Résumés
Résumé
Dans l’atelier musical de Salvatore Sciarrino il y a très peu d’outils : des carnets, des papiers quadrillés, des papiers à musique, une gomme et des crayons.
Les papiers quadrillés lui servent pour rédiger des diagrammes permettant de fixer et de contrôler le déroulement des figures sonores et des images musicales. Passage essentiel pour la création d’oeuvres instrumentales ou vocales, fondées sur des principes aptes à dramatiser l’agencement, la combinaison et la mise en résonance de ces figures dans l’espace sonore. Après ce travail préliminaire, le compositeur élabore la partition utilisant les signes traditionnels pour rendre ses partitions aussi claires et «universelles» que possible, expliquant dans une table des notes techniques la manière précise de réaliser les effets sonores et les procédés typiques de sa musique.
Étant donné que Sciarrino façonne lui-même les textes de ses oeuvres vocales et théâtrales, cousant ensemble des phrases et des mots extraits de textes de différents auteurs, les carnets ne contiennent pas seulement des esquisses, des réflexions ou des titres d’oeuvres futures, mais aussi des citations recueillies un peu partout et des textes en cours d’élaboration adaptés à ses besoins poétiques, musicales et dramaturgiques. La nécessité de rendre les textes ductiles à son traitement vocal est un des buts principaux de cette élaboration semblable à un trope en creux. La concision et l’abolition des complexités syntaxiques facilitent le travail de fragmentation du texte en syntagmes, lesquels peuvent ainsi s’habiller des petites écailles sonores de ses figures mélodiques.
Abstract
Salvatore Sciarrino’s workshop contains very few tools: notebooks, graph paper, manuscript paper, erasors and pencils. The graph paper allows him to create diagrams to establish and control the unfolding of his sonic figures and musical images. This is an essential phase for the creation of both instrumental and vocal works, founded on principles aimed at dramatizing the layout, combination, and sound coordination of these figures in musical space. Following this preliminary work, the composer develops his work using traditional notation to make his scores as clear and ‘universal’ as possible. In tables of technical notes, Sciarrino describes the precise manner in which sonic effects and other features typical of his music should be realized.
Sciarrino creates his own texts for his vocal and theatre works by piecing together words and sentences excerpted from the writings of various authors. As a result, his notebooks contain not only sketches, ideas, and titles of future works, but also citations gathered here and there and texts in the making that are adapted to his poetic, musical, and dramatic needs. Sciarrino’s desire to make these texts bend to his vocal style is one of the guiding principles behind what might otherwise be construed as the synthesis of so many empty figures of speech. Concision and the abolition of syntactic complexity facilitates his work of breaking the text into short phrases, which can then be draped with small sonic pieces of his melodic figures.
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Parties annexes
Note biographique
Gianfranco Vinay
Gianfranco Vinay, musicologue, est maître de conférence au département de musique de l’Université de Paris-8, après avoir été professeur d’histoire de la musique au Conservatoire « Giuseppe Verdi » de Turin. Depuis 1994 il vit et travaille à Paris où il a fait partie du Conseil Scientifique de l’Unité Mixte « Recherche musicale » du CNRS et a collaboré en tant qu’enseignant à la formation doctorale en musicologie coordonnées par l’Ircam/CNRS. Il a publié de nombreuses études sur la musique du xxe siècle parmi lesquelles un livre sur la musique américaine et soviétique (Il Novecento nell’Europa Orientale e negli Stati Uniti, Turin, EDT, 1978, deuxième édit., 1991), une monographie sur le néoclassicisme stravinskien (Stravinsky Neoclassico. L’invenzione della memoria nel ‘900 musicale, Venise, Marsilio,1987) et Charles Ives et l’utopie sonore américaine (Michel de Maule, Paris, 2001). Au cours des dernières années il a écrit plusieurs essais sur l’oeuvre et sur la poétique de Salvatore Sciarrino et récemment, une étude analytique de Quaderno di strada (Michel de Maule, Paris, 2007).