Résumés
Résumé
Cet article propose un bilan descriptif et critique du traitement pénal réservé aux femmes purgeant une sentence fédérale (2 ans et plus) au Canada depuis une décennie (1990-2000), une décennie marquée par des réaménagements fondamentaux en matière d’enfermement des femmes mais aussi de justice faite aux femmes plus généralement. Pour ce faire, le texte est organisé autour de quatre objectifs : 1) dégager un portrait statistique des femmes purgeant une peine fédérale au Canada ; 2) discuter des conditions d’émergence du groupe de travail qui a mené une étude charnière, La création de choix, en 1990 ; 3) poser un regard sur les nouveaux centres de détention et la nouvelle philosophie pénale ; 4) examiner les reconfigurations et les redéploiements de la surveillance et de la punition enchâssés dans la nouvelle philosophie pénale. L’expérience canadienne en matière de justice à l’égard des femmes incarcérées nous permet de réfléchir à trois questions. Premièrement, dans quelle mesure ces nouvelles pratiques de gouvernance débouchent-elles véritalement sur des interventions plus humaines, favorisant l’autonomisation ? Deuxièmement, quelles répercussions ces nouvelles pratiques de gouvernance ont-elles sur la distribution du pouvoir entre acteurs sociaux (incarcérées) et sur le contrôle pénal et l’exercice du pouvoir ? Troisièmement, quels sont les enjeux, dilemmes et limites de l’intervention de regroupements — féministes, autochtones ou autres — sur le changement social et les institutions étatiques ?
Abstract
In this article an assessment of the treatment of federally sentenced women (two years or more) in Canada in the last decade (1990-2000) will be provided. The last decade has been marked by some profound changes in carceral philosophies and justice issues, more generally for women. In order to undertake this task, four main objectives are targeted: 1) provide a statistical profile of federally sentenced women in Canada; 2) discuss the conditions leading to the creation of the task force Creating Choices in 1990; 3) examine the outcomes of the new penal philosophy and the new regional facilities; and 4) evaluate the reconfigurations and redeployment of the new forms of governing, surveillance and punishment embedded in this new penal philosophy for women. This unique canadian experience permits us to reflect on three interrelated questions. Firstly, to what extent do these new modes of governing lead to more humanistic interventions and the empowerment of prisoners? Secondly, what is the impact on the distribution of power between the prisoners and penal control and the exercise of power? And, thirdly, what are the dilemmas and the limits of the participation of different groups such as women’s and Natives’s groups on social change and state-regulated institutions?