Résumés
Résumé
Afin d’étudier le processus compositionnel d’un musicien contemporain, Philippe Leroux, les auteurs de cet article ont mis au point un dispositif de recueil de données largement basé sur les éléments de l’atelier du compositeur lors de son travail sur Voi(rex) (2002-2003) puis sur Apocalypsis (2004-2006). Des entretiens de « remise en situation de composition » ont permis de mettre en évidence les principaux documents de travail utilisés par Leroux pour ces oeuvres (esquisses, brouillons, logiciels, etc.) ; leur sollicitation, pendant les entretiens, l’aidait à retrouver des détails précis de son activité passée. Sur cette base, il est possible de caractériser l’atelier en relation avec la dynamique compositionnelle qui l’anime.
Cet article recense les éléments constitutifs de l’atelier de Leroux (outils, procédures, ouvrages, partitions d’oeuvres passées) lors de l’écriture des deux oeuvres étudiées, et montre certains types d’usage de ces éléments (opérations de substitution entre éléments, construction de chaînes opératoires). En conséquence, l’atelier est caractérisé à la fois comme le milieu et le produit de la composition. La partition est le lieu de stabilisation de sa dynamique interne, et de résolution de la multiplicité d’outils et procédures partiellement redondants que l’on peut y trouver à tout moment. Ces propositions sont illustrées plus en détail par la reconstitution d’une série d’opérations de composition réalisée au cours de trois semaines de préparation à l’écriture d’Apocalypsis, en mars et avril 2005, ayant débouché entre autres sur le début de l’écriture de l’oeuvre, et sur l’écriture en parallèle d’une brève oeuvre chorale (Thermidor, du cycle Des autres).
Abstract
In order to study the compositional process of contemporary composer Philippe Leroux, the authors compiled an array of information that drew largely on elements from the composer’s workshop during the composition of Voi(rex) (2002-2003) and Apocalypsis (2004-2006). An interview in the form of a compositional situation simulation brought to light the main documents that Leroux used for his work (sketches, early versions, software, etc.); consulting them during the interview process enabled the reclaiming of precise details of the composer’s past activities. Based on this, it was possible to define the composer’s workshop in the context of the compositional dynamic that set it in motion.
This article brings together the elements that made up Leroux’s workshop (his tools, procedures, works, scores for earlier works, etc.) as he was writing two specific works, and it reveals how some of these elements may be used (e.g., operations for the substitution of elements and the construction of operation chains). The workshop is thus defined both as the milieu and the product of composition: the score represents the point of stability for its dynamic internal workings, and the resolution of the many tools and somewhat repetitive procedures that might be found at any moment in the work. These ideas are illustrated in greater detail by the reconstitution of a series of compositional operations realized over a period of three weeks, as the composer prepared to write Apocalypsis in March and April of 2005, and after he had set to work on both the beginning of the work and another short choral work (Thermidor from the cycle Des autres).
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Notes biographiques
Nicolas Donin
Nicolas Donin, musicologue, est chercheur à l’Ircam où il anime l’équipe Analyse des pratiques musicales (Ircam-CNRS). Il est l’auteur de nombreux travaux sur la musique contemporaine, l’histoire des pratiques d’écoute et d’analyse musicale depuis la fin du xixe siècle, et l’analyse musicale d’interprétation. Plusieurs de ces recherches sont réalisées en collaboration, notamment avec Rémy Campos et avec Jacques Theureau. Nicolas Donin est membre du comité de rédaction de Circuit, musiques contemporaines depuis 2001.
Jacques Theureau
Ingénieur, chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique (France), Jacques Theureau réalise et dirige depuis plus de trente ans des recherches en anthropologie cognitive des activités de travail et conception ergonomique dans les domaines les plus variés (depuis l’activité et la situation du vigneron artisanal à celles du contrôle de réacteur nucléaire, en passant par celles des personnels hospitaliers et différentes activités et situations de bureau informatisées). En relation avec l’élargissement de ses recherches vers d’autres domaines (sport et conception des formations et entraînements sportifs, éducation et conception des situations didactiques), il étudie actuellement les pratiques musicales et la conception des situations musicales à l’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique / Musique.