Résumés
Résumé
La Corée a longtemps été décrite comme un « royaume ermite » par les sociétés occidentales. Cette perception a été entretenue jusqu’au tournant du XXe siècle. Plusieurs transformations politiques ont fait en sorte de remettre en question la politique d’isolement de la Corée. Cet isolement a contribué à éveiller chez les Européens une certaine curiosité pour la Corée. À travers les missionnaires, les expéditions scientifiques, les missions commerciales, les missions géographiques et la littérature, la France a grandement contribué à la connaissance de la Corée dans le monde occidental et par extension, elle a contribué à la production de représentations et d’un discours sur la société et la culture coréenne. Alors que les relations diplomatiques formelles s’établissent entre la France et la Corée en 1876, la France de la IIIe République est aussi une France qui se déploie sur de nouveaux espaces coloniaux. Cet article porte une réflexion sur les marges de la France et en particulier sur l’espace colonial comme espace de production d’une idée de l’Orient. À ce titre, cet article porte un regard sur l’Indochine française et sur sa position – en tant qu’espace colonial, espace marginal de la France – mais aussi en tant qu’espace d’avant-plan et à ce titre d’espace de traduction et de production d’un imaginaire spécifique de l’Orient. En somme, cet article a pour objectif de mettre en relief la contribution de l’Indochine française à la constitution de l’imaginaire culturel de la Corée pour la France et le monde francophone.
Mots-clés :
- la culture coréenne,
- Indochine française,
- l’espace culturel
Abstract
Korea has long been described as a “hermit kingdom” by Western societies. This perception was maintained until the turn of the 20th century. A number of political transformations challenged Korea's policy of isolation. This isolation helped to awaken a certain curiosity about Korea among Europeans. Through missionaries, scientific expeditions, trade missions, geographical missions and literature, France contributed greatly to the Western world's knowledge of Korea, and by extension, to the production of representations and a discourse on Korean society and culture. When formal diplomatic relations were established between France and Korea in 1876, the France of the Third Republic was also a France that was expanding into new colonial spaces. This article reflects on the margins of France, and in particular on colonial space as a space for the production of an idea of the Orient. As such, this article takes a look at French Indochina and its position - as a colonial space, a marginal space of France - but also as a foreground space and as such a space of translation and production of a specific imaginary of the Orient. In short, this article aims to highlight the contribution of French Indochina to the constitution of the cultural imaginary of Korea for France and the French-speaking world.
Keywords:
- Korean culture,
- French Indochina,
- cultural space
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Parties annexes
Note biographique
Jonathan Paquette est Professeur titulaire (École d’études politiques) et Titulaire de la Chaire de recherche en francophonie internationale sur les politiques du patrimoine culturel de l’Université d’Ottawa. Email: Jonathan.Paquette@uottawa.ca
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