Résumés
RÉSUMÉ
En Algérie, colonie de peuplement, vivaient deux populations dotées de références fort différentes au plan de la culture, de la religion et de la civilisation, et situées aux antipodes l'une de l'autre pour ce qui est des traditions administrativo-étatiques. En ce qui concerne le mariage, aux institutions des uns — liens sacrés légitimés dans la société par une cérémonie civile et par l'enregistrement a l'état civil — s'opposait chez les autres une conception communautaire du mariage dont la légitimité ne devait rien à l'État. Les deux populations avaient, par conséquent, des pratiques matrimoniales différentes. Il y avait monogamie d'un côté, avec un faible taux de divorce, et polygamie de l'autre, avec un taux de divortialité très élevé; de plus le divorce revêtait chez les Algériens une forme particulière, la répudiation. La nuptialité est étudiée ici sous l'angle du marché matrimonial : la demande est exprimée par les hommes et l'offre est constituée par les femmes; l'existence de la dot et sa monétarisation totale ou partielle établissent un prix relatif qui permet l'accès au marché; tous les hommes qui ne peuvent payer la dot sont momentanément exclus du marché. L'objectif de cette recherche est de construire une explication du fonctionnement du marché matrimonial dans la société algérienne traditionnelle et de mettre en relief les mécanismes démographiques qui sous-tendent ce fonctionnement.
ABSTRACT
The settlement of French colonists led to the existence in Algeria of two populations with very different perspectives on culture, religion and civilization, and with completely opposite administrative and state traditions. In the area of marnage, the institutions of — one group sacred bonds socially legitimized by a civil ceremony and by registration in the vital records — contrasted sharply with the other group's community-oriented conception of marriage, the legitimacy of which owed nothing to the State. The two populations thus had quite different matrimonial practices. On the one hand there was monogamy, with a low divorce rate, and on the other hand, polygamy, marked by a very high divorce rate; moreover, for the Algerians, divorce assumed a particular form, centred around the notion of repudiation. In this article, nuptiality is studied from the perspective of the matrimonial market, where the demand is expressed by men and the supply is represented by women; the existence of the dowry, fixed in whole or in part in monetary terms, sets a relative price for access to this market: any man who is unable to pay the price of the dowry is momentarily excluded from the market. The objective of this study is to explain the functioning of the matrimonial market in traditional Algerian society and to highlight the demographic mechanisms underlying this functioning.