Résumés
Résumé
Dans cet extrait de son livre Blues pour saqueboute, Gayle Young retrace les premiers pas de la musique électronique et rappelle une période spécifique durant laquelle les innovations scientifiques et artistiques étaient fortement encouragées par le public et les institutions publiques. L’article est bâti à partir de nombreuses entrevues avec des collègues de Hugh Le Caine et des extraits de correspondances. Les possibilités musicales des instruments de Le Caine sont soulignées dans le livre dont proviennent ces extraits, de même que leur fonctionnement technique. L’intérêt de Le Caine pour le clavier à touches sensibles et pour les contrôles simultanés de différents paramètres musicaux est déjà évident dans la construction du saqueboute de 1948, un instrument pour lequel il utilisait le contrôle de voltage pour la première fois, construisant ainsi le premier synthétiseur analogique. Sa composition Dripsody (1955), élaborée sur un prototype multipiste, utilisait un clavier similaire à celui du saqueboute, mais plutôt que de contrôler des générateurs audio électroniques, il contrôlait la vitesse de lecture de plusieurs bobines de ruban. Pour Le Caine, le son est l’élément de base de la musique, qu’il soit électronique ou échantillonné.
Abstract
In this excerpt from her book Sackbut Blues, Gayle Young outlines the story of early electronic music, and provides a window into a specific historical era when scientific and artistic innovation were strongly supported by the public and by public institutions. It is based on many interviews with colleagues of Hugh Le Caine as well as excerpts from written correspondence. The musical intentions of Le Caine’s instruments are outlined, as well as the technical means of creating them. His early emphasis on touch-sensitive keys, and the simultaneous control of many different musical parameters, was evident in the 1948 sackbut, an instrument in which he used voltage control for the first time, making the sackbut the first analogue synthesizer. His 1955 composition Dripsody, made on his prototype multi-track, used a keyboard similar to that in the sackbut, but rather than control electronic tone generators, it controlled the playback speed of several reels of tape. For Le Caine, sound was the basic medium of music, whether electronic or sampled.
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Parties annexes
Note biographique
Gayle Young
Gayle Young a commencé à présenter des concerts du musique microtonale, en tant quecompositrice et interprète, à la fin des années 1970 ; elle jouait alors surdeux instruments acoustiques qu’elle a elle-même conçus. Elle discutaitfréquemment avec le public à propos de ses instruments et de ses intentionsmusicales, comprenant que ses interlocuteurs étaient avides de renseignementssur le contexte de création de ces musiques si peu familières. À la mort de HughLe Caine en 1977, une inquiétude s’exprima dans la communauté musicale quant àla disparition possible de ses instruments, et Young voulut s’assurer que ce neserait pas le cas. Un simple projet de catalogage de ses instruments est devenuen 1989, au fil des témoignages recueillis, une biographie : Blues pour saqueboute. Young a poursuivi sesactivités en composition et en interprétation et elle a publié de nombreuxarticles sur divers aspects de l’innovation musicale. Elle est l’éditrice dumagazine Musicworks.
Notes
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[1]
Extraits de Gayle Young, Blues pour saqueboute : Hugh Le Caine pionnier de la musique électronique, Ottawa, Musée national des sciences et de la technologie, 1989. isbn 0-660-12006-2. Publiés avec l’aimable autorisation de l’éditeur. Voir aussi le site <www.hughlecaine.com>.
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[2]
Entrevue, Horace Aubrey.
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[3]
Entrevue, Lorne Bradley.
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[4]
Le Caine, « Recherches au temps perdu : Some personal Recollections of My Work in Electronic Music Written at the Request of a History student, Queen’s University », inédit, 1966, p. 27‑31.
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[5]
Le Caine, « Electronic Music Today », (inédit, 1966).
-
[6]
Le Caine, « A Touch-Sensitive Keyboard fot the Organ », Canadian Music Journal, vol. 3, no 3, Toronto, Canadian Music Council, Printemps 1959, p. 32.
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[7]
Le Caine, « Electronic Music Today », (inédit, 1966).
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[8]
Ibid.
