Résumés
Résumé
Depuis 1981, le Code civil du Québec, dans la foulée de la reconnaissance du principe d’égalité des parents, permet d’attribuer à un enfant soit le nom de son père, soit le nom de sa mère, soit les deux noms réunis. La personne qui a reçu un nom composé peut le transmettre en totalité ou en partie à son enfant, combiné ou non avec le nom simple ou une partie du nom composé de l’autre parent (16 possibilités). Cet article propose une réflexion sur cette réforme à travers son impact sur les dynamiques de transmission du nom, sur la base des statistiques postérieures à la nouvelle législation (1980-2010) ainsi que de 25 entretiens autour de la naissance du premier enfant réalisés auprès de mères ou de pères d’enfants nés au cours de la période 2008-2013, incluant des parents porteurs d’un double nom. Cet article analyse, à partir des chiffres disponibles, une hausse de l’attribution du nom du père au cours des dernières décennies, succédant à une croissance du double nom dans les années 1980. Sans être généralisables, les entretiens suggèrent un accroissement de l’importance de la fonction connotative des discours entourant les processus de nomination, où s’entremêlent de façon complexe les enjeux de filiation, d’identité et d’égalité.
Abstract
Since 1981, as a consequence of the recognition of the principle of equality between parents, the Civil Code in Quebec has allowed a child to be given the name of its father or that of its mother, or the two names together. A person given a composite name may pass it on to his or her child, in its entirety or in part, and combined or not with the simple or the composite name of the other parent (making 16 possible options in all). This article offers a review of this legal reform through its impact on the dynamics of name transmission, based on data collected after the new legislation (from 1980 to 2010), and on 25 interviews about the birth of their first child, carried out with mothers or fathers of children born during the period from 2008 to 2013, including parents with double names. The analysis shows, on the basis of the available figures, that an increase in double names during the 1980s is being succeeded by a rise in last decades in attributions of the father’s name alone. Although the findings cannot be generalised, evidence from interviews suggests a growth in the importance of the connotative function of discourses surrounding the naming process, in which issues of filiation, identity and equality are involved in a complex set of inter-relations.
Parties annexes
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