de lo carcelario fuera de las propias instituciones de reclusión. Los geógrafos generalmente conciben esta difusión desde el ángulo de la homología entre la prisión y los espacios que, como ésta, se caracterizan por la existencia de una barrera material. Mostramos aquí que esta difusión debe ser considerada también desde el ángulo de la circulación de discursos y representaciones propias de la institución penitenciaria. Así, retomando el material empírico de una investigación realizada en Francia sobre una medida alternativa al encarcelamiento, la puesta bajo vigilancia electrónica (PBVE), mostramos que la experiencia de las personas bajo vigilancia permanece profundamente marcada por el referente de la prisión, incluso cuando el marco espacial en el que cumplen la medida es muy diferente al de la prisión. Las entrevistas que realizamos con estas personas bajo vigilancia nos llevan a concluir que la dimensión carcelaria de la experiencia de la PBVE se debe particularmente a los discursos que se dirigen a las personas bajo vigilancia y a los actos procesales que deben realizar a lo largo de la medida.
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Les mobilités et la dynamique du pouvoir dans les lieux d’enfermement
Bénédicte Michalon
p. 143–167
RésuméFR :
La géographie de l’enfermement s’est largement construite à partir d’une approche de l’enfermement par son rapport à la mobilité. Ce lien originel, fondateur, entre réclusion et mobilité, caractérise la discipline. À partir d’une revue de la littérature et d’éléments empiriques portant sur l’enfermement des étrangers en Roumanie, cet article montre comment les rapports de pouvoir constitutifs de l’enfermement s’exercent à travers ces mobilités. La place des mobilités dans le développement de la géographie de l’enfermement est abordée dans un premier temps. Puis trois échelles de déploiement de ces mobilités sont présentées. Entre établissements fermés d’abord, les mouvements sont décidés et mis en oeuvre par les différents acteurs chargés de l’application des politiques migratoires et pénales ; ces mouvements sont inhérents à la mise en place de la domination institutionnelle. Entre l’intérieur des établissements et leur environnement proche ensuite, les mobilités génèrent des relations dedans-dehors qui participent aux rapports de pouvoir intra-muros. Enfin, l’article traite des déplacements internes aux établissements. Leur gestion constitue un des principaux outils de maintien de l’ordre entre les murs ; mais cet ordre, négocié, accorde une certaine marge de manoeuvre aux personnes enfermées. Les mobilités se révèlent ainsi être un prisme idéal pour étudier certaines déclinaisons des relations de pouvoir dans les institutions fermées.
EN :
Carceral geography was largely constructed based on a carceral approach, by way of its relation to mobility. This original, founding link between confinement and mobility characterizes the discipline. Based on both a review of the literature, as well as fieldwork conducted on the detention of foreigners in Romania, this article discusses how the power relations that constitute confinement are exercised via these mobilities. The role of mobility in the development of the geography of confinement is first discussed. Next, three scales of deployment for these mobilities are analyzed. First, between closed institutions, where movements are decided and implemented by the various actors charged with enforcing migration and penal policies, and where governmental mobilities are inherent to the implementation of institutional domination. Second, between the interior of the institutions and their immediate environment, mobility generates inside-outside relations that play a part in power relations within the institutions. Finally, the article deals with movements within the institutions. While the management of these movements is one of the main tools used to maintaining order, this negotiated order nonetheless grants a certain amount of leeway to the detainees. Mobility thus proves to be a pertinent prism for studying variations of power relations within closed institutions.
ES :
La geografía del encierro se ha basado en gran medida en un enfoque del encierro a través de su relación con la movilidad. Este vínculo original y fundacional entre confinamiento y movilidad caracteriza la disciplina. A partir de una revisión de la literatura y de pruebas empíricas sobre el encierro de extranjeros en Rumanía, este artículo analiza las relaciones de poder que constituyen el confinamiento a través de estas movilidades. En primer lugar, se analiza el lugar que ocupan las movilidades en el desarrollo de la geografía del encierro. A continuación, se presentan tres escalas de despliegue de estas movilidades. La primera se da entre establecimientos cerrados, donde los movimientos son decididos e implementados por los distintos actores encargados de aplicar las políticas migratorias y penales ; estos movimientos son inherentes a la implementación de la dominación institucional. La segunda opera entre el interior de las instituciones y su entorno inmediato, donde la movilidad genera relaciones dentro-fuera que participan en las relaciones de poder intramuros. Por último, el artículo abordará los movimientos internos de las instituciones. Su gestión es una de las principales herramientas para mantener el orden intramuros ; pero este orden, negociado, da cierto margen de maniobra a las personas encerradas. La movilidad se revela así como un prisma ideal a través del cual estudiar ciertos aspectos de las relaciones de poder en las instituciones cerradas.