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[9]
Matthew Hart, « The Sackbut », Weekend Magazine, 16 juin 1973, p. 22‑24. En 1945, lorsque M. Le Caine a commencé à travailler chez lui à ce qui allait devenir la saqueboute, l’instrument n’était qu’une commode pleine de fils et de tubes. Si vous saviez dans quel tiroir chercher, vous pouviez produire des sons.
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[10]
Le Caine, « Electronic Music », Proceedings IRE, vol. 44, no 22, 1956, p. 467.
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[11]
Le Caine, transcription d’un enregistrement.
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[12]
Le Caine, « Electronic Music », Op. cit., p. 465.
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[13]
Entrevue, William Keen. La saqueboute de 1947 est maintenant au Musée national des sciences et de la technologie.
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[14]
Les plans relatifs au dossier des brevets font partie du fonds Le Caine, à la Bibliothèque nationale du Canada. Le Caine avait déjà commencé à distinguer les méthodes de commande analogique et numérique.
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[15]
L’enregistrement de 1946 a été copié sur bande magnétique. Le disque en acétate d’origine a été perdu.
-
[16]
Le Caine à Eric Paul, 1946.
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[17]
Le Caine à Bill Farrow, novembre 1946. Le Caine fit des lectures approfondies en psychoacoustique, et fit référence en particulier aux cinq volumes de C. Seashore intitulés The Psychology of Music, New York, McGraw Hill, 1938.
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[18]
Le Caine, « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 59.
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[19]
Le Caine, « Electronic Music Today », (inédit, 1966).
-
[20]
Ibid.
-
[21]
Le Caine, « Electronic Music in 1954 », (inédit, 1959).
-
[22]
Entrevue avec Le Caine par Alan Gillmor et William Wallace, 11 octobre 1975.
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[23]
Le Caine, « The Electronic Music Studio » (inédit, 1958). Le Caine a fourni certaines indications quant à l’utilisation des enregistrements sur bande. Dès 1946, des notes isolées étaient retirées de bandes contenant des enregistrements de pièces musicales, puis réinsérées dans le but de remplacer les notes défectueuses. Les enregistrements multiples et la lecture à des vitesses modifiées commençaient à être couramment utilisées par des musiciens tels Les Paul (1915-2009) et Patti Page (1927).
-
[24]
Entrevue avec Le Caine par Gillmor et Wallace, 11 octobre 1975.
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[25]
Le Caine à John Beckwith, 24 août 1955 ; 20 septembre 1955. John Beckwith à Le Caine, 22 août 1955 ; 31 octobre 1955 ; 3 novembre 1955.
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[26]
Le Caine, « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 53.
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[27]
Entrevue, Lorne Bradley. Il semble qu’il se soit passé quelque temps avant que Bradley puisse récupérer l’appareil du laboratoire de Le Caine.
-
[28]
Le Caine, « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 53‑54. Un extrait sonore de Dripsody se trouve à l’adresse suivante : <http://www.hughlecaine.com/sounds/dripsody.mp3>.
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[29]
Le Caine, « Notes on Dripsody » (deux versions) et « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 55‑56.
-
[30]
Ussachevsky à Le Caine, 2 novembre 1956. Le Caine a présenté ses idées dans « From the Labs : A New Music », un article paru dans le Financial Post du 29 septembre 1956. On trouvait un article portant sur le Composer‑tron d’Osmond Kendall dans le même journal.
-
[31]
Ottawa Journal, 24 mai 1956. Douglas Leiterman du Southam News Services a fait part de la nouvelle le 26 mai 1956.
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[32]
Entrevue, Horace Aubrey, octobre 1980.
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[33]
Le registre était commandé par un « diviseur par deux » qui appliquait une commande en tension à tous les oscillateurs en même temps (douze oscillateurs par octave). Du point de vue du concept, l’orgue sensible au toucher et plusieurs synthétiseurs polyphoniques de la fin des années 1970 sont très similaires ; il s’agit d’instruments à clavier munis de commandes de timbre actionnées à l’aide de boutons‑poussoirs, et produisant un son à la fois.
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[34]
Le Caine, « Notes on Ninety‑Nine Generators » et « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 56. Un extrait de 99 Generators se trouve ici : <http://www.hughlecaine.com/sounds/99generators.mp3>.
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[35]
Le Caine, « Notes on This Thing Called Key ».
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[36]
Entrevue, Tony Johnson.
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[37]
Entrevue, Horace Aubrey, octobre 1980.
