Culture and Local Governance
Culture et gouvernance locale
Volume 1, numéro 1, 2008
Sommaire (7 articles)
Editorial / Éditorial
Articles
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Les transformations des équipements culturels en milieu urbain : inscription dans un projet de développement territorial, approche pluridisciplinaire et gouvernance locale
Marc Terrisse
p. 11–27
RésuméFR :
Les institutions culturelles actuelles sont marquées par un ensemble de transformations mais connaissent également une certaine continuité quant à certaines de leurs caractéristiques issues du XIXième siècle, comme l’importance accordée à l’architecture et à la monumentalité. L’insertion dans des stratégies de développement urbain globales alimentées par la concurrence internationale des territoires et se focalisant simultanément sur des thématiques variées comme le développement économique, le tourisme, la cohésion sociale et l’éducation à travers la démocratisation de la culture, apparaît comme une nouvelle matrice des institutions culturelles contemporaines. Ces mutations ont pour conséquence l’apparition d’une forme de gestion faisant la part belle à l’interdisciplinarité afin d’intégrer l’ensemble des problématiques désormais inhérentes aux établissements culturels. Une nouvelle génération de managers tenant de l’ingénierie culturelle et touristique se trouve naturellement propulsée à la tête de ces établissements d’un nouveau genre afin de répondre à tous ces défis. Par ailleurs, ces changements ont pour conséquence de modifier les rapports entre les différents protagonistes impliqués dans le développement culturel au niveau local. On constate ainsi une gouvernance inédite avec une autonomisation des institutions à l’égard de l’Etat central et un rôle prédominant accordé aux structures politiques locales et régionales, au mécénat privé et une association des populations locales dans les choix programmatiques et la gestion des institutions culturelles. C’est enfin la définition de la culture qui s’en trouve modifiée dans la mesure où celle-ci devient un mode de loisirs se positionnant sur un marché. L’élitisme qui caractérisait au XIXième siècle l’institution culturelle s’efface au profit d’une démocratisation et de l’émergence d’une culture de masse à la fois éducative et divertissante.
EN :
Current cultural institutions are not more devoted to their traditional functions inherited from the 19th century. They are regarded as tools for local development included in global urban projects implemented in an international concurrence perspective for cities. Topics like economics, tourism, social cohesion and education for a larger audience are nowadays highly integrated in the cultural institutions strategies. New management forms dedicated to cultural and touristic engineering and a multidisciplinary balanced approach are the main consequences of these new topics connected to the cultural equipments of the 21st century. The local governance’s process is also transformed by all these changes. Local and regional governments become the main actors of the cultural development and cultural institutions obtain more autonomy. The local population is also considered as an important partner of the cultural policies. Private funds are often required due to the fragile financial state’s involvement. All these transformations and new relationships give a new meaning to the term “Culture”. It is now connected to the leisure and entertainment market and aims at providing educational and relaxing products to a large public contrary to its features of the 19th century where culture was a spare time connected to a small privileged elite.
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Heurs et malheurs de l’administration chargée de la protection des monuments historiques en France, 1830-1848
Philippe Tanchoux
p. 28–46
RésuméFR :
François Guizot, ministre de l’Intérieur de la Monarchie de Juillet, propose au roi de France Louis Philippe en 1830 la création d’une Inspection générale des monuments historiques. A l'image de la centralisation administrative française traditionnelle, cela conduit à l’institutionnalisation de la conservation des monuments anciens au profit d’une administration publique chargée de leur sauvegarde. Mais l'action de celle-ci est privée de base juridique efficace avant les lois du 30-03-1887 et du 31-12-1913 et demeure dépendante de l'énergie et du budget alloué aux hommes de ce service tels que Mérimée.
EN :
The french minister for the home department François Guizot offered the creation of General Inspection for historic monuments to the king Louis Philippe in 1830. Consequently, and specifically for France in Europe, the centralised administration became the principal actor in the ancient heritage preservation. Without legal bases to protect historic buildings until the 03-30-1887 and especially 12-31-1913 laws, the efficiency of this service depended on the commitment of the civil servants as Mérimée and on the public fundings granted before 1887.
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Les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), une forme de gouvernance patrimoniale ?
Mathieu Gigot
p. 47–62
RésuméFR :
Dans un contexte global où la prise en compte du patrimoine s’intensifie tant au niveau de la diversité des espaces traités que de leur surface, de multiples mesures de protection et de sauvegarde de ces éléments patrimoniaux existent. En France, c’est l’Etat qui reste compétent dans ce domaine malgré les lois de décentralisation des années 1980 donnant aux diverses collectivités territoriales une certaine autonomie. Cependant, une procédure échappe partiellement à la règle et introduit une nouvelle façon de penser l’action patrimoniale en privilégiant la négociation et le consensus : dans la lignée des politiques contractuelles liées à la décentralisation, les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) permettent en effet une mise en débat de la patrimonialisation sur une scène locale de négociation en faisant plus amplement intervenir la collectivité locale concernée. Ce mode d’action s’apparente à un processus de gouvernance de l’action publique mais sans aller jusqu’au bout de la démarche, pour ne constituer qu’un mode de régulation spécifique de l’action patrimoniale locale. A partir de l’exemple d’une ville française, Orléans, cet article interroge la pertinence de l’utilisation des notions de gouvernance et de régulation patrimoniale dans la mise en place récente d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager sur un centre ancien.