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La frontière nationale comme dispositif carcéral. Justifications et matérialités en situation camerounaise
Calvin Minfegue et Erick Sourna Loumtouang
p. 169–193
RésuméFR :
Cette réflexion soutient que les frontières orientales et septentrionales du Cameroun sont, sur certaines portions, traversées par des logiques carcérales. Ces dernières contribuent à renforcer, dans un contexte de fortes mutations, leurs fonctions traditionnelles tout en esquissant les contours de nouvelles spatialités frontalières. Elles révèlent ainsi des grammaires carcérales, localement inédites, dont rendent compte trois dispositifs précis qui y opèrent : les drones, la vidéosurveillance et les camps.
EN :
In this paper, we examine Cameroon’s eastern and northern borders and argue that they are, in some parts, traversed by carceral logics and practices. Against a backdrop of rapid change, these carceral logics and practices reinforce their traditional functions, while also outlining the contours of new border spatialities. They thus reveal locally unprecedented carceral grammars, which are reflected in the use of three specific measures : drones, video surveillance and camps.
ES :
Este artículo sostiene que las fronteras oriental y septentrional de Camerún son atravesadas, en ciertas partes, por lógicas y prácticas carcelarias. Estas últimas contribuyen a reforzar sus funciones tradicionales en un contexto de fuertes mutaciones, al tiempo que perfilan los contornos de nuevas espacialidades fronterizas. Se revelan así nuevas gramáticas carcelarias, que se reflejan en tres dispositivos específicos que operan allí : los drones, la videovigilancia y los campamentos.
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Migrants vénézuéliens en Équateur : confronter la criminalisation symbolique par l’espace
Martha Vargas Aguirre et Guadalupe Yapud Ibadango
p. 195–219
RésuméFR :
En 2018, le gouvernement équatorien a fait face à un afflux massif de Vénézuéliens fuyant la crise humanitaire et politique dans leur pays. Dans cet article, nous examinons la politique migratoire déployée entre 2018 et 2019 par le gouvernement équatorien pour réguler ces arrivées. Pour ce faire, nous développons une articulation théorico-analytique restreinte ; nous mobilisons la perspective foucaldienne des études critiques des politiques publiques (Foucauldian Critical Policy Studies), à travers l’utilisation du concept foucaldien de problématisation et nous l’articulons à la production sociale de l’espace dans le cadre de la géographie critique. Ainsi, grâce à l’analyse des documents de politique publique, nous concluons que le gouvernement équatorien criminalise symboliquement la population vénézuélienne en la problématisant comme dangereuse et potentiellement criminelle. En revanche, les entretiens avec les immigrés vénézuéliens montrent que la population migrante répond et résiste à cette problématisation par le biais de stratégies sociospatiales. De cette manière, cette analyse cherche à contribuer aux rares études sur la criminologie de la mobilité dans le Sud global.
EN :
In 2018, the Ecuadorian government was faced with a massive influx of Venezuelans fleeing the humanitarian and political crisis in their country. In this article, we examine the immigration policy deployed between 2018 and 2019 by the Ecuadorian government to regulate these arrivals. To do so, we develop a previously underdeveloped theoretical-analytical framework by mobilizing the Foucauldian critical policy studies perspective via the use of the Foucauldian concept of problematization. We then relate this to the social production of space within the framework of critical geography. Through the analysis of public policy documents, we posit that the Ecuadorian government symbolically criminalized the Venezuelan population by problematizing it as dangerous and potentially criminal. In contrast, interviews with Venezuelan immigrants show that the migrant population responds to and resists this problematization by employing socio-spatial strategies. Thus, this analysis seeks to contribute to the rare studies on the criminology of mobility in the global South.
