La recherche sur les gangs de rue au Québec est encore naissante. La première recension de la littérature scientifique ayant été réalisée ici sur ce sujet (Hébert, Hamel et Savoie, 1997) révéla d’ailleurs que les écrits canadiens et québécois étaient relativement rares. Par conséquent, il fut alors impossible, pour les chercheurs, de tracer un portrait de l’ampleur du phénomène sur notre territoire. Et ces derniers ont dû se tourner principalement vers les écrits américains, plus abondants, pour mettre en lumière les différentes dimensions du phénomène. Mais encore, ces sources présentaient une diversité de méthodologies limitant la possibilité de comparer leurs résultats et, ce faisant, de tracer un portrait clair de la situation, même aux États-Unis. Il faut dire que les chercheurs avaient pour objectif, dans le cadre du mandat qui leur avait alors été confié par le Service de police de la Ville de Montréal, de cerner et de circonscrire le problème. Comme s’il devait surgir de cette recension des informations suffisamment précises pour mener des interventions ciblées servant à éradiquer le phénomène des gangs de rue. Mais, dès lors, l’état des connaissances mettait en évidence que la prolifération de ces groupes et la diversité de leurs manifestations complexifiaient non seulement la possibilité d’en faire l’inventaire, mais aussi toute tentative d’expliquer le problème de manière univoque. Les auteurs de cette première recension se sont donc butés, comme nous encore aujourd’hui, à l’absence d’un consensus autour de la notion de gang. Cette situation apparaissait alors comme ayant des implications considérables tant sur le plan de la prévention et de l’intervention que celui de la recherche. C’est pourquoi une attention particulière a été accordée aux typologies de gangs que la littérature scientifique offrait à l’époque, dans l’intérêt de dégager certains paramètres distinctifs permettant, à tout le moins, de différencier les gangs de rue des autres groupes émergents ou s’adonnant à une délinquance passagère. Par ailleurs, les informations abondaient en ce qui concerne le fonctionnement et l’organisation de ces groupes. Les gangs ont été scrupuleusement examinés sur ce plan, parfois avec force détails à propos des spécialités et des activités criminelles de ces groupes, selon leur origine ethnique. Les motivations et les facteurs d’attraction ainsi que les processus accompagnant l’entrée dans les gangs étaient aussi relativement documentés, beaucoup mieux que les processus reliés à la sortie. Mais il reste, qu’à l’époque, les préoccupations du public et des chercheurs étaient surtout associées à la montée de la violence et de la criminalité des jeunes, avec la ferme volonté de déterminer dans quelle mesure les gangs pouvaient expliquer cette réalité. Dans cette foulée, un nombre important d’initiatives vouées à la lutte contre le problème des gangs avaient été répertoriées dans cette première recension. Toutefois, très peu d’entre elles avaient fait l’objet d’une évaluation rigoureuse. Les experts estimaient néanmoins que ces opérations pouvaient potentiellement être efficaces si elles combinaient plusieurs stratégies à la fois. On recommandait notamment de réadapter les jeunes concernés, mais aussi de soutenir leur famille et de stimuler le développement de leur communauté pour qu’elle puisse leur offrir de nouvelles opportunités de réalisation. Or, quiconque souhaitait se lancer dans l’action pouvait, tout au plus, se référer à quelques grandes lignes directrices, mais sans aucune indication précise sur la mise en place de telles initiatives. Sans compter que les connaissances sur le phénomène en tant que tel étaient encore relativement impressionnistes. Les recherches décrivaient bien les gangs, leurs formes et leurs finalités, mais très peu mettaient en lumière leurs dynamiques internes ou encore l’expérience intime des personnes y étant associées. Mais aujourd’hui, il semble que les choses aient changé. C’est-à-dire que les connaissances sur …
Parties annexes
Référence
- Hébert, J., Hamel, S. et Savoie, G. J. (1997). Jeunesse et gangs de rue – Phase I : Revue de littérature. Montréal, Québec : Institut de recherche en développement social pour les jeunes.