Cahiers québécois de démographie
Volume 7, numéro 3, décembre 1978
Textes des communications présentées à la section de démographie du 46e Congrès de l’ACFAS à Ottawa (mai 1978)
Sommaire (11 articles)
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Présentation
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Le rôle de la démographie dans le domaine de la santé
Francine Ouellet et Jean-François Lachapelle
p. 5–23
RésuméFR :
Les approches nouvelles définies au Québec dans le domaine de la santé, particulièrement de la santé communautaire, ont conduit à d’importantes réorientations du rôle de la recherche socio-sanitaire qui devient un instrument de la planification et de gestion. La démographie a su contribuer avantageusement à cet essor : plus d’une vingtaine de démographes travaillent dans des domaines qui sont liés de très près à la santé au Québec.
À partir de deux lois qui sont à la base de la restructuration des services de santé au Québec, on verra quelle importance le législateur a accordé à la recherche socio-sanitaire, et plus précisément, quelle place occupe la démographie au ministère des Affaires sociales du Québec et dans le réseau.
Les liens entre la démographie et la science médicale font l’objet de la seconde partie. Ces liens seront d’abord définis à partir des variables démographiques que l’on passera en revue de façon à préciser leur importance respective comme facteurs de mesure dans le domaine de la recherche socio-sanitaire. Par la suite, nous tenterons de clarifier cette notion de technique ou d’approche démographique qui semble d’une part, voisine de l’épidémiologie et d’autre part, si appropriée par son caractère populationnel à la fonction de planification.
En guise de conclusion, on peut se poser la question à savoir si la démographie possède l’envergure nécessaire pour dépasser le rôle de soutien technique et devenir un véritable instrument de gestion et de planification. Le type de formation reçue en démographie ou la science démographique elle-même serait-elle un obstacle à son expansion?
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La mortalité infantile et périnatale au Québec (1965-1974) : importance de l’âge maternel et de la parité
Jean-Marc Bernard
p. 25–54
RésuméFR :
Le développement rapide de la technologie médicale, associée souvent trop hâtivement à l’amélioration de l’état de santé et à la diminution de la mortalité, tend a nous faire oublier l’importance des facteurs extra-médicaux. Tel est le cas des facteurs démographiques dans le domaine de la mortalité infantile et périnatale. La diminution rapide de la natalité au Québec entre 1965 et 1974, accompagnée d’une chute non moins importante de la mortalité infantile et périnatale, nous fournit l’occasion d’illustrer ce phénomène. La baisse de la natalité a résulté en une réduction très marquée des principaux groupes à risque, en terme d’âge maternel et de parité, par rapport à la mortalité périnatale et infantile : soit en terme d’âge maternel, les mères de 34 ans et plus et, en terme de parité, les mères qui ont accouché 4 fois ou plus. Or, la standardisation du taux de mortalité (périnatale) entre les années 1965 et 1974 en fonction de l’âge maternel et de la parité nous permet d’expliquer par les seuls changements survenus dans ces deux variables environ 40 % de la diminution de cette mortalité.
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Variations saisonnières des naissances et des décès dans deux pays asiatiques et leurs significations pour la santé de la population
Karol J. Krótki
p. 55–78
RésuméFR :
Les données concernant les variations saisonnières 1959-1963 présentées à la première « Asian Population Conference » (Nouvelle Delhi, 1963) comprennent, maintenant, celles pour le Bangladesh et le Pakistan 1964-65 et celles des naissances au Pakistan 1971-1974. Les séries de données des trois périodes se ressemblent remarquablement, bien que tirées de sources différentes. La décennie et demie qui sépare les périodes n’a introduit aucun changement aux variations saisonnières des naissances; elles semblent donc être bien établies au Bangladesh, la caractéristique principale semble être les décès élevés en juin-septembre (mousson, début du paludisme), associés aux naissances réduites neuf mois plus tard (mai-juin). Au Pakistan, la caractéristique principale semble être une mortalité accrue en août-décembre (mousson, début du paludisme, commencement de l’hiver), associée à un taux de naissance réduit neuf mois plus tard (mai-septembre). On ne dispose de données plus récentes que pour le Bangladesh, lesquelles démontrent que les variations saisonnières des naissances, au moins, continuent sans diminution pendant les mêmes mois.