ES :
En 2018, el gobierno ecuatoriano enfrentó la masiva llegada de venezolanos que huían de la crisis humanitaria y política en su país. En este artículo, examinamos la política migratoria desplegada entre 2018 y 2019 por este gobierno para regular estas llegadas. Para ello, desarrollamos una articulación teórico-analítica poco desarrollada ; movilizamos la perspectiva de los Estudios Políticos Críticos Foucaultianos (Foucauldian Critical Policy Studies), a través del uso del concepto foucaultiano de problematización, y la articulamos con la producción social del espacio en el marco de la geografía crítica. Así, a través del análisis de documentos de políticas públicas, concluimos que el gobierno ecuatoriano criminalizó simbólicamente a la población venezolana al problematizarla como peligrosa y potencialmente criminal. En contraste, las entrevistas con inmigrantes venezolanos muestran que la población migrante responde y resiste a esta problematización a través de estrategias socio-espaciales. De esta manera, este análisis busca contribuir a los escasos estudios sobre criminología de la movilidad en el Sur global.
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« Contre la chance à l’Est » : le dispositif pénal du territoire Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles
Izara Gilbert et Jade Bourdages
p. 221–245
RésuméFR :
En se basant sur une recherche qui s’intéresse à l’expérience de la stigmatisation territoriale vécue par les jeunes de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles dans le cadre du dispositif pénal, cet article souhaite illustrer les liens qui existent entre les particularités objectives et symboliques d’un territoire et leur incidence sur les individus. À partir d’entretiens réalisés auprès de 15 jeunes et intervenants qui habitent l’arrondissement, les données révèlent que les rapports sociaux du territoire sont fortement conditionnés par un imaginaire associé à la délinquance, et que les jeunes Noir·e·s sont spécifiquement ciblé·e·s par les discours et les interventions répressives indépendamment du fait qu’ils et elles soient judiciarisé·e·s ou non. Nous développons ainsi une lecture du dispositif pénal qui résulte des processus de stigmatisation et qui se reproduit à travers toutes les relations sociales quotidiennement et dont les logiques de relégation spatiale et de fermeture sociale modulent les trajectoires et les opportunités.
EN :
Based on research conducted regarding the territorial stigmatization experienced by youth in the Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles in the context of the penal system, this article seeks to illustrate the links between the objective and symbolic characteristics of the territory, and their impact on individuals. Data for this study was collected from interviews conducted with 15 individuals, which included young adults and community workers residing in this borough. The interviews reveal that all social relations in the borough are considerably shaped by a symbolic universe associated with delinquency. In addition, this repressive discourse and set of actions especially targets black youth, regardless of whether or not they are judicialized. Thus, stemming from the processes of stigmatization, we develop an understanding of a penal system that reproduces itself on a daily basis through all social relations, while also modulating the trajectories and opportunities via a rationale of spatial relegation and social closure.
ES :
A partir de un estudio sobre la experiencia de estigmatización territorial de los jóvenes de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles en el contexto del sistema de justicia penal, este artículo pretende ilustrar los vínculos entre las características objetivas y simbólicas de un territorio y su impacto en los individuos. A través de entrevistas con 15 jóvenes y animadores del barrio, los datos revelan que las relaciones sociales de la zona están fuertemente condicionadas por un imaginario asociado a la delincuencia, y que los jóvenes negros son objeto específico de discursos e intervenciones represivas, con independencia de que estén o no implicados en el sistema penal. Llevamos a cabo así una lectura del sistema de justicia penal que resulta de procesos de estigmatización y que se reproduce cotidianamente a través de todas las relaciones sociales, y en la que las lógicas de relegación espacial y de cierre social modulan trayectorias y oportunidades.
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Espaces urbains contestés : activisme anti-carcéral dans la ville d’Ottawa
Maritza Felices-Luna et Geneviève Nault
p. 247–270
RésuméFR :
À partir de trois groupes de discussion auprès d’activistes abolitionnistes oeuvrant dans la ville d’Ottawa, cet article s’inspire de la géographie carcérale pour analyser les modalités de contestation et de résistance à l’imbrication quotidienne du carcéral dans les espaces de vie (publics et privés) des populations marginalisées et vulnérabilisées. L’analyse révèle trois types de sites occupés, utilisés et vécus de manière différente autant par les activistes que par les populations marginalisées et vulnérabilisées, dont la plupart de ces activistes sont membres. Nous démontrons qu’en s’investissant dans les sites de gouvernance (pour transformer la ville par la parole qui dérange), dans les sites de contestation (pour lutter contre la surveillance et les pratiques carcérales grâce à l’entraide et la visibilité des corps différents) et dans les sites de vie (pour abolir les pratiques d’exclusion qui favorisent le carcéral et promouvoir des communautés d’entraide où les gens se sentent en sécurité), les participants réinventent la ville d’Ottawa afin de faire place à la différence. Cet article met en lumière le caractère profondément politique de la vie quotidienne dans les espaces publics et privés. Dans un contexte où la non-conformité est suspecte, policée et entravée, vivre autrement est une manière de générer le possible.