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[38]
Ibid.
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[39]
Le Caine à Carter Harman, Cook Laboratories, 26 février 1958.
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[40]
Le Caine, « Notes on Dripsody » et « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 55. La technique décrite est semblable à celle qui a été utilisée dans Arcane Presents Lulu où elle permettait de modifier la hauteur d’un cri en glissando.
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[41]
Le Caine, « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 55.
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[42]
Le Caine, « Electronic Music in 1959 » (inédit). Ces notes indiquent que l’oscillateur était en mesure de produire des formes d’onde sinusoïdales, carrées, d’impulsions et en dents de scie dès 1958. Le Caine fit remarquer que les instruments électroniques antérieurs tentaient d’imiter les instruments acoustiques.
-
[43]
Ibid. ; Le Caine à Joseph Tal, 29 janvier 1959.
-
[44]
Extrait d’une entrevue avec Hugh Le Caine par Alan Gillmor et William Wallace, 11 octobre 1975.
-
[45]
Un paiement symbolique de 3 000?$ fut effectué par l’intermédiaire de l’UNESCO à titre d’aide financière du gouvernement canadien à l’État d’Israël, car c’était la seule façon pour le CNRC de transférer ses biens à l’extérieur du pays.
-
[46]
Le Caine à Joseph Tal, 14 décembre 1959.
-
[47]
Myron Schaeffer à Le Caine, 28 janvier 1960.
-
[48]
Entrevue, Harvey Olnick.
-
[49]
D’autres studios des années 1950 sont décrits par David Keane dans « The Birth of Electronic Music in Canada », Studies in Music from the University of Western Ontario, vol. 9 (1984), p. 55-78.
-
[50]
John Bowsher à Le Caine, 26 octobre 1960 ; Myron Schaeffer à Le Caine, 13 décembre 1960. La composition de Myron Schaeffer Project A fut la première pièce à associer l’hamographe et l’enregistreur multipiste. Le Caine avait déja utilisé des interrupteurs photoélectriques avec succès.
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[51]
Ndlr : Le Caine fait référence à la Roue de bicyclette (1913) de Marcel Duchamp.
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[52]
Le Caine, « Synthetic Means », dans The Modern Composer and His World : A Report from the International Conference of Composers, Held at the Stratford Festival, Stratford, Ontario, Canada, August 1960. John Beckwith et Udo Kasemets (éd.), Toronto, University of Toronto Press, 1961, p. 109-133.
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[53]
Entrevue, Harvey Olnick. Dès 1960, Olnick s’était retiré de toute participation active et Arnold Walter était occupé à des tâches administratives. Ils continuèrent tous deux à collaborer avec Schaeffer à la production d’une pièce par année et ce, jusqu’en 1963.
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[54]
Le Caine à Lejaren A. Hiller, 27 février 1959. Les détails relatifs au multipiste proviennent du manuel d’instructions, septembre 1961.
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[55]
Le Caine, « Musical Sounds » (inédit, 1957).
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[56]
Le Caine à István Anhalt, 27 avril 1961. La démonstration auprès de l’Institute of Radio Engineers eut lieu le 19 mai 1961.
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[57]
Entrevue, István Anhalt, octobre 1980 ; Le Caine, « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 61.
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[58]
Geoffrey Miller à Vladimir Ussachevsky, 19 avril 1960. G. Miller envoya les plans du multipiste du studio modulaire à Ussachevsky. Il voulait l’aider à mettre au point un appareil en attendant que le multipiste soit vendu sur le marché. Robert Erickson, du San Francisco Conservatory, dans une lettre à Le Caine datée du 21 août 1961, demanda des informations concernant l’achat d’un multipiste. Il écrit : « Cela semble être la solution à nos rêves. » Demande de dessins et de plans définitifs par Electronics Associates de Toronto à Le Caine, le 12 juin 1962 (dossiers de correspondance du CNRC)
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[59]
Le Caine, « Recherches au temps perdu », Op. cit., p. 65.
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[60]
Le Caine à John Bowsher, 23 novembre 1961 ; Le Caine au CNRC (télégramme), 27 février 1962.
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[61]
Entrevue, Trudi Le Caine, janvier 1983.
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[62]
Ibid., octobre 1980.