Résumés
Résumé
La traite des êtres humains n’épargne plus aucun État ; tous sont qualifiés d’États de départ, de transit ou de destination. L’Europe constitue toutefois une plaque tournante en ce que des pays de toute nature s’y trouvent et que les trafiquants y ont implanté leurs routes. Par conséquent, le Conseil de l’Europe (CE) était l’institution toute désignée pour adopter un instrument de lutte contre la traite des êtres humains en réponse à l’insuffisance de la communauté internationale qui n’a guère fait mieux que le Protocole de Palerme, largement critiqué. La Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (Convention CE) se veut une première réelle tentative de protéger adéquatement les victimes de traite. Le texte est ambitieux, mais des obstacles majeurs pourraient obstruer sa mise en oeuvre. Au nombre de ceux-ci, on trouve principalement l’adoption de deux directives de l’Union européenne (UE) en matière de lutte contre la traite des êtres humains. L’articulation de celles-ci fait resurgir le problème récurrent de la mise en oeuvre d’un traité international de protection des victimes. En effet, alors qu’il était possible pour les États de l’UE, lesquels forment la majorité des membres du CE, d’adopter un moyen concret de lutte contre la traite des êtres humains, ils n’auront pas réussi à s’extirper du dilemme migratoire. C’est ainsi que l’adoption de directives de l’UE scelle et distingue le sort des victimes de traite des êtres humains migrantes en territoire européen. Cet article présente, d’un point de vue juridique, les percées, mais, également, les obstacles à la mise en oeuvre de la Convention CE en fonction de la protection des victimes.
Mots-clés :
- Traite des êtres humains,
- protection des victimes,
- Convention du Conseil de l’Europe,
- directive de l’Union européenne
Abstract
No states are spared from human trafficking. All are now qualified states of departure, transit or destination. However, Europe is a focal point, as many different types of countries are within its boundaries and traffickers have set up their roads within it. Therefore, the Council of Europe was the designated institution to adopt an instrument against human trafficking in response to the paucity of measures taken by of the international community, which has done little more since adopting the widely criticized Palermo Protocol. The Council of Europe Convention on Action against Trafficking in Human Beings is the first real attempt to adequately protect victims of human trafficking. The Convention is ambitious, but major obstacles could block its effective implementation. Among others these include the adoption of two guidelines by the European Union regarding the fight against human trafficking, which highlight the recurring problem of international treaty implementation especially regarding victim protection. Indeed, when it was possible for the European Union Member States, which are the majority of the Council of Europe members, to adopt a concrete way to fight against human trafficking, they failed to eradicate the migration dilemma. Thus the adoption of the European Union guidelines seals and distinguishes the fate of migrant human trafficking victims within the European territory. This paper shows the breakthroughs from a legal point of view but also the obstacles to the implementation of the Convention of the Council of Europe, particularly regarding victim protection.
Keywords:
- Human trafficking,
- victims protection,
- Convention of the Council of Europe,
- European Union directive
Resumen
La trata de personas no exime a ningún Estado ; todo Estado puede ser calificado como Estado de partida, de tránsito o de destino. Europa constituye, no obstante, una puerta giratoria, dado que en ella se encuentran países de diferentes naturalezas, donde los traficantes han implantado sus rutas. En consecuencia, el Consejo de Europa (CE) era la institución designada para adoptar un instrumento de lucha contra la trata de personas en respuesta a la ineficacia de la comunidad internacional, que no hizo nada mejor que el Protocolo de Palermo, ampliamente criticado. La Convención del Consejo Europeo sobre la lucha contra la trata de personas (Convención CE) es una primera tentativa concreta de proteger adecuadamente las víctimas de trata. El texto es ambicioso, pero obstáculos mayores podrían obstruir su puesta en marcha efectiva. Entre éstos, se encuentra principalmente la adopción de dos directivas de la Unión Europea (UE) en materia de lucha contra la trata de personas. La articulación de éstas, hace resurgir el problema recurrente de la puesta en marcha de un tratado internacional de protección a las víctimas. En efecto, cuando era posible, para los estados de la UE, los cuales conforman la mayoría de los miembros del CE, de adoptar un medida concreta en lucha contra la trata, ellos no habrán logrado desprenderse del dilema migratorio. Es así que la adopción de las directivas de la UE sella y marca la suerte de las victimas de trata de personas migrantes en territorio europeo. Este artículo presenta, desde un punto de vista jurídico, los avances, pero también los obstáculos, de la implementación de la Convención CE en función de la protección de las víctimas.
Palabras clave:
- Trata de personas,
- protección de las víctimas,
- Convención del Consejo de Europa,
- directiva de la Unión Europea
Parties annexes
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