EN :
Based on three focus groups featuring abolitionist activists operating in the city of Ottawa, this article draws on carceral geography to analyze modalities of protest and resistance against the daily imbrication of the carceral into the (public and private) living spaces of marginalized and vulnerable populations. The analysis reveals three types of sites, which are differently occupied, used and experienced, both by activists and the marginalized and vulnerable populations many of these activists are a member of. We demonstrate that by investing in sites of governance (to transform the city through disturbing speech), of protest (to fight against surveillance and carceral practices through mutual aid and by making differences visible), and of everyday life (to abolish the exclusionary practices that underpin the carceral, and instead promote supportive communities where people feel safe), participants reinvent the city of Ottawa to make room for differences. This article sheds light on the deeply political nature of everyday life in public and private spaces. In a context where nonconformity is suspect, policed and hindered, living differently is a way of generating the possible.
ES :
Basándose en tres grupos de discusión con activistas abolicionistas que trabajan en la ciudad de Ottawa, este artículo recurre a la geografía carcelaria para analizar los modos de protesta y resistencia ante la imbricación cotidiana de lo carcelario en los espacios vitales (públicos y privados) de las poblaciones marginadas y vulnerables. El análisis revela tres tipos de lugares ocupados, utilizados y experimentados de diferentes maneras tanto por los activistas como por las poblaciones marginadas y vulnerables a las que pertenecen la mayoría de estos activistas. Demostramos que, implicándose en los lugares de gobernanza (para transformar la ciudad a través de las palabras), en los lugares de disputa (para luchar contra las prácticas de vigilancia y encarcelamiento a través de la ayuda mutua y la visibilidad de diferentes cuerpos) y en los lugares de vida (para abolir las prácticas excluyentes que fomentan el encarcelamiento y promover las comunidades de ayuda mutua en las que la gente se sienta segura), los participantes están reinventando la ciudad de Ottawa para dar cabida a la diferencia. Este artículo pone de relieve el carácter profundamente político de la vida cotidiana en los espacios públicos y privados. En un contexto en el que el inconformismo es sospechoso, vigilado y obstaculizado, vivir de otra manera es una forma de generar lo posible.
Hors thème
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Déjouer l’androcentrisme des savoirs sur les sorties de délinquance : prendre au sérieux les expériences de femmes judiciarisées
Aurélie Stoll, Valérie Rouiller et Manon Jendly
p. 271–294
RésuméFR :
Cette contribution explore les dynamiques personnelles et sociales associées aux parcours de sortie de délinquance de huit femmes judiciarisées en Suisse romande. Les femmes rencontrées nous enseignent que tenir à distance une nouvelle criminalisation, et plus largement renouer avec une vie meilleure, implique de s’émanciper des injonctions qui leur sont formulées dans tous leurs milieux de socialisation, du fait d’être femme d’une part et en conflit avec la loi, d’autre part. À l’appui de leurs expériences, cette contribution invite ainsi à dépasser les perspectives individualistes, psychologisantes et androcentrées encore largement dominantes dans les travaux criminologiques sur les sorties de délinquance, pour mieux prendre au sérieux les composantes structurelles qui façonnent leurs trajectoires.
EN :
This contribution explores the personal and social dynamics associated with the pathways to desistance of eight women who experienced the criminal justice system in French-speaking Switzerland. The women we met taught us that keeping further criminalization at bay, and more broadly reconnecting with a better life, implies freeing themselves from the social expectations imposed upon them in all their socializing environments by virtue of being both a woman and in conflict with the law. In support of their experiences, this contribution invites us to go beyond the individualistic, psychologizing and androcentric perspectives that continue to dominate criminological studies on desistance, in order to take more seriously the structural components that shape these women’s trajectories.
ES :
Este artículo explora las dinámicas personales y sociales asociadas a las trayectorias de desistimiento delictivo de ocho mujeres judicializadas de la Suiza francófona. Las mujeres con las que nos reunimos nos enseñan que mantenerse a distancia de una nueva criminalización, y más ampliamente, volver a una vida mejor, implica emanciparse de los mandatos formulados en todos sus entornos de socialización, por el hecho de ser mujer, por una parte, y de estar en conflicto con la ley, por otra. A través de sus experiencias, este artículo nos invita a superar las perspectivas individualistas, psicologizantes y androcéntricas que siguen siendo ampliamente dominantes en los trabajos criminológicos sobre el desistimiento delictivo, para tomar más en serio los componentes estructurales que configuran sus trayectorias.
