Résumés
Résumé
La tradithérapie au Bénin demeure en dépit de la multiplication des hôpitaux et centres de santé publics et privés, la médecine la plus accessible aux populations en premier lieu, en raison de son coût abordable par rapport à la médecine moderne, mais également, parce qu’au-delà de tout, elle continue de représenter l’héritage des ancêtres. Le présent article a pour objectif principal de présenter l’ancrage profond et encore très vivant des connaissances et savoir faire des « Tchakaloké », tradithérapeuthes spécialisés dans le soin des fractures et entorses en pays Idaatcha, dans la commune de Dassa-Zoumè, département des Collines au centre nord du Bénin. Cette recherche s’est appuyée sur une méthodologie d’observation participative axée sur des enquêtes de terrain, une approche empirique et une recherche documentaire spécialisée. Elle a abouti d’une part, à collecter des informations sur les pratiques usuelles de soins pour les entorses et les fractures chez les Tchakaloké et d’autre part, à mettre en évidence les connaissances et compétences majeures, de même que les conditions socioculturelles et socio-environnementales qui entourent ce savoir-faire de la médecine traditionnelle. Il en découle qu’en dépit des difficultés de transmission intergénérationnelle de plusieurs éléments du patrimoine culturel immatériel au Bénin, il existe dans nos sociétés actuelles, des connaissances et savoir-faire qui continuent de porter le flambeau d’un héritage ancestral multiséculaire. La réflexion commence par les enjeux de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (PCI), pour aborder ensuite les caractéristiques et enjeux du PCI au niveau africain. Le troisième point présente les Tchakaloké et leur art de soigner les fractures et les entorses. L’article se termine avec les enjeux d’une valorisation de ce savoir-faire.
Mots-clés :
- Médecine traditionnelle,
- Patrimoine culturel immatériel,
- Tchakaloké,
- Dassa-Zoumè,
- Bénin
Abstract
Traditional therapy in Benin remains, despite the proliferation of public and private hospitals and health centers, the most accessible medicine to the population in the first place, because of its affordable cost compared to modern medicine, but also, because above all, it continues to represent the heritage of the ancestors. The main objective of this article is to present the deep and still very much alive anchoring of knowledge and know-how of the "Tchakaloké", traditional therapists specialized in the care of sprains and fractures in Idaatcha country, in the commune of Dassa-Zoumè, department of Collines in north central Benin. This research was based on a participatory observation methodology based on field surveys, an empirical approach and specialized documentary research. It resulted, on the one hand, in collecting information on the usual care practices for sprains and fractures among the Tchakaloké and, on the other hand, in highlighting the major knowledge and skills, as well as the socio-cultural and social conditions, socio-environmental factors that surround this know-how of traditional medicine. It follows that despite, the difficulties of intergenerational transmission of several elements of the intangible cultural heritage in Benin, there exists in our current societies, knowledge and know-how which continue to carry the torch of a centuries-old ancestral heritage. The reflection begins with the challenges of safeguarding the intangible cultural heritage of humanity, to then address the characteristics and challenges of intangible cultural heritage at the African level. The third point presents the Tchakaloké and their art of treating broken bones and sprains. The article ends with the challenges of promoting this know-how.
Keywords:
- Traditional medicine,
- Intangible cultural heritage,
- Tchakaloké,
- Dassa-Zoumè,
- Benin
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Parties annexes
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