FR :

Nous vivons dans un monde qui atteint un point critique où l’équilibre complexe actuel entre un environnement sain, l’énergie dont notre société a besoin pour maintenir ou améliorer son mode de vie et les économies interdépendantes pourrait basculer plus rapidement que prévu dans une toute nouvelle réalité où le déséquilibre serait la règle et les êtres humains devraient être plus créatifs que jamais pour survivre. Les problèmes environnementaux, l’incertitude économique et la complexité politique existent depuis longtemps. Mais ce qui était différent auparavant était la vitesse et la profondeur des transformations, comparativement à la rapidité actuelle des changements. La fréquence et la gravité de certains événements météorologiques et climatiques augmentent, et la capacité des êtres humains à modifier leur environnement direct ou éloigné est devenue une puissance capable de transformer la planète entière. L’art électronique a-t-il un rôle à jouer ? Les artistes électroniques ont-ils une responsabilité dans ce contexte ? Visant à utiliser l’art électronique comme un catalyseur, dans le but d’engendrer une prise de conscience plus profonde et de créer des partenariats durables de travail intellectuel pour résoudre notre crise environnementale, trois initiatives ont été lancées : Balance-Unbalance, « art ! ⋈ climate » et EChO.

EN :

We are living in a world that is reaching a critical point where the equilibrium between a healthy environment, the energy our society needs to maintain or improve its way of life and interconnected economies could pass more quickly than expected from the current complex balance to a complete new reality in which imbalance would be the rule and human beings would need to be as creative as ever before to survive. Environmental problems, economic uncertainty and political complexity have been around for a long time. What was different before was the speed and depth of transformations compared with today’s sudden changes. The frequent occurrence and severity that certain weather and climate-related events are having around us are increasing, and the ability of human beings to modify adjacent surroundings as well as distant places has turned into a power capable of altering the planet. Does electronic art have a role in all of this? Do electronic have artists a responsibility in this context? Aiming to use electronic art as a catalyst with the intent of engendering a deeper awareness and creating lasting intellectual working partnerships to resolve our global environmental crisis, three initiatives were launched: Balance-Unbalance, “art! ⋈ climate” and EChO.

FR :

Le compositeur Charles-Antoine Fréchette présente les enjeux reliés à sa méthode de composition dite écomimétique. Avec cette méthode, il est question d’analyser des prélèvements sonores de l’environnement au sonagramme pour en tirer des contenus fréquentiels, dynamiques et rythmiques. Ces données récoltées et classées à travers des axes typologiques multiples, différenciés et superposés, concourent à l’élaboration de processus formels qui permettent de relier progressivement les composantes des matériaux entre eux. Ainsi, toutes les structures et les procédés structurels découlent de la manipulation des informations provenant des sources environnementales. Cette approche rigoureuse distingue l’écomimétisme des naturalismes traditionnels anecdotiques. Les résultats des analyses permettent aussi d’explorer les instruments afin de découvrir des techniques instrumentales mimétiques pour révéler métaphoriquement des sons de l’environnement. L’idée de la métamorphose se retrouve donc dans le transfert des sources sonores aux instruments, et dans la transformation progressive des matériaux, continuellement déduits les uns des autres. Formellement, il s’agit d’envisager des situations musicales immersives comme des territoires plus ou moins concrets, virtuels ou abstraits.

EN :

Composer Charles-Antoine Fréchette presents the challenges involved in what he terms “ecomimetic” compositional style. This technique involves analyzing ambient environmental sounds using sonograms to measure frequencies, dynamics, and rhythms. These data are collected and classified according to various typological axes, distinguished and superimposed, while several formal processes are developed to gradually connect these various components. Through this method, all structures and structural processes flow from the manipulation of data from environmental sources. This rigorous process distinguishes ecomimetism from traditional anecdotal naturalisms. The result of such analyses also allows the exploration of musical instruments in order to discover mimetic instrumental techniques that metaphorically reveal environmental sounds. The idea of metamorphosis thus lies within the transfer from sonic sources to instruments, and also the progressive transformation of materials, continuously deduced from one another. Formally, the technique involves viewing immersive musical situations as concrete, virtual, or abstract territories.

EN :

Ear to the Earth was an idea that grew out of a power failure on the coast of Maine while I was on vacation. Back in New York, and using acoustic ecology as a conceptual basis, I proposed environmental-sound events to colleagues at the Electronic Music Foundation. The first major festival took place in October 2006. Dr. Cynthia Rosenzweig, Senior Research Scientist at the NASA Goddard Space Center and leader of the Climate Impacts Group, pointed out that climate change was a fact. The first festival, which took place at various venues in New York City, included seven concerts, three panels, and seven installations, among them Suspended Sounds, using sounds of extinct, endangered, and threatened species contributed by The Macaulay Library at the Cornell University Lab of Ornithology. The festival, as a program of the Electronic Music Foundation, became an annual event every October in New York until 2013. In November 2012, we recreated it with an enlarged mission as an independent non-profit corporation in New York.

FR :

L’idée de Ear to the Earth est née lors d’une panne de courant, sur la côte du Maine, alors que j’y étais en vacances. De retour à New York, en utilisant l’écologie acoustique comme une base conceptuelle, j’ai proposé à des collègues de l’Electronic Music Foundation des événements à la fois sonores et environnementaux. Le premier grand festival a eu lieu en octobre 2006. Cynthia Rosenzweig, chercheure scientifique principale du Centre spatial Goddard de la NASA et leader du Climate Impacts Group, y a souligné que le changement climatique était un fait. Le premier festival, qui s’est tenu en divers lieux de New York, comprenait sept concerts, trois panels et sept installations. L’une d’entre elles, Suspended Sounds, utilise des sons d’espèces disparues, en voie de disparition et menacées, fournis par la Bibliothèque Macaulay du laboratoire d’ornithologie de l’Université de Cornell. Le festival, en tant que programme de l’Electronic Music Foundation, est devenu un événement annuel, organisé tous les mois d’octobre, à New York, jusqu’en 2013. En novembre 2012, il a été repensé avec une mission élargie et à titre d’organisme indépendant à but non lucratif, à New York.