Billets des directeurs de Criminologie[Notice]

Lorsque fut créé en 1960 le programme de Maîtrise ès Arts en Criminologie à l’Université de Montréal, ma préoccupation principale était d’assurer à long terme le prestige scientifique de la nouvelle discipline. En effet, les enseignements déjà bien établis tels que la psychologie et les autres sciences sociales considéraient avec un certain scepticisme la vocation scientifique de notre discipline. Celle-ci, dès l’abord, était d’orientation professionnelle. Ainsi, le service social, déjà bien établi, fut reconnu par sa valeur de formation pratique ; beaucoup cependant s’interrogeaient sur sa valeur proprement scientifique. Le danger pour la criminologie était évident : nos diplômés étaient en effet destinés, essentiellement, à l’intervention auprès des délinquants, des déviants, des détenus, des personnes judiciarisées et à la gestion des services d’administration de la justice et de la sécurité publique. Or, cette intervention devait avoir, à l’instar de la médecine, un fondement scientifique si elle devait se qualifier pleinement comme une véritable discipline d’enseignement. La vocation vers la pratique de l’intervention était incontournable : c’était la justification même de la formation de nos criminologues. Mais pour en assurer la qualité basée sur la recherche scientifique, il était indispensable que le nouveau département et par la suite École soit aussi un centre de recherche de haut niveau. C’est là que se trouvait le défi que l’équipe toute jeune du département devait relever. Or, un important critère de la qualité de cette recherche était la publication des résultats de nos travaux. Ceux-ci devaient être présentés à l’attention critique du monde scientifique national et international. La qualité particulière, originale, de caractère interdisciplinaire de l’équipe des enseignants/chercheurs méritait l’attention du monde académique : médecins, psychologues, sociologues, juristes, politologues conjuguaient leurs efforts dans l’étude des sources, des formes, des caractéristiques des comportements délinquants et de la réaction sociale que ceux-ci provoquent. C’est cette préoccupation de présenter la criminologie comme une science qui a présidé en 1968 au choix du premier titre de la revue, Acta criminologica, qui soulignait le sérieux de sa vocation scientifique. Les premiers numéros contenaient de substantiels mémoires produits par les chercheurs de l’équipe, écartant toute référence à l’actualité de la scène criminelle. Au fil des années, plus confiants dans nos forces, nous passions en 1975 à la formule, qui existe jusqu’à nos jours, des numéros thématiques. Les thèmes les plus divers embrassent carrément l’actualité que présente la politique criminelle en pleine transformation, engageant des réformes majeures de modernisation de nos appareils institutionnels. L’examen des titres témoigne bien de ce souci de service et reflète les divers aspects de l’actualité de la question criminelle au Québec et au Canada. La revue prend ainsi sa place parmi les publications périodiques bien établies dans le monde national et international. Ainsi fut assurée l’intégration harmonieuse autour du socle que représente l’Université (École de criminologie, Centre international de criminologie comparée [CICC]) d’une part, et la pratique professionnelle d’autre part. La revue devenait le véhicule même de l’information et de la formation permanente de nos criminologues. Ceux-ci comptent actuellement environ 2 500 membres diplômés, engagés dans des secteurs de plus en plus nombreux et étendus de l’administration de la justice pénale, qu’il s’agisse de la dissuasion, de la prévention de la délinquance aussi bien que de l’administration des peines, du traitement et de la resocialisation des auteurs d’actes criminels. Grâce au travail et au dévouement de plusieurs générations d’équipes de direction : Szabo-Parizeau (1968-1987), Normandeau-De Plaen (1987-1989), Brochu-De Plaen (1989-1997), Landreville-Gravel/Arcand (1997-2005), Casoni-Pacheco (2005…), notre revue sera présente lors de la commémoration du demi-siècle de l’institutionnalisation de la criminologie à l’Université de Montréal en l’an 2010. À titre de directeur de la revue Criminologie au cours …

Parties annexes