EN :
ZPPAUP : a kind of patrimonial governance?
In a global context where the consideration of heritage is growing about a variety of the concerned spaces and their surfaces, there are many protective measures for their patrimonial items. In France, the State is competent in this domain in spite of the decentralisation laws (1980’) which give a kind of autonomy to local authorities. However, a procedure escapes from the rule and introduces an another way to think patrimonial action by emphasizing negociation and consensus : in succession of contractual policies linked to decentralisation, architectural, urban and landscape heritage protection areas (ZPPAUP) enable debates on the local scene of negociation giving the local authorities a largest space for intervention. This kind of action is similar to the governance process but is abortive and constitutes a specific kind of patrimonial regulation of local action. In the case of a French city, Orléans, this contribution questions relevance of such notions as governance and patrimonial regulation about the recent implementation of ZAPPUP in historical city centre.
Research Notes / Notes de recherche
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L’investissement des associations chinoises dans leur environnement urbain : le cas de Metro-Manila, Philippines
Catherine Gueguen
p. 63–78
RésuméFR :
La moitié de l’effectif de la population d’origine chinoise des Philippines est implantée dans l’agglomération capitale du pays. Metro-Manila compte près de 400 000 Chinois, majoritairement de nationalité philippine. Leur poids démographique est dérisoire, ce qui leur confère une visibilité minime dans les instances politiques du pays quelle que soit l’échelle d’intervention. Toutefois, le cadre associatif extrêmement varié du pays leur permet d’agir à l’échelle locale dans plusieurs domaines. Leurs actions s’inscrivent dans le domaine caritatif et dans un cadre communautaire. Ainsi, bien qu’ils soient minoritaires y compris dans les zones dites « chinoises » de Manille, leur investissement est multiforme et associé aux activités des autorités administratives locales.
EN :
Half of the Chinese population of the Philippines is settled in the capital city. 400 000 Chinese live in Metro-Manila, most of them are Pilipino citizens. This population has only a few political representatives through the city. Nevertheless, the huge association’s network provides them many opportunities to interfere in the city management. Their projects have two main orientations; the first one is based on rescuing the poor living in their neighbourhood, and the second one is community oriented. Indeed they constitute a minority in the Chinese areas of Manila city; their multiform involving is always linked to the local political units.
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Les politiques culturelles à Roubaix, à la croisée de l’urbain et du social
Bruno Lusso
p. 79–91
RésuméFR :
Profondément marquée par la crise industrielle du textile, la ville de Roubaix est confrontée à un inquiétant sous-équipement culturel par rapport aux autres villes de la métropole lilloise. Pourtant, dès la fin des années 1970, la municipalité s’est progressivement investie dans une politique originale de développement urbain, qui trouve ses fondements dans l’association des politiques urbaines, sociales, éducatives et culturelles. Cette politique connaît un essor sans précédent à partir du milieu des années 1990. Ce succès se manifeste par le rattachement en 1995 du service culture de la mairie de Roubaix à la Direction Générale de la Ville Renouvelée. La création d’équipements culturels (musées, théâtres, ateliers de création...) sert désormais de fer de lance à des opérations de requalification urbaine de grande envergure. De plus, la culture est instrumentalisée à des fins purement sociales : la création d’activités ou d’ateliers culturels au sein des principales structures sociales et culturelles est considérée comme un moyen de sensibilisation du public au monde de la culture, de réduction des inégalités ou d’insertion des personnes confrontées à un handicap ou à des difficultés sociales. Les impacts sont nombreux et concernent le redéploiement culturel, la régénération urbaine, l’amélioration de l’image de marque de la ville qui permet d’attirer de nouveaux résidents et des entreprises.
EN :
Since the crisis in the textile industry and regarding to the other towns of Lille Metropolitan Area, the city of Roubaix needs to improve its cultural infrastructures. However, during the 70's, the municipality has started to lead an original urban strategy of development, which finds its main goal in the association of urban, social, educational and cultural policies. This strategy has growing up during the 90's. This success came to be new reality by the attachment, in 1995, of the cultural department of Roubaix's City Hall to the Direction Générale de la Ville Renouvelée (General Direction for a Renewed City). Each new creation of cultural infrastructures (museum, theatre, creative workshop...) is following by an important urban renewal mission. Moreover, the Culture is especially employed to reply to a social purpose. For instance, the fact that the cultural workshops find their place in the social structures is one way for a sensibilization of people to the "Art". Also, it has the other meaning to reduce inequalities, or by the insertion of socially or physically handicapped persons. There are a lot of good effects : the cultural development, the urban renewal, the improvement of the quality of the city, which could attract more new city-dwellers and more enterprises.