Note de lecture

Victor, Piché (2013), Profession démographe, Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 72 pages[Notice]

  • Esther Létourneau

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  • Esther Létourneau
    Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport

Dernier paru d’une collection comptant déjà 17 titres, Profession démographe est un petit ouvrage rédigé par Victor Piché. En prologue, il raconte la naissance de sa passion pour la démographie au cours d’emplois d’été qui, à la fin des années 1960, confrontent le jeune sociologue qu’il est à la réalité autochtone. Le concept de tiers-monde développé par Alfred Sauvy va prendre forme sous ses yeux. Il a aussi l’occasion de constater qu’une déclaration tardive des naissances peut fausser la mesure de la mortalité infantile et faire croire à une hausse du phénomène alors qu’il n’y en a pas. Marqué par ses observations, l’auteur entreprend alors une carrière de démographe qui l’amènera à mener des enquêtes sur le terrain, à étudier les inégalités sociales et économiques, à faire des liens entre la population et le développement et, aussi, à enseigner qu’il faut bien mesurer ce qui est à mesurer avant de se lancer dans de grandes explications théoriques. Sa vision personnelle de la discipline s’ouvre avec l’omniprésence de la démographie et des enjeux qu’elle soulève à l’égard de l’avenir social et politique, surtout au Québec. Ayant comme objectif de dire à quoi sert le travail des démographes, Victor Piché explicitera et complétera cette vision avec plusieurs autres éléments. Le tout tient en sept chapitres, auxquels s’ajoutent d’une liste d’ouvrages et des remerciements. « La démographie est une science sociale » : ainsi intitulé, le premier chapitre permet de la distinguer des autres disciplines par son étude centrée sur les mécanismes de renouvellement de la population. L’équation de base et les principales sources que sont les recensements, l’état civil et les enquêtes y sont présentées. Le régime et la transition démographique, les stratégies de survie et les théories migratoires sont ensuite définis par l’auteur afin de réfuter l’accusation longtemps portée à la démographie d’être une discipline empirique sans préoccupation théorique. Pour Victor Piché, la démographie est aussi une science explicative. Le deuxième chapitre aborde les grands défis démographiques de notre temps. À la diversité des champs d’études dont témoignent quelque 300 séances inscrites en 2013 au congrès de l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population (UIESP), l’auteur oppose un consensus quant aux principales préoccupations recueillies. L’inéluctable vieillissement démographique, dont les conséquences sociales et économiques sont interprétées différemment par les pessimistes et les optimistes, est l’enjeu principal selon 30 % des 800 membres de l’UIESP. L’ampleur des flux migratoires préoccupe 14 % d’entre eux, dont l’auteur lui-même, qui disserte longuement sur la question. Il précise d’entrée de jeu que les conséquences des migrations sont davantage étudiées que leurs causes. D’une part, les pays développés se questionnent surtout sur l’immigration. Plusieurs travaux centrés sur l’observation à court terme traitent des difficultés de l’insertion économique et des conséquences identitaires. De rares études menées sur le long terme montrent pourtant l’incidence économique positive de l’immigration. D’autre part, les pays en développement se préoccupent de l’émigration. Les transferts monétaires aux familles des contrées d’origine en constituent un important bénéfice. Cependant, à l’échelle nationale, un environnement politique déficient contrecarre les possibilités d’investissements constructifs. L’exode notoire des cerveaux est une conséquence négative de l’émigration. Enfin, l’auteur explique que le contexte de mondialisation facilite la circulation des capitaux mais pas celle des personnes. Les droits des travailleurs étrangers sont limités et bafoués, même au Canada. Une fécondité en dessous du seuil de remplacement des générations, qui est une réalité occidentale, est un enjeu pour 12 % des membres de l’UIESP, alors que seuls 2 % s’inquiètent de la dépopulation qui en découle. Enfin, les droits de la reproduction, c’est-à-dire les droits des femmes en matière de contraception, d’avortement et …

Parties annexes