Résumés
Résumé
Il est communément admis que le contact linguistique provoque la convergence grammaticale. L’objectif de cette recherche est de proposer et d’appliquer une méthode empirique pour vérifier cette hypothèse. Nous illustrons l’utilité de cette méthode par l’entremise du cas des prépositions sans régime en français, trait stéréotypé attribué à l’influence de l’anglais. Nos résultats, révèlent plusieurs preuves contrecarrant cette interprétation. En revanche, elles démontrent que le candidat à la convergence est plutôt survenu par l’extension d’une tournure purement française à un nouveau contexte. Nous concluons que le changement causé par le contact n’est pas donné d’emblée ; il doit être soigneusement établi par une méthodologie scientifique telle que proposée ici.
Mots-clés :
- anglicismes,
- convergence grammaticale,
- contact linguistique,
- variabilité linguistique,
- propositions nues
Abstract
That language contact results in linguistic change is a widespread assumption, but enjoys relatively little empirical support. In this paper we propose and test a scientific method to determine the effects that contact languages exert on each other. We illustrate its utility with preposition stranding in North American French, widely believed to result from centuries of intense contact with English. Systematic analyses provide no evidence of convergence, revealing instead that the offending construction arose from analogical extension of a native French construction to a novel context. We conclude that grammatical convergence must be proved on a case-by-case basis, using methodology capable of distinguishing internal from contact-induced change.
Keywords:
- anglicisms,
- grammatical convergence,
- language contact,
- linguistic variation,
- bare prepositions
Parties annexes
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