Résumés
Résumé
Beaucoup de réfugiés qui s'établissent dans les pays occidentaux ont vécu des expériences traumatiques en lien avec la situation de violence organisée qui prévaut dans leur pays d'origine. La souffrance qui résulte de ces expériences est souvent interprétée dans le pays d'asile à partir d'un modèle médical qui se centre sur les manifestations psychopathologiques chez les individus et en particulier sur la présence du syndrome de stress post-traumatique. Une telle approche peut avoir pour effet de normaliser la pathologie sociale en en faisant porter le poids à l'individu et de pathologiser les réponses psychologiques et physiologiques normales à la terreur.Cet article propose de repenser le traumatisme en tant que processus de métamorphose qui génère à la fois des forces et des difficultés sur le plan personnel et collectif. Au travers de dynamiques très diverses la violence organisée vise la rupture du lien social. En provoquant un sentiment d'absurdité elle désorganise le sentiment de cohérence des personnes, des familles et des communautés. La dissociation entre les aspects individuels et collectifs de la violence organisée qui prévaut chez les professionnels et institutions du pays hôte peut aggraver la fragmentation des liens sociaux. Un processus de reconstruction se bâtit dans le va-et-vient entre l'élaboration d'un réseau de significations et le rétablissement du lien social. Le travail de construction du sens se fait d'abord et avant tout dans les familles et au sein du groupe auquel le réfugié s'identifie. Il importe alors surtout de savoir ne pas intervenir afin de ne pas interférer avec les stratégies mises de l'avant par la communauté. Parfois cependant, devant les limites ou l'échec des stratégies disponibles, une intervention extérieure impliquant les instances de la société hôte se justifie. Dans un contexte d'exil les équipes cliniques peuvent jouer un rôle de médiation important en permettant d'une part aux familles réfugiées de se réapproprier et de valider les stratégies traditionnelles ou politiques qui leur sont disponibles dans le pays d'origine et, d'autre part, en facilitant la co-construction de solutions métisses qui reflètent la multiplicité des univers dans lesquels naviguent les réfugiés.
Abstract
Many refugees who become residents of western countries have lived through traumatic experiences linked to the situation of organized violence that prevails in their countries of origin. The suffering that results from these experiences is often interpreted, in the country of asylum, based on a medical model which focuses on the psychopathological symptoms of the individual and particularly on Post Traumatic Stress Disorder (PTSD). Such an approach may have the effect of normalising social pathology by making the individual carry the weight of it and by pathologizing a normal psychological and physiological response to terror.This article proposes to rethink trauma, seeing it as a process of metamorphosis which generates both strengths and difficulties on an individual and a collective basis. Disassociating the individual and collective aspects of organized violence, a practice which prevails among professions and institutions of the host countries, may aggravate the fragmentation of social connections. A reconstruction process takes place in the coming and going between the elaboration of a network of significances and the reestablishment of social connections. The work of construction of sense takes place first and foremost within families and in the group with which the refugee identifies. It matters then especially not to intervene so as not to interfere with the strategies employed by the community. At times, however, faced with limitations or the failure of available strategies, external intervention by the host society is justified. In a context of exile, clinical teams may play an important mediation role by allowing refugee families to reappropriate and validate their traditional strategies or those political strategies that are available to them in their countries of origin, and by facilitating the joint construction of solutions that reflect the multiple universes in which the refugees navigate.
Resumen
Numerosos refugiados establecidos en países occidentales han vivido experiencias traumáticas a causa de la violencia organizada que prevalece en el país de origen. El sufrimiento que resulta de estas experiencias suele interpretarse en los paises de asilo a partir de un modelo médico centrado en las diversas manifestaciones psicopatológicas encontradas en estos indivíduos, en particular la presencia del síndrome de stress post-traumático. La aplicación de este enfoque puede tener por efecto la normalización de la patología social al descargar el peso de la misma sobre el indivíduo, a la vez que convierte en patológicas las respuestas de orden psicológico y fisiológico completamente normales ante el terror.El presente artículo propone replantear la experiencia traumática en tanto que proceso de metamorfosis capaz de producir simultáneamente fortalezas y dificultades, tanto en el plano personal como colectivo. Mediante diversas dinámicas, la violencia organizada se propone lograr la ruptura del vínculo social. De esta manera, al provocar un sentimiento de absurdidad se desorganiza el sentimiento de coherencia tanto en las personas, como en las familias y en las propias comunidades. La separación entre los aspectos individuales y colectivos que integran la violencia organizada y que prevalece entre los profesionales y las instituciones del país receptor, puede àgravar la fragmentación de los lazos sociales. Un proceso de reconstucciòn se basa en el intercambio entre la elaboración de significaciones y el restablecimiento del nexo social. El trabajo de construcción del sentido es llevado a cabo primero y sobre todo dentro de las familias y en el seno del grupo con el cual se identifica el refugiado. Es importante, en consecuencia, saber no intervenir si se quiere evitar la interferencia en las estrategias iniciadas por la comunidad. No obstante, algunas veces ante las limitaciones o el fracaso de las estrategias disponibles, pareciera justificarse una intervención exterior por parte de las instancias de la sociedad receptora. En el contexto del exilio, los equipos clínicos pueden desempeñar un papel de mediación importante, permitiendo por una parte a las familias refugiadas apropiarse de nuevo y validar las estrategias tradicionales o políticas disponibles en su país de origen, y por otra, facilitando la co-construcción de soluciones mestizas que reflejen la multiplicidad de universos en los cuales suelen navegar los refugiados.