Résumés
Résumé
S’appuyant sur trois bilans assez négatifs de la discipline dressés par des criminologues canadiens connus, l’auteure de cet article analyse les conditions dans lesquelles est née la criminologie afin d’éclairer ce qui rend si difficile la critique de fond de son objet, le crime. Les experts invoquent le caractère appliqué et normatif de la discipline, sa proximité avec le pouvoir politique, ainsi que le climat social et politique, national et international, favorable à un retour aux orientations répressives et à une gestion actuarielle du pénal. Mais comment expliquer alors que des groupes de criminologues britanniques et irlandais, vivant dans un contexte social et politique analogue à celui des Canadiens, aient réussi à se tailler un objet d’étude au-delà du droit pénal, et qu’au Canada même une commission nationale du droit en arrive à questionner radicalement l’objet de la criminologie et à se rallier à la notion de « tort social grave » comme sujet d’étude et d’intervention ? L’auteure suggère que la professionnalisation de la discipline au Canada rend difficile toute critique immanente. Malgré tout, elle voit des signes d’un possible renouvellement de la criminologie dans l’intérêt que manifestent des départements pour les « Justice Studies » et dans le mouvement amorcé par l’Association canadienne de criminologie et sa revue qui ajoutent le mot « justice » à leur nom.
Abstract
Experts in the field agree that criminology has shown its lack of capacity to examine critically its object, crime, as defined in penal law and see four factors that have contributed to these lacunae, the applied and normative character of the discipline, its proximity to political power, the national and international social climates that favour penal repression and actuarial management rather than intellectual enlightenment. But then, asks the author, how to explain that under similar social and political conditions, a group of British and Irish social scientists have emancipated themselves from the discipline and chosen a larger field of study, beyond criminology as they say? And how was it possible for the Canadian Law Commission to explore the radical question “What is a crime ?” and to put twelve researchers at work on case studies that demonstrate the incapacity of penal law to apprehend and control severe social harms, rejoining the British and Irish colleagues’ move ? Is the professionalization of the discipline responsible for criminology’s difficulty to “think critically” ? The author sees a glimmer of hope in the will to change name shown by some criminology departments, a small move that the Canadian Association and Journal of Criminology have already made, adding the word “justice” to their title.
Parties annexes
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