La signification de ces découvertes dans les deux pays, c’est que, si le paludisme disparaît, il faudra s’attendre à un nivellement de la courbe du mouvement saisonnier associé peut-être à un taux de naissance augmenté. Des enquêtes appropriées pourront déterminer si les variations saisonnières continueront ou si c’est un phénomène à long terme.
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Quelques problèmes avec les plans d’enquête et l’analyse des données démographiques longitudinales
Karol J. Krótki
p. 79–94
RésuméFR :
Cette communication présente une typologie des enquêtes généralement appelées « longitudinales ». Lorsqu’on isole des données de type « série chronologique » et des enquêtes à passage répété orientées vers des données « macro », il semble que les données véritablement longitudinales sont de type dit à témoins stables, où les expériences d’un individu ou ses attitudes peuvent être suivies à travers une période de temps. Le problème fondamental avec ce genre de données, vient de l’incertitude quant aux événements ou aux changements d’attitudes omis entre deux événements ou deux déclarations d’attitudes.
La littérature limitée dont on dispose présume qu’il n’y a pas eu d’événements ni de changements d’attitudes entre temps. Au contraire, des enquêtes telles que les relevés de fréquences s’efforcent de retracer tous les événements de toute une vie. En plus, on signale que les techniques analytiques en vogue sont de l’espèce transversale et qu’en grande partie les richesses des données authentiquement longitudinales sont toujours inexploitées. Quant aux problèmes que posent les plans d’enquêtes — caducité de l’échantillon, conditionnement des répondants — ils ne trouvent pas de solution pour les données longitudinales par l’emploi de la rotation-élimination des anciens clients et la rotation-introduction des nouveaux. Il s’avère qu’à cause des définitions employées, la rotation détruit la longitudinalité.
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La répartition des non-répondants à la question sur la langue maternelle aux recensements de 1971 et de 1976
Charles Castonguay
p. 95–107
RésuméFR :
Aux Canadiens n’ayant pas répondu à la question sur la langue maternelle au recensement de 1971, Statistique Canada a attribué une langue maternelle déclarée par un membre de leur famille immédiate ou par un voisin habitant le même secteur de dénombrement. Au recensement de 1976, par contre, on n’a effectué aucune attribution de langue aux non-répondants. Pour 1971, rien n’est connu ni sur le résultat du procédé d’attribution, ni sur le taux de non-déclaration de langue maternelle à un niveau autre que fédéral. Nous présentons cependant de nombreuses observations indiquant qu’en 1976 tout au moins, le taux de non-réponse a varié de façon significative selon la région et le groupe linguistique. En particulier, au Québec en 1976 les francophones auraient répondu le plus régulièrement à la question, alors que les groupes linguistiques ni anglais, ni français auraient accusé les taux de non-réponse les plus élevés. En comparant les résultats de 1971 et de 1976 au niveau provincial ou infra-provincial, il convient dès lors d’attribuer aux non-répondants de 1976 une langue maternelle sur une base aussi conforme que possible à la stratégie très locale d’attribution employée pour 1971. Pour suivre l’évolution intercensitaire des compositions linguistiques du Québec ou de Montréal tout particulièrement, il importe que Statistique Canada publie une répartition linguistique des non-répondants de 1976 qui serait obtenue par la même méthode qu’en 1971.
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Les transferts linguistiques au Québec entre 1975 et 1977
Robert Maheu
p. 109–131
RésuméFR :
Le nouveau formulaire de déclaration de naissance en usage au Québec depuis juin 1975 comporte des questions sur la langue maternelle du père et de la mère ainsi que sur la principale langue d’usage à la maison de la mère. On dispose donc d’une source de renseignements sur les transferts linguistiques entre les recensements décennaux.