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Abus et violence vécus par les jeunes trans et non binaires au Québec
Naomie-Jade Ladry, Annie Pullen Sansfaçon, Nicholas Chadi, Kira London-Nadeau, Ashley B. Taylor, Ace Chan, Lyne Chiniara et Elizabeth M. Saewyc
p. 295–322
RésuméFR :
Les jeunes s’identifiant comme étant des personnes trans ou non binaires (TNB) sont exposé·e·s au risque de vivre différentes formes de discrimination, d’abus et de violence de la part des membres de leur famille ou de leur entourage. Cet article a pour but de : 1) faire un portrait des jeunes TNB ayant vécu un ou des types d’abus ; 2) cerner le contexte particulier de cette violence et de ses répercussions sur le bien-être des jeunes TNB. Les données ont été recueillies dans le cadre de « l’Enquête canadienne sur la santé des jeunes trans et non binaires » (ECSJT) menée au pays en 2019. L’échantillon est composé de 220 jeunes TNB âgé·e·s de 14 à 25 ans résidant dans la province de Québec. Des analyses de Test T et Chi carré ont été menées. Elles montrent que près de la moitié de l’échantillon a subi des violences sexuelles (44,1 %) et près de 20 % de l’échantillon a été blessé physiquement par un membre de la famille, phénomène plus fréquemment rencontré chez les 14 à 17 ans (34,2 %) que chez les 18 à 25 ans (14,6 %). En contrôlant pour l’âge, il y avait une association significative entre les liens familiaux et les chances d’être victime (p <.001) ou d’avoir été témoin (p =.03) de violences impliquant un·e membre de la famille. Les résultats de l’enquête en ligne sont cohérents avec les différentes études soulignant les abus et la violence vécus par les jeunes des minorités sexuelles.
EN :
Objective : Trans or non-binary (TNB) youth are at a higher risk of experiencing various forms of discrimination, abuse and violence at the hands of family members or those around them. As such, the objectives of this article are to : 1) paint a portrait of young TNBs who have experienced one or more types of abuse ; and 2) identify the particular context of this violence, as well as its impact on the well-being of these TNB youth. Method : Data was collected as part of the Canadian Trans and Non-binary Youth Health Survey (CTYHS), which was conducted across Canada in 2019. The sample is composed of 220 TNB youth aged 14 to 25 who reside in the province of Quebec. T-tests and chi-square tests were performed. Results : Nearly half (44.1 %) of the sample experienced sexual violence, while nearly 20 % of the sample had been physically injured by a family member, a phenomenon that occurred more frequently among 14-to-17 year-olds (34.2 %) than among 18-to-25 year-olds (14.6 %). Controlling for age, there was a significant association between family connectivity and the risk of having either been a victim of (p <.001), or a witness to (p =.03), violence involving a family member. Conclusion : The results of the online survey are consistent with the various existing studies highlighting the abuse and violence experienced by sexual minority youth.
ES :
Los jóvenes que se identifican como trans o no binarios (TNB) corren el riesgo de sufrir diversas formas de discriminación, abuso y violencia por parte de familiares y otras personas. Este artículo pretende 1) ofrecer un retrato de los jóvenes NBT que han experimentado uno o más tipos de abuso ; 2) identificar el contexto particular de esta violencia y su impacto en el bienestar de los jóvenes TNB. Los datos se recopilaron como parte de la « Encuesta canadiense sobre la salud de los jóvenes trans y no binarios » realizada en todo el país en 2019. La muestra consistió en 220 jóvenes TNB de 14 a 25 años residentes en la provincia de Quebec. Se realizaron análisis de prueba T y Chi-cuadrado. Los resultados indican que casi la mitad de la muestra ha experimentado violencia sexual (44,1 %) y casi el 20 % de la muestra ha sufrido lesiones físicas por un miembro de la familia, un fenómeno más frecuente entre los jóvenes de 14 a 17 años (34,2 %) que entre los jóvenes de 18 a 25 años (14,6 %). Controlando la edad, se observó una asociación significativa entre los vínculos familiares y las probabilidades de ser víctima (p < 0,001) o testigo (p = 0,03) de violencia por parte de un miembro de la familia. Los resultados de la encuesta en línea concuerdan con diversos estudios que destacan el abuso y la violencia que sufren los jóvenes de minorías sexuales.