Résumés
Résumé
Les actes de violence dans quelques coins du monde musulman révèlent des failles graves dans le contrat social. L’éclosion de la violence sectaire met en cause la solidité de la démarche de la modernisation étatique. La culture arabo-musulmane accuse des symptômes qui la rendent couveuse de violence sectaire : cette dernière est perçue comme une crise de la culture arabo-musulmane, depuis sa formation. Une vision dualiste du monde et exclusiviste de l’Autre, dans laquelle les protomoteurs de la violence sectaire recourent à des argumentaires exclusivistes et appellent à la diabolisation de l’Autre. En plus d’une tendance autodestructrice enveloppée d’une idéologie du martyre, où l’éloge de la vie a été éclipsé par l’éloge de la mort. Sans oublier aussi le constat de l’échec, ou même la faillite du modèle étatique dans cette région. Ajoutons aussi l’intervention étrangère, notamment celle étatsunienne dans le cas de l’Irak, qui peut expliquer partiellement l’instauration d’une telle violence.
Plusieurs autres constats sur le phénomène de la violence sectaire dans l’espace islamique peuvent être soulignés. La citoyenneté, notion centrale de la modernité, n’a pas réussi à prendre sa place comme lien qui prime sur les appartenances religieuses et confessionnelles. Les loyautés primaires (religieuses, communautaires, tribales ou claniques) ont ainsi prévalu sur la loyauté à l’État. Ce qui est noté dans la disparition ou le rétrécissement de l’écart entre l’État et la société civile. Dans ce contexte, la montée des associations religieuses et des groupes tribalo-claniques devient une réalité préoccupante pour l’État. Ces groupes deviennent des refuges et des instances d’autodéfense contre la violence étatique et constituent des alternatives même à l’échec de l’État dans sa fonction de veiller au bien-être de ses citoyens. Le point fondamental pour sortir de ce labyrinthe sectaire : le retour d’un État civil fonctionnel, soit un État de droit doté de mécanismes de résolution de conflits et détenant le monopole exclusif de la violence.
Abstract
The violence in some corners of the Muslim world reveals serious flaws in the social contract. The outbreak of sectarian violence brings into question the soundness of the process of modernizing state. The Arab-Muslim culture admits symptoms of factors that make it incubator of sectarian violence; this later is considered as a crisis of the Arab-Muslim culture, since its formation. A dualistic vision of the world and exclusivist of the Other, in which fundamentalists resort to exclusivist arguments and demonize others. In addition, an ideology of martyrdom, where the praise of life has been overshadowed by the praise of death, and failure, or even model state collapse in this region, and also foreign intervention, which may partly explain the establishment of such violence.
Several findings on sectarian violence phenomenon in the Islamic space: The citizenship, central notion of modernity, has not imposed as a link, which takes precedence over the religious and confessional allegiances. The primary loyalties (religious or tribal) have prevailed over loyalty to the state. Disappearance or narrowing of the gap between the state and civil society. It is within this context that the rise of religious associations and tribal groups becomes a reality concern for the state. These groups become refuges and instances of self against state violence and are even alternatives to the failure of the State in its function of ensuring the well-being of its citizens. The fundamental point to get out of this “sectarian labyrinth” is the return of a state of law with conflict resolution mechanisms, and holding the exclusive monopoly of violence.
Resumen
Los actos de violencia en algunos rincones del mundo musulmán revelan graves fallas en el contrato social. La eclosión de la violencia sectaria pone en duda la solidez del proceso de modernización del Estado. La cultura árabe-musulmana padece síntomas que propician la incubación de la violencia sectaria: esta última es percibida como una crisis de la cultura árabe-musulmana desde sus inicios. Entre estos síntomas figura una visión dualista del mundo y excluyente del Otro en la cual los promotores de la violencia sectaria recurren a argumentos excluyentes y a la satanización del Otro. A esto se añade una tendencia autodestructiva envuelta en una ideología del martirio en que el elogio de la vida es eclipsado por el elogio de la muerte. Sin olvidar, por otra parte, la constatación del fracaso del modelo de Estado en la región. Agreguemos a eso la intervención extranjera, especialmente la estadounidense en el caso de Irak, que puede explicar, parcialmente, la instauración de dicha violencia.
El artículo señala algunas otras constataciones sobre el fenómeno de la violencia sectaria. La ciudadanía, noción central de la modernidad, no ha conseguido convertirse en un vínculo que prime sobre las pertenencias religiosas y confesionales. Así, las lealtades primarias (religiosas, comunitarias, tribales o de clan) han prevalecido sobre la lealtad al Estado y esto se evidencia en la desaparición o la reducción de la brecha entre Estado y sociedad civil. En ese contexto, el auge de las asociaciones religiosas y de grupos clánico-tribales se ha vuelto una realidad preocupante para el Estado. Estos grupos se convierten en refugios o instancias de autodefensa contra la violencia del Estado y constituyen, incluso, alternativas al fracaso del Estado en su función de velar por el bienestar de sus ciudadanos. El punto fundamental para salir de ese laberinto sectario es la vuelta a un Estado civil funcional, es decir, un Estado de derecho dotado de mecanismos de resolución de conflictos y que detente el monopolio exclusivo de la violencia.
Parties annexes
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