Les données des années 1975 à 1977 révèlent une situation assez semblable à celle observée au recensement de 1971. Des liens importants sont établis entre les transferts linguistiques et l’exogamie linguistique. Le comportement de divers sous-ensembles de la population est passé en revue.
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Portrait démolinguistique des Italo-québécois
Louis Duchesne
p. 133–157
RésuméFR :
Nous présentons d’abord un tableau sur l’évolution des effectifs du groupe italien au Québec depuis plus d’un siècle (1851-1976) puis nous étudions leurs choix linguistiques en croisant les variables groupe ethnique, langue maternelle, langue d’usage, langue officielle. Nous tenons compte du lieu de naissance et du groupe d’âges. Enfin, nous présentons des données sur les couples endogames et exogames et sur leur langue d’usage.
Le groupe italien s’intégrait traditionnellement au groupe francophone souvent via un mariage exogame. Cette tendance est renversée chez les plus jeunes qui font maintenant en majorité des transferts vers l’anglais.
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La population des Territoires-du-Nord-Ouest au cours des années 1960 et 1970
Louis-Edmond Hamelin
p. 159–173
RésuméFR :
Cette étude de la population des Territoires-du-Nord-Ouest (46 386 habitants en janvier 1978) a pour but de dégager des caractéristiques démographiques régionales pouvant servir à l’établissement de projections.
Après avoir souligné l’insuffisance du stock statistique et l’utilité de quelques recherches pilotes, nous avons trouvé des concepts appropriés d’analyse : population « permanente », population « courante » (et sous-groupes), classes de peuplement, types et niveaux de chômage… L’histoire récente montre que l’accroissement naturel s’est avéré plus important que les migrations dans l’augmentation des populations. Les mouvements extérieurs commandent toutefois une évolution saccadée : l’accroissement annuel était de 2 706 individus en 1970 mais seulement de 510, trois ans plus tard. Le phénomène de centralité s’exerce au profit de la capitale de Yellowknife (près de 10 000 habitants) qui, depuis dix ans, a capté 63 % de toutes les migrations territoriennes nettes. Le clivage ethnique — Inuit 32 %, Déné 17 %, Métis 4 %, Blancs 47 % — domine la démographie territorienne. Les deux tiers de la population amérindienne habitent des localités de moins de 750 habitants alors que les deux tiers des Blancs sont dans des villes de plus de 3 000 habitants. En 1977, le taux général de dépendance était aussi élevé que 73 %.
Malgré l’imprécision des statistiques, une certaine connaissance de la démographie territorienne est possible.
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Évaluation du sous-dénombrement de la population lors du recencement de la population et du logement du Canada de 1976
J.-F. Gosselin et G. J. Brackstone
p. 175–193
RésuméFR :
La contre-vérification des dossiers constitue l’une des principales études de la qualité des données produites lors du recensement de la population et du logement du Canada de 1976. Elle vise à analyser le sous-dénombrement de la population lors du recensement et ses effets sur les chiffres de la population pour le Canada, les provinces et certains sous-groupes importants. La méthode consiste à choisir un échantillon de personnes à partir de sources indépendantes du recensement de 1976, à établir l’adresse de chacune au moment du recensement et à vérifier dans les documents du recensement si elles ont ou non été recensées. Le présent document décrit d’une manière générale la méthodologie de la contre-vérification des dossiers de 1976 et donne les principaux résultats obtenus.
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Les variations de la fécondité dans la région métropolitaine de Montréal
Évelyne Lapierre-Adamcyk
p. 195–204
RésuméFR :
Cette analyse des liens entre la fécondité des secteurs de recensement et le milieu socio-économique à Montréal se situe dans une étude plus vaste de ce phénomène dans plusieurs régions métropolitaines canadiennes. La présente communication vise à mesurer l’association entre certain type de « milieu urbain » et la propension à la fécondité des gens qui l’habitent, à rechercher les variables susceptibles de fournir une explication statistique satisfaisante de la relation entre le milieu et la fécondité. Les données utilisées sont celles des recensements de 1961 et 1971; elles permettent de connaître s’il y a eu évolution dans l’ordre des variables explicatives au cours de la décennie.